Félicien Rakotomalala, le kopi-kolé de Théo Rakotovao (Mikea) a été enterré à Ambohibola, Miary, district de Toliara II, samedi 24 janvier 2015. A Miary il est resté depuis le mercredi 21 janvier comme le veut la coutume. La veillée de Toliara a eu lieu le 22 où les familles du père et de la mère, après une tumultueuse discussion, ont décidé l’enterrement à Miary et non à Vohipeno, ville de la famille du père de Félicien.
Miary samedi 24 janvier, il est 13h.Une pluie fine rafraichit l’atmosphère. Personne n’a bougé. Il y a près d’un millier de personnes pour l’enterrement, transportées par des cars loués par le député Siteny. A 14h une voiture double cabine est arrivée pour embarquer le cercueil de Félicien. Le lieu de l’enterrement se trouve à l’est du « Fihamy », site touristique. Il fallait marcher…monter…monter… loin tout près des étoiles.
« J’ai bien envie de revenir et vous revoir. Mais là où nous sommes, c’est tellement loin qu’il ne me reste plus que la nostalgie », la chanson phare de Félicien, qui l’a fait catapulter dans le firmament des stars. Le succès a été joué et rejoué des dizaines de fois, mais le public en redemandait chaque fois… et les bras se levaient et s’agitaient doucement. Personne ne pouvait croire que ce n’était pas la voix de Félicien. Il s’est incarné dans la voix de son meilleur ami d’enfance, celle de Rico. Le prochain kopi-kolé est tout trouvé.
L’histoire rejoint la réalité. Miary, tout un symbole. Chacun se rappelle que Miary fut le théâtre d’un drame historique et coutumier. La rivière Fiherenana coule juste au nord. Elle quittait souvent son lit au moment des pluies et des crues, il y a une soixantaine d’années. Pour conjurer le sort et dévier le cours du fleuve Fiherenana, il fallait enterrer une jeune vierge à l’endroit du « Fihamy » avaient déclaré les devins. Ce qui fut fait, et Toliara n’a plus connu d’inondations qu’en 1978 et 2013, suite à une rupture de digue.
Depuis, Miary compte parmi les sites touristiques de Toliara « où l’on peut observer des branches d’arbre sortir des terres et s’enchevêtrer vers le ciel, et qui représenteraient, dit-on, les cheveux de la jeune fille sacrifiée », c’est le « Fihamy ». A partir de maintenant chaque guide touriste pointera son doigt pour montrer où se trouve la tombe de Félicien Rakotomalala, une étoile filante qui n’a pas duré.
Adriana RAZA