Bérets rouge bérets vert, bérets noirs, ce 6 octobre 2016 à Soamahamanina. Et armés jusqu'aux dents. Mais qui diable sont les vrais ennemis de qui?
C’est officiel: à travers une lettre ouverte, le Dg de la société Jiuxing Mines S.a.r.l a officialisé un départ définitif de Soamahamanina. La raison principale est due au sang versé le 29 septembre 2016, lorsque les éléments de l’Emmoreg ont employé la force et blessé des gens. En fin de compte, ce sont donc les Chinois qui viennent de mettre en pratique l’adage malagasy: « Aleo very tsikalan-kalam-bola toa izay very tsikalakalam-pihavanana » (mieux vaut perdre de l’argent que perdre les relations sociétales -famille, amis, connaissances-). Les dirigeants devraient avoir honte. Mais il semble bien qu’ils ne connaissent même plus ce que « Afa-baraka » veut dire. Pas avoir la baraka en tout cas…
Ainsi donc, dans une lettre ouverte, signée par le Dg et le personnel (malgache) de la société Jiuxing Mines, lue sur radio Antsiva, ce 7 octobre 2016, cette société chinoise a décidé de se retirer définitivement de Soamahamanina car, pour eux, la vie ne doit pas être considérée comme un jouet mais doit être plus précieuse que tout ici-bas. Et, un de ces jours, il faudra rendre des comptes (« Ny ain’olombelona tsy azo tsinotsiniavana na koa atao kilalao fa ambony noho ny zava-drehetra ary ho takiana antsika tsirairay avy any aoriana ».
C'est un autre colonel des bérets noirs (gendarmerie) -dépêché la nuit- qui semblait commander. Il a affirmé que les Chinois avaient bien quitter les lieux. Mais à ce moment, le doute était encore permis
Mais si on va au-delà de ce jet d’éponge qui ressemble bien à un coup de théâtre, vu le nombre d’éléments de l’Emmoreg dépêchés à Soamahamanina, le 6 octobre 2016, cela signifie que ces Chinois entendent faire une croix sur tout l’argent qu’ils ont « investi » depuis le recueil de signatures avec des dons de PPN, le permis d’exploitation signé par un directeur par intérim avant une quelconque étude environnementale, jusqu’à ce 29 septembre sanglant, en passant par les mensonges éhontés du général Florens Rakotomahanina.
D'emblée, un blocage par des gendarmes avant une autorisation verbale
Retour de la première vague
Alors qu'une deuxième vague de journalistes allaient se rendre sur le lieu d'exploitation, un ordre vint qui stoppa toute visite. Heureusement que certains y étaient avant, donc, et avaient pris des photos
Effectivement les lieux étaient déserts mais pas désertés, gardés par des gendarmes
Cela ressemble réellement à une catastrophe environnementale. Non?
A présent, tous ceux qui ont été arrêtés arbitrairement et qui croupissent actuellement en prison doivent bénéficier d’un non-lieu pur et simple.
Le 6 octobre 2016, en tout cas, ce sont les femmes de Soamahamanina qui sont monté au créneau pour demander la libération de ces paysans injustement incarcérés car le patriotisme n’a jamais été et ne sera jamais un crime. Mais elles réclament aussi l'annulation du permis d'exploitation. Alors, la suite ? Les murs qui ont des oreilles ont répandu le bruit que les magistrats "attendent des ordres d'Ambohitsorohitra"... Déplorable et lamentable pour un état de droit.
Les journalistes du MLE (Mouvement pour la liberté d'expression) qui a organisé ce déplacement
Ainsi, cette lettre ouverte sonne comme un avertissement fort, adressé aux dirigeants mafieux qui, pour le moment, font le dos rond. Car dans d’autres régions de Madagascar, les gens vont agir de la même sorte. Et les Chinois aussi, coupant l’herbe sous les pieds de tristes individus qui espèrent encore s’enrichir sur le dos des autres, en abusant d’un pouvoir prêté et passager, en ordonnant et en menaçant ceux qui entravent leur objectif d’être milliardaires le plus vite possible. Quoi qu’il en soit, la presse -la vraie- a prouvé qu’elle constitue réellement un quatrième pouvoir, avec ou sans ce code de la communication liberticide.
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Une omniprésence plus que suspecte dans le village
Ce petit régiment a envahi jusqu'à la salle des fêtes communales pour empêcher tout meeting
Personne au monde n’est contre le développement. Mais celui-ci doit bénéficier d’une transparence totale. A Madagascar, sous ce régime Hvm/Rajaonarimampianina, le peuple est toujours mis devant le fait accompli et il faut attendre un drame pour que de sales profiteurs au sommet de l’État, proches du président lui-même, reculent. A ce rythme, ce régime sera bientôt acculé, le dos au mur (« tampi-dalan-kaleha ») et risque bien de faire la dernière connerie qu’il ne faut pas faire.
Enfin, bravo pour la ténacité des villageois de Soamahamanina. Ils sont bien les descendants des Menalamba, ceux qui ont donné du fil à retordre aux colons français en 1895-1896. Bientôt, des secrets vont surgir car il est certain qu’en ce moment même, tout le monde se rejette les torts quelque part…
Jeannot Ramambazafy - 7 octobre 2016