A plus d’un titre, la situation actuelle n’est pas sans rappeler celle qui prévalait en 2008-2009, à la veille de la chute du pouvoir de l’époque.
On se rappelle en effet que le régime Ravalomanana avait commencé à ébranler ses propres fondements en décidant de fermer la télévision Viva. Dans une certaine mesure, l’injonction émise actuellement par les autorités en place visant à démanteler les installations de retransmission de cette station privée vers les provinces sont du même acabit. On se souvient également que, au fur et à mesure du développement de la crise de l’époque, un « collectif de sous-officiers » s’était exprimé par le biais de communiqués anonymes pour interpeler les différents acteurs de ladite crise. A l’heure actuelle, une entité portant la même dénomination de « collectif de sous-officiers » se manifeste de la même manière afin d’émettre des interpellations en direction de deux instances qui ont leur rôle dans l’issue - dans un sens ou dans l’autre - de la crise actuelle, à savoir le ministère des Forces armées et la Haute Cour constitutionnelle (Hcc).
Ainsi, dans un communiqué anonyme en date du 10 juin 2015 et parvenu à notre desk le même jour, le « collectif de sous-officiers » en question de rappeler d’abord que « l’Armée a ses valeurs, lois et principes et a pour mission de défendre les Institutions ainsi que les personnes et les biens sans exception ». Le communique de déplorer cependant que la manière avec laquelle le ministère des Forces armées gère la situation actuelle va à l’encontre des valeurs, lois et principes suscités. Après avoir revendiqué la neutralité politique de militaires, ce « collectif des sous-officiers » de signaler que, « le Président de la République dispose déjà des moyens qui lui permettent de faire face à la poursuite engagée à son encontre par une autre Institution de la République. En conséquence, les Forces de l’ordre devraient s’abstenir de soutenir l’une ou l’autre des parties en présence ». Dans la même ligne d’idées, ce « collectif de sous-officiers » d’estimer que « les Forces de l’ordre ne devraient prendre le parti d’une seule personne ou encore s’afficher ouvertement contre une personne ou groupe de personnes non-Hvm ». S’adressant ensuite aux Hauts conseillers de la Hcc, ce collectif de sous-officiers de leur rappeler sont « les membres de l’Institution censée être le dernier rempart de la légalité dans le pays ». Et les sous-officiers d’inviter les juges constitutionnels à « statuer conformément à la loi et les intérêts du pays », c’est-à -dire de « sanctionner celui qui doit être sanctionné, quel qu’il soit ». Et eux de mettre en garde que « toute décision contraire à ces principes sera source de graves troubles et ne peut être que lourde de conséquences pour le pays », avant de conclure que « les membres de la Hcc ne pourront nullement se départir de leur responsabilité sur ce qui adviendra ». D’après les informations qui nous sont parvenues, les membres de ce « collectif de sous-officiers » abandonneront bientôt l’anonymat derrière lequel ils se réfugient pour l’instant. Faut-il rappeler qu’en 2009, la hiérarchie militaire avait nié ouvertement l’existence d’une telle entité malgré les appels de plus en plus pressants au fil des jours. Ce n’est qu’après la chute de Marc Ravalomanana qu’on s’est rendu compte que le « collectif de sous-officiers » était bel et bien une réalité.
11 juin 2015
Hery Mampionona – LA GAZETTE DE LA GRANDE ILE