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Madagascar-France : Le 14 juillet de l’Ambassadeur. Simple coup de tabac ou virage françafricain ?

L'ambassadeur de France, François Goldblatt, le 14 juillet 2013

à la résidence de France, Ivandry Antananarivo

La longue histoire des relations franco-malgaches s'est le plus souvent inscrite dans des contextes géopolitiques mouvementés. À l'exception des mandats du premier président, Philibert Tsiranana, à la fois authentique patriote et issu du moule colonial, le rapport de la jeune nation indépendante à l'ex-puissance tutélaire a oscillé entre manifestations d'attachement liées à des valeurs culturelles communes et tensions liées à une volonté farouche d'émancipation pas toujours bien comprise du côté de l'hexagone.

Le discours prononcé le 14 juillet par l'ambassadeur de France, François Goldblatt, n'échappe pas à cette règle, bien vérifiée depuis maintenant cinquante-trois ans. Simple épiphénomène qui sera aussi vite oublié qu'il est apparu, ou virage radical dans les relations avec la Grande île ? La question, d'une importance capitale pour Madagascar mais aussi pour tous les pays de la zone ayant connu la tutelle française, mérite d'être posée.

François Guichardaz, un économiste et analyste politique
à la fois ami de longue date de Madagascar

Quelques jours après ces propos explosifs, au-delà des réactions épidermiques et témoignant trop souvent d'une profonde méconnaissance des processus historiques, qui se situent dans le temps long, qui est aussi celui du calcul stratégique, nous avons interrogé François Guichardaz, un économiste et analyste politique à la fois ami de longue date de Madagascar -qu'il a abondamment fréquenté- et observateur attentif et incisif des évolutions d'un espace continental en mouvement.

François Guichardaz répond à nos questions sur le feuilleton électoral en cours et son devenir envisageable et possible.

www.madagate.com

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Que penser du tollé provoqué par le discours de l’Ambassadeur de France d'Ivandry, le 14 juillet 2013?

François Guichardaz

L'urgence est mauvaise conseillère. Madagascar est habituée aux «transitions» longues et parfois houleuses. L'épisode actuel en est un nouvel exemple, une «réplique» en quelque sorte de secousses antérieures. Il faut également signaler que si de précédents changements de pouvoir ont été émaillés de violences, celles-ci n'ont été que sporadiques et n'ont jamais débouché sur les bains de sang et les dictatures sanguinaires que connaissent encore aujourd'hui nombre d'anciennes colonies de l'Europe. On peut dire sans tordre le cou à la réalité que, depuis bientôt une vingtaine d'années, le pays choisit ses dirigeants au terme de processus démocratiques certes imparfaits, mais qui ont tout de même permis au peuple malgache d'élire librement ses gouvernants. C'est un luxe que lui envient beaucoup de ses voisins.

Pour en revenir au discours d'Ivandry en lui-même, il ne contient pas que des absurdités, loin de là, mais il formule des vérités pas forcément agréables à entendre tant du côté malgache que du côté français, avec une grande maladresse qui pose au premier abord la question de l'ingérence, réelle ou supposée, dans les affaires intérieures d'un pays souverain.

Cela dit, les questions sur la gouvernance, depuis l'indépendance, sont en grande partie fondées: les chiffres de l'économie, les indicateurs de développement humain sont mauvais depuis des lustres pour la plus grande désolation des habitants de ce pays. Sans entrer dans le détail des statistiques, ce qui n'est pas notre propos du jour, la vraie question pour l'avenir de Madagascar est de choisir en toute liberté les voies d'un développement durable, non prédateur, et les femmes et les hommes qui peuvent l'incarner dans un système politique stabilisé et incontesté.

Dans tous les cas, aucune puissance ou instance étrangère, régionale ou supranationale n'a vocation à décider du mode de gouvernement de Madagascar à la place des Malgaches. La mise sous tutelle est toujours la pire des solutions.

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Quelle serait la suite viable et envisageable pour le processus électoral?

François Guichardaz

La CENI-T a fait ce qu'elle a pu avec des moyens limités, et elle l'a plutôt pas mal fait. La pléthore de candidats et le choc des egos des dinosaures de la politique malgache ne lui ont, en outre, pas facilité la tâche. Les interventions extérieures et les pressions intempestives d'arbitres autosaisis n'ont pas non plus contribué à simplifier ni à clarifier la situation. D'où l'impasse actuelle dans laquelle la responsabilité des décideurs malgaches n'est sans doute pas le seul facteur déterminant. En sortir, dans une optique de consensus pérenne et loyal entre les grandes forces politiques du pays, est la priorité absolue pour rendre un avenir à Madagascar.

À cet égard, il faut bien se garder de confondre vitesse et précipitation. Au-delà du caractère juridiquement contestable de telle ou telle candidature officiellement avalisée, il s'agit de rien moins que refonder l'état malgache sur des bases incontestables. La prévalence du droit sur le fait accompli, l'intégrité de la gestion économique, la transparence de la gouvernance doivent devenir les vertus cardinales du nouvel ordre politique. Un tel chantier ne s'improvise pas. Que les élections se déroulent dans huit jours, trois semaines ou cinq mois pèse peu au regard de l'objectif, qui est extraordinairement ambitieux.

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Dans l’immédiat, que faire des candidats déclarés et retenus par la CENI-T?

François Guichardaz

Ils sont à l'heure actuelle les seuls (à quarante et un tout de même!) à détenir une légitimité, même si celle-ci est discutée.

L'essentiel est que le peuple malgache choisisse son président parmi des compétiteurs désignés par une instance légale malgache et, ce, malgré toutes les imperfections du processus électoral. La plupart, à des titres divers, traînent des casseroles plus ou moins grosses et plus ou moins sonores.

Est-ce que l'on fait beaucoup mieux dans des pays dits «avancés» et réputés de vieille démocratie?

De plus, rien ne permet d'anticiper le résultat du scrutin: dans un contexte aussi volatile, des devins chevronnés risqueraient d'y laisser leurs nerfs. Des candidats présentés comme des poids lourds peuvent parfaitement réaliser un score misérable et être sèchement renvoyés à leurs chères études par des électeurs lassés des éternelles combines qui ont mené le pays là où il en est aujourd'hui. La seule vraie préoccupation des Malgaches est: comment vivre et faire vivre décemment les nôtres dans notre pays?

Les pays d'Afrique australe et l'Europe devraient faire preuve d'un peu plus de modestie dans leurs offres de services à l'un des rares pays de la zone à ne jamais avoir réglé ses différends internes par la guerre civile ou les meurtres de masse. La démocratie a toujours fini par triompher à Madagascar. Il n'y a aucune raison pour que ce cercle vertueux ne puisse pas se réenclencher aujourd'hui.

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Comment sortir de ce qui a tous les ingrédients d'une urgence délétère?

François Guichardaz

Laisser le temps au temps, comme l'a dit, il y a déjà quelques décennies un illustre disciple de Machiavel. Mettre d'accord sur la suite du processus l'ensemble des candidats en lice, avec l'engagement formel de le laisser aller à son terme sans le tenter de le détourner ou d'en biaiser les règles, le tout sans pressions de l'intérieur ni interférences de l'extérieur.

Madagascar n'a pas vocation à perpétuer la Françafrique, pas davantage à devenir un protectorat américain ou un satellite de l'Empire du Milieu. Les amis étrangers ont pour devoir d'encourager la bonne gouvernance en ciblant les aides, pas en les conditionnant à un processus électoral réglé par eux. Ce sont les Malgaches qui votent, pas les Français ni les Sud-Africains et encore moins les membres de la Commission Européenne.

La France se grandirait en aidant – en toute neutralité – à la tenue et à la réussite d'un processus électoral aussi irréprochable que possible. Observateurs, conseillers techniques, aide matérielle à l'organisation des bureaux de vote, en plein accord avec les autorités malgaches de la transition actuelle et les instances constitutionnelles existantes: les voies ne manquent pas, au plus grand bénéfice des deux pays.

S'impliquer sans s'ingérer, tel devrait être le maître mot de l'influence française sur la Grande Île. La France a une longue histoire commune avec Madagascar, il ne tient qu'à elle d'aider ce grand et beau pays à prendre en main son avenir... et à le réussir.

madagate.com

Merci, François Guichardaz, de cet éclairage.

François Guichardaz

De rien. C’est moi qui remercie toute l’équipe de madagate.com pour son engagement vers un Madagascar nouveau, avec des dossiers impertinemment… pertinents issus d'un travail d'investigation incontestable.

21 juillet 2013

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Mis à jour ( Lundi, 22 Juillet 2013 05:49 )  
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