SOMMET DES PEUPLES A RIO+20 POUR LA JUSTICE SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE
Le Sommet des Peuples se tiendra du 15 au 23 juin 2012 à Rio de Janeiro, Brésil.
1. PRINCIPES GENERAUX
La conférence de Rio+20 est un évènement clé dans l’agenda des organisations et des mouvements sociaux. Elle s’intègre dans un processus historique de ces 20 dernières années – qui inclut l’Eco92, les mobilisations en marge du cycle social des Nations Unies, la lutte contre les traités de libre échange promus par l’OMC, et plus récemment, la Conférence des Peuples de Cochabamba, en Bolivie, entre autres moments – qui ne commence ni ne se termine avec elle.
L’espace occupé par la société civile globale doit être autonome, pluriel, démocratique, respecter la diversité, les différentes formes d’être et converger vers des positionnements communs et des propositions concrètes avec l’objectif de renforcer l’impact des organisations sociales. Ceux qui sont affectés par le modèle en vigueur devront avoir voix au chapitre au sein de ce processus.
Au delà de ces considérations, nous affirmons que Rio+20 doit :
- Refuser la marchandisation de la vie et de la nature, les fausses solutions et les vieilles et nouvelles technologies qui approfondissent les inégalités et portent atteinte au principe de précaution ;
- Dénoncer la fragilité et le recul en matière de politiques socio-environnementales au Brésil et dans le monde ;
- Défendre les biens communs et rendre visibles les initiatives existantes et mises en pratique par les communautés, les peuples traditionnels, agriculteurs-trices familiaux et paysan-e-s, autant que celles mises en place dans les communautés urbaines, comme l’agroécologie, l’agroforesterie, l’économie solidaire, la permaculture, les technologies sociales, entre autres, et faire en sorte que ces initiatives soient appuyées par des politiques publiques ;
- Intervenir au sein du débat économique pour développer les paramètres d’un nouveau paradigme économique qui soit en fonction de la vie, basé sur des actions et des décisions éthiques ;
- Évaluer les lacunes, l’effectivité et la réalisation des traités et conventions signés ces 20 dernières années, mais aussi mettre en avant les expériences et savoirs accumulés produits par les organisations sociales durant cette période, en exerçant une pression sur les gouvernements pour que ces thématiques aient leur place dans le processus officiel ;
- Renforcer la prise de conscience des différents groupes sociaux par le biais de campagnes et d’autres formes d’éducation populaire, en sensibilisant et en incluant l’opinion publique dans ce processus. Pour cela, différents langages et outils de communication doivent être employés, comme les radios communautaires, réseaux sociaux, ainsi que les médias alternatifs et les médias dominants;
- Permettre un moment de réflexion pour les mouvements et organisations sociales puissent réfléchir à la façon de mettre en place dans leurs dynamiques internes la dimension de soutenabilité;
- Laisser un legs à la ville de Rio de Janeiro et aussi au monde, comme un exemple du changement que nous voulons voir sur la planète. Rio+20 doit mobiliser des millions de personnes au Brésil et dans le monde, par le biais des milliards d’activités interconnectées qui auront lieu avant et durant l’évènement.
2. OBJECTIF COMMUN
Les organisations de la société civile et les mouvements sociaux et populaires du monde entier qui cherchent à transformer le moment de la Conférences des Nations Unies sur le Développement Durable (UNCSD) en une opportunité pour affronter les problèmes graves auxquels l’humanité et la planète sont confrontées construiront, ensemble, le processus qui culminera lors de la démonstration du renforcement du pouvoir politique de la société dans la réalisation, en juin 2012, de l’évènement dénommé Sommet des Peuples à Rio+20 pour la Justice Sociale et Environnementale, autonome et parallèle à l’UNCSD.
3. PROPOSITION DE PROCESSUS
Dans le but de construire collectivement une méthodologie pour le processus vers le Sommet des Peuples à Rio+20, nous partons des idées suivantes :
a) Principes directeurs :
-L’aggravation, durant les dernières décennies, de la situation environnementale sur l’ensemble de la planète, et en parallèle, l’augmentation de la pauvreté et des inégalités sociales -locales, régionales et internationales-, approfondies par la récente crise de l’économie capitaliste ;
-La nécessité de traiter la question de la justice environnementale et sociale, ainsi que celle de la soutenabilité sociale et environnementale de façon intégrée ;
-Placer le respect des droits au centre de l’agenda global ;
-Revendiquer les expériences des conférences et des tribunaux internationaux, sommets des peuples et forums sociaux qui, depuis l’Eco92, ont construit des espaces de discussion et d’articulation globaux ;
-Donner de la visibilité aux expériences sociales et environnementales significatives dans la construction de solutions contra-hégémoniques;
-Influencer, dans la mesure du possible, le processus officiel de l’ONU;
-Construire, à partir du processus entamé autour de Rio+20, des articulations et des campagnes capables de dévoiler ce nouveau paradigme de façon claire pour un grand nombre de personnes;
-Affirmer la présence, sur tous les espaces, d’un paradigme alternatif de société, en renforçant son pouvoir politique et en cherchant à construire de multiples convergences;
-Affirmer, revendiquer et rendre visibles, dans la pratique, les expériences de production, de consommation et de transformation de la société vers ce nouveau paradigme durant le sommet des peuples de Rio+20.
b) L’organisation du processus :
Pour organiser un nouveau cadre de discussions autonomes face aux institutions internationales, aux multinationales capitalistes et aux pouvoirs nationaux, nous cherchons à constituer un cadre pluriel, qui valorise la diversité et la transforme en force populaire. Nous cherchons à dépasser la fragmentation et l’atomisation des luttes, en stimulant les convergences et les agendas communs.
Nous voulons incorporer, dans notre processus, la force, l’énergie et les initiatives de milliards d’organisations et de mouvements dans le monde entier. Pour cela, le point de départ est leur expérience réelle, tant dans leur activité autonome que dans leur capacité à converger avec d’autres. Par ailleurs, notre processus est marqué par la nécessité de questionner et de dépasser la fragmentation qui caractérise aujourd’hui la société civile, en cherchant à construire des coalitions pour affronter les défis et lancer des actions communes.
c) Questions stratégiques:
Nous animerons des discussions et convergences autour de questions stratégiques pour dépasser le modèle actuel de société et pour affirmer un nouveau paradigme de civilisation. De telles questions devront être creusées et répondues à partir des diverses espaces autogérés, existants ou émergents à partir de ce processus, qui s’organisent autour de thèmes mobilisateurs ou de leur historique de lutte et de convergence.
Nous commencerons ce large débat qui, à partir de textes-bases formulés par des réseaux-facilitateurs -responsables de l’animation du traitement de chaque question-, vise à nous conduire à Rio+20 avec une accumulation significative d’analyses et de propositions, ainsi que de luttes communes.
Les questions proposées et approuvées pour stimuler le débat des groupes autogérés sont :
1) Quelles sont les causes structurelles des multiples crises et des échecs dans la mise en place des accords internationaux ?
2) Comment pouvons-nous construire une nouvelle économie basée sur la justice sociale et environnementale ?
3) Comment pouvons nous rendre visibles les luttes et expériences existantes de production, consommation, et de transformation porteuses d’avenir ?
4) Comment empêcher la marchandisation de la vie, la privatisation de la nature et des biens communs?
5) Comment potentialiser les stratégies de lutte et d’articulation, les campagnes existantes et faire émerger de nouvelles campagnes ?
6) Quelle gouvernance globale voulons-nous face à l’actuelle architecture du pouvoir ?
d) Lien avec l’international:
Nous développerons, en parallèle, un dialogue en lien avec les processus que nous avons impulsés avec des agendas de luttes, de mobilisations, de construction d’alternatives, entre lesquelles :
-Le séminaire de préparation de la COP17, réalisé en septembre 2011, en Afrique du Sud;
-Les mobilisations contre le G20 à Paris, réalisées les 3 et 4 novembre 2011;
-Les mobilisations durant la COP17, à Durban, du 28 novembre au 9 décembre 2011;
-Le Forum Social Thématique, à Porto Alegre, en janvier 2012; et,
-Le Forum Alternatif de l’eau à Marseille, en avril 2012.
2 décembre 2011