Tout le monde sait qu’une promesse électorale n’est pratiquement jamais tenue après les élections. Il s’agit d’appâter l’électorat comme on fait avec les poissons. Et encore une fois, Hery Rajaonarimampianina s’est trompé d’époque. Il pense toujours prendre les Malgaches de ce troisième millénaire pour des idiots congénitaux et que personne ne retiendra ce qu’il a dit, là-bas, dans une zone enclavée comme Maroantsetra, loin de la Capitale.
Le 11 juillet 2015, Hery Rajaonarimampianina a agi exactement comme du temps du parti Psd où il n’y avait qu’une seule et unique radio ; il a procédé comme du temps du parti Arema où, à cette radio, a été ajoutée une télévision « nationale » ne diffusant que les délires de Didier Ratsiraka et sa pensée révolutionnairement unique. L’importance de ce dossier est que, sur Internet, il est éternel. Personne ne pourra l’effacer mais le monde entier le lira. Car si les paroles s’envolent, les écrits restent. Souvenons-nous déjà des délestages qui disparaîtront entre 3 à 6 mois ; l’instauration d’un Etat de droit et de la démocratie. Et surtout de cette déclaration : « Izaho tsy mba ilay olona mitsipa-doha laka-nitàna » : je ne suis pas de ceux qui renient ceux qui m’ont aidé et, par extension, la parole donnée (ICI). Tu parles !
Voici ce qu’il a dit à Maroantsetra, devant des Malgaches qu’il prend donc pour des amnésiques et des arriérés mentaux. Pour le tribunal de l’Histoire.
Transcription de la vidéo ci-dessus
“Satria [tsy mora] ny mikarakara izany làlana izany, Tompoko, 50 taona ireo làlana ireo tsy nisy nanao, amam-polo taona ireo tsy nisy nanao, isika no hanao izany, Tompokolahy sy Tompokovavy ! Vola be no ilaina hanamboarana io làlana io. Hamboarin-tsika ny làlana miainga avy any Soanierana Ivongo, Mananara dia avy eo Mananara-Maroantsetra, tsy maninona raha tenenin-tsika hoe: Mananara-Maroantsetra, Tompokolahy sy Tompokovavy!
Vola be tsy toko tsy foroana. Mba fantatrareo moa fa amina centaines de millions de dollars no vola ilaina hanamboarana io làlana io. Mihoatra lavitra noho izany ny vola efa hitanay, Tompokolahy sy Tompokovavy, hanamboarana ireo làlana ireo!
Teo aho dia nandalo teo amin’ny tanàna; nanontany ilay mpiaraka amiko aho: ity ve ny ville e? Aiza ilay centre-ville? Satria ny centre-ville izany, ny fahalalako azy, toa ohatran’ny misy goudron izany an ! Aleho asian-tsika izany ny centre-ville-nareo ! Enoko ny zavatra noresahinareo teo, hoe misy pont Bailey tokony hatao. Izay pont Bailey ve? Ny zanakareo aza minisitry ny Travaux publics, aminy herinandro dia hataonay izany, Tompokolahy sy Tompokovavy!
Matetika rehefa mandeha aho dia misy fiaramanidina izay mba aingam-pandeha mba entiko. Tsy afaka mandeha any anie io Prezidà e. Fa maninona? Ka ny aéroport io manahirana, misy vatovato kely. Ary izay ny mahatonga ny ATR tsy tonga aty aminareo, fa fiaramanidina kely no tonga aty aminareo. Nefa tena mampandroso ny faritra aty aminareo ireo. Ary efa tany an-drenivohitra aho dia efa nahafantatra izay an, efa niaraka niresaka tamin’ireo tomponandraikitra samihafa aho. Izaho tsy manao hoe rahampitso dia atao an, fa tsy maintsy hamboarina ny aéroport-nareo, Tompokolahy sy Tompokovavy ary ho vitan-tsika io!
Misy zavatra nangatahinareo tonga dia azo atao. Nitady camion-benne ianareo; nitady motos ny lehiben’ny distrika; nitady couveuses ianareo an…Ho azonareo aloha izany rehetra rehetra izany, Tompokolahy sy Tompokovavy.
Tsy mba prezidà mpanao ronono an-tavy ny prezidànareo. Rehefa miteny aminareo aho fa hataoko, efa tanteraka satria efa mikarakara ny dikany izay”.
Traduction libre
« Concernant les routes, [cela n’est pas facile et] cela fait 50 ans, des dizaines d’années que personne ne s’en est occupé mais nous, nous allons le faire, Mesdames et Messieurs ! Il faut énormément d’argent pour leur construction. Nous allons construire l’axe partant de Soanirana Ivongo passant par Mananara puis nous construirons l’axe Manana-Maroantsetra ou vice et versa, Mesdames et Messieurs !
De l’argent en nombre incalculable. Savez-vous qu’il faut des centaines de millions de dollars pour la construction de routes ? Nous en avons trouvé plus que cela pour construire ces routes, Mesdames et Messieurs !
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Le provisoire définitif malgache : le pont Bailey de Tanjombato posé en... 1997
En passant, un pont Bailey est un pont préfabriqué portatif provisoire, conçu initialement pour un usage militaire et permettant une portée maximale de 60 m. Il n'exige ni outillage spécial ni équipement lourd pour sa construction, ses éléments sont assez petits pour être transportés par camion et le pont est assez solide pour autoriser le passage des chars (Wikipedia).
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« Je suis passé en ville. J’ai demandé à un de mes collaborateurs : mais où est la ville ? Où est le centre-ville ? Parce que, à ma connaissance, un centre-ville est traversé par une artère goudronnée. Votre centre-ville aura aussi son goudron. J’ai aussi entendu qu’il vous faudrait un pont Bailey. Mais qu’est-ce qu’un pont Baley pour le ministre des Travaux publics qui est natif d’ici ? Ce sera fait dès la semaine prochaine, Mesdames et Messieurs !
Chacun de mes déplacements, je les fais dans un petit avion rapide. Mais celui-là ne peut pas aller là-bas, président. Pourquoi ? Parce que c’est dangereux : sur la piste il y plein de petits cailloux. C’est pour cela que les ATR ne peuvent pas atterrir ici et que seuls des petits avions peuvent le faire. Or, cela (Ndrl : les ATR d’Henry Rabary-Njaka) amène le développement de votre région. Je connaissais déjà ce problème à Antananarivo et j’en ai déjà discuté avec les divers responsables. Je ne dis pas que ce sera fait demain, hein, mais il est impératif de réhabilité votre aéroport et cela sera fait, Mesdames et Messieurs !
Il y a des choses que vous aurez dans l’immédiat : vous voulez un camion-benne ; le chef de district veut des motos ; vous voulez des couveuses… Vous aurez tout cela, Mesdames et Messieurs !
Votre président n’est pas un président démagogue : lorsque je vous dis que je le ferai, c’est déjà fait car cela veut dire que c’est déjà en cours de préparation ».
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Hery Rajaonarimampianina est-il aussi devenu amnésique ? 2013 c’était encore une année de transition, non ? Où il était ministre des Finances et du Budget
Dans la pratique, à l’approche des prochaines élections communales, le message est clair : mais si vous ne votez pas pour le(s) candidat(s) du parti Hvm, tant pis pour vous: rien de cela ne sera fait. Comme au bon vieux temps du Psd et de l'Arema quoi...
Et ce sera le même refrain qui s’amplifiera durant la campagne électorale avec tous les moyens permis par la puissance publique. Les lois? C’est quoi, pour ce régime rajaonarimampien? Rien du tout. Il a oublié qu’en 2015, un isoloir est fait pour s’isoler…Les gens n’iront plus pour déposer un bulletin mais pour choisir en toute discrétion. Malgré les menaces bleues qui pèsent déjà.
Dossier et traduction de Jeannot Ramambazafy – 14 juillet 2015
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LA VERSION DE LA GAZETTE DE LA GRANDE ILE
Chef de l’Etat : s’il n’y a pas d’inauguration…
- Catégorie : Politique
- Publié le mardi 14 juillet 2015
Le président Rajaonarimampianina était, samedi, à Maroantsetra (nord-est).
Il a mis en œuvre une technique qu’on ne lui connaissait pas auparavant : dans les localités où il n’y a pas de réalisations à inaugurer, il fait des promesses à tour de bras… Ses propos au micro : « Nous allons reconstruire la route qui va de Soanierana-Ivongo à Maroantsetra en passant par Mananara-Nord… ».
Il s’agit de la fameuse route nationale 5 qu’aucun régime n’a réussi à refaire entièrement. En saison de pluies, cette voie devient une rivière de boue et la circulation y est souvent interrompue. Si l’assistance doute, que fait Hery Rajaonarimampianina ? Il ajoute des propos lénifiants pour dissiper des hésitations : «Cela va coûter des centaines de millions de dollars, mais nous allons y arriver. Je ne suis pas quelqu’un qui fait des promesses en l’air…».
Le public, séduit, applaudit et ovationne avec force. Cela s’est passé ainsi à Maroantsetra, localité reculée et même enclavée où on ne connaît pas beaucoup Hery Rajaonarimampianina. Sur la foi de son titre présidentiel, on le croît sur parole. S’il tenait le même discours à Tana-Ville ou dans une autre métropole éclairée, ses promesses seraient accueillies par des éclats de rire et des huées. Car on y sait que le chef de l’Etat est un spécialiste des promesses mirobolantes qui jettent de la poudre aux yeux, mais qui ensuite ne sont pas tenues. Rappelons la plus connue, énoncée le jour de son investiture en janvier 2014 : la fin des délestages au bout de trois mois.
En tout cas, à Maroantsetra, dans une région riche en forêts et en parcs nationaux, rien n’a été dit sur le trafic de bois de rose qui est la plaie de l’actuel régime. Il est vrai qu’en période préélectorale, ce n’est pas l’intérêt supérieur de la nation qui prime, mais les bonnes nouvelles qui incitent les électeurs à voter pour soi…
A. R.