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Cacophonie persistante
Face à une situation de crise qui perdurait, des experts nationaux en matière d’élections ont estimé devoir mettre en commun leurs réflexions et ont diffusé un Memorandum le 14 mai 2012.
Malgré leurs communiqués successifs affirmant que des élections législatives pouvaient être organisées avant la fin de l’année 2012, la Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition (CENIT) a fixé le premier tour de la Présidentielle au 8 mai 2013, puis reculé celui-ci au 24 juillet 2013.
Le Groupe des Experts Nationaux s’est efforcé d’apporter sa contribution pour crédibiliser le processus électoral.
La liste des 41 candidats proclamés par la Cour Electorale Spéciale (CES) a fait l’objet de nombreuses contestations de provenances diverses. Trois noms en particulier ont été récusés par la Communauté Internationale : Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka. La candidature tardive du Président de la Transition validée par la CES est l’une des causes principales de ces contestations : une violation manifeste de la loi.
D’après les textes en vigueur, les candidats ayant des mandats publics sont tenus de démissionner soixante jours avant la date du scrutin. Mais jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près la majeure partie des candidats se maintiennent à leur poste respectif : encore une violation manifeste de la loi.
Démission des candidats de leur poste ou retrait de leur candidature, report de la date du scrutin, identification des instances décisionnelles : voici quelques-unes des questions qui se posent aujourd’hui.
Le 28 mai 2013, la Cour Electorale Spéciale (CES) constate l’existence d’un cas de force majeure, mais se déclare incompétente pour statuer sur un éventuel report des élections. Le GEN recommande plus de maturité sur les prises de décision de la CES pour éviter une crise de confiance qui pourrait engendrer le déficit du processus électoral.
Le 29 mai 2013, un Conseil de gouvernement présidé par le Premier Ministre s’est tenu parallèlement à un Conseil des Ministres présidé par le Président de la Transition.
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Constats du Groupe des Experts Nationaux (GEN)
L’objectif du GEN est d’accompagner le processus électoral pour un dénouement sans heurt, pacifique et serein.
A l’instar de la Conférence Episcopale de Madagascar qui a adopté une déclaration en date du 24 mai 2013, le GEN constate que la situation actuelle se caractérise par la persistance, sinon l’aggravation, des problèmes mainte fois recensés.
Nous relevons notamment :
- montants faramineux et non expliqués des moyens financiers dont disposent les acteurs politiques ;
- contraste saisissant entre la pauvreté de la grande majorité de la population et l’opulence d’une infime minorité ;
- insécurité généralisée découlant de l’absence d’élus à tous les niveaux ;
- pillage des ressources naturelles (mines, bois de rose, etc.) et impunité des auteurs ;
- Justice non crédible ;
- détournement des deniers publics ne figurant pas dans la liste des infractions non amnistiables donnée par une loi d’amnistie adoptée par des législateurs non élus ;
- atteinte à notre souveraineté nationale à travers la médiation de la SADC, les déclarations de l’Union Africaine, les conditionnalités imposées par les pays occidentaux et l’Union Européenne.
Pistes d’action
*Assurer l’élection présidentielle et les élections législatives en 2013.
*Assurer la sérénité tout au cours du processus électoral.
*Prise de conscience collective de l’effet pervers d’une crise populaire, qui peut être source d’une guerre civile.
*Transparence du financement des campagnes électorales avec plafonnement des dépenses (audit par cabinets indépendants).
*Retour à l’Etat de droit.
Antananarivo, le 31 mai 2013.
ZAFIMANDIBY, Bruno RAKOTOARISOA, Hery RAKOTOMANANA, Madeleine RAMAHOLIMIHASO (de g. Ã dr. sur la photo du haut)