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Mairie d’Antananarivo : La gestion Tim à découvert !

Très bonne initiative de notre consœur Onitiana Realy que d’avoir invité le Président du Conseil municipal de la Mairie d’Antananarivo, Jeanel Ramarofidy, sur le plateau de son émission « l’Invité du Zoma » du 8 février 2008 sur TvPlus. Diffusée tous les vendredis soirs, à 20h30, cette émission, en langue malgache, est très suivie par les téléspectateurs de la Capitale malgache. Malheureusement, aucun des dix principaux quotidiens locaux parus le lendemain -et que nous avons minutieusement parcouru- n’en a donné le moindre écho. Visiteurs du monde entier, grâce à madagate.com découvrez la « bonne gouvernance » laissée par les derniers maires Tim -parti au pouvoir- de la Capitale de Madagascar. Et les coups bas des dirigeants eux-mêmes.

Jeanel Ramarofidy est l’ancien Président du Conseil d’administration de l’Office malgache des hydrocarbures (OMH), nommé par décret. Il n’est donc pas un profane en gestion administrative dont il connaît les arcanes. Lors des élections municipales du 12 décembre 2007, il a été en tête de la liste de l’association Tanora malaGasy Vonona ou TGV créée par le candidat au poste de maire, Andry Rajoelina. Ce dernier a été élu avec 63,27% des suffrages exprimés et M. Ramarofidy élu président du Conseil d’administration, avec 34 voix exprimées par 53 conseillers présents sur 55 au total (36 TGV, 18 TIM et 1 de l’association Madagasikara Vaovao) le 28 décembre 2007. Jonchée des questions pertinentes de Onitiana Realy, également rédacteur en chef du JT de TvPlus, la prestation de Jeanel Ramarofidy a été lumineuse quant à la situation prévalant dans la commune urbaine d’Antananarivo ou CUA. Bilan honteux et perspectives pleines d’espoirs pour la population. Si…

Ainsi, il faut savoir que les ressources financières propres à la CUA proviennent des propriétés foncières, des propriétés immobilières, des marchés, des parkings, des taxes et des impôts. Cela hors subventions de l’Etat qui tardent toujours à venir, malgré la promesse présidentielle. M. Ramarofidy a révélé qu’en matière de maisons habitables et terrains cultivables, la CUA en possède jusqu’à la Mandraka (à 100 km sur la RN2) et Tsiazompaniry (à 70 km sur la RN7). Cependant, ce sont les copains des dirigeants qui y sont logés sans payer ni loyer ni eau et électricité (Jirama). Car à la charge de la Commune. Pour ce dernier volet, le Directeur général de la Jirama aura beau clamé qu’il n’y avait pas de raison politique mais qui le croira encore lorsque l’on sait que nombre de quartiers d’Antananarivo ont été privés d’eau et d’électricité publiques en janvier 2008 pour des factures impayées en janvier… 2006 ?



Et puis l’on sait, à présent, que la Jirama doit aussi des sous à la CUA rien que pour les droits de roulage de ses gros camions. Vraiment un coup d’épée dans l’eau mais qui a écorné l’image même du président qui, en début d’année avait pourtant affirmé sa « volonté de travailler avec tous les maires, qui qu’ils soient, et les appuyer dans leurs efforts de développement ». Concernant les marchés et les parkings, les postes budgétaires les plus importants, c’est le gouffre total : aucune pièce comptable valable n’est disponible à la CUA pour savoir exactement le montant réel du manque à gagner qui a été purement et simplement détourné. Sans que les dirigeants précédents ne soient au courant ? Le doute est permis.

Un calcul a démontré que rien que les droits de place des marchés d’Antananarivo drainent pas moins de 2,3 milliards de francs par mois. Les justificatifs disponibles n’atteignent même pas le quart de ces ressources. M. Ramarofidy a aussi révélé que la masse salariale mensuelle de la CUA s’élève à plus d’un milliard de francs pour quelque 2.000 employés. «Donc, si le montant des tickets des marchés était effectivement versé dans les caisses, la CUA aurait une plus grande autonomie financière, sans dépendre de subventions ». Par ailleurs, le président du CA a révélé également des factures non payées et n’ayant vraiment rien à voir avec la bonne marche de la Commune.

Il est clair que toutes les constructions et réhabilitations effectuées dans la ville n’ont jamais été financées sur fonds propres de la CUA. « Les infrastructures routières ont bénéficié en très large partie de l’argent des bailleurs de fonds comme l’Afd, les espaces verts de la Région Île-de-France ou RIF, pour accueillir les derniers Jeux des Îles. On attend toujours le bilan à ce sujet d’ailleurs.

Pour limiter les dégâts, la CUA procède actuellement à un recensement de ces marchands ; ensuite, elle cherchera le meilleur moyen de les recaser ailleurs que sur l’avenue de l’Indépendance puis elle les encadrera vers leur professionnalisation pour intégrer le secteur formel. Déjà, il n’y aura plus de ces individus qui viennent récolter directement l’argent en donnant des tickets. Des guichets seront installés où les marchands s’acquitteront de leurs droits. Quant aux droits de parking, rien pratiquement n’est allé dans les caisses de la CUA depuis des mois et des mois. Un authentique réseau mafieux sévissait sous forme de pseudo-associations de quartiers utilisant de faux tickets avec le logo de la CUA.

Des personnes ont été appréhendées dont des agents de la CUA même. Des enquêtes suivent actuellement leur cours et on finira bien par remonter jusqu’aux gros poissons qui se sentent encore intouchables. Lorsque tout cela sera régularisé, l’objectif du maire d’augmenter de 30% le taux de recouvrement sera atteint sinon dépassé ». Cependant, la justice malgache, représentée par ces inspecteurs de l’Etat, est-elle vraiment indépendante ? Les enquêtes aboutiront-elles ou seront-elles tuées dans l’œuf, se limitant à la condamnation du menu fretin ? Il y a eu tellement de précédent qu’il faut se garder de tout optimisme…

La démarche de la nouvelle équipe de la CUA se fait en trois étapes : intégration, assainissement, travaux. Elle en est au stade n°2 et, évidemment, le personnel indélicat a été soit révoqué sur preuve flagrante, soit mis en examen. « Tout cela ne sera-t-il pas des excuses pour justifier un certain immobilisme évoqué par certains ? », a alors demandé Onitiana Realy. « Face à cette situation où nous allons de mauvaises surprises en mauvaises surprises, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Les promesses du Maire Andry Rajoelina seront tenues. D’ailleurs, en ce moment même il est à l’extérieur sur invitation des bailleurs de fonds (première semaine du mois de février 2008). Déjà l’Agence française de développement (Afd) a été convaincue pour le financement du projet Andralanitra, là où l’on stocke les ordures ménagères de la ville. L’endroit sera clôturé et réaménagé. Il y a aussi le développement du très populeux quartier d’Anosibe qui sera transformé en complexe avec logements sociaux, bureaux et centres commerciaux ». Ici, le mot développement prend tout le sens d’extension, c’est-à-dire transformer en mieux ce qui existe déjà et non pas faire des ravalements de façade (« Peta-toko ») n’ayant aucun impact positif et pérenne sur la vie au quotidien des riverains.

« Les gens ne vont-ils pas encore se révolter face à ce qu’ils vont croire comme une expulsion ? », a demandé Onitiana. « Tout est dans la manière d’expliquer les choses. Le mieux-être et le mieux-vivre valent bien un sacrifice momentané. Mais nous pouvons les rassurer : ce sont eux et personne d’autres qui bénéficieront des nouvelles infrastructures construites. Ne pas comprendre cela c’est ignorer la notion même de développement ». Madagate.com a retrouvé un document datant de l’an 2000, sur lequel nous lisons : « Les objectifs fixés par le maire Marc Ravalomanana sont fondés sur le réalisme et la faisabilité et, dans ce cadre, ils visent essentiellement à améliorer le cadre de vie de la cité en réduisant la pauvreté, l’insalubrité et la saleté ».

Huit ans après, il semble bien que ses efforts ont été réduits à néant par ses deux successeurs… A cette époque, c’est le maire qui désignait par voie d'arrêté le Chef Fokontany et le ou les adjoints au Chef Fokontany, selon l’article 5 de la loi n° 94-009 du 26 Avril 1995 et décret n° 2004-299 du 3 mars 2004 portant statut particulier de la ville d'Antananarivo, Capitale de Madagascar. Mais la défaite du Tim dans la Capitale a fait surgir le vrai visage et la mauvaise foi des actuels dirigeants qui ont appliqué leur pouvoir de tout pouvoir régenter à coup de décret et d’arrêté.

Entre-temps, l'article 5 du décret n° 2004-299 du 03 mars 2004 avait été modifié comme suit : « Le Chef District désigne par voie d'arrêté le Chef de Fokontany et son adjoint ». Puis, deux jours après le scrutin du 12 décembre, et sachant que les carottes étaient cuites pour le Tim à Antananarivo, un décret n° 2007/1097 date du 14 décembre 2007 porta nomination des Chefs Fokontany par le Préfet de Police d'Antananarivo... Madagascar est devenue la République des parachutés. Le pouvoir fait fi de l’article 6 de la Constitution qui stipule que «La souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l'exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s'attribuer l'exercice de la souveraineté ». Face à cette autre mauvaise « surprise »,et suivant l’arrêté municipal n°151 bis signé Marc Ravalomanana indiquant que le Conseil municipal « identifie les problèmes et propose des solutions appropriées », Jeanel Ramarofidy et son équipe, vu l’urgence, ont décidé qu’ils comptent nommer des représentants du maire dans chacun des 192 fokontany que compte la ville d’Antananarivo. Ce qui n’est pas illégal du tout. Pour le moment, aucun chef fokontany n’a été nommé par le Préfet de police et les représentants du maire (appelés chefs quartier) sont dans l’expectative.

« Nous sommes nés dans cette ville, nous y mourrons un jour. Elevons le débat vers un développement qui aura des impacts positifs concret sur la population. Lors de l’invitation, le 4 janvier au palais d’Etat d’Iavoloha, l’Ambassadeur de l’Union Européenne, Jean-Claude Boidin, m’a parlé « d’extrême pauvreté des Malgaches ». Beaucoup de partenaires entendent nous aider franchement. Ainsi, depuis son accession à Tsimbazaza, le maire Andry Rajoelina a reçu pas moins de 9 ambassadeurs… ». M. Ramarofidy demeure confiant. Bien qu’il sache que l’autre grand problème qui risque de tout retarder réside en cette mentalité de toujours attendre des ordres venus d’en haut. Dans ce contexte, peu de gens songent à prendre des initiatives. Ce qui laisse la place à l’abus de pouvoir. Brimés depuis la colonisation française, les Malgaches de l’actuelle génération le sont encore à travers un parti au pouvoir qui entend tout régenter « pour le bien du peuple ».

Le programme initial du maire Andry Rajoelina

-Création d’aires de jeux pour les enfants et d’infrastructures sportives (EN COURS),

-Cours à titre gratuit pour les élèves devant passer les examens du CEPE, du BEPC et du Baccalauréat, (LES COURS DEBUTERONT LE 1er mars 2008)

-Facilitation de création d’entreprises, sources d’emplois nouveaux et partant, d’amélioration de la qualité de la vie des citoyens ;

-Facilitation de l’accès à l’eau courante ;

-Création de nouvelles places de marché (EN COURS);

-Création de parkings ainsi que l’amélioration des services des transports en commun ;

-Création de bibliothèques municipales ;

-Installation de forces d’intervention spéciales au niveau des zones rouges de la capitale ;

-Eradication de l’abus de pouvoir (EN COURS);

-Faire régner le respect mutuel ;

-Raccourcissement de délai d’octroi de permis de construire ;

-Améliorer les conditions de vie des personnes du troisième âge.

Jeannot Ramambazafy

Journaliste

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Mis à jour ( Mardi, 29 Juillet 2008 13:32 )  
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