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Madagascar : Tous les présidents élus ont été jetés dehors par la rue

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Marc Ravalomanana, mais surtout ses supporters, croit qu’il est un cas. D’un côté, il en est vraiment un, mais de l’autre, il faut qu’il se rappelle qu’il est le quatrième président élu de Madagascar qui a été éjecté du pouvoir par la rue. En fait, tous les présidents élus malgaches sont sortis par la lucarne de l’histoire. Pourquoi ? Grandeur et décadence d’hommes de pouvoir ayant paupérisé la Grande île de l’océan indien depuis plus d’un demi-siècle.

Philibert Tsiranana


Surnommé pompeusement « Père de l’Indépendance », comme si la liberté était un cadeau. En 1956, M. Tsiranana fonde le Parti social démocrate ou Psd. En 1958, sous la présidence de Charles de Gaulle, il devient le président officiel du Conseil du gouvernement de Madagascar, devenu république le 14 octobre de la même année. En fait donc, Tsiranana n’a jamais été élu par le peuple malgache. Il a été président de fait de 1958 à 1972, grâce au « suffrage universel » d’un comité restreint de politiciens malgaches, dénommé Parlement (le 1er mai 1959) et la volonté de la France qui voulait une indépendance « surveillée ».

Durant ce « mandat », la question qui se pose est : qu’est-ce que les dirigeants malgaches de l’époque ont fait de cette indépendance recouvrée ? Car, avant la colonisation, le royaume de Madagascar avait été reconnu par les grandes puissances comme les USA et l’Allemagne. Des documents historiques l’attestent, qui n’ont pas été calcinés lors de l’incendie du Palais de la Reine, en novembre 1995. Cette indépendance, sous la première république, a servi a instauré un système de privilégiés au sommet de l’Etat. La « politique du ventre » de Tsiranana avait permis de cacher tous les vices de ce système. A cette époque, le nombre de zébus était le même que le nombre de la population. Mais déjà, il fallait être membre du Psd pour accéder à certains « privilèges ». De son côté, la France avait mis sous sa coupe, un très large pan de l’économie nationale avec deux sociétés : la compagnie Lyonnaise et la compagnie Marseillaise.

C’est le 30 mars 1965 que Tsiranana sera « réélu » à travers un vote du peuple. Grâce au bourrage des urnes, le score a atteint plus de 90% des suffrages exprimés. Avaient donc voté, les morts, les enfants, les malades. Que voulez-vous, Internet n’existait pas et les Frs (Forces républicaine de sécurité) veillaient au grain. Mais le pays du « moramora » (nonchalance) comme l’avait décrit Tsiranana lui-même, ne le restera pas éternellement. Malgré un développement de façade -lorsque le peuple mange, tout va pour le mieux-, le grand sud, toujours en proie à la sècheresse et à la famine, se souleva en avril 1971, sous la conduite du parti Monima de Monja Jaona. Slogan : « Madagasikara ho an’ny Malagasy » ou Madagascar aux Malgaches. Ce « nuage » qui assombrissait le tableau idyllique du « Pisodia izahay mandrapahafatinay » (Psd jusqu’à la mort) fut sévèrement réprimé. Bilan : 1.000 morts. Le Monima fut rayé de la liste des partis politiques pouvant exister, leurs dirigeants ont été déportés au bagne de Nosy Lava. Les prémisses d’une révolution venaient d’éclore. Mais, comme tout dictateur enivré par le pouvoir, Tsiranana fit comme si de rien n’était.

Le 30 janvier 1972, Tsiranana est élu pour la troisième fois, dans les mêmes conditions d’iniquité et de confiscation des désirs d’un peuple venant sortir de la colonisation. Docile, il attendait son heure. Le début de la chute du pouvoir Psd de Tsiranana était arrivé par la grève des 500 étudiants en médecine et en pharmacie de Befelatànana, le… 22 janvier. Quelles étaient leurs revendications ? Amélioration des conditions d’hébergement, amélioration et diversification des repas, augmentation du montant des bourses et alignement du programme sur celui de la Faculté de médecine. Réponse de Tsiranana : il fait dissoudre purement et simplement l'Association des Etudiants en médecine et pharmacie (AEMP). Comme s’ils n’attendaient que ce signal, les étudiants prirent la relève, suivis des élèves et des écoliers, en avril 1972. La répression commence. Revendication : malgachisation des cadres de l’enseignement. Mais, au lieu de se pencher sérieusement sur ce grave problème socio-politique, Tsiranana exacerba la jeunesse malgache en organisant, le 1er mai 1972, son investiture, à la suite de sa réélection. Un comble ! La grève estudiantine fait tâche d’huile vers les fonctionnaires.

Le 8 mai 1972, le pouvoir accuse les « meneurs » de trouble de l’ordre public, de « tromperie du peuple par des banderoles au contenu mensonger, contrainte de la majorité des étudiants à suivre cette grève par la tromperie et la coercition ». La mort de l’étudiant Modeste Randrianarisoa, à Ambalavao (j’y étais de passage ce jour-là) sera l’étincelle qui allumera le feu de la chute de Tsiranana. Modeste deviendra un martyr au même titre que Steve Biko en Afrique du Sud dans la lutte contre l’apartheid. Dans toutes les grandes villes de Madagascar, une grande marche est organisée à la mémoire de ce martyr, symbole de la lutte contre l’injustice du régime Psd de Tsiranana.

Le 12 mai 1972, le régime accumule ses erreurs. A travers l’unique radio du pays, il accuse cette fois, les grévistes de vouloir renverser le régime. C’est à partir de cette époque que tous les dirigeants malgaches à venir ont une peur bleue d’une grève, droit fondamental. Pour eux, toute grève signifie, dans leur esprit mal tourné, leur chute. La nuit de ce même 12 mai, les forces de l’ordre, bafouant la zone franche universitaire, envahissent le campus universitaire, à Ankatso, et arrêtent des centaines de personnes, soupçonnées d’être les meneurs. Dirigés vers Arivonimamo, ils seront tous aéroportés vers le bagne de Nosy Lava.

13 mai 1972. Informés de cela, nous étudiants de l’époque, nous sommes tous montés à l’université pour redescendre sur l’avenue de l’indépendance, devant l’hôtel de ville, réclamer la libération de ces personnes. Notre cri : « Avoay ny namanay ! » (libérez nos compagnons). Réponse de Tsiranana : il fait tirer sur nous par les Frs. Nos morts, à peine relevés, il se permet de déclarer à la radio, le soir : « si vous persistez, ce sera tsak tsak zato arivo ». Mais c’est déjà fini pour lui. Lorsqu’un dirigeant fait tirer sur ses compatriotes, il a creusé lui-même sa tombe politique. La chasse aux Frs fut terrible, après l’incendie involontaire de l’hôtel de ville. Nous avions voulu enfumer les Frs qui s’y étaient réfugiés. Le feu n’a pas pu être circonscrit faute de matériel adéquat, les camions citernes des pompiers ayant été incendiés. Depuis, cette place sera dénommée Place du 13-mai 1972, en souvenir de la trentaine d’étudiants qui y trouvèrent la mort sous les balles des Frs. Mais elle devint aussi le symbole de la liberté. Plus tard, les déportés furent tous libérés, les Frs écartés de toute opération de maintien de l’ordre. Mais la grève estudiantine est devenue une manifestation nationale et il a été demandé à l’armée de prendre le pouvoir. Le général Gilles Andriamahazo est alors nommé gouverneur militaire d’Antananarivo. Tsiranana est bien fini. Le 18 mai 1972, il remet les pleins pouvoirs au Chef de l’Etat Major Général de l’Armée, le Général Gabriel Ramanantsoa. Ce sera la première période de transition à Madagascar.

Le 8 Octobre 1972, un référendum modifiant la Constitution de 1959 est adopté à 96% des voix, et écarte définitivement du pouvoir le Président Tsiranana, qui avait fait campagne pour le « non ». Gabriel Ramanantsoa devient le Chef de l’Etat. Il en verra des vertes et des pas mûres dans une société en reconstruction… Le 4 Juin 1973, c’est la révision des accords de coopération franco-malgache, menée par le ministre des Affaires étrangères, un certain Didier Ratsiraka. Le 31 Décembre 1974, des militaires côtiers se mutinent et se réfugient au camp du Groupe mobile de la police (GMP) à Antanimora, sous la conduite du Colonel Bréchard Rajaonarison. Ils en seront délogés et le 25 Janvier 1975, le général Ramanantsoa dissout le gouvernement. Le 5 Février 1975, il remet, à son tour, les pleins pouvoirs au colonel Richard Ratsimandrava qui devient alors Chef d’Etat. Mais le 11 Février 1975, Ratsimandrava est assassiné à Ambohijatovo ambony. Un Directoire militaire est immédiatement mis en place. Ce sera la seconde période de transition malgache.

Le 15 Juin 1975, Didier Ratsiraka est « élu » par le Directoire militaire Président du Conseil suprême de la révolution (CSR), avec fonctions cumulatives de Chef d'Etat et chef de gouvernement. Le 21 Décembre 1975, un référendum est organisé. But triple : acceptation de la Charte de la Révolution socialiste ; acceptation de la Constitution de la IIe république, élection de Didier Ratsiraka comme Président de la République. Tsiranana décèdera dans l’oubli, le 16 avril 1978.

Didier Ratsiraka


Son « paradis socialiste » commencera par la nationalisation des sociétés d’envergure économique. Par exemple, tous les distributeurs de pétrole seront réunis sous le nom de Solima (« Solitany malagasy »). Son ambition était, certes, louable, mais il y a une différence entre être « analyste » hors du pouvoir et être au pouvoir tout court. En fait, le projet de société « révolutionnaire » de Ratsiraka était simplement basé sur une idéologie hybride Corée du Nord/Lybie de Khadafi. Madagascar a bel et bien vécu dans un régime totalitaire de 1975 à 1990, avec les dérives de la Dgid (Direction générale des investigations et de la documentation), véritable Kgb malgache. Tous ceux qui n’étaient pas avec le pouvoir Arema était contre le pouvoir tout court. Mais la chute du mur de Berlin fit faire un revirement de 360° à la politique marxiste de Ratsiraka qui a laissé plus d’éléphants blancs que n’importe quel dirigeant africain. Il leva la censure, accepta le multipartisme politique, privatisa ce qu’il avait lui-même nationalisé… Bref, un grand bond vers le passé. La malgachisation, diabolisée par un empressement inouï, fut reconsidérée. Mais il était déjà trop tard aussi pour le fringant officier de marine des débuts. Adieu les 20.000 logements, l’autosuffisance alimentaire et l’éducation pour tous, ainsi que la santé pour tous en l’an 2000. Trop imbu de sa personne, l’amiral rouge ou « Deba » oublia totalement les vrais besoins le peuple, son peuple. Car si dans socialiste, il y a le mot social, il a créé toute une génération de mendiants (les 4’mis) avec son histoire d’Etat-providence. Avec le temps, les Malgaches n’étaient plus capables de s’en sortir par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Ils étaient devenus d'éternels assistés. Une mauvaise éducation qui perdure en ce troisième millénaire où tout changement devient suspicieux. Didier Ignace Ratsiraka partit pour un premier exil en France en 1993, après sa défaite à l’élection présidentielle face au professeur Zafy Albert. Tout était à refaire à Madagascar, après 33 ans « d’indépendance ».

Zafy Albert


Rien ne prédestinait ce chirurgien formé en France a être un homme de pouvoir et encore moins un chef d’Etat. Ses débuts dans la politique ? Il fut nommé ministre de la Santé par le Général Ramanantsoa. Au côté de Didier Ratsiraka (Affaires étrangères) et le vétérinaire Emmanuel Rakotovahiny (Agriculture). Après l’accession de Ratsiraka, il a disparu de la scène politique. Il revint en 1989, avec la chute du mur de Berlin et le revirement de l’amiral rouge qui donc a autorisé le multipartisme. Le professeur créera alors le parti Undd (Union nationale pour la démocratie et le développement). Associé à d’autres partis politiques, il revendiquera un changement de régime politique avec plus de démocratie. Les Forces Vives (« Hery velona ») voient le jour. Contrairement au Président Ratsiraka qui ne voulait qu’une simple révision constitutionnelle de la République démocratique de Madagascar, les Forces vives entendaient faire table rase du régime socialiste et élaborer une nouvelle Constitution. Le bras-de-fer se poursuivit jusqu’au 10 août 1991. Réunis sur la Place du 13-Mai, comme en 1972, et comme depuis le début de cette nouvelle lutte pour plus de justice, les principaux dirigeants des forces vives -dont Zafy Albert reconnaissable par son chapeau de paille (« satroka penjy »)- étourdis par le nombre des manifestants présents, décidèrent de mettre en branle la grande marche pour la liberté (« Diaben’ny Fahafahana »), prévue quelques jours auparavant. Direction : le palais d’Etat d’Iavoloha. Slogan : « Arodana ny mandan’i Jeriko » (faire tomber les murs de Jéricho). Ratsiraka, lui, avait déjà prévenu : « vous aurez beau tourner 7 fois, 77, fois, 777 fois, je ne partirais pas » (« Na hiodina in-777 tsy hiala aho ! »). Ce qui devait arriver arriva. Et Zafy Albert faillit bien y perdre la vie. Un massacre incroyable dirigé par l’amiral rouge en personne aux abords du palais. Des centaines de morts et de disparus.

Après un dernier sursaut d’orgueil, Ratsiraka plia. Quand on a des morts sur la conscience, on ne résiste pas longtemps à leurs cris venus d’outre-tombe… Le 31 août 1991, les forces politiques malgaches arrivent à un accord dénommé «Convention de l'Hôtel Panorama ». Il n’y avait pas question de « mouvances » à l’époque, ni de médiation, ni de reconnaissance internationale. Cette convention a mis en place un régime transitoire consensuel (on parlait pas d'inclusivité car 100% n'existe pas en matière de politique ni dans d'autre secteurs d'ailleurs), avec pour objectif d'élaborer une nouvelle Constitution. Ce fut la troisième période de transition à Madagascar. Zafy Albert fut accepté comme président d’une Haute Autorité de la Transition (HAE). Didier Ratsiraka restera chef d’Etat à titre purement symbolique. Le 19 août 1992, après la tenue de forums régionaux et d’un forum national, la constitution de la IIIème république est adoptée par voie référendaire. Le 13 février 1993, Zafy Albert est élu Président de la république, face à Didier Ratsiraka qui s’en va pour un second exil en région parisienne d’où il attendra patiemment l’heure de son retour… Comme le vautour qui attend toujours. Dans la pratique donc, cette troisième période transitoire aura duré du 31 octobre 1991 au 13 février 1993.

Mais Zafy Albert ne fera pas long feu à son poste. Comme ses prédécesseurs, il n’achèvera pas son mandat. En janvier 1995, ses opposants, qui étaient ses anciens amis, dénoncent ses fameux financements parallèles dans un pamphlet intitulé : «Madagascar, Naufragé volontaire ». Mais son erreur aura été d’avoir littéralement coulé son Premier ministre, feu Me Francisque Ravony, durant une « conférence de presse », télévisée en direct, qui dura près de 5 heures ! Ensuite, Il demandera à ses « alliés » des Forces Vives Rasalama de sanctionner Me Ravony par une motion de censure. Elle échouera.  Pour écarter son Premier ministre, Zafy utilisa aussi le toilettage de la Constitution. Il fit appel au « peuple souverain », le 17 septembre 1995, pour demander, par voie référendaire, que le Président désigner son premier Ministre. Les Malgaches n’ayant jamais voté « non », Zafy a pu ainsi remplacer Ravony par son copain Emmanuel Rakotovahiny, ancien collègue sous Ramanantsoa. Cela ne lui servit à rien du tout. Le vétérinaire sera censuré par la majorité des membres de l’Assemblée nationale. Norbert Lala Ratsirahonana fut alors nommé Premier ministre. Mais c’était trop tard pour le professeur célèbre pour ses Madaraids et qui, en fin de compte, n’avait aucun projet de société. Sous la pression des députés, il est emporté par une motion d'empêchement, le 5 septembre 1996, et quitte le pouvoir par la petite porte. Lui aussi. Ratsirahonana fera fonction de Chef d’Etat et Chef de gouvernement, en attendant des élections anticipées. Ce sera la quatrième période de transition de Madagascar.

Didier Ratsiraka, le retour


Après donc un premier exil en France, Didier Ratsiraka retourne au pays et se présente à l'élection présidentielle de décembre 1996. Cette fois, Il battra le Professeur Zafy au second tour.  Les Malgaches ont-ils vraiment la mémoire courte ? Où est le changement, dès lors ? Mais le fait est là : voilà Didier Ignace Ratsiraka avec un autre programme plus percutant que le « paradis socialiste » : la République « humaniste écologique ». Oubliés les 20.000 logements. Son exil lui a donné beaucoup d’inspiration. Hélas. Mais pour prouver sa bonne foi, l’amiral suspend toute exploitation de « bois précieux ». Raison ? « Pour permettre à l'État d'assainir la filière ». Cela signifie que le trafic de ces bois précieux -dont le bois de rose- existait bien avant. Mais quelques années de première traversée du désert, çà change aussi un homme. Non ? L’humaniste écologique s’est laissé dépasser par la soif de pouvoir de ses propres enfants : Xavier et Sophie qui avaient tout accaparé. Entre les affaires familiales et celles d’Etat, le peuple n’a jamais vu la différence. En décembre 2001, il se représente face à un candidat, nouveau venu : Marc Ravalomanana. Les résultats du scrutin ayant été contestés, une grave crise mine le pays. Après des mois de confrontations sanglantes, l'Amiral Ratsiraka, en juin 2002, est contraint de repartir pour un second exil en France où il est toujours.

Marc Ravalomanana


Arriva le second homme providentiel : le beau Marc Ravalomanana qui, en 1999, venait d’être élu maire d’Antananarivo. Qu’est-ce qu’on ne l’a pas encensé ! Son discours « biblique » tranchait sur la préciosité de l’amiral. Phrase-phare de cet homme venu d’Imerikasinina : « Hampanana ny tsy manana » (rendre riches les pauvres). Voilà le résumé de son programme qui devint un capitalisme d’Etat sans précédent. Homme d'affaires dans l'agro-alimentaire, il monte sur la scène politique en se donc faisant élire Maire de la ville d'Antananarivo. En décembre 2001, inspiré au sortir de l’église de son village natal, Imerikasinina, il se présente comme candidat à l'élection présidentielle. Les résultats sont contestés, amenant à une crise politique. Malgré des accords de Dakar I et II, il devient président de la république le 6 mai 2002, après une autoproclamation digne de Napoléon Bonaparte, le 22 février 2002. « Minoa fotsiny ihany » (croyez seulement), tiré de Saint Marc, sera son slogan. Réélu en décembre 2006, Marc Ravalomanana montrera son vrai visage et ses intentions personnelles. Un seul exemple qui a eu lieu en 2004. Cette année, les cyclones conjugués Elita et Gafilo ravagent totalement toutes les zones forestières de la région SAVA (Nord Est du pays). Que décide saint Marc ? il fait promulgué l’arrêté ministériel n° 17939/2004 du 21 septembre 2004, à propos de la "réorganisation des exportations des bois précieux". Pourquoi ? La grande révélation ("ampamoaka"), la voici : le 6 juin 2004, au port de Mahajanga, 10 conteneurs renfermant 250 tonnes de bois de rose ont été saisis. Il a été prouvé que ces conteneurs appartenaient au Député  Marcellin David Randriamitombo, du parti TIM créé par Ravalomanana, et qu'il avait en sa possession une autorisation légale délivrée par le Ministre de l'Économie de l'époque, Radavidson Andriamparany Benjamina et par le Ministre de l'Environnement, Charles Sylvain Rabotoarison. Surprise ! Après leur saisie, les conteneurs ont été transférés dans l'enceinte du palais d’Etat d'Ambohitsorohitra, sur l’ordre express de Marc Ravalomanana. Que sont-ils devenus ? C’est à partir de ce moment-là que le trafic de bois de rose a vraiment débuté, connu du grand public mais profitant seulement à quelques opérateurs économiques proches de Ravalomanana.

Vint le mois décembre 2008, moment où le peuple malgache venait de se trouver un nouveau meneur (« Mpitari-tolona »), dans un autre combat pour plus de justice. Le déclencheur a été la diffusion sur Viva télévision -appartenant à Andry Rajoelina-, de déclarations de Didier Ratsiraka, depuis son appartement de la région parisienne. Le pouvoir Tim ferma la station et la révolution orange s'ébranla. Marc Ravalomanana, après une répression féroce, avec des mercenaires étrangers à l'encadrement, et après avoir fait tirer sur la foule, le 7 février 2009, devant le palais d’Etat d’Ambohitsorohitra, démissionnera le 17 mars 2009, sous la pression du mouvement populaire, en dissolvant son gouvernement et en remettant ses pouvoirs à des militaires. De nos jours, il vit en exil en Afrique du Sud d’où, n’ayant pas la sagesse de Didier Ratsiraka, il tire les ficelles d’une campagne xénophobe teintée de terrorisme tout court. L’homme qui est parvenu à le stopper dans sa folle course à vouloir s’enrichir sur le dos des citoyens et croire qu’il sera président à vie (lui aussi !), se nomme Andry Rajoelina, actuellement président de la Haute autorité de transition (HAT).

Andry Rajoelina


Né le 30 mai 1974, Homme d'affaires dans le secteur de la communication, il fait son apparition dans l'arène politique en se portant candidat à la mairie d'Antananarivo. Il est élu le 12 décembre 2007, battant largement le candidat du parti au pouvoir. En décembre 2008, suite à la fermeture de la station radio Viva lui appartenant, il entre dans l'opposition. Leader de la « révolution orange », il va acculer le Président Ravalomanana à remettre ses pouvoirs à des militaires qui les transmettent à Andry Rajoelina, le 17 mars 2009. Pouvoirs avalisés par la Haute Cour Constitutionnelle, le 21 mars 2009. Jusqu'à aujourd'hui, Andry Rajoelina est le Président de la Haute Autorité de la Transition (HAT). Ayant eu la vision de reconstruire l’hôtel de ville d’Antananarivo, incendié le 13 mai 1972, alors qu’il était maire, il inaugurera le nouvel édifice, le 11 décembre 2010, dans le cadre des 400 ans de la naissance de la ville et l’avènement de la IVè république, accepté par la majorité des Malgaches ayant voté (plus de 3 millions d’électeurs) par voie référendaire, le 17 novembre 2010. L’actuelle période transitoire est la cinquième que le pays a traversé dans son Histoire. La vie continue et ce n’est pas à moi d’anticiper quoi que ce soit.

Andry Rajoelina va-t-il se présenter à la prochaine élection présidentielle, qui marquera la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel ? Aura-t-il appris et retenu les leçons du passé ? Qui vivra verra. Je suis un journaliste mais pas un politicien, ni un de ces fan(atique)s qui pratiquent le culte de la personnalité hérité de l’ère Ratsiraka. Je suis là pour dénoncer les dérives des dirigeants, après leur avoir tout de même donné un délai pour rectifier leur tir. Concernant particulièrement Marc Ravalomanana, il a été sourd à toute sonnette d’alarme après avoir été réélu en décembre 2006. Il s’est même permis le luxe de toiletter la Constitution quelques mois après. Il est le seul responsable de sa déchéance.

Après ces larges tranches de l’Histoire politique de Madagascar, un constat est fait : aucun président élu malgache n’a fini son mandat. Dénominateur commun : tous n'ont eu aucun cursus politique et tous ont créé leur parti politique au moment d'accéder au pouvoir suprême; tous s’enrichissaient sur le dos du peuple, au détriment du développement du pays, et tous voulaient être présidents à vie. Mais ils ont tous été jetés dehors par la rue. Comme des malpropres, malgré leur puissance du moment.

La différence entre le peuple malgache et les peuples arabo-musulmans est simple et d’ordre culturel : le premier attend d’avoir un meneur pour oser dépasser ses peurs face à un ordre établi inique ; les seconds n’ont pas de meneurs nominatifs mais ils ont osé affronter leur dictateur respectif. Car, pour eux, le changement doit être radical et ne signifie, en aucun cas, faire revenir ceux pour qui beaucoup d’entre eux ont perdu la vie. Pour que leurs descendants aient un avenir meilleur. Alors ? Le peuple malgache est-il un peuple maudit pour qu’un seul individu puisse faire trainer les choses comme le fait Marc Ravalomanana, le dernier président élu mis dehors pour haute trahison envers la Constitution elle-même ?

Tiens, je vais vous offrir un bonus. Sur le continent, les présidents élus qui ont quitté leur poste de leur plein gré, et de leur vivant, se comptent sur les doigts de la main. En effet, ils ne sont que neuf. Il s’agit de :

Le Sénégalais Léopold Sédar-Senghor : en 1980

Le Camerounais Ahmadou Ahidjo : en 1982

Le Tanzanien Julius Nyerere : en 1985

Le Malien Amadou Toumani Touré : en 1992

L’Algérien Liamine Zéroual : en 1999

Le Djiboutien Hassan Gouled Aptidon : en 1999

Le Seychellois France-Albert René : en 2004

Le Mozambicain Joachim Chissano : en 2005

Le Sud-Africain Nelson Mandela : en 1999. Il a préféré ne pas briguer un second mandat où il aurait assurément été réélu.

Le Mauritanien Ely Ould Mohamed Vall : en 2005. Comme il s'y était engagé lors du coup d'État d'août 2005, le chef du Conseil militaire pour la justice et la démocratie mauritanien n'a pas participé à l'élection présidentielle qui a vu la victoire de Sidi Ould Cheikh Abdallahi en mars 2007.

Marc Ravalomanana qui vit en Afrique du Sud, se compare à Nelson Mandela. A sa place, je changerai de résidence d’exil car c’est l’insulter. Il ne lui arrive même pas à la cheville. Qu’il ne se prenne donc pas pour une exception. Sa situation est d’une banalité bien… malgache. Seuls ceux qui ignorent l’Histoire politique de Madagascar le prennent pour un héros. Zéro pointé serait plus adapté à sa situation. Son destin était écrit : 7 ans, pas un de plus. Son chiffre fétiche l’a trahi car on ne se moque pas de Dieu impunément. Même s'il se démène comme un beau diable, ses plans seront toujours déjoués par la puissance divine.

Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – Dimanche 27 février 2011

Mis à jour ( Dimanche, 27 Février 2011 19:51 )  
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