François Hollande a raté la porte d’une sortie honorable dans l’Histoire de Madagascar

Lundi, 28 Novembre 2016 08:28 Dossier
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Madagascar massacres de 1947 (extraits du discours)

«C’est bien parce qu’il y avait eu cet engagement des Malgaches pour la France mais aussi pour la liberté, que beaucoup, après la Seconde guerre mondiale, ont commencé à songer à l’indépendance, à cette aspiration qui montait du peuple. Ce mouvement a soulevé l’île tout entière en 1947 et elle fut brutalement réprimée par la France. Je rends hommage à toutes les victimes de ces événements, aux milliers de morts et à tous les militants de l’indépendance qui ont alors été arrêtés et condamnés pour leurs idées».


C’est avec ces mots que le président français François Hollande a parlé des crimes commis par la France coloniale en 1947, dans son discours au mémorial du lac Anosy, à Antananarivo, le samedi 26 novembre 2016. N’ayant ni pris ni appris aucune leçon du grand pardon du Pape Jean Paul II, au nom de l’église catholique, en «oubliant» la nuance énorme entre une reconnaissance et un repentir, une repentance, M. Hollande a raté la porte d’une sortie honorable dans l’Histoire de Madagascar sinon l'Histoire tout court. En effet, nul n’est besoin d’être madame Soleil ou Elisabeth Tessier pour savoir qu’il ne sera plus président de la république à partir de 2017 pour laisser la place à la droite (ou l’extrême-droite, il ne faut jurer de rien). Je ne vais pas trainer en longueur sur ce sujet, mais je reviens, ici aussi, sur le concept des anciens combattants reposant sur la mémoire et la solidarité.


Sur quoi, diable, a-t-il prêté serment? Sur une BD (Bande dessinée) de Fluide glacial?

Le président François Hollande n’est pas le seul à blâmer sur ce chapitre. Ce régime Hvm/Rajaonarimampianina figure en tête de liste dans la pratique du concept de l’amnésie collective. Quoi, coasserait la grenouille qui voulait être aussi grosse que le zébu. Eh oui. Figurez-vous qu’il a «oublié» le 11 décembre 2010, date de la promulgation de la Constitution de la IVème république sur laquelle il a prêté serment, le 25 janvier 2014, en tant que premier président de celle-ci. Mais est-ce une raison pour aller allègrement de viols en viols constitutionnels? Et ne parlons pas, à l'heure actuelle et de la part de ce régime, des personnes arrêtés arbitrairement et condamnées pour leurs idées mais avec la fallacieuse accusation d'atteinte à la sûreté de l’État voire de fomenteurs de coup d'état.


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La cerise sur le gâteau (façon de parler, hein), c’est sa manière d’avoir commémoré son premier 29 mars 1947 en tant que président de la république. Au lieu d’en faire une journée de recueillement (car il y a eu des dizaines de milliers de mort bon sang!), il en a fait un anniversaire avec gâteau, champagne et chansonnette. Alors moi je dis que si le dirigeant actuel malgache lui-même affiche un tel mépris face à l’Histoire de son propre pays, ne jetons pas la première pierre au président français sortant. Non.


Et que dire du cas des îles malagasy dans le canal de Mozambique et l’océan Indien? Là, les deux présidents se sont mis au diapason de l’amnésie totale, en ne répondant pas à la question du journaliste du journal «Le Monde» lors de leur point de presse conjoint (je ne sais plus si çà s’écrit en deux mots). Or, il y avait une occasion en or, pour le président Rajaonarimampianina de mettre en pratique sa promesse électorale de se battre -et de se battre fort («Hiady mafy»)- pour leur restitution.

En effet, lors d'un point  de presse conjoint, François Hollande a déclaré ceci :


«(…)Nous sommes un pays de paix, d’équilibre et de développement. Et, dans l’océan Indien, nous sommes présents avec Mayotte, et avec l’île de La Réunion il y a davantage d’échanges (…)». Puis, de but en blanc, il a viré sur la mort de Fidel Castro, avec un vibrant rappel sur la révolution cubaine qui a été «une référence pour l’Amérique latine». Aucune réaction sur cette affaire des îles malagasy de la part du président Rajaonarimampianina.


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Bref, François et Hery? Les deux font la paire en cumulant des impairs, à l’image du Généralissime Florens Rakotomahanina qui a «oublié» -lui aussi- la solidarité.

Jeannot Ramambazafy – 28 Novembre 2016

Mis à jour ( Lundi, 28 Novembre 2016 16:17 )