Madagascar. Quelles opérations de déstabilisation de certains magistrats?

Mercredi, 17 Mai 2017 04:53 Dossier
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La France en appui au secteur Justice à Madagascar

Nous y sommes. Le gouvernement de combat d’Olivier Mahafaly montre son vrai visage et ses intentions véritables. Cependant, quelque chose me fait tiquer. En effet, dans le communiqué de presse en malgache (« Fampitam-baovao ») et signé « Sampana Serasera PRIMATIORA » reçu immédiatement après le conseil de gouvernement du 16 mai, les magistrats (« Mpitsara ») ne sont pas cités nommément et il n'est pas question de « déstabilisation ».


Ci-après, un passage du communiqué en français, reçu plus tard, conjointement signé par les deux porte-parole sans parole du gouvernement Onitiana Realy, ministre de la Population (qu'est-ce qu'elle n'a pas dit sur son collègue Rolly -ICI-), et Harry Laurent Rahajason dit Rolly Mercia, ministre de la Communication repêché après avoir été jeté comme un malpropre (c'est lui-même qui l'a dit ci-dessus):

Face aux opérations de déstabilisation

Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a donné un ordre, formel et catégorique, aux Membres du Gouvernement concernés pour prendre des mesures fermes contre tout acteur de déstabilisation, quel qu’en soit son statut. Et ce, jusqu’à ouvrir des poursuites judiciaires même contre certains Magistrats ayant abusé de ses (?) prérogatives légales.

Le Président de la République a reçu, ce 19 janvier 2016 au Palais d’Etat d’Iavoloha, les membres du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) conduite par la Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Ramanantenasoa Noëline, au Palais d’Iavoloha. Des échanges et discussions sur les actualités concernant la Justice ce sont tenus, étant donné que c’est le Chef de l’Etat lui-même qui préside le CSM. Ce Conseil, rappelons-le, veille au respect des dispositions du Statut de la Magistrature et assure la gestion de la carrière des magistrats. Le CSM formule également des propositions et recommandations qu’il estime utile au renforcement de l’indépendance de la justice

Il ne faut pas prendre les journalistes pour des imbéciles. J’affirme que le Premier ministre Olivier Mahafaly n’a rien à avoir avec cette velléité stupide de faire taire des magistrats comme la présidente du Syndicat des Magistrats de Madagascar (SMM) ou même le Procureur général, les cibles réels. a moins qu'il ne fasse allusion au Procureur de la république à Ihosy, membre du CSM tout de même... Qui sait. Ce passage pue le style Rolly Mercia (journaliste spécialiste des termes juridiques pompeux) et a été édicté par des ordres émanant de la Présidence que doit suivre le PM. Il est aussi clair que l’eau de roche que Claudine Razaimamonjy bénéficie toujours d’une protection en très haut lieu.


Dans cette volonté de vouloir soustraire une «simple citoyenne» (dixit Rolly Mercia toujours) de la justice malgache, Hery Rajaonarimampianina commet une énième erreur qui alourdit son ardoise dans le chapitre «Haute Trahison». Par ailleurs, président du CSM (Conseil supérieur de la magistrature), le président de la république est donc le premier magistrat de Madagascar. Or, depuis la prestation de serment, il n’a eu cesse d’abuser de ses prérogatives légales pour vendre le pays sans demander l’avis du peuple souverain. C’est déstabiliser la souveraineté nationale même que cela. Et quid de la Haute Cour de Justice (HCJ) devant être mis en place 12 mois après son entrée en fonction?

Par ailleurs, se mettre à dos le corps de la magistrature n’est pas sans risque car si la machine judiciaire se bloque, c’est le pays tout entier qui est paralysé. Ainsi, c’est facile de prendre de ce genre de mesure d’intimidation. Mais ont-ils mesuré les conséquences.

Ankatso le 16 mai 2017. Une opération de déstabilisation orchestrée par "certains magistrats" aussi alors?

Enfin, que peut-on entendre par «opérations de déstabilisation» dans ce contexte? N’importe quel quidam pourra donc être arrêté pour n’importe quoi au nom de cette «déstabilitation» alors? Il a suffit de bien moins que çà (vie privée) pour que Hiary Rapanoelina finisse en prison. Pour le moment, cette décision est tout simplement… renversante. Bref, citoyens malgaches: à l’avant-dernière année du mandat du Hvm/Hery vaovao, nous sommes tous en liberté provisoire. Et il n’y a plus qu’un pas pour dire que «certains magistrats» sont derrière les revendications actuelles des étudiants de l’université d’Antananarivo. Au revoir les «misy ambadika politika» (il y a des dessous politiques), bonjour les «opérations de stabilisation de certains magistrats»!

La preuve que cette histoire de «déstabilisation» concerne la présidente du SMM, et provient bien de Rolly Mercia. Il ne faut pas oublier, en effet, que ce dernier avant de rappliquer au poste de ministre de la Communication, après avoir été jeté comme une vieille chaussette par les durs du Hvm, avait été recruté par Mbola Joseph Rajaonah alias Mbola Rajaonah qui finance tous les organes de presse et audiovisuels pro-Hvm qui, comme par enchantement, ont bénéficié d'agrément magique. Ci-après un «article» du quotidien «La Ligne de Mire» de ce jour -publié à la suite du communiqué en français du conseil de gouvernement d'hier-? Journal dans lequel ce cher Rolly était (est encore sous le manteau) le Big Boss, comme il l'était dans le groupe de presse de Sodiat.

C'est formidable la façon dont ce quotidien défend avec ferveur et acharnement une «simple citoyenne». Non? La vengeance rend effectivement aveugle. Mais quelle vengeance?

Claudine Razaimamonjy ou la mystère de la chambre 126 ici


Jeannot Ramambazafy – 17 mai 2017

Mis à jour ( Vendredi, 19 Mai 2017 21:39 )