Né le 1er mai 1927 à Betsiaka, à proximité d’Ambilobe (province d’Antsiranana), le Professeur Zafy Albert est décédé à l'hôpital Saint Pierre sur l’île de La Réunion, ce 13 octobre 2017, des suites d’un AVC. Il existe beaucoup d’écrits sur lui sur Internet. Certes, j’en ai écrit aussi plusieurs sur le professeur et j’ai également réalisé des vidéos sur lui. Cependant, à mon sens, le texte de Robert Andriantsoa, Jaona Ravaloson et Serge Zafimahova, est le plus complet. Le reste n’est que vues d’esprit selon la position (politique) où l’on se trouve. Quoi qu’il en soit, le régime Hvm/Rajaonarimampianina a décidé un deuil national à compter de ce samedi 14 octobre 2017, date marquant le 59ème anniversaire de la naissance de la République de Madagascar. Enfin, la première. La dépouille mortelle du premier président de la IIIème république de Madagascar arrivera l'après-midi de ce 14 octobre 2017.
L’équipe de madagate.org présente ses sincères condoléances à l'épouse et à toute la famille du Professeur Zafy Albert.
Jeannot Ramambazafy – vendredi 13 octobre 2017
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ZAFY, FONDATEUR DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE
Qui est le Professeur Albert ZAFY?
Ce fils de famille paysanne catholique et conservatrice, est né le 1er mai 1927 à Betsiaka (Ambilobe) dans la province de Diego-Suarez.
Il fit ses études secondaires à l’école Le Myre de Villers et à l’établissement protestant Paul Minault, à Antananarivo.
Arrivé pour la première fois en France en 1951, Albert Zafy s'installe à Montpellier où il suit et termine ses études de médecine générale option chirurgie. Il obtient son diplôme de spécialité en chirurgie thoracique. Il a connu à cette période le Docteur Vigouroux. Accessoirement, il décroche des licences de mathématiques et de physique.
Durant son séjour, ce francophone ne manquait pas de célébrer chaque année en France le 21 février, la journée de la lutte anti-colonialiste (ou contre le néo-colonialisme). L’histoire dit que cela lui a valu un coup de matraque sur la tête.
A la fin de ses études en 1964, il rentre à Madagascar pour travailler au service chirurgie de l’Hôpital public d’Antananarivo.
Il aura aussi, durant ces mêmes années, fondé une famille en épousant, Thérèse Auguste ZAFIMAHOVA, fille de Antoine ZAFIMAHOVA et de Marie Anne KEMBA, jeune fille Antesaka selon le rite traditionnel Antakarana.
Albert et Thérèse ont trois enfants :
1. Aimé ZAFY marié avec Jackie RANAIVO (Patou, Kevin, David),
2. Sylvie ZAFY mariée avec Sylvain Christophe (Michael et Stephan), séparés et remariée avec Georges KAMAMY (Hatea).
3. Richard "Titus" ZAFY marié avec Hadjee Mirella (Johanna et Antonio).
Catholique, il fit ses études secondaires à l’école le Myre de Villers et à l’établissement protestant Paul Minault, à Antananarivo.
De 1966 à 1970, il revient à Paris pour obtenir son agrégation de chirurgie où il était l’assistant du Professeur Cabrol. Ce patriote, malgré les propositions avantageuses à l’étranger -en France particulièrement-, n’a jamais hésité à vivre à Madagascar pour servir son pays.
De retour au pays, il devient le chef du service chirurgie à l’Hôpital général d’Antananarivo tout en enseignant la sémiologie et la pathologie chirurgicale à la faculté de médecine de l’Université de Madagascar devenu plus tard l’Université d’Antananarivo.
A l’appel du nouveau chef de gouvernement le Général Gabriel Ramanantsoa qui a reçu !es pleins pouvoirs du Président Philibert Tsiranana il occupe le poste de ministre de la Santé de 1972 à 1975. Il faut rappeler qu’au sein de ce gouvernement de techniciens, il y avait un certain ministre des Affaires Étrangères, le Capitaine de corvette Didier Ratsiraka, et le ministre de l’intérieur, le Colonel de la gendarmerie Richard Ratsimandrava. En dehors de sa charge ministérielle, cet humaniste continue à exercer en qualité de chirurgien et d’enseignant. il lui fut reproché de passer en priorité les opérations chirurgicales dont il était le seul spécialiste pour sauver des vies humaines, aux réunions des conseils de ministres.
Il fonde le KMZ (Komity Miaro ny Zon'olombelona - Comité de Défense des Droits de l'Homme) avec, entre autres, les professeurs Justin Manambelona (énergie nucléaire) et Randriamampandry (cardiologue). Il a toujours exigé la libération du Commandant Richard Andriamaholison qui fût libéré le 26 juin 1990 par le Président français François Mitterrand.
En 1982, une large majorité du parti Vonjy lray Tsy Mivaky avait présenté sa candidature aux élections présidentielles mais la Haute Cour Constitutionnelle n'a pas validé celle-ci du fait de l'apartheid politique.
Le Professeur Albert Zafy n'était pas membre d'un des partis du Front National pour la Défense de la Révolution (FNDR AREMA, MONIMA, MFM, VSM, VONJY, AKFM, UDECMA) le seul cadre politique légal.
Il a contribué à la réalisation de la Clinique des frères franciscains à Ambanja qu'il dirige depuis sa création en 1987, cela tout en travaillant à Antananarivo.
En 1990, à la suite de la loi sur le multipartisme du mois de mars, il crée l'UNDD -Union Nationale pour la Démocratie et le Développement- qu'il préside.
A la suite des deux Concertations Nationales organisées en août et décembre 1990 par le FFKM - Conseil Chrétien des Églises de Madagascar- à Antananarivo, Albert Zafy est projeté au-devant de la scène politique en devenant le président du Comité Permanent des Forces Vives qui est l'organe dirigeant du Conseil National des Forces Vives regroupant 80 organisations partis politiques, syndicats des travailleurs et patronaux, organisations socioprofessionnelles, associations, etc.
Le 16 juillet 1991, les Forces Vives l'ont élu pour être le chef du gouvernement transitoire pour gérer l'après Amiral Ratsiraka. Il est devenu le leader de la contestation du peuple malgache pour recouvrer la dignité et faire avancer les acquis de la démocratie.
Fin de présentation par ses mandataires.
Après la signature de la convention du 31 Octobre 1991, Zafy Albert deviendra Président de la Haute Autorité de l’État (HAE) pendant la période transitoire.
Il accédera à la magistrature suprême en 1993, en battant au second tour, l'Amiral Ratsiraka, avec 66% des voix exprimées. Il sera l'un des partisans des fameux financements parallèles que les opposants dénonceront dans un petit livret intitulé "Madagascar, Naufragé volontaire", en janvier 1995.
Il dénoncera son Premier ministre, Me Francisque RAVONY, dans une conférence de presse radiodiffusée en direct et qui a duré presque 5 heures. On se sera cru en pleine IIème République.
Il demandera aux Forces Vives Rasalama de sanctionner RAVONY par une motion de censure qui échouera. Pour virer son Premier Ministre, Zafy revient vers le peuple souverain pour demander par voie référendaire de désigner son propre Premier Ministre (chose qui a encore coûté cher aux pauvres malgaches) –«un grand homme d'état occidental avait dit que la démocratie est un luxe pour les pays en développement». Mais c'était déjà le début de la fin pour Zafy.
Zafy désignera bien son Premier Ministre en la personne de Mr Emmanuel RAKOTOVAHINY, qui sera, à son tour, censuré par l'Assemblée Nationale. Au final, Mr Zafy sera empêché par l'Assemblée nationale, le 5 septembre 1996...