Madagascar. Mépris total du droit humain vis-à-vis d’une ancienne chef d’Institution

Vendredi, 06 Avril 2018 16:59 A la une
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Christine Razanamahasoa: «Vous avez été élu grâce à nos efforts (Ndlr: ceux du groupement politique Mapar) M. Hery Rajaonarimampianina, et vous êtes issu vous-même d’une femme («natera-behivavy ianao»). Vous saurez tôt ou tard que le pouvoir n’est pas éternel»


Décidément, ce régime réussira bien aussi à réveiller les morts, hein!? Et j’ai la sale impression qu’il le fait exprès, vraiment. Mais pour prouver quoi exactement? Une impuissance si infinie à en fabriquer des martyrs, après le coup fait à la famille Rajoelina à Ivato. Oui, le Hery vaovao n’a pas l’intention de dormir sur ses lauriers de la non gloire. Encore affaibli par un coup de froid pascal (c’était le dimanche 1er avril à l’église Fjkm Ambatonakanga) qui a entrainé un gros rhume et une grippe carabinée, j’ai sauté hors du lit en ayant entendu l’incroyable, l’effroyable information.


Amparibe Antananarivo, ce 6 avril 2018. Ainsi, ne trouvant pas d’arguments valables et réalistes pour tenter de protéger les députés pro-régime corrompus qui ont voté, le 3 avril 2018, les trois projets de lois électorales contre 50 millions d’ariary en espèces rangés dans des cartons, le pouvoir Hvm/Rajaonarimampianina, pour démontrer sa force et sa puissance, n’a pas trouvé mieux que d’envoyer des éléments de l’Emmoreg (Etat-major mixte opérationnel régional) armés jusqu’aux dents pour procéder à l’expulsion de la députée Mapar, Christine Razanamahasoa, du logement administratif qu’elle occupait en tant qu’ancienne président d’institution, ancienne ministre de la Justice. Certes, habiter dans un tel lieu n’est pas éternel, sauf pour les anciens présidents de la république, mais tout de même, il y a une procédure à respecter.


En premier lieu, la présentation d’un avis pour permettre à la personnalité de se préparer pour organiser un déménagement adéquat. Mais c’est sans ménagement que ces forces armées ont délogé Madame Razanamahasoa. Vous connaissez le terme manu militari? Et c’est certainement une manière de détourner l’attention de l’opinion publique nationale et internationale. Quoi qu’il en soit, qu’il le veuille ou non, Hery Rajaonarimampianina est en train de creuser lui-même sa propre tombe politique. Tout cela semble irréel. Hélas, ce n’est que reculer pour mieux sauter. Les scènes de cette journée à Amparibe ont été vraiment pénibles si tant est que l’on est conscient d’être un malagasy citizen avec des devoirs, mais surtout des droits. Une attaque en règle contre une femme, tout simplement. Quelle sera la prochaine diablerie sans rime ni raison qui n’empêchera pas la chute brutale, bien au contraire?


Pour l’heure prions pour eux -les membres de ce régime Hvm qui ne sont pas des gentlemen pour un ariary- parce qu’ils ne savent vraiment plus ce qu’ils font, aveuglés par un pouvoir emprunté et plus qu’anormalement utilisé. Car cette expulsion odieuse de Christine Razanamahasoa ne fera diminuer, en aucun cas, les prix des PPN, celui des carburants et la facture de la Jirama. A moins que… Mort (politique): où est ta victoire?


Jeannot Ramambazafy

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Récit de Christine Razamahasoa, traduit en français :

« Ce 6 avril 2018, à 6h30 du matin, des éléments de force de l’ordre, dont un colonel accompagné d’autres officiers armés de kalachnikov, ont pénétré dans la maison pour m’ordonner de la quitter sur-le-champ. Cela, sans aucune sommation car l’ordre venait du président Hery Rajaonarimampianina en personne. Ils ont alors exigé que toutes mes affaires soient mises dehors. Au moment de cette irruption armée matinale, j’étais en pleine lecture du passage de l’Évangile de Saint Luc: « Jésus leur dit : je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ».

Cet acte innommable bafoue la démocratie et constitue une dictature pure et simple. Et cette expulsion a donc été ordonnée tout simplement parce que nous ne partageons pas la même vision politique ? C’est un manque total de respect ! Je dis stop à l’abus de pouvoir. Désormais, nous ne pouvons plus accepter des arrangements. Vous serez mis à nu, Monsieur le Président ! A présent, je m’adresse à la population malgache : vous rappelez-vous des abus de pouvoir dont ont été victimes d’autres membres du Mapar ? Je fais allusion au deuxième questeur de l’Assemblée nationale, Lanto Rakotomanga, et à l’ancien ministre des Postes et Télécommunication, Augustin Andriamananoro, jeté en prison. Courage, ami(e)s compatriotes : cette situation ne peut plus durer longtemps ! ».

Mis à jour ( Vendredi, 06 Avril 2018 17:53 )