Madagascar Cinéma : Solo Ignace Randrasana est allé rejoindre Benoît Ramampy

Samedi, 27 Août 2011 13:33 Portrait
Imprimer

CLIQUEZ ICI POUR LA VIDEO INEDITE A BEFELATANANA, SUIVIE D’UNE INTERVIEW A PARIS (EN JUILLET 2008)

Le 16 août 2011, je suis allé le voir à l’hôpital Raseta de Befelatànana. Parce qu’Ignace, c’est la famille, l’aîné, le confrère cinéaste, étant moi-même diplômé du Conservatoire du Cinéma de Paris. C’était dans les années 1970 et Ignace avait plusieurs longueurs d’avance sur moi. Une décennie en fait. A mon retour, dans les années 1980, la révolution socialiste, responsable de l’incivisme actuel ambiant, a eu raison de l’industrie cinématographique malgache. Les salles allaient fermer leurs portes une à une. Les films soviétiques de propagande ayant fait fuir les spectateurs, gérer une salle n’était plus rentable.

Son épouse, Raymonde aux blancs cheveux, et leurs enfants

Le Film « Dahalo, Dahalo » (1984) de Benoît (déjà décédé) avait été censuré par le pouvoir Ratsiraka, jusqu'au début des années 1990. Un phénomène de vols de zébus qui persiste jusqu’en cette année 2011… Rappelons que « L’Accident » est bien le premier film de fiction malgache réalisé par Benoît Ramampy en 1972. Pas de la vidéo mais du cinéma qui, je ne cesserai de le rappeler, est une industrie, avec une foultitude de techniciens et d’acteurs… « L’accident » sera la révélation du Fespaco de Ouagadougou en 1973. Benoît réalisera aussi "Le prix de la paix", en 1987... Suivra, cette même année 1973, « Very remby » de Solo Ignace Fortunat Randrasana, premier long métrage malgache, tournée en caméra 16mm. Ils étaient les seuls malgaches à avoir su démontrer que le cinéma peut être un support révélateur des inepties sociales qui existent à Madagascar. Mais, à l’époque, on ne pouvait pas badiner avec l’idéologie révolutionnaire qui n’a débouché qu’au phénomène 4’mis et à la paupérisation durable -aussi bien intellectuel que monétaire- de tout un peuple sur deux générations.

CLIQUEZ ICI POUR VOIR LA VIDEO DE L'HOMMAGE DE LA TELEVIZIONA MALAGASY - TVM

En 1995, alors que j’étais encore en plein délire de la dive bouteille, il m’appelle à la rescousse pour le premier film en vidéo sur le Sida, « Liza », adapté d’une bande dessinée. La vidéo, ce n’est pas le même support, ni les mêmes impératifs techniques que le cinéma en double bande (son et image)… Sur mes propres conseils, je lui ai suggéré d’y apporter un autre personnage qui ne figure pas dans la BD. Et c’est ainsi que j’y joue mon propre rôle : journaliste. Une bonne partie de rigolade et une pensée à feu Justin Rarivoson, ancien ministre, qui avait mis à notre disposition un matériel numérique déjà «révolutionnaire à l’époque… Liza est jouée par Volampeno Ranjivason de la troupe Tsingory de Théo, et la musique du film est signée Vahömbey (CLIQUEZ ICI), Mika ami de Liza dans le film, et qui vient d’avoir 51 ans le 9 août dernier (encore un lion). Je lui souhaite, en passant, un bon anniversaire. Ben, c’est la vie.

Solo Ignace Randrasana vient de nous quitter, le 26 août 2011. Je pense, en tant que fils de médecin, qu’il a été terrassé par une hyperacidité gastrique du au stress qui a entraîné une anémie sévère. On a beau avoir un moral d’acier, le physique ne suit plus lorsqu’on a 68 ans. Quel hommage lui ferais-je, en tant que cinéaste de formation -entre autres- moi-même ? Ben d’abord cette vidéo, puis sa biographie. Enfin, étant l’abonné des cimetières, un reportage sur ses funérailles qui auront lieu le lundi 28 août 2011.


Solo Ignace Randrasana, au look très résistant de la 2è guerre mondiale,  à la Résidence de France,
le 14 juillet 2010

BIOGRAPHIE DE SOLO IGNACE FORTUNAT RANDRASANA

Naissance le 15 Septembre 1943 à Ambatomanga, marié, père de trois enfants et grand-papa…

1962-1966: Armée de l’air (France)

1967-1969: Responsable des émissions radiophonique rurales

1970: Major de promotion du Centre Malagasy de Production de films éducatifs (CMPFEà d'Androhibe

1971: Assistant réalisateur pour le film «Culture attelée, facteur de développement»

1972: Formation de réalisateur producteur à l’ORTF (Maison-Lafittes), France. Il sort avec le « Diplôme Supérieur de Cinéma »

1973: Réalise «VERY REMBY» (Le Retour), PREMIER LONG METRAGE MALGACHE, 16mm couleur, durée: 90minutes
1974: « VERY REMBY » reçoit le prix Jean Soutter au festival de Dinard (France)

1976: Vice-Président de la F.E.P.A.C.I (Fédération panafricaine des Cinéastes) siège à Dakar, avec juridiction dans la zone Est : Ouganda-Tanzanie-Kenya-océan Indien.

1977: Présente une communication au symposium d'Ouagadougou (Burkina-Faso) sur le thème: «Le cinéma africain, facteur de développement». Communication éditée par « Présence africaine » Membre du jury du festival international du film de Carthage (Tunisie)

1978: Réalise la 3ème partie du « MITA BE » à la gloire du pouvoir révolutionnaire

1979: Démission de l’Office Malgache du Cinéma (OMC, dirigé alors par feu Jean-Claude Rahaga, un des rares malgaches diplomés de l’IDHEC. J’étais son assistant-cadreur pour « Sambatra 1979 ») devient cinéaste indépendant

1980: Stage de 1 mois aux Etats-Unis sur la Gestion, la production et la réalisation vidéo

1982: Obtient le 3ème prix au concours international organisé par l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) pour le scénario du long métrage « En ce temps là ».

1985-1986: Prépare et réalise la co-production algéro- malgache, le premier long métrage malgache  « ilo tsy very »

1988-1991: Prépare une fresque de 3 heures avec 2000 figurants prévue pour un tournage en 70mn intitulée « La vie de Jean Laborde »

1993-1994: Réalisateur titulaire sur le projet « MAEVA 7 » de feu Maurice Grimaud, pour la télévision. Il s’agissait de « SAMBATRA 93 » à Mananjary

1995: Réalise un téléfilm de 47mn de fiction « LIZA » avec Jean Louis Lesbordes (Mission Française de Coopération) et Louis-Gonzague Hubert dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Sida (Tourné en SHVS, il s’agit d’une adaptation de la bande dessinée « LIZA »)

1997: Président de l’association des cinéastes de l’Océan Indien

2000: Président de cannes Junior Antananarivo - Président d’honneur de cinéastes auteurs Océan Indien (cinéASOI), siège à la Réunion

2001: Président des cannes Junior Antananarivo

2002: Réalise « SAROBIDY » long métrage 90mn, Vidéo numérique pour le Ministère de l’Energie et des Mines

2003: Responsable de formation à l’université d’Antananarivo (sur un financement de Banque Mondiale): Président d’honneur du Film d’Afrique et des Iles : Le port (La Réunion) du 22 septembre au 1er octobre 2003

Novembre 2003 : Réalise un documentaire en vidéo numérique sur SANGA III, festival de musique

2004: Réalise pour TV Plus une série de téléfilm en 20 épisodes intitulée « SORONA ». Réalise un téléfilm de 90mn intitulé « ALAKAOSY » sur la corruption et la lutte contre la corruption

2005-2006 : Réalise pour TVM une série de 30 épisodes intitulée « ANKAMATATRA »

2007: Tournage d’une autre version de « SAMBATRA » à Mananjary

2009: Directeur de « Tia Sary », Fonds National pour le développement cinématographique

2010: Cadre technicien au Ministère de la Culture et du Patrimoine national

14 juillet 2010: Solo Ignace en grande forme, à la Résidence de France, me parle de ses projets

Mai 2011: Il est la cheville ouvrière de la mise en place de l’'Institut Supérieur de la Cinématographie de l'océan indien qui sera fonctionnel dès la rentrée prochaine, à l'Université de Fianarantsoa. La Capitale du pays Betsilo a été choisie par Ignace pour rendre hommage au premier cinéaste malgache Benoît Ramampy (décédé), originaire de la région et qui a été primé au festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) d’Ouagadougou.

2 juillet 2011: Cadre du ministère de la Culture et Patrimoine, il a conduit une délégation malgache composée d'acteurs et producteurs de films cinématographiques, au complexe hôtelier « Le Paon d'Or » à Ivato, où était hébergée une délégation de cinéastes indiens et autres opérateurs en prospection. Ce fut l'ambassadeur de l'Inde qui a ouvert la série de discours en présentant la partie indienne et les motifs de cette visite.

16 août 2011: Les dernières secondes que j’ai passé avec Solo Ignace Randrasana, à l’hôpital Befelatànana (voir vidéo inédite)

26 août 2011: Décès de Solo Ignace Fortunat Randrasana à l'hôpital militaire de Soavinandriana (HOMI), ancien Girard et Robic. Il aurait eu 68 ans le 15 septembre.

 


IGNACE AVEC CLAUDE RANDRIAMIHAINGO, AUTRE CINEASTE FURTIF, AMI DE LONGUE DATE ET COMMUN AVEC BENOIT RAMAMPY

 

Au nom de madagate.com, je présente mes plus profondes condoléances à toute la famille d’Ignace qui est aussi ma famille et qui est allé rejoindre Benoît Maurice Ramampy au paradis des cinéastes. Si tant est qu'il existe, à bientôt.

 

Jeannot RAMAMBAZAFY – Antananarivo, le 27 août 2011

=============================

 

AUTRES ECLAIRAGES SUR IGNACE SOLO RANDRASANA,
EMANANT DE L'ILE DE LA REUNION


-Les Journées du film d'Afrique et des îles, dès 1995 ont invité -grâce à M. Louis Gonzague Hubert, vidéaste et militant culturel, enseignant-, M. Randrasana à La Réunion, puis d'autres fois. Ce fut l'oeuvre de la Fondation Abel Gance avec l'association de Village-Titan d'Alain Séraphine, qui se transformait en ILOI.

M. Séraphine  et le Fifai ont aidé Ignace pour son projet de film sur Jacques Rabemananjara, qu'il n'a semble-t-il jamais terminé.

En 1995, puis dans ses voyages suivants dans la ville de l'Image, Le Port, pour la première fois Ignace a pu présenter à La Réunion son film " ILO TSY VERY ", et il a eu le courage, après le départ de Ratsiraka, d'assumer les 4 minutes finales du film, un incroyable passage de propagande style... Corée du nord, qui lui fut imposé!

Le Fifai 2011  (1er- 9 octobre) rendra hommage à Ignace Solo Randrasana avec Louis-Gonzague Hubert, en projetant le film de fiction "LIZA", d'Ignace S. Randrasana, une fiction grand public de prévention des risques liées à la séxualité libre, sans les moyens de prévention de base des MST.
ALAIN GILI
Mis à jour ( Dimanche, 14 Janvier 2018 09:47 )