Il a eu 75 ans le 30 mars dernier et est décédé le 15 mai 2017 au Port-Marly en France. Il s’agit de Naivo Ranaivoarivony plus connu sous le nom de Naivo Rahamefy. Il mérite, de ma part, un hommage à la hauteur de sa vie bien remplie. Comme si c'était hier...
Réalisateur à la chaine nationale TVM (Televiziona Malagasy) de 1969 à 1982, Naivo Rahamefy a été formé au studio école de l’OCORA (Office de coopération radiophonique) devenu ORTF (Office de radiodiffusion télévision française) sis à Maisons-Laffitte, dans les Yvelines (78), près de Paris, à la fin des années 1960. Il était de la même promotion que Tsilavina Ralaindimby, Léon Razafitrimo, Gisèle Razafindrakoto, Olga Randrianatoavina.
Gisèle Rakotoarivony, en lunettes noires, entre Lucien Rajaonina et Jackie Andrianarisoa, épouse de Joachim du même nom
Parmi les tous premiers pionniers de cette télévision nationale malgache inaugurée par le président Philibert Tsiranana, le 24 décembre 1967, je citerai:
Louis Ménard, Gisèle Rakotoarivony, Lucien Rajaonina, Jackie Andrianarisoa, François Rakotobe, Gaby Rabesahala, Robert Vidue, Jocelyn Rafidinarivo alias Jean-Louis Rafidy, Jean Jack Ramambazafy, Gilles Boutiron (je me souviens très bien de ce géant au visage de bébé joufflu), Roger Mullet, Paul Randrianarivelo, Pierre Raynal (chef de la station à l’époque), Pascal Randriambololona, Guy Bernède, Jeanne Rasoanarimalala alias Rasoabakobako. Ensuite vinrent Naivo Rahamefy et... les autres. Il se peut que j’en ai oublié mais ils sont presque tous sur la photo ci-dessus, un peu floue mais c’est mieux que rien, non ?
C'est dans ce modèle de Peugeot 404 que Naivo Rahamefy circulait à Antananarivo. C'est aussi dans ce même modèle que le colonel Richard Ratsimandrava a été assassiné le 11 février 1975 à Ambohijatovo ambony. A proximité du collège Saint Laurent Ambohimanoro alors dirigé par Rakotovao Martin...
A l’époque, je me souviens, il roulait dans une Peugeot 404 noire et fumait comme un pompier.
Le beau Naivo «maditra» (le turbulent) était l’un des pionniers du film documentaire malgache et un grand complice du journaliste photographe décédé au Canada, Lucien Rajaonina (avec qui il a fait les 400 coups) et du journaliste de radio, grand écrivain, Latimer Rangers (à qui j'ai rendu visite la semaine passée), tous les deux également formés à Maisons-Laffitte.
Au-dessus de Naivo Rahamefy, il s'agit plutôt de Richard Claude Ratovonarivo, décédé le 11 août 2013
De 1982 à 1989, Naivo Rahamefy a été Directeur technique du Centre social Protestant de Djibouti. Puis il s’installe définitivement en France avec sa famille. De 1990 à 1993, il est monteur à la Télévision Française Antenne 2, pour le compte de Présence Protestante. Ensuite, il travaille dans plusieurs pays d’Afrique et c’est le silence... radio.
Le 25 mars 2003, de retour passager au pays, il présente à Antananarivo, "Iarivo indray Mihelatra" (dont la traduction est: Antananarivo en un battement d'aile). Au centre sujet: les évènements de 1947, Rainandriamampandry, plus particulièrement, et le MDRM (Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache) dont les chefs de file étaient: Joseph Ravoahangy Andrianavalona, Joseph Raseta, Jacques Rabemananjara, Gisèle Rabesahala, Ratsifehera Arsène, Rakotovao Martin, Andrianaly Georges, Rakotonirainy Georges, Rajaonah, Tata Max, Rakotoarison Augustin, Joël Sylvain, Bezara Justin, Ranaivo Jules, Raherivelo.
Puis il refait surface et réapparaît en public en 2007, lors du passage du groupe Mahaleo à l’Olympia à Paris. Il est pris en photo avec le peintre d’exception Clark Andriambelo, un ami commun, décédé le 16 septembre 2014, sur qui il a réalisé «Les couleurs de mon âme», film documentaire de 18 minutes.
«Une tentative de portrait d’un ami disparu», selon les propres termes de Naivo Rahamefy
Avant sa disparition, Naivo Rahamefy avait en tête, le projet d’un film de fiction reposant sur les aventures d’IKotofetsy sy Imahakà qu’il a défini comme «deux mecs qui ont choisi délibérément le clan du mal».
IKotofetsy sy Imahakà sur agir.avec.madagascar ICI
Ce projet ne verra pas le jour de son vivant, mais je suis certain qu’il sera réalisé par ses enfants, tôt ou tard. Cela pour perpétuer un héritage de professionnalisme et de savoir-faire authentiques et pour honorer la mémoire de leur père.
Il faut alors savoir que, parmi les enfants de Naivo Rahamefy, Eva Knauth, née Rahamefy, est écrivaine et Lizah Ranaivoarivony, monteuse de film professionnelle.
L'aïeul commun du côté maternel, cité plus haut. Il est de notoriété publique que pour les enfants, les parents du côté maternel sont plus proches que ceux du côté paternel
Enfin, pour que leurs racines malgaches ne disparaissent jamais, les descendants de Naivo Rahamafy ne devront jamais perdre de vue que leur mère et grand-mère, Annick, est la nièce de feu Rakotovao Martin, grande figure patriotique des évènements de 1947 à Madagascar. Quant à son père, il s'agit de Rahamefy Jacques Emma, auteur des paroles de l'hymne patriotique du MDRM "Madagasikara Tanindrazanay". Et c'est le père de celui-ci, le Pasteur Ramahefison, qui en est le compositeur.
En mon nom personnel, celui de mon frère Jean Jack Ramambazafy -journaliste doyen, pionnier retraité de la Tvm- et de l’équipe de madagate.org, j’adresse à toute la famille de Naivo Rahamefy, mes condoléances les plus profondes. En ce qui concerne ses obsèques, il sera enterré au tombeau familial d'Ambohitompo Fieferana, le mercredi 31 mai 2017, après une messe pour le repose de son âme au Temple FJKM d'Ambohitantely.
Jeannot Ramambazafy – 21 mai 2017