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Madagascar. Auriez-vous jamais rencontré Raymond Gautier?

Régis Michel, réalisateur du reportage intitulé « Zanatany ». Journaliste, réalisateur et photographe, il se balade à travers le monde depuis une vingtaine d’années. Il a réalisé plus d’une centaine de films pour les émissions « Thalassa » et « Faut Pas Rêver ». « Celui qui voyage sait que la planète est multiple et riche de ses différences. La télé devrait instruire les gens… ».

EXTRAITS

« Zanatany »

Auteur/Réalisateur: Régis Michel
Pays: Madagascar
Année: 2004
Durée: 52 minutes
Support: Vidéo
Diffusion: France 3 Thalassa
Série: Magazine
Production: Pacifico Island Productions

Le 26 juin 1960, Madagascar redevient indépendant. Après 65 années de colonisation, la France se retire de l'une de ses plus belles colonies. Les fonctionnaires de l'Etat français s'en retournent en métropole et de nombreux colons font leurs valises. L'histoire qui lie les deux pays n'est pas terminée pour autant. La France laisse sur place de nombreux cadres qui aideront le nouvel Etat indépendant et de nombreuses familles restent dans l'île, conservant leurs terres et leurs affaires. Pendant encore près quinze ans, ces «vazahas» (étrangers en malgache) sont encore ici «chez eux». L'avènement de la deuxième République malgache en 1975 met fin à cette histoire d'amour. La nationalisation des terres et des sociétés commerciales entrainent le départ de la majorité des anciens colons encore présents dans l'île. Quelques uns pourtant vont rester, ne pouvant partir ou ne sachant où aller. A Madagascar, on les appelle «vazaha zanatany».

Zanatany, (littéralement: les enfants de la terre en malgache)... Combien sont-ils encore à vivre dans la «Grande Ile»? Quelques dizaines... une ou deux centaines tout au plus. Qui sont-ils?

Olivier Maurice, dit «Fanfan», marin-pêcheur dans la baie de Diego-Suarez comme son père et son grand-père avant lui. Un personnage «haut en couleurs» connu de tous dans la ville et ses environs. Agé de 80 ans, malade, Fanfan refuse aujourd'hui d'aller se faire soigner en France de peur d'y rester. Le vieil homme tient à mourir sur cette terre qui l'a vu naitre. Sa cousine, Denise Barret, est une forte femme crainte mais respectée! A 70 ans, elle continue de s'occuper de ses vaches et de ses terres au nord de la ville. Elle accueille l'indésirable le fusil à la main mais ouvre toute grande sa maison à l'étranger de passage. Infirmière, monitrice d'auto-école, chauffeur de bus, éleveur... Denise a exercé tous les métiers et sillonné toute l'île. «Madagascar est mon pays, dit-elle. J'aurais sans doute pu en partir lors de l'indépendance ou en 75 quand les français n'étaient plus bien vus ici. Mais vous savez, ici, on est loin de tout. Le monde entier semble étranger à cette terre, même la France qui est officiellement mon pays. Sans doute parce que Madagascar est une île. Notre attachement est différent de celui des pieds-noirs en Algérie. Nous sommes des insulaires, d'une île pas comme les autres !». A Tuléar, le grand port du sud-est, c'est la famille Flottes. Les parents étaient d'origine bordelaise, agents maritimes et assureurs. Dès les années 20 et jusqu'à l'indépendance de l'île, la famille était l'une des plus entreprenantes familles de colons de la ville. Dans les années 60 la famille a hélas tout perdu. Seules Irène et Alberte sont encore là. Âgées de 78 et 80 ans, les deux sœurs, deux «vieilles filles» veillent sur une propriété en friche et une maison en ruines...

A Ambatolampy, c'est la famille Murat apparentée à l'ancien Premier Ministre français Raymond Barre. Veuve depuis une trentaine d'années, Mme Murat et ses cinq fils continue d'exploiter la propriété familiale. 1000 hectares de bois, de rizières et surtout une briquetterie créée dans les années 30. Mme Murat est, elle, d'origine noble. Elle est née «De la Haye Duponsel». Elle «se fiche» pourtant de ses quartiers de noblesse. Dans son île natale, ils n'ont pas cours! «Mes ancêtres étaient officiers de la Marine et grands planteurs à l'île Maurice. Là-bas, c'est sûr, leurs particules signifiaient quelque chose. Ici, c'est une terre d'aventure et seul le courage des hommes a compté. L'île est immense mais elle est hors du monde !». Du Nord au Sud, d'Est en Ouest, le film nous entraine à la rencontre de ces «vazaha zanatany». Il nous conduit sur leurs terres arides du nord, dans leurs cases de la côte Est, dans la maison de retraite d'Antsirabe où certains ont finalement trouvé refuge. Ce long voyage dans les mémoires compose un magnifique roman d'aventure, une galerie de portraits riche d'humanité, d'espoirs déçus et de bonheurs immenses. Certains de ces «vazaha kely», «petits blancs» en malgache, sont nostalgiques et aigris, mais la plupart sont résolument heureux sur la terre qui les a vu naître. Nombre de ces petits colons sans fortune n'ont même jamais vu la France. Celle-ci les a même oubliés. Sont-ils alors chez eux dans la Grande Ile? Se sentent-ils français ou malgaches, ni l'un ni l'autre ou un peu des deux? Leurs réponses éclairent d'une autre lumière l'histoire de ce pays.

Dossier préparé par Jeannot Ramambazafy - 28 janvier 2016

Mis à jour ( Jeudi, 28 Janvier 2016 09:26 )  
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