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Madagascar liberté d’expression. L’Etat condamne mais « ré…presse »

Mieux vaut tard que jamais. Dans un communiqué « spécial » (ne riez pas), à propos de l’attentat au siège de  « Charlie Hebdo », le président et le gouvernement malgaches ont condamné « un acte de violence qui a pris pour cible des journalistes attachés à la liberté d'expression ». Ci-après ce communiqué « spécial » reçu par la presse très tard dans la nuit d’hier :


Cependant, l’adjectif « spécial » peut parfaitement s’appliquer à ce régime qui se crée plus de problèmes qu’il n’en résout. En effet, depuis sa prise de pouvoir, et devenant de plus en plus populaire -pour ne pas dire haï par son propre peuple-, le pouvoir Rajaonarimampianina n’a pas trouvé mieux que de parler à tout bout de champ de « menace de coup d’état » (« fanongam-panjakana »). Il s’est crée lui-même sa propre psychose. A partir de cette notion, l’actuel Etat malgache, peut tout se permettre en y intégrant l’atteinte à la sûreté de l’Etat. A partir de simples soupçons, voire de délations gratuites, un système dictatorial est mis en branle, au processus inamovible : des personnes sont arrêtées, emmenées à la brigade criminelle de la gendarmerie à Fiadanana Antananarivo -TOUJOURS- pour pseudo-enquête. Et c’est après qu’on fabrique des preuves.


Jean Marc Koumba

Le cas de Jean Marc Koumba et les quatre agents de l’Aviation civile de Madagascar (ACM), en 2014, illustre ce système. Littéralement kidnappés à Antsirabe, brièvement auditionnés à Antananarivo, à la fameuse brigade puis déportés à Antsiranana sans aucun droit à la défense ni l’invocation de la présomption d’innocence. Voilà déjà de graves entraves à la liberté tout court. En fait, ce triste épisode a démontré la panique du président élu, face au retour inexplicable, et toujours inexpliqué de l’ancien président Marc Ravalomanana. Hery Rajaonarimampianina a eu peur de se voir renverser. Et cette hantise commence à se répercuter partout lorsque des Malgaches veulent exprimer leur colère contre ce régime qui a fait plus de dégâts en un an que ces prédécesseurs en un demi-siècle. Je parle du volet social. En fait, il n’a rien fait du tout, sinon aggraver ce qui aurait du être redresser d’abord avant de parler de développement.


Au centre : Berija Ravelomanantsoa, bouc émissaire

En ce début d’année 2015, le cas de Berija illustre ce nouveau système dictatorial réactivé par le régime Rajaonarimampianina. Berija Ravelomanantsoa est le président de l’Association du Comité des Jeunes et Universitaires de Madagascar (ACJUM). Il fait partie des étudiants qui ont rencontré le Premier ministre Kolo Roger, le 24 décembre 2014 à la Primature. Celui-ci leur a promis monts et merveilles : arrêt des délestages, hausse de 100% des bourses d’études, transformation du QG des étudiants en bureau d’études, amélioration du coté social des étudiants... A ce moment, les étudiants avaient donné au Premier ministre jusqu’au 10 janvier 2015 pour tenir ses promesses.

Force de frappe (au sens véridique des termes) du régime Rajaonarimampianina ou les baïonnettes "allégeantes" (du mot allégeance) qui finiront pas se retourner contre lui

Entre-temps, les délestages ayant fait rage durant les fêtes de fin d’année, les étudiants ont décidé de manifesté leur mécontentement, usant de leur liberté d’expression. C’était le 06 janvier. L’ultimatum initial donné au Premier ministre a alors été raccourci : 24 heures. Or, le lendemain 07 janvier, vers 05h du matin, des éléments des forces de l’ordre, sans aucun mandat, sont venus le tirer du lit. Voici, traduit et résumé, le témoignage de plusieurs personnes dont la compagne de Berija :

« Ils ont fracturé la porte d’entrée et, une fois à l’intérieur, un élément des forces de l’ordre a placé un paquet de cannabis sur une armoire. Voulant montrer son désaccord, Berija a été giflé et tabassé. Six gendarmes sont entrés pour fouiller la maison tandis que d’autres attendaient à l’extérieur. Le paquet de cannabis posé sur l’armoire a ensuite été emmené comme « pièce à conviction », en même temps que Berija. Après une audition à la tristement fameuse brigade criminelle ». En un mot, les gendarmes deviennent de plus en plus brutaux sous ce régime.

Contrairement à Jean Marc Koumba et ses compagnons de galère, Berija a été présenté devant un tribunal, le 08 janvier. Verdict : direction prison de force de Tsiafahy pour atteinte à la sûreté de l’Etat, à partir de données recueillies dans son téléphone portable ! Rappelons qu'une prison de force est destinée à de dangereux criminels reconnus coupables. Voilà comment dans le Madagascar nouveau du régime Rajaonarimampianina, on traite la liberté d’opinion et d’expression. Le plus malheureux est que tous ces étudiants ont fait une vraie campagne d'enfer, à travers des comités de soutien efficaces, pour le candidat n° 3 devenu président de la république. Pour l’heure, au moment où je rédige cet article, c’est la trêve car la traditionnelle présentation de vœux aux corps constitués et au corps diplomatique va avoir lieu au Palais d’Etat d’Iavoloha. Mais une fois ces retrouvailles de l’hypocrisie terminées, la vitesse supérieure sera enclenchée par l’entourage du président.

La brigade criminelle de la gendarmerie sise à Fiadanana Antananarivo

Cibles : tous ceux qui manifesteront leur mécontentement et des dirigeants du régime de la transition. Certains ont même déjà été convoqués chez le colonel Florens Rakotomahanina, commandant de la Circonscription régionale de la gendarmerie nationale (CIRGN). Tous les ordres viendront de la présidence. Non pas du président de la république lui-même, mais de la cour des miraculés. Les murs, qui ont toujours des oreilles, sont toujours à double sens. Ils demanderont des mandats d’arrêt à l’encontre de qui ils voudront et les gendarmes de Fiadanana n’auront qu’à s’exécuter et exécuter les ordres. Tant pis pour les preuves, ils les fabriqueront. Motif intangible : atteinte à la sûreté de l’Etat qui permet toute arrestation hors du cadre légal. Tous seront considérés comme des « ennemis du développement » comme, au temps de Ratsiraka, tout opposant était considéré comme ennemi de la révolution (« fahavalon’ny tolom-piavotana »). Dans ce contexte, ni la police, ni l’armée, ni la CIS ne peuvent intervenir. Quant au ministère de la justice, on se demande à quoi il sert, étant sourd, aveugle et muet concernant une procédure totalement illégale.

Les prisonniers "politiques" (dont certains ne le sont pas du tout) de 2010, accueillis en héros au Palais d'Etat d'Iavoloha, le 24 décembre 2014, par un président inconsistant et les hauts cadres du parti Hvm créé de toutes pièces

Le régime n’a rien retenu des leçons du passé récent. Après avoir gracié les derniers prisonniers « politiques », le président Rajaonarimampianina va se retrouver avec d’autres prisonniers politiques, bien à lui, sur les bras. Car le seul et unique motif (atteinte à la sûreté de l'Etat) est purement politique. Berija doit donc être considéré comme tel. En tout cas, la colère populaire risque de lui tomber dessus à bras raccourcis plus tôt que prévu… Pour l’heure, nous allons bientôt savoir comment seront traités les journalistes malgaches « attachés à la liberté d’expression ». A ce sujet, un rappel ci-dessous, pour vous donner une idée. D’où le titre de cet article : L’Etat malgache condamne mais ré…presse. Une république créatrice de boucs émissaires.


Jeannot Ramambazafy – 09 janvier 2015

Mis à jour ( Lundi, 12 Janvier 2015 07:32 )  
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