Lettre ouverte à celle ou à celui qui remportera les élections du 3 décembre

Samedi, 16 Août 2008 10:45 Analyse
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A celle ou à celui qui, au lendemain des élections présidentielles, aura le destin de la Nation malagasy entre ses mains, je veux lui adresser tous mes vœux de réussite pour la poursuite du développement qu’elle (ou il) aura à cœur de parachever.Le développement est un combat et il doit être équitable. Clairement, le développement doit profiter à toutes les Provinces de notre pays. Il a pour but d’apporter son bienfait à toutes celles et à tous ceux qui n’ont toujours pas accès à l’eau, à l’électricité, à l’école, aux soins ou à un emploi durable et qualifié. Ce combat doit, à mon avis, se décliner en sept chantiers qui me semblent prioritaires pour inscrire notre Nation dans le progrès économique, la paix sociale et le rayonnement international de la Grande île.

 

 

1 – Poursuivre avec force et vigueur les chantiers déjà engagés
Même si tout cela est loin d’être suffisant, depuis quatre ans, les premiers chantiers engagés portent leurs premiers fruits en matière d’équipements et d’infrastructures. Désormais, les routes majeures sont praticables et des écoles et des hôpitaux ont reçu quelques moyens d’offrir un service public de proximité aux
populations les plus fragiles. Il nous faut aujourd’hui poursuivre tous ensemble ce chantier immense du développement équitable de toutes les provinces de la Grande île.

2 – Rassembler ce qui est épars

La crise de 2001/2002 a laissé beaucoup d’incompréhensions, d’amertume et parfois de drames personnels. Pour celles et ceux qui, de part et d’autre, ont souffert dans leur chair et parfois dans leur âme, je souhaite qu’ils puissent retrouver
sereinement leur place dans notre Nation. Rassembler ce qui est épars, pour moi, n’est pas un vain mot : c’est le symbole parfait de ce qui fait la richesse de la civilisation malagasy : le fihavanana.

3 – Offrir à la société civile un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté
L’Etat doit être puissant, neutre et efficace, mais il doit rester dans son rôle de régulateur. Ainsi, certaines missions doivent être incarnées par la société civile.
Je pense naturellement aux ONG qui ont un rôle social et culturel essentiel. Aux associations civiques qui doivent remplir un rôle de contre pouvoir démocratique comme dans les pays modernes. Enfin, aux syndicats de salariés qui, avec les organisations patronales, doivent inventer un dialogue constructif, créateur
d’emplois et de richesse.

4 – Favoriser l’esprit d’entreprise

Chacun l’aura compris, aujourd’hui, l’avenir de notre Nation (qui doit être largement ouverte sur le Monde) passe par l’accès du plus grand nombre aux outils modernes de communication, comme par exemple l’Internet à très haut débit. Mais notre avenir repose aussi sur l’initiative individuelle. Nombre de nos jeunes
compatriotes, pour ne citer qu’eux, ont une formidable envie de développer leur propre entreprise. Un effort important doit être fait en leur direction, et notamment en terme de sécurité juridique, d’accès aux financements et tout simplement de liberté d’entreprendre… et de concurrence.

5 – Renforcer le rôle économique de nos ambassades

Dans le cadre de ce développement équitable de toutes les Provinces de notre Nation, nos ambassades ont un rôle majeur à jouer. Elles doivent être le pilier essentiel de notre politique de développement. Je sais que notre personnel diplomatique ainsi que le ministère des affaires étrangères sont particulièrement mobilisés pour cet
objectif. Cependant, il faut maintenant donner plus de résultats à cette action. Notre diplomatie doit avoir de véritables objectifs chiffrés en matière d’implantation d’entreprises à Madagascar. J’irais plus loin : nos diplomates doivent tout simplement avoir une obligation de résultats en matière de création de
richesses et d’emplois à Madagascar.

6 – Protéger notre environnement

Avec tristesse, faute de moyens, nous observons notre patrimoine le plus cher, la nature, se détruire.
Notre développement doit s’inscrire dans un double respect : celui de nos valeurs culturelles ancestrales et celui du respect de notre nature et de la protection de nos ressources naturelles. Au cours de ces dernières années, un effort louable a été
fait en matière de protection de notre nature contre les actes criminels. Il faut le poursuivre, pour le bien de la collectivité toute entière.

7 – Revenir au temps des Bâtisseurs

Pour conduire le développement, il faut choisir des Patriotes, c’est-à-dire des femmes et des hommes compétents dans leur domaine, motivés et exemplaires. Chacun sera jugé sur la base de ce qu’il fait concrètement et non sur ce qu’il dit en
s’agitant frénétiquement ! A Madagascar, mais aussi à l’extérieur, il y a des personnes qui, sur des bases claires d’engagement, sont prêtes à relever ce formidable enjeu du développement équitable de notre Nation.

Tels sont les sept chantiers que vous aurez à conduire de toute urgence. Et le Madagascar Action Plan (MAP) me paraît l’outil le mieux adapté pour mettre en œuvre cette ambition collective. Je vous souhaite tout le Courage nécessaire, la Sagesse
et la Détermination pour poursuivre la construction de ce développement équitable de toutes les Provinces de notre Grande île.


(*) Patrick RAJOELINA est fondateur de la Société des amis de Madagascar et président du mouvement FANORENANA « Refondation ».

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Mis à jour ( Samedi, 16 Août 2008 16:51 )