Horreur ! En ce début de l’année 2015, plus rien n’est respecté à Madagascar. L’identité culturelle et la sagesse ancestrale ne sont plus que des mots vides de sens, au nom du profit. Car, à quoi sert de violer des tombeaux si ce n’est qu’il y a des preneurs d’ossements humains ? Mais le pire est que cela vient de se passer à Antananarivo, Capitale de Madagascar, berceau de la royauté merina dont l’intransigeance et le respect des autres -surtout des morts- étaient devenue légendaires. Où va ce pays dans lequel même les personnes décédées ne peuvent plus dormir tranquillement dans leur sommeil éternel ?
Jeannot Ramambazafy – Photos : Razaka Olive et Harilala Randrianarison
Le Fasanabe à Ambohimiandra
Reportage exact des faits.
Vers 11h30 le samedi 17 janvier 2015, mon cousin Stéphan, un fonctionnaire de la Primature de Mahazoarivo a reçu une communication téléphonique de la part de la Présidente du Fokontany d'Ambohimiandra, l’informant de la "cassure" du Fasanabe (comme l'appelle les riverains). Etant au volant de sa voiture, il a cru, du coup, qu'il s'agit d'un écroulement dû à la forte précipitation liée au cyclone Chedza, durant toute la nuit du vendredi.
Son seul réflexe a été d'avertir tous les concernés, dont nous-mêmes en premier lieu. Après avoir alerté ceux qui peuvent être touchés, Stéphan, ses collatéraux, et moi sommes presque arrivés au même moment sur le lieu.
Grande fut notre surprise lorsque les membres du Fokontany nous ont indiqué l'entrée principale du tombeau, dont les deux dalles en bétons armés ont été cassées et ripées un peu latéralement. La deuxième entrée, à l'intérieur, était aussi en position d'inclinaison (Rabattu vers l'extérieur).
Stéphan a contacté la police du deuxième arrondissement, qui vers 14h, est venue (Adjoint au Commissaire avec des agents en tenue civile). Après constatation du casse avec les membres du comité du Fokontany, la police nous a autorisés à entrer pour découvrir l'intérieur.
La troisième porte (la dernière avant d'accéder dans la galerie (chambre mortuaire) était aussi entrouverte (ils ont essayé probablement de la refermer avant de quitter le lieu).
Amer constat: les neufs farafaravato (lits de pierre) ont été vidé, et les restes de cendres et de linceuls ont été jetés par terre, formant (une montagne de débris de lambamena -linceuls- usés).
Seuls deux corps à gauche et deux autres à droite reposant au farafara ambany (lits du bas) ont été épargnés. Les faty lena (morts récents) n'intéressent pas, par conséquent les voleurs d'ossements.
Aussi, il ne restait plus aux membres de la dynastie venus sur le lieu, que de procéder à un « rangement » de tout ce qui restait pour mettre un peu d'ordre et faire un peu de propreté dans la tombe.
Ainsi, plusieurs dizaines de cadavres ont disparu. Le rangement a duré des heures, jusqu’à la tombée de la nuit, puis le tombeau a été refermé.
Une plainte contre X a été déposée par la famille, jointe aux déclarations conjointes de la Police et du Fokontany.
Etant donné que les amis journalistes étaient à Mavoloha, et ceux qui sont restés au bataillon sont allés couvrir un autre événement encore plus grave de l'autre côté de Mandroseza (extraction du corps de Félicien Rakotomalala, gagnant de "kopi Kolé" 2014, sous les décombres), aucune information n'a pu être remise à la presse, le vendredi, alors qu'il s’agit certainement du premier grande casse de tombeau en pleine ville d'Antananarivo.
Il s'agit d'un tombeau construit au XIXème siècle par la régente pour RABIBY. Rabiby était Mpitari-tafika (Chef de guerre) ayant sillonné le Grand Sud et l'actuel Analanjirofo. Rabiby et son épouse Ravololona y reposaient. D'où le nom de Tombeau Rabiby, attribué plus tard par l'administration coloniale lors des débuts des travaux domaniaux et d'immatriculation.
RAZAKA Olive, membre de la famille et journaliste