Andry Rajoelina : le Discours de Rio de Janeiro (RIO+20)

Vendredi, 22 Juin 2012 12:29 Environnement
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CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE

20-22 JUIN 2012, RIO DE JANEIRO, BRESIL

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DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR ANDRY NIRINA RAJOELINA, PRESIDENT DE LA TRANSITION A LA SEANCE PLENIERE DU 21 JUIN 2012


Excellence Madame la Présidente de la République Fédérale du Brésil,

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernements,

Monsieur Le Secrétaire Général des Nations Unies,

Monsieur Le Président de l’Assemblée Générale,

Monsieur Le Président de la Conférence,

Distingués Dignitaires,

et Représentants des pays Amis et Frères,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

D’emblée, je dois avouer que le Brésil est non seulement le champion du monde du football, mais également un vrai champion de la qualité et la chaleur de l’accueil et de l’hospitalité.

Mes premiers mots vont donc à l’endroit de cette terre d’accueil qu’est le Brésil, de son Peuple et de toutes les Autorités brésiliennes pour vos engagements et générosité  mais aussi à la ville de Rio de Janeiro, aujourd’hui, devenue la Capitale de nos projections communes pour un monde plus juste, le bien-être et la prospérité de la génération future.

Au nom du Peuple Malagasy, je tiens à vous féliciter de votre persévérance en vue de faire de ce Sommet, une réussite.

Auguste Assemblée,

Les résolutions et les attentes de Rio+20 représentent le plus grand défi face aux enjeux majeurs mondiaux actuels. L’humanité est à un moment crucial devant les multiplications des crises économiques et financières, face à la crise de l’énergie et les conséquences des changements climatiques.

Le monde dont va hériter la génération future est au centre des préoccupations mondiales et celles des Dirigeants.

Beaucoup  de questions ont été posées au sujet des efforts et engagements des Etats :

Comment,  en effet, palier au déséquilibre économique ?

Comment répondre à la crise alimentaire et mettre en priorité une vraie politique pour nourrir son peuple ?

Comment appuyer les politiques énergétiques nouvelles ?

Quelles mesures et attitudes responsables à adopter pour préserver l’environnement ?

Rio+20 devrait être la conférence de tous les espoirs, des vrais défis pour des engagements solidaires, autant pour les pays développés, qu’émergents et en développement.

Il nous est donné une part de rêve dans un monde qui semble être en pleine turbulence et dont les pas ne sont pas de la même cadence.

Le rêve de nourrir son Peuple devrait être accessible pour tous les pays.

La création d’une économie forte autour des potentiels de chaque pays, de chaque Etat est possible.

L’inventaire respectif de nos états environnementaux et de nos ressources devrait être prioritaire.

Cette part de rêve doit être accessible pour toutes les Nations en renforçant nos solidarités à travers des assistances, et en développant des formes de coopération innovantes permettant ainsi un réel travail sur l’équilibre mondial.

Le développement durable, tel que nous le préconisons, est en effet une création et un entretien d’une économie inventive de la politique de prévention sociale et de la gestion équitable et visionnaire des ressources naturelles et environnementales.

Il est de ce fait indispensable, selon les principes et l’esprit de la gouvernance mondiale, de mettre la priorité sur l’établissement de la bonne gouvernance, de la mise en place des institutions fortes, efficaces et :

capables de créer des richesses

capables de contribuer à réduire la pauvreté

capables d’apporter des solutions sur les questions de l’Energie et des matières premières

capables de préserver l’environnement

Nous avons le devoir d’interagir à trouver les moyens de mettre en œuvre tous  nos engagements en faveur du développement durable mais aussi d’accélérer son application.

Chaque Etat est individuellement engagé pour une politique globale et une approche spécifique.

Néanmoins, toutes les démarches devraient être entamées afin de renforcer la cohérence et la coordination entre les pays, les Nations Unies et les Institutions financières.

Ce cadre institutionnel spécialisé et autonome aura pour seul mandat la promotion des objectifs la mise en application et le suivi de la mise en œuvre des différentes décisions.

Il s’agit également de lui doter d’un outil d’évaluation des plans et programmes ; il devrait répondre aux vrais défis mondiaux  pour atteindre le développement durable.

Les pays du Sud feront face à plusieurs enjeux politiques, socio-économiques qui seront différents des préoccupations des pays du Nord.

Mais les efforts conjugués selon ces diversités permettront d’atteindre nos objectifs communs selon les spécificités de chaque pays.

Car, si certains disposent des ressources et potentialités pour répondre facilement à la création d’une nouvelle économie, d’autres sont prédisposés pour des assistances et renforcement de capacités et bénéficieraient des plus valus en économie de partage.

Si d’autres Nations ont des avantages certains en matière de préservation de l’environnement, d’autres devront par contre bénéficier d’expertises pour répondre à la nécessité d’une gestion pérenne et la valorisation de leurs ressources.

Une vraie politique de coopération Sud-Sud devrait donc être un levier pour répondre aux attentes pour le développement durable dans les pays émergents et en développement.

Une vraie politique axée sur la stabilité régionale, voire continentale, axée sur l’économie verte avec la préoccupation particulière concernant la sécurité alimentaire et l’optimisation des ressources minières, halieutiques, énergétiques, et forestières au profit de la population sont plus que des engagements : ce sont des devoirs.

Les Objectifs du Millénaire préconisent une dynamique mondiale pour éradiquer les fléaux de la pauvreté et des inégalités. Rio +20 est un nouveau souffle pour réduire encore et davantage  les écarts en matière de gouvernance  et équilibrer le développement mondial.


Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Madagascar attache une valeur particulière à l’aspect humain du développement. Nous sommes aussi sensibles aux questions de la sécurité alimentaire mais la préoccupation majeure est au sujet de la gestion durable de l’environnement, de l’optimisation de l’eau et du lancement d’une politique nouvelle d’énergies renouvelables.

Les hommes, femmes et citoyens sont les principaux facteurs du développement durable, ce qui suppose d’agir dans le respect des droits, de stimuler la fierté nationale, la mobilisation  pour une cause commune et avoir comme impératif : « une vision commune et à long terme pour le bien-être de tout un chacun et l’avenir des générations futures ».

Les agriculteurs constituent 80% de la population Malagasy, mais c’est également une population jeune dont 70% ont moins de 30 ans. L’éducation joue donc un rôle majeur pour atteindre les Objectifs du Développement Durable.

Les citoyens responsables sont les vrais moteurs du progrès. Ils doivent être sensibilisés sur les enjeux des déforestations, des gaspillages de l’énergie et les dangers d’une dilapidation de nos ressources.

En ce qui concerne Madagascar, le maintien d’un climat social favorable à la production passe forcément par la stabilité politique. C’est la raison de la nécessité absolue d’organiser, en priorité, les élections libres et transparentes dans les meilleurs délais qui reflètent l’aspiration du Peuple Malagasy.

Pendant cette période de Transition, l’accessibilité à l’alimentation de la population la plus vulnérable est une préoccupation permanente.

L’Etat assure son rôle de prévention en octroyant des subventions pour le riz et les produits de premières nécessités au profit des franges ciblées de la population sur le court terme.

Notre objectif, notre vision, notre ambition : « Que Madagascar soit capable de nourrir son Peuple et de reprendre sa place en matière agricole comme dans les années 60 / 70 et devenir le grenier de la Région de l’Océan Indien et du Continent Africain » en optant aujourd’hui sur le modèle de l’économie verte et l’agriculture intensive.

Le Brésil a montré la voie pour ce nouveau siècle dont je salue le courage et la persévérance.

L’Afrique, en général, et Madagascar en particulier, traduit sa prise de conscience sur la nécessité de promouvoir l’agriculture comme un des facteurs de réduction de la pauvreté afin d’atteindre les Objectifs du Développement Durable.

Nous devrons relever les défis face aux réalités de la déforestation, les feux de brousse, l’érosion côtière et les catastrophes naturelles dont les passages de cyclones d’où la nécessité de l’appui à la gestion durable des forêts, la sécurisation des aires protégées à travers une application effective et efficace de la Convention-Cadre des Nations Unies sur le changement climatique.

Madagascar dispose d’un « Capital Nature ». Il est classé parmi les pays à méga diversité. « Ce Capital Nature » représente un réservoir immense de ressources et d’énergies renouvelables.

En effet, le potentiel en hydroénergie recensé à Madagascar est de l’ordre de 7000 mégawatts mais seulement exploité à1%.

L’exploitation de ce potentiel serait une réponse à l’attente de la population de réduire les coûts de l’électricité. Ce qui permettra à chaque ménage d’y avoir accès. Tel est notre défi dans les cinq à dix années à venir et que les besoins en énergie de Madagascar seront couverts intégralement par les énergies renouvelables.


Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Rio+20 est le Sommet de tous les espoirs dont les enjeux sont planétaires.

La seule réponse à nos préoccupations serait de bâtir l’avenir sur les valeurs de respect, de partage et de solidarité.

Avant de terminer, j’aimerais poser une question à cette Auguste assemblée : combien d’entre vous ont vu le film Madagascar 1 2 ou Madagascar 3 récemment sorti ? (qui soit dit en passant est une merveilleuse réalisation cinématographique à succès planétaire)

Oui, des millions de personnes ont pu rêver d’un lieu paradisiaque, d’un pays, d’un endroit sans y être allé à travers les personnages hilarants de ce film. Les enfants malgaches comme tous les enfants du monde seraient émerveillés et auraient les yeux qui brillent en regardant cette fiction.

Mais entre fiction et réalité, Madagascar existe, avec ses spécificités, sa diversité, ses engagements, et ses aspirations au développement durable tournées vers la recherche d’un environnement plus juste, plus sain pour la génération future.

Les Résolutions de Rio+20 ne devraient pas être seulement des scénarios où chaque pays a juste écrit sa propre histoire : Ensemble,  nous devrions les réaliser et les concrétiser.

Rio + 20 est un rendez-vous avec l’humanité et avec nous même. L’avenir de nos générations futures dépend de nos actions et déterminations.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de votre aimable attention.

Dossier ET PHOTOS de Jeannot RAMAMBAZAFY - Envoyé spécial au Brésil

Mis à jour ( Vendredi, 22 Juin 2012 13:59 )