ICI VIDÉO HISTORIQUE DU DISCOURS PAS HISTORIQUE POUR UN SOU
Comment voulez-vous qu’un pays comme Madagascar avance lorsqu’on voit des représentants de quelques démembrements du système des Nations Unies assister aux premières loges à une grande manipulation qui n’est rien d’autre qu’une campagne électorale avant l’heure? Pour le régime Hvm, être au pouvoir signifie faire ce qu’on veut avec vue (d’habitude, la locution c’est «sans être vu»).
Que lit-on sur le site officiel de la présidence de Madagascar?
60 000 Kits scolaires ont été distribués aux élèves des Écoles primaires publiques (EPP) et des CEG de la région Analamanga, ce matin (Ndlr: 15 Novembre 2017), au Coliseum d’Antsonjombe. Le Président de la République, ainsi que le Premier ministre, les membres du Gouvernement, les partenaires et les élus locaux, étaient présents à cette cérémonie qui marque l’importance du soutien au secteur éducatif pour le développement du pays. «C’est une obligation et l’État doit faire des efforts pour aider les élèves car l’avenir du pays est entre leurs mains. En contrepartie, les élèves doivent faire preuve de savoir-faire et d’application, de sagesse et de patriotisme. Sachez qu’un budget conséquent est alloué pour l’Education, la formation des enseignants et les infrastructures», a déclaré le Président. Ces kits scolaires viennent du couple présidentiel et des partenaires financiers, comme le PNUD, l’Unicef et l’OMS, que le Président de la République a tenu à remercier pour leurs actions sociales. «Cela fait plus de 50 années que le pays a vécu dans la pauvreté malgré les ressources abondantes et il est temps que vous prenez vos responsabilités pour construire l’avenir ensemble et pour le développement du pays», a rappelé le Président à l’endroit des élèves et de leurs parents./.
Et depuis 4 ans, tout le monde semble se contenter de ce genre de phraséologie. Ici, elle n’apporte strictement aucun éclairage quant au coût, à la provenance et au contenu de ces sacs à dos disparates distribués à des enfants au bord de l’inanition et de déshydratation. En effet, «certains ont fait la queue pendant plusieurs heures pour avoir leur part, mais ils sont rentrés bredouilles», a constaté Miangaly Ralitera de l’«Express de Madagascar».
Il ne faut pas jeter la première pierre aux journalistes malgaches, les vrais. Ils n’ont pu poser aucune question car il n’y a pas eu de point de presse ni avant ni après cette démonstration trop tapageuse pour être sincère. Dans ce contexte, il est clair que ce sont les dirigeants malgaches eux-mêmes qui alimentent la rumeur, ce tristement célèbre «tsaho» qui semble régir la vie moyenâgeuse de la Grande île de l’océan Indien. 60.000 sacs à dos multipliés par 6.000 ariary, cela fait 360 millions d’ariary ou encore 1.800.000.000 d’anciens francs. D’où vient l’argent? Réponse déjà lue plus haut: «Ces kits scolaires viennent du couple présidentiel et des partenaires financiers».
Très bien. Mais qui a donné combien et -surtout-: qu’est-ce qu’il y a dans ces foutus sacs à dos? Jusqu’à présent, personne n’en a donné les détails. Mais ils semblaient très légers ces «kits scolaires». Normal, diriez-vous, vu le prix unitaire. Tout cela pue la chinoiserie à bon marché. Enfin, on saura la vérité très bientôt… Dans le volet «couple présidentiel», Hery Rajaonarimampianina tout seul a fait l’affaire. Il y a de l’eau dans le gaz car l’absence de la Première dame, Voahangy, est plus qu’anormal, sa présence ayant été annoncée des jours à l’avance. Elle a certainement compris qu’il ne s’agissait que d’une grande manipulation de masse de la part de son mari qui, dès lors, devra faire très attention, car il lui fait de l’ombre à elle. Et puis, il a déjà divorcé une fois, il faut s’en rappeler… En tout cas, je vais rafraîchir la mémoire à ce président qui fait et dit vraiment du n’importe quoi, n’importe comment et n’importe où. En fait, cette dotation de kits scolaires entre dans le cadre du programme de la Banque mondiale dénommé «Programme d’Appui d’Urgence à l’Éducation pour Tous» (PAUET). D’où la présence des entités citées plus haut. Mais pas de quoi pavoiser en clamant qu’il s’agit d’un «programme présidentiel», selon le ministre Paul Rabary. Arrêtez de prendre les Malgaches pour des con…combres, les gars !
PAUET
Financé par la Banque Mondiale, à travers les fonds du Partenariat Mondial de l’Éducation (GPE) s’élèvant à 85,4 millions USD, le Programme d’Appui d’Urgence à l’Éducation pour Tous ou PAUET a été opérationnel depuis 2014. Il prenait en charge douze Directions Régionales de l’Éducation Nationale (DREN). Il prévoyait dans son premier composant la facilitation de l’accès et du maintien dans l’Enseignement primaire. Dans ce volet, le paiement des subventions des Enseignants Non Fonctionnaires (ENF), a été pris en charge dans les douze DREN cibles. En parallèle, des formations ont été prodiguées au bénéfice des communautés éducatives locales, et des subventions aux écoles ont été allouées, afin de donner aux établissements scolaires les moyens d’améliorer l’environnement ainsi que les conditions de travail des élèves. Ce composant s’accompagnait de dotations de kits scolaires.
PAUSENS
Le Programme d’Appui d’Urgence aux Services Essentiels d’Éducation, de Nutrition et de Santé, (PAUSENS), est le second programme financé par la Banque Mondiale, touchant le système éducatif. Le PAUSENS a couvert cinq DREN. Depuis 2014 également, avec un financement de 23,5 millions USD, consacré aux subventions des ENF et des écoles, à la Santé scolaire, à travers la fourniture de médicaments aux élèves issus des familles nécessiteuses, ainsi qu’au renforcement des capacités des agents du MEN central et de ses services territoriaux déconcentrés.
Si le PAUSENS a pris fin en juin 2016, le PAUET, lui, est arrivé à son terme en juin 2017. Et c’est le Plan Sectoriel de l’Education (PSE) qui prend actuellement le relais, pour la période 2016-2020. Qu’est-ce donc que c’est que cette distribution au Coliseum d’Antsonjombe le 15 novembre 2017, alors que le PAUET est terminé officiellement? Cela dénote, d’abord, une très mauvaise gouvernance ou «plus de 50 années que le pays a vécu dans la pauvreté malgré les ressources abondantes» n’a pas sa place. Ensuite, le filoha Rajaonarimampianina veut faire comprendre qu’il faut qu’il poursuive, avec son équipe de branleurs, le PSE 2016-2020. Enfin, il croit dur comme fer qu’il gagnera en mentant, trichant, volant et parjurant. Sait-il que Dieu est actuellement très en colère contre lui et qu’il va bientôt sévir? Certainement pas puisque dieu c’est lui à Madagascar. «Mitandrema ary fa ho avy toa ny mpangalatra tsy mampilaza ny sazy enjana be avy any an-danitra any».
Pour l’heure, l’argent du PAUET et du PAUSENS a-t-il été utilisé à bon escient? Certainement pas puisqu’aucun bilan n’a été publié depuis et il ne faut pas trop compter là -dessus avec ce régime Hvm. Pour eux, tout est permis même en étant vus. Or, donc, l’adage est: tout est permis sans être vu. Heureusement que nous, journalistes de plus de 30 ans de métier, on a gardé le réflexe d’investigation. Car s’il fallait compter sur les journalistes formés à la Rolly Mercia et actuellement financés par Mbola Rajaonah, même l’âme malgache n’existerait plus depuis 2014. Allez bon week-end et à mercredi si Dieu le veut!
Jeannot Ramambazafy – Publié également dans le quotidien «La Gazette de la Grande île» du samedi 18 novembre 2017