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Madagascar : le pétrole de tous les dangers !

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Que demande le peuple malgache sinon être un pays en développement puis un pays émergent. Mais pas à n’importe quel prix tout de même ! Le pays regorge de richesses souterraines insoupçonnables mais que va laisser les dirigeants actuels en héritage à leurs enfants si, de nos jours, les 2/3 de l’ouest du pays est en passe de devenir un véritable gruyère pétrolifère ? Le grand public et le monde entier doit être au courant dans cette recherche effrénée du pétrole de tous les dangers. Un dossier signé Jeannot Ramambazafy.

HISTORIQUE et SOUS PHILIBERT TSIRANANA




Le pétrole, est une roche liquide carbonée, ou huile minérale. Énergie fossile, son exploitation est l’un des piliers de l’économie industrielle contemporaine mondiale, car il fournit la quasi totalité des carburants liquides. A Madagascar, Les premiers indices de l'existence de pétrole remontent au début du XXè siècle. A cette époque, les Malgaches des côtes utilisaient déjà du goudron pour le revêtement de leurs embarcations. Oui, ils n'étaient pas si "indigènes" que çà... Entre 1902 et 1906, les premières concessions pétrolières furent ouvertes dans la région de Tsimiroro, au sud de la Grande île. Jusqu'en 1909-1918, trois compagnies britanniques firent les premiers forages. Durant les années 1920 et 1930, ces entreprises furent remplacées par des opérateurs français du Service des mines et du Syndicat des études et recherches pétrolières (SERP). A partir de 1945 et durant la période de l'après seconde guerre mondiale, des cartes complètes de la géologie de Madagascar furent établies. En 1950, l'entreprise française Société des pétroles de Madagascar ou SPM succéda au SERP et assuma l'exploration durant 15 ans dans la région de Morondava et jusqu'à Toliara. De 1966 à 1975, l'intérêt des multinationales pétrolières prit de l’ampleur. Pas moins de six compagnies réalisèrent des travaux d'exploration au moyen de technologies de pointe pour l'époque, comme la prospection sismique digitalisée, ce qui leur permit de trouver d'importants gisements de gaz et pétrole jusqu'alors inconnus. Puis, tout fut mis en stand-by pour une durée indéterminée car les capitalistes occidentaux s’étaient trouvés face à une révolution socialiste taxée de marxiste qui ne leur disaient rien de bon… Cependant, il était clair que Madagascar était riche en gaz naturel et en pétrole, aussi bien on shore qu’en offshore.

SOUS DIDIER RATSIRAKA
Une fois à la tête du pays par voie référendaire, Didier Ratsiraka mis en place, en 1976, l'Office Militaire National pour les Industries Stratégiques (OMNIS) qui lui était directement rattaché et qui commença à réaliser ses propres travaux d'exploration. En 1980, la Banque Mondiale aida l'OMNIS à développer un programme de diffusion et de communication ; à rédiger un catalogue d'informations techniques et à élaborer un nouveau code pétrolier ainsi que de nouvelles normes fiscales et légales afin d’attirer les investissements étrangers. Dans cette optique, la rédaction du rapport géologique des prospections pétrolières et de gaz fut confiée à l'entreprise suisse PETROCONSULTANTS. En 1980, le premier appel d'offre s'adressa à plus de 50 compagnies pétrolières et concernait l'octroi de 40.000 Km² de concessions. A cette époque, l'OMNIS était aussi disposé à envisager des accords d'exploration visant des régions non inclues dans cette superficie. En 1981, MOBIL et OCCIDENTAL signèrent chacune un contrat d'exploration. La zone revenant à la compagnie MOBIL, intéressée autant par l'exploitation du gaz que par les différents types de pétrole, se situait dans la partie Nord et offshore du bassin de Morondava (36.000 Km²). Le bloc d'OCCIDENTAL, exploré en consortium avec UNOCAL et selon des techniques on shore, se trouvait au sud de Morondava (21.500 Km²). En avril 1982, AGIP CORTEMAGGIORE signa un contrat d'exploration offshore et on shore de la zone de Mahajanga. La quatrième compagnie qui arriva à Madagascar fut AMOCO, qui s'engagea, la même année, à prospecter en on shore dans la partie centrale du bassin de Morondava. Elle avait pour sous-traitant BAWDEN et GEOSOURCE. Après 1982, l'OMNIS fit à un second appel d'offres concernant les zones on shore du centre et du sud de Morondava ainsi qu'une région offshore, mais aucune nouvelle compagnie n'y répondit. AMOCO étendit ses travaux à un des blocs on shore de Morondava. Jusqu'en 1987, les résultats de l'exploration restèrent confidentiels. Puis, subitement, toutes les compagnies plièrent bagages. Cependant, on sait que 8 puits ont été forés : un par MOBIL, deux par OCCIDENTAL-UNOCAL et cinq par AMOCO. AGIP ne creusa pas de puits mais effectua des opérations d'exploration sismique et révisa ses travaux de prospection datant des années 1970. De son côté, l'OMNIS poursuivit ses recherches géologiques dans la région de Tsimiroro dans le but d'octroyer de nouvelles concessions. PETRO-CANADA INTERNATIONAL Assistance Corp. (Pciac) réalisa des travaux de forage pour l'OMNIS dans le bloc d’AMOCO et y trouva le premier gisement commercial de gaz de Morondava. En 1997, au retour de l’Amiral Ratsiraka aux affaires, l’OMNIS, devenu Office des Mines Nationales et des Industries stratégiques (1993), préparait un troisième appel d’offres. Ce changement de statut s’avérait nécessaire pour se conformer aux réalités vécues par l'Office dans ses activités et s'adapter à ses nouvelles fonctions: Promotion et valorisation des ressources minières à Madagascar. En l’an 2000, cinq compagnies pétrolières travaillaient avec l’OMNIS : TRITON Energy Inc., VANCO Energy Company, HUNT Oil Company, ANADARKO Petroleum Corporation, XPRONET Canal Profond Ltd, toutes ayant leur siège à Houston ou à Dallas au Texas.


Général Ackram Mohajy Andriamandaminy

Voici un extrait d’interview très visionnaire du Général de Brigade aérienne Ackram Mohajy Andriamandaminy, le dernier Directeur général de l’OMNIS sous Didier Ratsiraka :

Quelle était votre politique de promotion pour attirer les investisseurs ?

Pour le pétrole, nous nous sommes efforcés de participer à toutes les manifestations internationales. Comme Madagascar est présente dans la géographie mondiale du pétrole, les compagnies sont venues et se sont mises en contact avec les ambassades qui ont envoyé leurs dossiers au Ministère des Affaires Etrangères, qui, à son tour, les a transmis au Ministère de l’Énergie et des Mines, pour finalement aboutir à l’OMNIS. Mais la plupart du temps, ils nous écrivaient directement après des contacts directs à des expositions.

Est-ce qu’il y a un projet qui vous a personnellement tenu à cœur, que vous auriez aimé mettre en avant pour les investisseurs ?

Dans le secteur pétrolier, nous avions mis en avant les dernières évolutions des données; comme nous avions affaire à des spécialistes qui savent lire les données recueillies. Nous tenions un stand et nous exposions lors des forums internationaux (AAPG, SEG, Africa Upstream, etc…).

 

Quel aurait été votre plus grand défi dans les 5 années à venir ?

Prouver qu’il existe réellement du pétrole et du gaz à Madagascar à travers des forages. AMOCO et AGIP avaient trouvé du gaz, mais compte tenu de l’éloignement de Madagascar, et surtout parce qu’il n’était pas aisé de le vendre sur le marché international, ils ont préféré fermer les puits; d’autant plus qu’ils étaient venus plutôt chercher du pétrole et non du gaz.
Le pétrole, nous en avons trouvé de très bonne qualité (41° API) mais en quantité insuffisante pour pouvoir être exploité. Nous continuons avec les explorations en on shore et en off shore pour prouver qu’il y a du pétrole. Les indices sont là. Le fait d’avoir actuellement (lorsqu'il était Dg) cinq compagnies internationales est encourageant. En Afrique, on a tout au plus une compagnie par pays.

 

LE GRUYERE SOUS MARC RAVALOMANANA

Nous connaissons tous la suite, avec les évènements de 2002. C’est vers 2004 que les compagnies pétrolières ont recommencé à revenir. Finie la discrétion : en cette ère du pouvoir Ravalomanana, il semble que tous se sont précipités à la recherche de l’or noir, conjoncture mondiale aidant. Pas les mêmes, mais ils sont de plus en plus nombreux, attirés par le système alléchant mis en place par l’EDBM ou Economic Development Board of Madagascar dont les chiffres pour faire croire au monde d’une intense intensité des IDE (Investissements directs étrangers ou à l'étranger) qui, en fait, ne reposent uniquement que sur ces grands travaux d’exploration en plus de ceux de l’ilménite et du cobalt. Un EDBM directement rattaché à la Présidence de la république, cela va de soi. Avec la bénédiction de la Banque mondiale et du FMI, n'en doutons pas non plus. Mais comme l’invraisemblable mais authentique carte ci-dessus vous le montre, c’est bien les 2/3 de Madagascar qui sont en train de devenir un véritable gruyère ! L’actuel Directeur général de l’OMNIS, Elysée Alter Razaka avait déclaré, en 2007 : « Des réunions vont se tenir pour prendre des grandes décisions en matière d'exploration pétrolière. Plusieurs sociétés pétrolières sont opérantes, et actuellement 20 blocs on shore et 7 blocs off shore sont exploités à Madagascar ». A voir la carte, il y a eu, comme qui dirait, prolifération sauvage de ces blocs… Ces compagnies se nomment, du Nord-Ouest au Sud-Est : EAX/CANDAX, STERLING Group, MADAGASCAR NORTHERN Petroleum, EXXON MOBIL Group, WILTON Petroleum Ltd, MAJUNGA OIL Sarl, MADAGASCAR PETROLEUM INTERNATIONAL Ltd, VARUN PETROLEUM Sarl, ESSAR ENERGY, MADAGASCAR OIL Sarl, MAREX/ROC OI, AMICON, TULLOW, MADAGASCAR SOUTHERN PETROLEUM, PETROMAD.


La plus importante découverte se situe à l'Ouest, dans le bassin de Morondava tandis que l'autre se trouve à Mahajanga, vers le Nord. Les deux bassins sont séparés par un massif dorsal légèrement surélevé et s'étendant au nord-ouest du massif principal. Les sols d'origine sédimentaire qui forment les deux bassins occupent une superficie totale d'environ 170.000 Km² (135.000 de Morondava et 35.000 de Mahajanga) mais ne sont pas entièrement à vocation pétrolière. Les deux bassins s'étalent jusqu'à l'océan où ils s'enfoncent sous le canal de Mozambique. Ces zones off shore, d'une profondeur approximative de 2000 mètres, n'ont pas encore été explorées. Les dépôts de Karro, situés au nord de Morondava, sont constitués de goudron et d'autres pétroles bruts lourds et représentent des dizaines de millions de barils. Les dépôts de la zone dorsale séparant les deux bassins, les régions de Tsimiroro et de Bemolanga, sont également riches en goudrons et pétroles.

Selon les dernières estimations, Tsimiroro pourrait contenir 8 milliards de barils d’huile lourde et Bemolanga peut posséder 21 milliards de barils d’huiles lourdes avec une surface de 400km². Le gouvernement malgache fait appel aux investisseurs étrangers dans l’exploration de pétrole avec Madagascar oil. D’autres ont répondu l’appel, comme EXXON MOBIL, CHEVRON et SHELL. Avec les premiers essais d'extraction de pétrole à Tsimiroro afin de déterminer et d'estimer le comportement du gisement, on obtient 45 barils de pétrole par jour si 100 barils par jour et par puits ont été prévus. Cela signifie que le gisement de Tsimiroro est exploitable et lucratif économiquement. MAIS POUR QUI EXACTEMENT ?

MADAGASCAR OIL dépense plus de 100 millions de dollars à Tsimiroro. On peut estimer que le stade final du projet est atteint pour le site de Tsimiroro. Le rendement de l’exploration dépend de la capacité de production journalière. Il faut des ressources pétrolières aux alentours de 400 millions de barils. Et pour obtenir 1000 barils par jour, il faut investir 80 millions de dollars. MADAGASCAR OIL a réuni 60 millions dollars sur les marchés boursiers. Mais il faudra encore beaucoup d’autres millions de dollars pour les phases suivantes, qui sont : la production (exportée à l’état brut), le raffinage (qui devrait impérativement se faire sur place pour éviter l’exportation à l’état brut incontrôlable) et le transport.

Pour le site de Bemolanga, il faut encore du temps pour des recherches. La suite du projet dépend des résultats issus de ces recherches. 30 millions de dollars sont nécessaires pour faire l’exploration de ce site. Le contrat se fait entre MADAGASCAR OIL, une filiale de VUNA ENERGY et OMNIS.

Les petits secrets que l’Etat malgache ne vous révéleront pas

A la suite de l'appel d'offre lancé par l’OMNIS et portant sur 96 blocs onshore et offshore dans le bassin de Morondova, une première série de dix périmètres onshore a été attribuée. Une nouvelle junior américaine, PETROMAD a remporté à cette occasion son premier bloc à Madagascar. PETROMAD a été créée à Houston par Emma Rasolovoahangy, une géophysicienne d'origine malgache formée à Stanford. Outre PETROMAD, l'indien ESSAR OIL, représenté à Antananarivo par Jean-Louis Rabeharisoa, Directeur général d'ADAM MINING Co., a remporté trois blocs. ESSAR a déjà tenté de s'implanter au Nigeria, sans succès. Le trader suisse MASEFIEL, qui a soumissionné pour deux permis, s'est vu attribuer le bloc 2102. La société compte par ailleurs participer à l'appel d'offres de novembre dans l'offshore, mais probablement dans le cadre d'une joint-venture, n'ayant ni la surface financière requise ni l'expertise technique pour opérer dans l'offshore très profond. TULLOW, l'un des premiers entrants dans l'on shore malgache, où il possède le bloc 3109 depuis mars 2006, s'est également vu accorder un nouveau permis. Le groupe britannique reste intéressé par l'acquisition de nouveaux blocs, mais uniquement dans l'onshore. SINO UNION PETROLEUM & CHEMICAL INTERNATIONAL Ltd (Sunpec) du milliardaire Hongkongais Hui Chi Ming a obtenu un nouveau périmètre, après les blocs 3113 et 2104. Les autres blocs sont allés au groupe privé malais PEXCO, filiale du conglomérat USAHA TEGAS d'Ananda Krishnan, qui a réussi à s'implanter l'an passé en Ethiopie après avoir échoué au Gabon et en Guinée équatoriale, et à une junior basée à Dubaï, East Africa Exploration (EAX). Cette dernière est une filiale de la société de géophysique Upstream Petroleum Services Limited (UPS) dirigée par le géologue britannique Jeff Hume et spécialisée sur l'Afrique de l'Est. Selon une tactique déjà éprouvée par le britannique Jebco, UPS a obtenu, en échange de travaux sismiques, une participation sur des permis d'exploration pour sa filiale EAX. Ayant son siège social à Houston mais domicilié aux îles Bermudes, MADAGASCAR OIL Limited est une compagnie d’exploration et de production de pétrole et de gaz se concentrant sur le développement des ressources en huiles lourdes terrestres et l'exploration des perspectives terrestres de pétrole et de gaz conventionnels à Madagascar

LES JAPONAIS DEBARQUENT AUSSI


Du 28 septembre au 7 octobre 2007, une forte délégation japonaise conduite par Fumitake Yoshida, Président du Centre d'information sur l'exploration et la production du pétrole (Information Center for Petroleum Exploration and Production ou ICEP), a été reçue par le Président Marc Ravalomanana, au Palais d'Etat d’Iavoloha. Venue à Madagascar pour une deuxième mission d'information, cette délégation avait pour mission de « collecter les données et les informations sur l'état géologique et l'état d'avancement de l'exploration des ressources pétrolières à Madagascar ». Il a été constaté qu’il y a plus d'opportunités pour les blocs en mer". Les travaux d'exploration proprement dits seront, d'après cet émissaire de l'ICEP, effectués par le secteur privé japonais. Cette délégation de l'ICEP était composée d'une dizaine de membres de diverses sociétés pétrolières japonaises dont IDEMITSU OIL and GAS Co, TEIKOKU OIL, JAPAN PETROLEUM EXPLORATION, MITSUI OIL EXPLORATION Co, JAPAN OIL GAS and METAL NATIONAL CORPORATION (JOGMEC), JAPAN BANK of INTERNATIONAL COOPERATION (JBIC). Rappelons que la première mission d'information japonaise en matière d'exploration pétrolière a eu lieu le 18 juillet 2007. Quelle rapidité, n’est-ce pas ?

Avec toute cette armada de sociétés pétrolières tous azimuts, Madagascar est en passe de vivre des moments de tous les dangers. Pourquoi ce « pessimisme » de notre part ?

A travers le monde, les opérations de l'industrie pétrolière obéissent à une morale double. Dans l’hémisphère Nord, l'industrie pétrolière y possède une conscience croissante de sa responsabilité environnementale. Par contre, dans les pays en développement, ses activités reflètent une totale irresponsabilité dans ce domaine.

De manière globale, le budget des compagnies pétrolières est tellement plus élevé que celui des Etats des pays tropicaux où elles opèrent, que cela leur confère un important pouvoir politique.

Ce dernier est utilisé afin d'influencer les politiques et législations environnementales liées aux taux d'extraction et à de nombreux autres domaines d'intérêt stratégique permettant de justifier leurs activités. Les conséquences de ces pratiques manquant d'éthique incluent la surexploitation des gisements, les écoulements accidentels de pétrole, de hauts taux de déforestation, la pollution de l'air et du sol ainsi que d'autres types d'accidents. Ces problèmes sont extrêmement graves en forêt tropicale étant donné la perte de biodiversité et la pollution des ressources hydriques qu'ils génèrent. En outre, les répercussions négatives des opérations pétrolières ne s'exercent pas seulement sur l'environnement. Les communautés locales perdent leurs droits territoriaux et doivent faire face à des problèmes de santé et parfois même à l'extinction culturelle.

ETAT SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL DES LIEUX

L'industrie pétrolière est présente dans les pays tropicaux suivants, soit en exploitant des quantités significatives de pétrole, soit en y possédant des raffineries:

- en Amérique centrale et dans les Caraïbes: Panama, Mexique, Guatemala, Costa Rica, Honduras, Curaçao, Trinidad et Tobago,

- en Amérique du Sud: Vénézuela, Brésil, Colombie, Bolivie, Equateur, Pérou,

- en Afrique: Angola, Bénin, Cameroun, Tchad, Comores, Congo, Gabon, Ghana, Guinée équatoriale, Madagascar, Mozambique, Nigeria, Seychelles, Zaïre,

- en Asie et en Océanie: Brunei, Myanmar, Cambodge, Indonésie, Malaisie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, Bangladesh, Timor oriental, Inde, Thaïlande, Vietnam, Sri Lanka.

L'industrie pétrolière agit de façon relativement semblable dans tous ces pays tropicaux.


Nombreuses d'entre elles ont adopté une attitude semblable à celle de la Texaco en Equateur, qui éluda ses responsabilités environnementales et sociales après 26 années d'opérations en Amazonie. La Shell, par exemple, mit fin à ses activités à Curaçao en signant un accord avec le gouvernement la libérant de toutes ses responsabilités pour les dégâts causés à l'environnement. Une autre stratégie des compagnies pétrolières est de diviser les communautés locales vivant dans les régions d'exploitation. Il est important de signaler que Madagascar est une des régions du monde au taux d'endémisme le plus élevé et où existent une flore et une faune uniques dues à l'isolement biogéographique de l'île durant des millions d'années. A cause de la dérive des continents, de nombreuses espèces animales et végétales de l'île sont plus proches des espèces existant en Inde qu'en Afrique. Mais, les grands mammifères herbivores et carnivores y ont absent.. La faune marsupiale est très délicate étant donné l'absence de prédateurs naturels. Le remplacement, dans la même niche écologique, des simiens par les lémuriens (dont le lémure gris, le lémure nain à grosse queue, le lémure de corona, etc..), est une preuve de cet endémisme. De nos jours, ces lémures sont en voie d'extinction. De nombreuses espèces d'oiseaux et d'insectes sont également endémiques de Madagascar. Les premières cultures malgaches sont vieilles de plus de 2000 à 3000 ans. Cette richesse biologique et culturelle est menacée par la présence des compagnies pétrolières. Les populations qui seront les plus affectées et les plus menacées sont celles des pêcheurs vivant au bord de la mer depuis des siècles mais aussi les populations encore méconnues –comme les Mikea- qui vivent depuis des décennies dans les forêts primaires qui s’amenuisent comme une peau de chagrin.

Qu’à cela ne tiennent, dans les coulisses (du pétrole, cela va de soi), la révision du code pétrolier datant de 1996 attend la mise en place légale de la TIKO PETROLEUM pour que celle-ci puisse avoir une loi à la mesure -ou même à la démesure- de son ambition. Sachez également que, dans certaines de ces compagnies citées plus haut, il y a des Malgaches très proche du pouvoir, sinon le pouvoir lui-même, qui y sont actionnaires.

Gavin Hayman, porte-parole de l’Ong de Global Witness, avait déclaré :

« Le Président Marc Ravalomanana s’est certainement positionné fermement pour lutter contre la corruption, mais le problème demeure avec les membres du gouvernement. Nous craignons que les revenus tirés du pétrole soient gaspillés facilement à moins que la communauté internationale s’interpose pour garantir la transparence et imposer l’obligation de compte-rendu des revenus pétroliers. Dans les autres pays qui produisent du pétrole, on a vu une élite privilégiée tirer profit des richesses énormes issues du pétrole, en laissant la majorité hors-jeu. Quelques-unes des petites compagnies pétrolières qui se précipitent pour sécuriser des concessions ont une réputation entâchée de corruption là où ils sont allés déjà en Afrique et en Asie. Les autorités de Madagascar peuvent être tentées de rentrer dans des accords glauques dont les millions de pauvres peuvent ne jamais tirer profit ».

AFRICA’S OIL BOOM AND THE POOR

Par ailleurs, un rapport très sérieux sur le pétrole en Afrique (« Bottom of the Barrel : Africa’s Oil Boom and the Poor » publié par Catholic Relief Services (Caritas-USA) en juin 2003, indique que : Pour permettre une amélioration tangible du sort des plus pauvres, tous les acteurs pétroliers doivent prendre conscience de la nécessité de changer certaines de leurs pratiques et de s’engager dans une démarche concertée. Sans véritable volonté de la part des principaux protagonistes de l’aventure pétrolière africaine de changer leurs pratiques, décrites avec plus de détails dans la conclusion du rapport, le boom pétrolier actuel de l’Afrique ne mènera à aucune réduction de la pauvreté. Au contraire, les richesses pétrolières continueront alors à alimenter la corruption et la mauvaise gestion, à causer des destructions de l’environnement, des violations des droits de l’homme et des conflits. Il est aujourd’hui urgent que des actions concrètes soient entreprises pour renforcer la transparence et la justice, pour favoriser la construction d’institutions démocratiques, intègres et compétentes, et pour assurer le respect des droits de l’homme dans les pays producteurs de pétrole.

Principales recommandations :

Les gouvernements nationaux devraient : - Supprimer l’ensemble des obstacles légaux et extra-légaux à la transparence dans le secteur pétrolier ; - Garantir le respect des droits de l’homme, y compris les libertés d’expression, d’association et de la presse ; - Collaborer avec les organisations de la société civile engagées dans la surveillance de la gestion et de la redistribution des richesses pétrolières.

Les compagnies pétrolières devraient : - Soutenir la campagne internationale « Publiez ce que vous payez » en rendant public, de manière détaillée et régulière, l’ensemble des impôts, royalties et autres paiements versés aux Etats africains, à n’importe quel niveau, ou aux communautés locales, y compris le paiement des compensations et des aides au développement des communautés locales ; - Respecter pleinement les droits de l’homme dans leurs activités.

La Banque mondiale et le Fonds Monétaire International devraient : - Utiliser envers les gouvernements locaux et les compagnies pétrolières tous les moyens de pression à leur disposition pour promouvoir la transparence, la bonne gouvernance et une redistribution équitable des revenus pétroliers, ainsi que le respect des droits de l’homme. Ces moyens de pression devraient être utilisés de manière appropriée, c’est-à-dire que des pas significatifs en faveur de la bonne gouvernance doivent être entrepris avant que ne débute l’assistance au secteur pétrolier. La Banque mondiale devrait s’assurer que toutes les activités extractives sont parfaitement en phase avec son objectif de réduction de la pauvreté.

Les agences de crédit à l’exportation devraient : - Exiger que les compagnies du secteur privé désirant bénéficier des emprunts, des garanties et de l’assurance-risque rendent public, de manière détaillée et régulière, l’ensemble des impôts, royalties et autres paiements versés aux Etats africains.

Les Etats-Unis et les autres gouvernements du Nord devraient : - Encourager, dans leurs relations bilatérales avec les Etats pétroliers africains, le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance et la démocratie, ainsi que la gestion transparente et équitable des revenus pétroliers ; - Soutenir les efforts internationaux en faveur d’une transparence accrue des paiements versés par les compagnies pétrolières aux pays en voie de développement ; - Utiliser leur influence pour rendre prioritaire un mode de gestion des revenus transparents, juste et responsable au sein de la Banque Mondiale et du FMI.

Les Nations Unies devraient : - S’assurer que le développement des partenariats avec les compagnies pétrolières dans les pays africains ne compromet pas la mission plus large des Nations Unies de promouvoir la bonne gouvernance, les droits de l’homme et le développement durable ; - Soutenir, à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement, les organisations de la société civile africaine qui militent pour une meilleure transparence et une plus grande responsabilité dans les pays producteurs de pétrole.

Les agences internationales privées humanitaires et de développement et les organisations non-gouvernementales devraient : - Renforcer et soutenir le développement d’organismes indépendants de surveillance et d’information sur les activités pétrolières et la gestion des revenus pétroliers en Afrique ; - Fournir une assistance aux associations locales pour renforcer leur capacité à produire une information indépendante et crédible sur les projets pétroliers et la gestion des revenus pétroliers.

Certes, très récemment, l’EITI (Extractive Industries Transparency Initiative) a été mise en place à Madagascar et des semblants d’ateliers sur la Redevabilité sociale ont été organisés. Une précipipation quelque peu douteuse car très récemment aussi, l’Etat a fait jaillir un épouvantail aux medias sous forme d’une note rappelant les droits et les devoirs des journalistes malgaches et recommandant « un équilibre dans le traitement des informations », sous peine de fermeture. Il devrait commencer par balayer du côté de Malagasy Broadcasting System ou MBS alors ! Ce groupe appartenant au président Ravalomanana passe son temps à faire l’éloge du pouvoir, comme au temps de la propagande de Kim Il Sung, en ne traitant aucun sujet susceptible de ternir l’image du parti Tim et des gouvernants. Dès lors, comment croire un seul instant que cet Etat Tim-Tiko et les compagnies pétrolières respecteront leur engagement ?

L’ALTERNATIVE AU PETROLE

Madagascar se trouve à un tournant crucial de son histoire : devenir réellement le dragon économique de l’océan Indien -mais ce n’est pas encore pour demain- ou finir en éternel pays en voie de sous-développement et devenir un terrain de conflits d’intérêts au même titre que les pays exportateurs de pétrole. Depuis un demi-siècle que l’on sait que la Grande île possède cet or noir, les tenants du pouvoir présent et à venir devraient être plus lucides. Si toutes ces compagnies arrivent à triple galop, ce ne sera jamais pour les beaux yeux et le bien-être des Malgaches qui n’en finissent pas d’avoir soif sur bateau entouré d’eau potable. Il y a une alternative au pétrole. Selon les dernières estimations de TOTAL FINA ELF, la production d'or noir devrait atteindre son apogée en 2020, avec 100 millions de barils par jour (pour 80 millions par jour en 2004), et les ressources en combustibles fossiles s'épuiser dans les cinquante prochaines années. La première alternative au pétrole est le biocarburant. Ce sont toutes les formes de carburants produits à partir des matériaux organiques non fossiles et renouvelables comme le bois, les déchets et les alcools, qui sont brûlés pour fournir de l’énergie. Les biocarburants comprennent aussi le méthanol, le biodiesel et l’éthanol. Cela est réaliste et tout à fait réalisable à Madagascar si on s’y met ici et maintenant. Mais à vouloir toujours se considérer comme pauvre (d’esprit essentiellement), sans chercher et trouver des solutions pérennes par elle-même, Madagascar sera toujours à la traine.


Enfin, si vous voulez vraiment en savoir plus sur les magouilles internationales liées au secteur pétrolier, procurez-vous l’ouvrage « Afrique pillage à huis clos, comment une poignée d’initiés siphonnent le pétrole africain », de Xavier Harel. Cet ouvrage est intéressant et très documenté. Toutefois la situation mérite d'être nuancée. Certes la corruption existe ; elle est d'ailleurs reconnue par le président Sassou Nguesso lui-même, mais pas au point d'avoir fait du Congo un business familial. Du moins on ose l'espérer. Les institutions internationales viellent de plus en plus au grain et tentent de limiter les coulages. Les derniers rapports de la Banque mondiale et du FMI, sans être euphoriques, reconnaissent les progrès enregistrés dans une gestion plus transparente des revenus pétroliers.

 

Jeannot RAMAMBAZAFY

Journaliste

 

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Mis à jour ( Mercredi, 06 Août 2008 13:57 )  
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