Madagascar. Où en est l’enquête sur les policiers ayant agressé le journaliste Tsirava?

Mercredi, 02 Novembre 2016 09:17 Manifestation
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Lors de sa 68ème session, en 2013, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la Résolution A/RES/68/163, qui proclame le 2 novembre «Journée Internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes». Cette résolution a exhorté les États Membres à mettre en place des mesures précises afin de lutter contre l’actuelle culture d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat à Kidal, au Mali, le 2 novembre 2013, de Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, les deux journalistes de Radio France internationale.

Cette résolution historique condamne l’ensemble des attaques et des violences perpétrées contre les journalistes et agents des médias. Elle exhorte également les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence contre les journalistes et les agents des médias, afin de garantir que les auteurs de ces crimes soient reconnus comme responsable et soient traduits en justice, et afin de garantir une possibilité de recours pour les victimes. Elle demande par ailleurs aux États de promouvoir un environnement sûr et propice à l’exercice du métier de journaliste afin que ceux-ci puissent exercer leur métier de façon indépendante et sans ingérence inappropriée.


L'accent que cette résolution a mis sur l'impunité découle du fait inquiétant, qu'au cours de la dernière décennie, plus de 800 journalistes ont été tués pour avoir voulu couvrir des évènements et informer le public. En 2015 seulement, la Directrice Générale de l’UNESCO a condamné le meurtre de 115 journalistes, agents des médias et producteurs de médias sociaux d’intérêt public. En 2012, année la plus meurtrière pour les journalistes, 123 cas ont été condamnés.

Ces chiffres n’incluent pas les nombreux autres journalistes qui, quotidiennement, subissent des agressions non mortelles, dont notamment la torture, la disparition forcée, la détention arbitraire, l’intimidation et le harcèlement, que ce soit en situation de conflit ou non. En outre, il existe, pour les femmes journalistes, des risques spécifiques, notamment les agressions sexuelles.

Fait inquiétant: sur dix crimes commis contre des professionnels des médias pendant la décennie écoulée, seul un a abouti à une condamnation. Cette impunité non seulement enhardit les criminels, mais aussi décourage la société, y compris les journalistes eux-mêmes. L’impunité favorise l’impunité et alimente un cercle vicieux.


Le 17 Novembre 2016, les 39 Etats membres du Conseil intergouvernemental du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) de l’UNESCO recevront le rapport biennal de la Directrice générale de l’UNESCO sur la sécurité des journalistes et le danger de l’impunité. Le rapport donne un aperçu des meurtres de journalistes condamnés par la Directrice générale de l'UNESCO entre 2014 et 2015, à savoir 98 en 2014 et 115 en 2015. Le rapport contient également des informations récentes provenant des États membres telles que reçues par la Directrice générale et concernant l'état actuel des enquêtes judiciaires au sujet de meurtres commis entre 2006 et 2015. Le document sera mis en ligne sur le site de l'UNESCO six semaines avant le début du PIDC.

L’accent que la résolution A/RES/68/163 met sur l’impunité tient au fait préoccupant qu’au cours des dix dernières années, plus de 800 journalistes ont été tués parce qu’ils informaient le public. 115 journalistes et professionnels des médias ont été tués rien que pendant l'année 2015 ce qui en fait la seconde année la plus meurtrière de la décennie après 2012 qui totalisait 124 morts. 98 journalistes avaient trouvé la mort en 2014.

Ces chiffres n’incluent pas les nombreux autres journalistes qui, quotidiennement, subissent des agressions non mortelles, y compris la torture, la disparition forcée, la détention arbitraire, l’intimidation et le harcèlement, que ce soit en situation de conflit ou non. En outre, il existe, pour les femmes journalistes, des risques spécifiques, notamment les agressions sexuelles.

Fait inquiétant: sur dix crimes commis contre des professionnels des médias pendant la décennie écoulée, seul un a abouti à une condamnation. Cette impunité non seulement enhardit les criminels, mais aussi décourage la société, y compris les journalistes eux-mêmes. L’impunité favorise l’impunité et alimente un cercle vicieux.


Le Commissaire Divisionnaire de Police, Rasamiarivony Martin, Coordonnateur de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IPGN), le 25 octobre 2016: « il doit y avoir des mesures à prendre. C’est, d’ailleurs? notre rôle à l’IGPN: surveiller, faire le suivi des actions de la police nationale. Plus particulièrement tout ce qui va à l’encontre les lois en vigueur. Là, nous devons prendre des mesures. Et mesures internes d’abord, en ce qui concerne ce dossier délicat. Mais, pour le moment, laissons d’abord l’enquête se poursuivre »

A Madagascar, justement, l’enquête menée pour identifier les policiers qui ont agressé le jeune Tsirava Rabarijaona du quotidien Free News traine. Ce, malgré l’assurance émise par le Commissaire Divisionnaire de Police, Rasamiarivony Martin, Coordonnateur de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IPGN) et les recommandations de la commission nationale indépendante sur les droits de l’homme (CNIDH).

Message de Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes

2 novembre 2016

DG/ME/ID/2016/37

L’impunité entraîne l’impunité. C’est l’injustice généralisée.

Depuis 2006, l’UNESCO a condamné l’assassinat de plus de 800 journalistes.

Moins de 7% de ces crimes ont été élucidés.

En 1963, Martin Luther King Jr. écrivait: « L’injustice, où qu’elle se produise, menace la justice partout ailleurs. Nous sommes pris dans un réseau inéluctable de relations mutuelles tissé dans une destinée commune. Ce qui touche directement l’un de nous nous touche tous indirectement.»

L’impunité est un crime contre l’exercice de la liberté d’expression et, plus généralement, contre les droits de l’Homme.

Elle enhardit les criminels, menace l’état de droit et engendre la peur et l’autocensure. Toute la société en pâtit.

Aujourd’hui, nous avons besoin que tous s’engagent à nouveau à créer un environnement libre et sûr pour les journalistes.

Nous devons nous mobiliser à nouveau pour mettre en œuvre le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, dont l’UNESCO est le fer de lance.

Plus que jamais, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les journalistes et combattre l’impunité. Cela est essentiel à la réalisation de l’Objectif de développement durable 16.10, qui vise à garantir l’accès public à l’information et à protéger les libertés fondamentales.

Nous devons presser le pas. Les Nations Unies ont adopté, pour promouvoir la sécurité des journalistes et mettre un terme à l’impunité pour les attaques dont ils sont la cible, plusieurs résolutions historiques. À travers le monde, l’UNESCO renforce, avec les gouvernements, les ONG, les associations professionnelles et les journalistes, l’aptitude des institutions judiciaires et des forces de l’ordre à assurer la sécurité et à faire respecter l’état de droit. De plus en plus d’États intègrent les normes internationales de sécurité des journalistes à leur législation et à leurs textes de loi relatifs aux médias. Nous devons tous faire davantage.

En cette Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, j’appelle les États membres à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour traduire les auteurs de ces crimes devant la justice, en développant et en renforçant leurs lois et leurs procédures conformément au droit international humanitaire et aux résolutions existantes des Nations Unies.

J’exhorte les médias, la société civile, la police et les institutions judiciaires à intensifier l’action qu’ils mènent pour prévenir la violence à l’égard des journalistes, à renforcer la protection de ceux qui sont menacés et à traduire en justice leurs agresseurs.

J’encourage chacun à se tenir aux côtés de l’UNESCO pour condamner chaque meurtre de journaliste, réclamer des enquêtes approfondies concernant ces crimes et exiger des condamnations appropriées à l’encontre de leurs auteurs.

Nous devons tous redoubler d’efforts pour sensibiliser l’opinion à l’importance de la liberté d’expression, laquelle comprend le droit de s’exprimer sans craindre des représailles violentes.

Tel est le message de l’UNESCO en cette Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.

Irina Bokova

Mis à jour ( Mercredi, 02 Novembre 2016 11:08 )