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La séparation n'existe plus depuis l'avènement du nouveau président de Madagascar qui a mis dans sa poche la HCC et l'Assemblée nationale. Du coup, la démocratie est morte pour le peuple malgache. Et il réprimera "impitoyablement", étant aussi le Chef suprême des armées... Qui, dès lors, jugera les membres de la HCC ? La Haute cour de justice sera-t-elle mise sur pied selon cette Constitution complètement piétinée ?

Depuis son avènement, le président « élu démocratiquement » n’a cessé de cumuler toutes les démarches dictatoriales de ses prédécesseurs. Mais de manière ultra-rapide, pour se donner l’illusion qu’il est le maître après Dieu sinon égal à Dieu à Madagascar. HCC verrouillée, Assemblée nationale muselée. J’aurai applaudi à m’en blesser les mains si… (« indro kely, hoy ny mpandrafitra »). Plusieurs documents attestent -et attesteront- devant le Tribunal de l’Histoire que, non content d’avoir été un parjure, il a piétiné, sans état d’âme pour un bon chrétien, la loi fondamentale sous laquelle tout citoyen doit se soumettre. Tous les artifices utilisés ne résisteront pas à la vérité et ne pourront pas tous être effacés, à notre époque des nouvelles technologies et de l’information en temps réel.

Mahamasina, 25 janvier 2014. "Devant Dieu, la Nation et les hommes, je jure de respecter la Constitution comme la prunelle de mes yeux"

Monsieur le président « élu par le peuple » va donc faire « une mise au point » sur ses 100 jours au pouvoir (comme l’indique le spot publicitaire). Que vont alors entendre et voir les téléspectateurs, le vendredi 9 mai 2014 sur Tv Plus Madagascar ? Ils seront témoins d’un dialogue téléphoné entre Onitiana Realy et lui, le président « de tous les Malgaches ». Genre de question qu’on entendra : « on » dit que vous ne respectez pas la constitution. Réponse : je n’ai rien à avoir avec cela, c’est la HCC qui décide... Vous voyez déjà le topo de la langue de bois.

Pour les besoins de sa propre cause, Onitiana Realy ne sera pas trop incisive, même si elle fera semblant, mais elle extériorisera surtout sa haine pour la transition, en général, pour Andry Rajoelina en particulier. Comment saurons-nous si l’émission sera effectivement tournée en direct ? Il suffira d’aller sur la chaine youtube de Nicolas Rabemananjara dont l’adresse est : www.youtube.com/tvplusreplay

Hery Rajaonarimampianina, alors candidat: "Sans lui (Andry Rajoelina), je ne serai pas là où je suis". La suite de cette phrase, au plus profond de lui-même : maintenant que je suis président, il n'a qu'à aller se faire voir...

D’emblée, je peux vous affirmer que le président Rajaonarimampianina versera dans le « trop poli pour être honnête ». C’est d’ailleurs ainsi qu’il a grugé toutes celles et tous ceux qui l’ont supporté sans retenue, lors de sa seconde campagne présidentielle. Son cheval de bataille ? Les 22 millions de Malgaches qu’il prendra pour le prétexte de ses dérives inconstitutionnelles. Et il nous bassinera avec ses « zava-dehibe loatra », en rappelant maintes fois qu’il est le « filoha voafidim-bahoaka ». Qu’il a la majorité parlementaire avec 111 députés, à présent, et un président de l’Assemblée élu à 100%. Et après lui le déluge. Aussi, s’il tente de chasser le naturel, il reviendra au galop face à un micro et aux projecteurs. Je ne reviendrai pas sur toutes ses manigances pour être parvenu à « unifier les trois pouvoirs ». Il a fait ce qu’il a fait et il continuera à faire ce qu’il fera, avec comme excuse l’intérêt supérieur de sa nation… C’est déjà un « exploit » en lui-même en si peu de temps.

Mais qu’est-ce qui l’a fait courir ainsi, pourquoi tant de hâte ? Le nerf de la guerre tout simplement. Comme tout son programme de développement ne sera jamais que des copiés-collés (une spécialité du pouvoir Rajaonarimampianina) des programmes jamais réalisés par ses prédécesseurs, l’important n’est pas là pour lui. Car même avec le plus beau programme du monde, sur papier, rien ne pourra être réalisable sans l’argent des bailleurs de fonds traditionnels. Dans son esprit déjà embrumé par la folie du pouvoir absolu, il lui fallait une stabilité politique, par tous les moyens, mais en écartant, comme Judas et saint Pierre réunis, ses alliés politiques naturels. Au nom de sa fumeuse « rupture dans la continuité ». Et les intellectuels, les magistrats, la société civile, l’église, etc. sont devenus aveugles, sourds et muets. Mais quoi qu’il dise, c’est tout le peuple qui l’a élu qu’il s’est mis sur le dos. Celui qui lui a permis d’engranger 53,50% des voix exprimées le 20 décembre 2013.

Palais d'Etat d'Iavoloha: une partie des véhicules 4X4 chinois dont certains seront offerts aux députés "lève-main", avec carburant aux frais du contribuable, évidemment

Et, tandis que l’opinion publique était focalisée sur le cirque qu’il a lui-même orchestré pour que l’Assemblée nationale devienne une chambre des applaudissements à son service, lui -se voulant hypocritement au-dessus du lot, au-dessus « du commun des mortels »-, était en pleine tractation pour endetter les actuels petits-enfants malgaches qui, même devenus des parents, devront payer ces dettes et leurs intérêts. En effet, c’est tout fier qu’il annoncera que le Fmi débloquera quelque 47,4 millions de dollars pour, entre autres, réaliser un programme de protection sociale. Ce qu’il omettra de dire c’est que ces fonds font, eux-mêmes, partie d’un programme dénommé Facilité de crédit rapide ou FCR. Qui dit crédit dit remboursement.

 

 

 

Le père Pedro Opeka

Aussi, ce n’est pas avec un discours trompeur -carrément démagogique- et en commençant par être un « hors-la-loi » (qui ne respecte pas la loi) que cette lutte débutera effectivement à Madagascar. Etre au pouvoir est une chose, utiliser ce pouvoir à bon escient en est une autre… Seuls des personnes exceptionnelles ont le pouvoir de changer concrètement les choses, sans nul besoin de discours. Comme le père Pedro Opeka, par exemple.

Saura-t-il nous éviter ses ricanements d’idiot qui ne sont pas dignes de son rang ? Il voudra bien chasser ce naturel, mais il reviendra au galop. Le temps passera tellement vite, ce soir du vendredi 9 mai 2014, qu’au final personne n’aura rien compris de sa « mise au point ». Aussi, ce que je vous suggère, plutôt que de vous concentrer sur ce qu’il débitera, c’est de vous focaliser sur son comportement physique. Voici quelques pistes qui faciliteront votre jugement. Sachez déjà que le mensonge est l'énoncé délibéré d'un fait contraire à la vérité, ou encore la dissimulation de la vérité. Physiquement et oralement, comment le mensonge se manifeste-t-il ? Indices essentiels, même si l’émission se fera en langue malgache.

Le menteur a souvent un chat dans la gorge avant de sortir un argument après une question.

Le menteur fait moins de gestes et ses bras sont dirigés vers son corps en priorité.

Le menteur a tendance à mettre sa main en contact avec son visage, en particulier avec sa bouche.

Le menteur évite de vous regarder dans les yeux, ou bien pour se donner contenance il ne vous lâche pas du regard. Dans ce dernier cas, on pourra observer des clignements d’yeux plus fréquents et des pupilles qui se dilatent et se contractent légèrement à certains passages clefs de la conversation.

Pris au dépourvu, le menteur n’aime pas prononcer des mensonges trop directs. Il se contente de répondre aux questions que vous posez, sans nier complètement ce qu’on lui reproche. Il peut également se réfugier dans l’humour.

Pour éviter les blancs, le menteur donne plus de détails pour compenser son manque de crédibilité avec son imagination.

Pour éviter de se mentir à lui-même, le menteur triche en utilisant des variables de temps supplémentaires dans leurs explications. Il va parler d’un élément éloigné du passé comme d’un fait récent, ou d’un élément très proche comme d’un fait acquis. Passer du passé simple au présent ou à l’imparfait est un signe du mensonge (menterie au Québec).

Par ailleurs, je rappelle que « trop poli pour être honnête » signifie : « Dont les manières exagérément courtoises font pressentir le désir de tromper » (in Rey-Chantr. Expr. 1979). Enfin, un proverbe assure ceci : « Ami de tous, ami de personne » (Aristote). Ce proverbe peut avoir deux sens. D’une part, l’amitié demande du temps et de l’intimité. On n’a de véritables amis que lorsqu’ils sont en nombre restreint. D’autre part, il exprime aussi de la défiance envers les personnes trop gentilles avec tous. On peut douter de leur franchise.

 

 

 

 

 

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LA GAZETTE DE LA GRANDE ILE