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29 mars : devoir de vérité


62 ans déjà ! Et toujours pas d’ouverture officielle des dossiers ni de la partie malgache ni de la partie française. Mais si le mystère demeure, des débuts de réponse émergent peu à peu. En attendant l’heure de la vérité, le devoir de vérité surpasse le devoir de mémoire.

Jeannot Ramambazafy
Lorsque je travaillais au quotidien Madagascar Tribune (actuellement scindé en versio papier et version on line mais avec des patrons différents), voici ce que j’avais écrit en… 2004.
 
Histoire : 29 mars 1947: Qu'en reste-t-il ?
 
Un devoir de vérité Après 57 ans, sans que quelqu'un compte lever enfin le voile sur les événements de 1947 à Madagascar (la prescription étant de 50 ans), Ramanantsoa Ramarcel Benjamina et Razafimbelo Célestin, enseignants chercheurs à l'Ecole normale supérieure d'Antananarivo entendent, ici, dépasser le devoir de mémoire attentiste pour s'engager à faire appliquer le "Devoir de vérité". Larges extraits de leurs constats très bien fournis en documentation. " (...) Recouverte d'un voile de silence au lendemain de la pacification, 1947 a fait l'objet d'une première commémoration tellement ambigüe que les observateurs de la vie nationale de l'époque, journalistes et historiens compris, ont été abasourdis devant le spectacle de cette insurrection en quête de statut ! Après 1972, et à la suite du choix de la révolution socialiste, 1947 acquiert le statut d'événement fondateur. L'histoire de l'insurrection est au snervice de la lutte populaire pour l'avènement d'une société socialiste. Un rapport dialectique entre passé, présent et futur, fait à la fois de continuité et de rupture, de cohésion et de lutte, constitue la trame même de cette histoire. 57 ans après, que reste-t-il alors de notre 1947 ? Volontairement provocateur, le titre de cette adresse pose le problème fondamental de la capacité chez les historiens et leur public, d'exercer une autocritique (...) Si Le Monde Diplomatique de mars 1997 continuait à parler de " la mémoire troublée de l'insurrection anticoloniale de 1947 ", de " Madagascar, entre nationalisme et survie " en rappelant que cette commémoration se déroulait à une période de retour à l'ajustement structurel, et que la question fondamentale pour le Malgache continuait à être : "Existe-t-il un espoir de développement autocentré ?", les participants au colloque de Paris estimaient, eux, qu'ils avaient " bien rempli les deux fonctions distinctes, mais étroitement associées, qui leur étaient imparties : remplir un devoir de mémoire, prendre acte du progrès des connaissances sur le sujet et contribuer à ce progrès . Dans notre contexte actuel de lutte contre la pauvreté, et après toutes ces années de réactivation de la mémoire collective sur 1947, quelles pistes de recherches privilégier ? Quelle histoire partager ? Des chiffres comme enjeu de mémoire ? " Une des nombreuses pistes évoquées par les colloques de 1997 (année cinquantenaire), se trouve être la question du nombre des disparus. 1947 a été, en effet, l'une des premières manifestations nationalistes dans l'empire français, mais aussi l'un des plus grands massacres de l'après seconde guerre mondiale. Selon les comptes de l'Etat-major colonial de l'époque, la pacification a fait 89.000 morts avec tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mises à feu de villages, déforestation...
L’armée française à Moramanga
 
Le Haut-commissaire de Chevigné, à l'Assemblée nationale française, avait donné une fourchette plus large : 90.000 à 100.000. Si, pour beaucoup de Malgaches, la saignée a été plus massive encore, des études récentes d'historiens, à la suite de thèses minimalistes d'Hubert Deschamps -administrateur des colonies, fervent admirateur de Gallieni avant de devenir historien- dans son " Histoire générale de Madagascar ", qui date de 1958, remettent en question ces chiffres "officiels" et ouvrent des chantiers pour un nouveau bilan (...) Les chiffres des disparus de 1947seront-ils, ainsi demain, les nouveaux enjeux de mémoire sur 1947 ? (...) Françoise Raison, dans sa contribution au colloque de Paris avait fait une mise en garde : "Même solidement argumenté, cela sera difficilement reçu..." (...) L'histoire peut être, en effet, "détournée" par la négation des évidences historiques, par la falsification des faits, par l'omission. L'ignorance peut aussi entraîner une vision faussée de la réalité. Il faut aussi se méfier de ceux qui manipulent l'histoire à des fins diverses ? Si on est au clair avec l'asservissement de l'histoire par toutes les dictatures, si on admet volontiers que le pouvoir politique, fût-il démocratique, a toujours cherché à contrôler la production historique et l'enseignement de l'histoire, on est moins familiarisé avec les détournements "innocents" de l'histoire.
 
Rôle des médias
 

La Une du journal « Témoignages » du 16 septembre 1947. Un des rares journaux français à prendre partie pour la cause malgache
 
La réflexion sur ce dernier point fait apparaître le rôle des médias qui, "par nature", contribuent à propager massivement les approximations, les erreurs ou les visions intentionnellement faussées de l'histoire. Précisément sur ce rôle de la presse, Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique de mars 1997 notait, à propos de la presse française et des massacres coloniaux : "A vrai dire, personne en France ne se souciait de Madagascar. La grande presse ne se réveilla qu'au moment du procès des inculpés malgaches, pour les agonir d'injures". L'ASSASSIN RASETA, titra, avec délicatesse, un quotidien du matin quand ce député fut jugé. Quant aux massacres des colonisés, il y en avait déjà eu beaucoup, il y en aurait tant d'autres... (...) Dans "Combat", le 10 mai 1947, Albert Camus écrivit : " Si des Français apprennent sans révolte les méthodes que d'autres français utilisent parfois contre des Algériens ou des Malgaches, c'est qu'ils vivent, de manière inconsciente, sur la certitude que nous sommes, en quelque manière, supérieurs à ces peuples et que le choix des moyens propres à illustrer cette supériorité importe peu ". La polémique s'ouvrira ainsi de facto, au sujet de ces chiffres, et elle s'ajoutera à la longue liste, déjà assez fournie, des controverses qui jalonnent l'histoire de 1947 et qui continuent à oblitérer son sens (...) Mais 1947 n'est pas qu'une confrontation franco-malgache uniquement. Il s'avère, en effet, que durant les premières semaines, il eut un affrontement entre les Malgaches, partisans de l'indépendance immédiate encadrée par le MDRM (Mouvement démocratique de la rénovation malgache) et certains Malgaches, partisans de l'indépendance par étapes, membres du PADESM (Parti des déshérités de Madagascar). Classée comme étant à la solde de l'administration coloniale, cette dernière formation politique, qui recrutait ses membres parmi les MAINTY (Noirs) et les descendants d'esclaves, sur les Hautes-Terres, ainsi que parmi les habitants des provinces côtières, accusait le MDRM d'avoir " fomenté la rébellion dans le but de restaurer l'ancienne monarchie et l'hégémonie hova ". L'histoire est une recherche de vérité (...). Ce point sensible de l'histoire de 1947 a été évoqué publiquement, pour la première fois, à la suite des festivités du Cinquantenaire. Par la suite, les événements de 2002 à Madagascar ont fait mention de " la fin du temps des PADESM et de ses héritiers ". D'ambigüe, au moment de l'indépendance, d'événement fondateur avec la 2è république, le statut de 1947n'a donc cessé d'évoluer. Il aurait été, maintenant, " la matrice des luttes politiques du présent " (...) Arrêtons ainsi de faire de 1947, un élément de gestion des passions politiques du présent ! Arrêtons de sacrifier la mémoire de 1947 sur l'autel de la fabrique politique de l'histoire ! Revenons à la recherche et à l'écriture historiennes de l'histoire, attelons-nous à un travail de compréhension selon les mots d'Henri Burguière. Laissons à la vraie critique historique le soin de dégager de ces événements grandioses mais douloureux, les circonstances et les passions qui les ont créés, d'y marquer les facteurs divers de leur développement ! il faudra laisser aux historiens faire leur travail. Il faudra aussi que les historiens fasse bien leur travail, sans oublier que, comme toute science, l'histoire est une recherche de vérité (...) Trop nombreux sont les problèmes de notre temps qui, pour être résolus ou même seulement posés, supposent une nouvelle approche sur cette période. Tout en posant le rapport collectif au passé comme base de la connaissance historique, essayons maintenant de ne pas mettre au poste de commandement cet axiome : "on a toujours besoin d'ancêtres quand le passé fait mal !".
 
 
Madagascar 1947 : Pour que l'on se souvienne
 
A la fin de la seconde guerre mondiale, la France de la Libération, cofondatrice de l'ONU, proclame le droit des Peuples à disposer d'eux-mêmes, et fait savoir que le système colonial qu'elle a mis en place à vécu. Or, pendant plus de dix ans, elle va mener deux grandes guerres - Vietnam, Algérie -pour maintenir coûte que coûte une présence jamais acceptée- et, surtout, pas réellement bénéfique. Ces guerres et les atrocités commises (de part et d'autre) sont connues. Par contre, les massacres perpétrés par la France entre 1945 et 1950 (Sétif, 1945, Haiphong, 1946, Côte d'Ivoire, 1949, Casablanca, 1947, Madagascar, 1947), sont moins connus. Dans la Grande île, ce fut l’intervention des troupes de l'Armée françaises qui devaient être envoyées au Vietnam ; des atrocités commises sur la population civile ; l’absence totale de réaction de la Gauche non communiste en métropole ; l’arrestation et la condamnation illégale des députés malgaches.
 
Jeannot Ramambazafy Madagascar Tribune du 27/03/2004

La place d’Ambohijatovo à Antananarivo, le 29 mars 2008

Rescapés de 1947, le 29 mars 2008 à Ambohijatovo
Nous sommes en 2009, mais la prescrition est toujours un mot vide de sens. Et, pour commémorer cette tranche malheureuse de l’Histoire de Madagascar, le schéma sera le même que les précédents pour l’actuel régime de transition présidé par Andry Rajoelina. Grande messe, remise de médailles et dépôt de gerbes de fleurs à Ambohijatovo, au Mausolée et dans la ville de Moramanga où tout
avait commencé.
Arrivée du maire Andry Rajoelina et du président Marc Ravalomanana à Ambohajatovo, le 29 mars 2008
 
Il faudrait que les historiens malgaches, les chercheurs et les premiers responsables pensent sérieusement à ouvrir ce douloureux dossier pour que les générations futures comprennent. Car le temps est fini où Marc Ravalomanana, président en fin d’apprentissage, avait déclaré avec une désinvolture honteuse et un désintéressement total : « 29 mars 1947 ? Je n’étais pas né à cette époque ! ».

Jeannot Ramambazafy – Journaliste Antananarivo, le 28/03/2009

Mis à jour ( Dimanche, 29 Mars 2009 06:44 )  
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