4 mars 2016. Camp de gendarmerie d'Ankadilalàna Antananarivo. Au centre, le Général Florens Rakotomahanina. Il est monté au créneau pour tenter de démonter ce dont il n'a même pas été le témoin direct. Et à la trappe l'affaire de Tsiroanomandidy, du même genre, réglée avec 72 millions d'ariary? Où mène l'effet papillon? Le sait-il?
Etre fils de président de la république signifie-t-il être le président lui-même, avec tous les privilèges et toutes les immunités liées à cette fonction prêtée momentanément par le peuple? En tout cas, il n’y a aucun article dans la Constitution qui stipule que la famille du président élu de Madagascar peut être aussi considéré comme une institution et jouir des mêmes prérogatives.
La question se pose car pertinente. En effet, après les sénateurs et députés Hvm, voilà que c’est au tour du Général Florens Rakotomahanina, commandant de la CIRGN (circonscription de la gendarmerie nationale pour la région Analamanga) de défendre Matthieu Rajaonarimampianina fils de. C’était au camp de gendarmerie d’Ankadilanana, le 4 mars 2016, qu’il a donné sa version des faits. Il a du recevoir la bénédiction de son chef direct pour parler à la presse, c’est certain. Mais toujours en retard comme la cavalerie en somme. Suivant l’habitude de l’entourage de son chef suprême des armées, voilà qu’il met en doute la vidéo prise sur place par un témoin: “Sary fitaka sy namboarina ny sary niparitaka nahitana fifampitifirana tany Anjozorobe. Nentina hanakorontanana ny saim-bahoaka fotsiny ihany izany”. Traduction: Les séquences de retentissement tirs d’armes à feu prises à Anjozorobe (ICI) sont truquées et diffusées pour seulement pour semer le trouble dans les esprits. Etait-il sur place lui-même ou parle-t-il de choses dont il n'a pas été le témoin direct?
Tous les journalistes présents à la conférence de presse (ICI) ont reçu un CD de rushes bruts. Charge à chacun de diffuser ou non (auto censure) ces séquences à titre d'information pure. Le Général Florens s'est bien gardé de parler des flammes qui ont ravagé des habitations, vues dans la vidéo. Bientôt, au nom de saint Matthieu, ce sont ceux qui y ont logé qui vont être accusés d’avoir incendié leurs propres cases. Par ailleurs, parmi les défenseurs de la famille Rajaonarimampianina, le Général Florens est bien le seul à le faire directement: “Fito ihany ny miaramila niaraka tamin’ny vadin-tany. Tsy nisy olona ankoatra izay nihazo an’Anjozorobe. Midika ho lainga avy hatrany ny filazàna fa tany an-toerana nanome baiko ireo miaramila ireo ny zanaky ny filoham-pirenena”. Traduction: Seuls sept militaires ont accompagné le huissier à Anjozorobe. Cela signifie que c’est un mensonge de dire que c’est le fils du président qui a donné des ordres à ces militaires.
Il ferait mieux d’écouter l’audio de radio Free Fm ICI.
Lorsqu’on se trouve du côté de la crosse d’un revolver, des preuves, après des faits, çà se fabrique. C’est même la marque déposée de ce régime. On arrête tout le monde, on efface les vraies preuves et on fabrique des dossiers en y ajoutant des preuves avec des témoins achetés. Ne croyez pas que l’incendie de la Cour des Comptes est le fruit d’un pur hasard… Par conséquent, le moment où je recevrais aussi une convocation pour être auditionné par Monsieur le Général approche les gars. De quoi vais-je être accusé? Ben, de tous les méfaits possible quoi: diffusion de fausses nouvelles; incitation à la haine tribale; diffamation publique; atteinte à l’honneur du président (à travers son fils bien-aimé). Pourquoi pas complicité de je-ne-sais-quoi tant qu’on y est? Cela s’est déjà vu.
Bah, je plaide déjà coupable de diffuser la stricte vérité sur des documents authentiques. Ce que je fais depuis plus de trente ans. Je n’ai même pas besoin d’avocat pour me défendre. Le scoop sera qu’après plus d’un quart de siècle de journalisme, le régime Rajaonarimampianina méritera la coupe du monde de l’entrave aux libertés fondamentales, et sera bien la seule administration à m’offrir, à moi, le gite et le couvert à l’hôtel Tsiafahy sinon celui d’Antanimora. A 62 ans, ce sera aussi un luxe. Et si j’y meurs tant mieux. Mais si on peut tuer une personne pour la défense d’une autre, on ne tuera jamais une idée. Certes, le ridicule ne tue pas mais ils n’ont vraiment rien d’autres à faire les gendarmes malgaches que de défendre les intérêts des dirigeants passagers et de s’en prendre aux plus “faibles”? Journalistes, syndicalistes, étudiants, population elle-même qui ne peut plus rien revendiquer du tout. Sommes-nous dans une république ou dans une monarchie à Madagascar?
En passant, où sont passés les 2 millions d'ariary piqués dans le coffre du véhicule conduit par le Député de Madagascar, Lanto Rakotomanga, Monsieur le Général?
Enfin, subito presto, l'Ordre des Journalistes de Madagascar s'est aussi réveillé de sa torpeur. Bravo, Gérard! Il n'est jamais trop tard pour (re)parler du code de la Communication.
Jeannot Ramambazafy – 5 mars 2016