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Home Communiqué Déclaration Madagascar SeFaFi. Langue malgache et Francophonie

Madagascar SeFaFi. Langue malgache et Francophonie

SeFaFi

SEHATRA FANARAHA-MASO NY FIAINAM-PIRENENA

Observatoire de la Vie Publique

Lot TR 41 Ampahimanga, Ambohimanambola 103

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LANGUE MALGACHE ET FRANCOPHONIE

À quelques semaines du sommet de la Francophonie à Antananarivo, le scepticisme est général. Occupées à prétendre que tout va bien, les autorités installent le décorum qui jettera la poudre aux yeux des chefs d’État invités. Mais elles gardent un silence épais sur le budget officiel alloué à cette manifestation et sur les contrats PPP conclus dans le cadre des Projets présidentiels (1), en dépit des multiples demandes émanant de la société civile. Une chose est sûre pourtant, nous le paierons très cher, ce sommet, et pas seulement en termes de coût matériel, financier ou économique. Car une question plus profonde se pose: qu’avons-nous obtenu en contrepartie ? Quel est le rôle joué par la francophonie dans notre pays?

Une introspection s’impose, pour saisir le contexte dans lequel nous évoluons, et pour prendre de bonnes décisions pour le futur.

Le plurilinguisme doit commencer avec le malgache

Madagascar dispose d’un atout rare en Afrique : une langue unique, enrichie par des variantes dialectales auxquelles tiennent les régions (2). Cela pose l’épineuse question de choisir le dialecte qui sera utilisé par tous en tant que langue nationale. La plupart des pays (France, Italie, Allemagne) ont connu ce dilemme, qui se résout rarement de manière consensuelle. La plupart du temps, la variante utilisée par ceux qui détiennent le pouvoir s’impose à l’ensemble de la population. Madagascar n’échappe pas à cette logique, le dialecte merina étant devenu par la force des choses (et en particulier par son usage dans les médias et dans l’enseignement) l’équivalent de langue officielle malgache.

(1). À titre d’exemple, les conditions du contrat avec la China Harbour Engeneering Company, pour la construction de nouvelles bretelles autoroutières, ne sont pas connues.

(2). L’unicité de la culture malgache, et donc de sa langue, est attestée par le mythe d’Ibonia, dont la même thématique se retrouve dans les versions antemoro, antambahoaka, merina, masikoro, sakalava, antankarana, antanosy, vezo, etc. Voir François Noiret, Le mythe d’Ibonia, le grand prince (Madagascar), Karthala et Foi & Justice, 2008. Un second volume, avec 4 nouveaux récits, sera publié en 2017.

Une situation de fait qui, tout en satisfaisant les Merina, indispose les locuteurs des autres formes dialectales. Non seulement il n’existe aucun acte officiel pour conforter cette situation, mais les autres dialectes sont souvent ignorés par les médias nationaux et par le système éducatif. Des publications en valorisent certaines (3), mais leur impact est marginal. Aussi est-il urgent d’engager un vaste dialogue à l’échelle du pays, pour que cette question centrale soit débattue, et qu’une solution satisfaisante pour tous soit trouvée et mise en œuvre. Il fut question, un moment donné, de créer un «malgache commun» qui reprenne des éléments aux différents dialectes, mais la tentative tourna court: le scepticisme des linguistes se vit conforté par un désintérêt massif des populations concernées.

L’impasse reste totale.

En attendant, la langue malgache dépérit, lentement mais sûrement, et la récente disparition de trois de ses illustres défenseurs, Henri Rahaingoson, Juliette Ratsimandrava et Rajaona Andriamananjara, n’est pas pour améliorer les choses. Les jeunes d’aujourd’hui ne s’expriment qu’en langage codé, et les lettres comme le « w » et le « x », inexistantes dans l’alphabet malgache, envahissent jusqu’aux publicités… en malgache.

L’autre face du même problème nous ramène à la francophonie. Insulaire et peuplée de moins de 25 millions de locuteurs (à peine plus que la seule ville indienne de Mumbai), Madagascar n’a aucune chance de voir sa langue s’implanter à l’étranger. Dans le monde contemporain, il est impossible, voire suicidaire, de rester emmuré dans sa propre langue et dans sa propre culture. Il lui faut donc impérativement une ou même plusieurs langues de communication internationale.

La colonisation lui a imposé l’usage du français, comme à d’autres pays, notamment africains. Avec cette différence majeure que la plupart de ces pays comptent chacun des dizaines de langues et que le français y est devenu la langue commune à tous, comme l’anglais en Afrique du Sud, au Nigeria ou en Inde. Mais à Madagascar, l’histoire récente n’a fait qu’aggraver la situation.

A partir de 1978 en effet, un programme de «malgachisation» initié par le président Ratsiraka a visé à rendre à la langue malgache toute sa place dans l’administration et dans l’enseignement. Si le projet était louable et a favorisé la démocratisation de l’enseignement, sa mise en œuvre s’avéra désastreuse. Car les efforts déployés pour définir la forme du malgache à employer, pour élaborer les outils pédagogiques, pour forger un vocabulaire nouveau (scientifique, technique et autre), ou pour former les enseignants, sont restés insuffisants. Sympathisant de ces réformes, le Père Rémy Ralibera avouera plus tard: «Pour moi, ce fut une sorte de génocide culturel» (4).

Par la suite, la Constitution modifiée en 2007 précisait en son article 4 que «le malagasy est la langue nationale. Le malagasy, le français et l’anglais sont les langues officielles». Dans la constitution de 2010 par contre, il n’est plus question de langue officielle, le même article 4 stipulant que «le malagasy est la langue nationale». On ne saurait mieux reconnaître que la question n’est toujours pas tranchée et reste plus que jamais d’actualité.

(3). Ainsi de la série Angano malagasy - contes de Madagascar : Tsimamanga et autres contes malgaches en dialecte masikoro (Traduction et présentation de Velonandro), Foi & Justice, 2016; L’origine des choses. Récits de la côte ouest de Madagascar (Traduction et présentation de Velonandro), Foi & Justice, 1995 et 2002. Les Contes antankarana (1990) et Contes betsimisaraka (1992), traduits et présentés par le P. Maurice Schrive, sont épuisés et seront réédités par Foi & Justice en 2017.

(4). Cf. Rémy Ralibera, Souvenirs et témoignages malgaches. De la colonisation à la III° République, p. 166 (et tout le chapitre IX: La «malgachisation», un génocide culturel?, pp. 165-180), Foi & Justice, 2007.

Du français à la francophonie

D’après les statistiques du Ministère de l’Éducation nationale (2015), 46% des Malgaches seraient analphabètes, utilisant le malgache uniquement comme langue d’expression et de communication. Or le français est encore la langue d’éducation, que les générations successives d’éducateurs (instituteurs, professeurs des collèges et des lycées, et évidemment les fameux maîtres FRAM) maîtrisent de moins en moins. Pour les classes moyennes et privilégiées par contre, ne pas maîtriser le français est une honte, car cela les prive d’un important « signe extérieur de richesse ».

D’où l’engouement pour les écoles d’expression française qui, en dehors des écoles agréées par l’Agence pour l'Enseignement du Français à l'Etranger (AEFE), manquent de sérieux et de rigueur. Le faible taux de réussite au CEPE (58,7% en 2016) constitue déjà un fort signal d’alarme pour susciter une réflexion nationale sur l’enseignement en général et la langue d’instruction en particulier. À quoi sert-il d’avoir des jeunes qui parlent à peine le français et s’expriment mal en malgache ? Le fort taux d’abandon scolaire entre le primaire et le secondaire ne pourrait-il pas s’expliquer par le fait que les élèves ne s’identifient pas à ce qu’ils apprennent? Ou qu’ils ne comprennent pas la langue ou le dialecte dans lesquelles on leur transmet les connaissances censées les instruire?

C’est précisément à quoi devrait servir le prochain sommet de la francophonie.

Mais où en sommes-nous, aujourd’hui ? 1,5 million de Malgaches, soit 6% de la population, maîtriseraient le français, à l’oral comme à l’écrit (5). Quant aux locuteurs anglais, leur nombre n’est pas connu, mais il reste faible. Un choix devra donc être fait, auquel les responsables se sont refusés depuis des décennies.

Après un début de scolarité en malgache (en précisant sa forme dialectale), il conviendrait de renforcer le français, là où c’est possible sans nuire à la scolarité en malgache, et de privilégier une autre langue de communication internationale (anglais, chinois, arabe ou espagnol) pendant le secondaire, pour que les élèves maîtrisent effectivement le français et une deuxième langue internationale. Et tout cela, en élaborant des manuels adaptés et en formant des enseignants compétents.

Il ne suffira pas de décider dans l’abstrait, comme il est d’usage chez nous, sans se préoccuper du suivi pendant les décennies à venir…

La francophonie peut-elle y aider ? D’après l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), «le terme francophonie est apparu pour la première fois vers 1880, lorsqu’un géographe français, Onésime Reclus, l’utilise pour désigner l’ensemble des personnes et des pays parlant le français. On parle désormais de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les locuteurs de français et de Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones» (6).

Il est important de noter aussi la dimension géopolitique majeure de la francophonie, la langue française ne pouvant être réduite à son aspect purement linguistique et ne pouvant être culturellement ou politiquement neutre, notamment en Afrique et à Madagascar. La francophonie regroupe 274 millions de personnes parlant le français, réparties sur les cinq continents, un nombre assez modeste sur le plan international. Mais c’est aussi une machine institutionnelle qui, au-delà de l’OIF, regroupe entre autres le Sommet des chefs d’État et de gouvernement, le Secrétariat général de la Francophonie, l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Association Internationale des Maires Francophones. Elle dispose en outre d’un média officiel, TV5 Monde, qui, au-delà de l’information, véhicule des valeurs, des façons de penser et des modes de vie occidentaux.

La question qu’on devrait peut-être se poser est alors de savoir comment l’accueil du sommet de la Francophonie explique, clarifie et énonce ce que nous voulons. Quelle langue utiliser au quotidien, à l’école et au bureau ? Quelle politique linguistique appliquer? Le fait de célébrer la langue malgache chaque année, de façon plutôt superficielle, ne suffit pas pour rassurer sur la santé de notre langue maternelle. Et pas davantage des réformes cosmétiques telles que l’instauration de trois nouveaux cycles de trois ans pour remplacer les deux cycles actuels de 5 et 4 ans: cette réforme de façade amusera la galerie tout en compliquant la vie des écoles, mais ne résoudra en rien les vrais problèmes de l’éducation nationale. La réflexion doit suivre son cours, mais rapidement et surtout durablement, car il y a péril en la demeure. Voulons-nous, oui ou non, demeurer francophones?

Il faut en mesurer les enjeux et les impacts socioéconomiques, culturels et politiques; en un mot, en débattre, en discuter, en parler, et non pas éviter indéfiniment ce sujet brûlant pour ne s’intéresser qu’aux fastes et aux réjouissances à venir. Pourquoi ne pas profiter du sommet de la Francophonie pour en discuter directement avec les instances concernées ? Cela permettra de trouver une certaine utilité à un évènement à propos duquel aucun citoyen n’a été consulté.

Antananarivo, 5 novembre 2016

(5). Cf. L’Express de Madagascar du 29 août 2014, « Francophonie : 1,5 million de Malgaches maîtrisent le français ».

(6). Cf. le site de l’OIF http://www.francophonie.org/-Qu-est-ce-que-la-Francophonie-.html

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SEHATRA FANARAHA-MASO NY FIAINAM-PIRENENA

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TENY MALAGASY SY FRANKOFONIA

Herinandro vitsy sisa dia hatao eto Antananarivo ny fihaonana an-tampon’ny Frankofonia, nefa samy mbola vaka daholo ny sain’ny rehetra. Ny maha sahirana ny manam-pahefana dia ny hampiaiky fa tsy misy mihitsy ny olana hany ka arantiranty avokoa izao ravaka rehetra mety hahajemby ny mason’ny Filohampirenena nasaina izao. Fa mangina tanteraka kosa izy momba ny volampanjakana holaniana amin’io fihetsiketsehana io ary momba ny fifanekena PPP nifanarahana ao amin’ny sehatry ny Tetik’asan’ny Filoham-pirenena (1), na dia efa nangataka izany tsy an-kijanona aza ny fiarahamonim-pirenena. Ny azo antoka aloha dia ity: hovidiantsika lafo io fihaonana an-tampony io, tsy noho ny arapitaovana fotsiny akory, na ara-bola, na ara-toekarena. Satria mantsy misy fanontaniana lalim-be kokoa mipetraka : inona no azontsika ho tambin’izy io?

inona no asa ataon’ny frankofonia eto amin’ny tanintsika ? Tsy maintsy mandinitena isika mba hahatakarana tsara ny zava-misy iainantsika ka handraisana ny fanapahan-kevitra mahasoa ny hoavintsika.

Tsy maintsy atomboka amin’ny teny malagasy ny fampiasana tenim-pirenena

maro

Manana tombony iray manokana i Madagasikara raha mihoatra amin’i Afrika: tokana ny teniny izay hatevenin’ny fiteny miova kely isam-paritra (2). Misy olana apetrak’izany anefa dia ny fisafidianana izay fitenim-paritra anankiray hampiasain’ny rehetra ho tenim-pirenena. Efa nisedra io olana io avokoa ny ankamaroan’ny firenena (Frantsa, Italia, Alemana) ary tsy mba ny lanieran’ny besinimaro loatra no fomba nenti-namaha azy. Mandrakariva dia ilay fitenin’ny olona tompon’ny fahefana no tsy maintsy ampiasain’ny mponina rehetra amin’ny ankapobeny.Tsy afa-bela tamin’io lojika io ny teto Madagasikara satria dia ny fiteny merina no zary lasa teny malagasy ofisialy (noho izy nampiasaina tamin’ny gazety sy ny fampianarana).

Io no zavamisy izay mahafa-po ny Merina saingy mamparisarisa ny olona manana fitenim-paritra hafa. Tsy vitan’ny hoe tsy misy didy ofisialy na iray aza manamafy io zavamisy io, fa ny fiteny hafa koa mazàna tsy raharahain’ny gazety eto an-toerana sy ny teti-pampianarana. Mba misy ihany indraindray asa soratra mivoaka manome lanja ny sasantsasany amin’izy ireny3, saingy tsy misy fiantraikany firy izany. Noho izany dia tokony hiroso haingana dia haingana amin’ny fifanakalozan-kevitra goavana mahasahana ny firenena manontolo, mba handinihana an’io olana fototra io, ary mba hahitana vahaolana iray mahafa-po ny rehetra ka ho azo ampiharina. Nisy fotoana niresahana ny hamoronana « malagasy iombonana » izay haka voambolana any amin’ny fitenim-paritra samihafa any, saingy tsy lasa lavitra io fikasana io: ny mpandalina ny teny moa tsy tena narisika, ary ny mponina voakasik’ilay izy tsy nisy rototra. Dia tavela teo toa sokina nanani-bato.

(1). Ohatra iray, ny fepetran’ny fifanarahana tamin’ny China Harbour Engeneering Company, ho an’ny fanamboarana lalana migodàna mampifanohy, tsy misy fantatra.

(2). Ny maha tokana ny kolontsaina malagasy, ao anatin’izany ny teniny, dia hamarinin’ny anganon’Ibonia, satria ahitana an’io lohahevitra io avokoa na ny angano antemoro, antambahoaka, merina, masikoro, sakalava, antankarana, antanosy, vezo, sns. Jereo François Noiret, Le mythe d’Ibonia, le grand prince (Madagascar), Karthala et Foi & Justice, 2008. Hisy boky faharoa hahitana tantara efatra vaovao, hivoaka amin’ny 2017.

Mandritra izany fotoana izany ilay teny malagasy dia mihasimba foana, tsikelikely fa tsy hay tohaina, ary mainka koa hanimba zavatra ny fahalasanan’ireo telo mianadahy mendrika loatra tamin’ny fiarovana azy, dia i Henri Rahaingoson, i Juliette Ratsimandrava ary Rajaona Andriamananjara.

Fiteny efa ifanarahan’ny tanora sisa no ampiasainy ankehitriny, hany ka ny « w » sy ny « x » izay tsy misy ao amin’ny alfabeta malagasy izao dia mandrakotra ny dokam-barotra… amin’ny teny malagasy.

Ny endrika iray hafa isehoan’io olana io ihany dia mitondra antsika hankany amin’ny frankofonia. Nosy i Madagasikara, latsaky ny 25 tapitrisa ny mponina ao izay mampiasa ny teny malagasy (zara raha mihoatra kely fotsiny ny isan’ny mponina ao amin’ny tanànan’i Mumbai any India), tsy azo eritreretina velively izany hoe teny malagasy izany ka hahazo toerana any ivelany. Amin’izao fotoana ianantsika izao dia tsy mety mihitsy, ary tena famonoan-tena aza, ny hianona fotsiny amin’ny tenin’ny tena sy ny kolontsain’ny tena. Tsy maintsy manana teny iraisam-pirenena iray na maro izy hoenti-mifandray amin’ny firenen-kafa.

Noteren’ny fanjanahantany izy hampiasa ny teny frantsay, toy ny nahazo ny firenena maro hafa, indrindra taty Afrika. Ny fahasamihafana lehibe kosa dia ity :

ny ankamaroan’ireny firenena ireny dia samy nanana teny ampolony maro tsirairay avy daholo, hany ka lasa teny niombonan’ny rehetra ny teny frantsay, tahaka ny teny anglisy tao Afrika Atsimo sy tany Nigéria na tany India. Fa ny teto Madagasikara, ny tantara vao nodiavina tao ho ao dia mainka koa nampihombo ny fahavoazana.

Nanomboka ny taona 1978 mantsy, ny fandaharana asa ho an’ny « Fanagasiana » nataon’ny filoha Ratsiraka dia novinavinaina hamerina ho an’ny teny malagasy ny toerany rehetra tao amin’ny fitondrana sy tao amin’ny fampianarana. Mendri-piderana tokoa ilay vina ary nanampy tamin’ny famahoahana ny fampianarana, saingy tena namohehatra kosa ny fomba nampiharana azy. Tsy ampy velively mantsy ny ezaka nenti-mamaritra mazava izay teny malagasy hampiasaina, nenti-mamorona izay fitaovam-panabeazana nilaina ho an’izany, nenti-mandrafitra fiteny vaovao (siantifika, tekinika sy ny hafa), na nenti-manofana mpampianatra. Nankasitraka ireny fanovana ireny i mompera Rémy Ralibera saingy nitsotra izy taty aoriana hoe: «Ho ahy ireny dia karazana fandripahana taranaka ara-kolontsaina» (4).

(3). Tahaka izany ny andian’Angano malagasy: Tsimamanga sy angano malagasy hafa amin’ny fiteny masikoro (nadika sy natolotr’i Velonandro), Foi & Justice, 2016; L’origine des choses. Récits de la côte ouest de Madagascar (nadika sy natolotr’i Velonandro), Foi & Justice 1995 sy 2002. Ny Angano antankarana (1990) sy Angano betsimisaraka (1992) nadika sy natolotr’i P. Maurice Schrive, efa tapitra ary mbola hatontan’ny Foi & Justice fanindroany amin’ny 2017.

(4). Jereo Rémy Ralibera, Souvenirs et témoignages malgaches. De la colonisation à la III° République, tak. 166 (sy ny toko IX manontolo: La «malgachisation», un génocide culturel?, tak. 165-180), Foi & Justice, 2007.

Taty aoriana, ny Lalàmpanorenana nasiam-panitsiana tamin’ny 2007 dia nanamarika ao amin’ny andininy faha 4 fa « ny malagasy no tenim-pirenena. Ny malagasy, ny frantsay ary ny anglisy no teny ofisialy ». Ao amin’ny Lalàmpanorenana tamin’ny 2010 anefa dia tsy misy resaka teny ofisialy intsony satria io andininy faha 4 io ihany no mametra fa «ny Malagasy no tenimpirenena». Miharihary amin’izany fa tena mbola tsy voavaha ny olana ary mbola tafajanona ho zava-misy tsy maintsy atrehina.

Miainga amin’ny teny frantsay mankany amin’ny frankofonia

Raha jerena ny antontan’isan’ny Ministeran’ny Fanabeazam-pirenena (2015), ny 46%-n’ny Malagasy dia tsy mahay mamaky teny sy manoratra ary tsy mampiasa afa-tsy ny malagasy rehefa miteny sy mifandray. Ny teny frantsay anefa no mbola ampiasaina amin’ny fampianarana, saingy ireo andiana mpanabe nifandimby (mpampianatra amin’ny fanabeazana fototra, amin’ny kolejy sy amin’ny lisea, ary mazava ho azy ireo mpampianatra FRAM malaza) dia miha tsy mahafehy azy tanteraka hatrany. Ry zareo ao amin’ny saranga antonony sy ambony kosa dia menatra raha tsy mahafehy ny teny frantsay, satria « io no mari-pamantarana ety ivelany fa manankarena izy ». Izany no isafidianany ny sekoly miteny frantsay nefa, afa-tsy ireo sekoly nankatoavin’ny AEFE (Biraon’ny Fampianarana Frantsay any Ivelany), dia tsy azo antoka loatra izy ireny sady goragora. Iva dia iva ny taham-pahombiazana amin’ny CEPE (58,7 % tamin’ny 2016), izany dia efa lakolosy fanairana tokony hanainga fikaonandoham-pirenena mikasika ny fampianarana amin’ny ankapobeny sy ny teny enti-mampianatra indrindra indrindra. Ilaina ve ny fananana tanora zara raha miteny frantsay nefa koa mikaviavia raha miteny Malagasy? Ambony be ny tahan’ireo mitsoaka andaharana eo anelanelan’ny fanabeazana fototra sy ny ambaratonga faharoa :

izany ve tsy azo heverina ho noho ny tsy fisian’ny fifanarahana eo amin’ny mpianatra sy ny zavatra ianarany? Na noho ny tsy nahazoany an’ilay teny na ilay fitenim-paritra nenti-nampita tany aminy an’ireo fahalalana natao hitaizana ny sainy ?

Izany mihitsy no tokony hampiasana an’ilay fihaonana an-tampon’ny frankofonia hatao ato ho ato. Saingy aiza ho aiza isika ankehitriny ? 1,5 tapitrisa amin’ny Malagasy, izany hoe 6 %-n’ny mponina, no mahafehy ny teny frantsay, na am-bava na an-tsoratra (5). Ireo miteny anglisy moa tsy fantatra izay isany, fa dia vitsy aloha. Tsy maintsy misy safidy atao, saingy ampolon-taonany maro izay ny tompon’andraikitra no tsy sahy nanao azy. Atomboka amin’ny teny malagasy ny sekoly (marihina mazava ny fitenim-paritra ampiasaina), aorian’izay dia hatevenina araka izay azo atao ny teny frantsay, tsy hitera-pahavoazana ho an’ny fampianarana amin’ny teny malagasy. Mandritra ny ambaratonga faharoa dia omena toerana ny teny vahiny iray hafa ahafaha-mifandray amin’ny firenenkafa (anglisy, sinoa, arabo, na espaniola). Amin’izay ny mpianatra dia sady hahafehy ny teny frantsay no hahay teny iraisam-pirenena iray hafa. Mitaky ny fanamboarana izay boky ianarana azy izany rehetra izany, mitaky fanofanana mpampianatra mahomby ihany koa. Tsy ampy ny maka fanapahan-kevitra manidintsidina fotsiny any, araka ny fanao mahazatra eto amintsika, ka tsy miraharaha akory izay ho fandehany mandritra ny folo taona manaraka…

Mety hanampy amin’izany ve ny frankofonia? Araka ny filazan’ny OIF (Fikambanan’ny Firenena miteny Frantsay) dia « tamin’ny taona 1880 no nipoitra voalohany ny teny hoe frankofonia, ilay mpahay jeografia frantsay atao hoe Onésime Reclus no nampiasa azy mba hanondroany ny olona sy ny firenena miteny frantsay. Nanomboka teo dia frankofonia natao «f» kely no nampiasaina rehefa manondro ny mpiteny frantsay ary Frankofonia natao «F» lehibe rehefa manondro ilay rafitra ara-panjakana mandamina ny fifandraisan’ny firenena miteny frantsay » (6).

Tsara marihina koa fa eo amin’ny sehatra politika dia misahana faritra jeografika midadasika ny frankofonia, ny teny frantsay tsinona tsy azo fehezina fotsiny amin’ny lafiny maha teny azy, tsy mety koa ho tsy momba ny atsy na ny aroa na ara-kolontsaina na ara-politika, indrindra atsy Afrika sy aty Madagasikara. Olona miteny frantsay 274 tapitrisa no mivondrona ao, mipariaka any amin’ny kaontinanta dimy ; tsy dia mankaiza loatra io isa io eo amin’ny sehatra iraisam-pirenena. Nefa kosa izy dia milina ara-panjakana izay ahitana, ankoatra ny OIF, ny Fihaonana an-tampon’ny filoham-Pirenena, ny Sekretarià Jeneralin’ny Frankofonia, ny Birao Oniversiteran’ny Frankofonia ary ny Fikambanana Iraisam-pirenen’ny Ben’ny tanàna Frankofona. Ambonin’izany izy dia manana fitaovan-tserasera azy manokana, ny TV5 Monde, izay sady mampahalala vaovao no mampita soatoavina sy fomba fisaina ary fomba fiaina tandrefana.

Ny tokony hoeritreretintsika noho izany dia ny hahalala hoe fomba ahoana no hahafahan’ny fandraisana ny fihaonana an-tampon’ny Frankofonia mivaofy sy manazava ary manambara izay tadiavintsika. Inona ny teny hampiasaina isan’andro any an-tsekoly sy any amin’ny birao? Inona ny politika arapitenenana hampiharina? Tsy ampy hiantoka ny fahasalaman’ny tenin’ny renintsika raha izay fankalazana ny teny malagasy indray mandeha isan-taona, fankalazana an-kosotra ihany. Toraka izany koa ny fanavaozana ivelany fotsiny toy ny fananganana ambaratonga telo vaovao samy maharitra telo taona avy, hasolo ny ambaratonga roa ankehitriny ny iray maharitra 5 taona ary ny iray 4 :

tsy hampihomehy ny olona fotsiny io fanavaozana io fa hanasarotra koa ny fiainan’ny sekoly ary tsy hamaha velively ny tena olana marina eo amin’ny fanabeazam-pirenena. Tsy maintsy manaraka ny lalana tokony halehany ny fandinihana, manaraka malaky ary indrindra mateza, satria efa mitatao ny loza.

Tiantsika ve sa tsia ny mijanona ho frankofona ? Tsy maintsy lanjalanjaina izay mety ho tombony amin’izany, ny fiantraikany ara-tsosialy sy ara-toekarena, arakolontsaina sy ara-politika ; raha atao bango tokana dia dinihina, iadiana hevitra, resahina, fa tsy andosirana hatrany hatrany io lohahevitra mavaivay io ka ny hany imatimatesana dia ny rendrarendra sy ny lanonam-be ho avy. Nahoana moa no tsy hararaotina ny fihaonana an-tampon’ny Frankofonia mba hiadiankevitra mivantana amin’izay mpiandraikitra voakasik’izany? Amin’izay dia mba hisy hilàna azy ity raharaha be tsy mba nakana izay hevitry ny olom-pirenena ity na iray aza.

Antananarivo, 5 novambra 2016

(5). Jereo L’Express de Madagascar tamin’ny 29 aogositra 2014, « Francophonie : 1,5 million de Malgaches maîtrisent le français ».

(6). Sitan’ny OIF : http://www.francophonie.org/-Qu-est-ce-que-la-Francophonie-.html

Mis Ă  jour ( Vendredi, 11 Novembre 2016 16:37 )  
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