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Booker T. Washington. : Un mensonge ne devient pas la vérité simplement parce qu'il est accepté par une majorité

Traités de Nègres, de Négros même, les Noirs américains sont devenus, au fil du temps, des Afro-américains et des Africains américains. Ils forment le groupe ethnique qui a une culture et une histoire commune, tout en étant des citoyens des Etats-Unis d’Amérique à part entière, d’ascendance totale ou partielle de l’Afrique subsaharienne. La majorité de ces Afros américains sont les descendants d’esclaves (« Andevo ») déportés entre 1619 et 1810.

Exception faite du jazzman mondialement connu sous le nom d’Andy Razaf, auteur, entre autres, des morceaux à succès « Ain’t Misbehavin’ » et « Honeysuckle Rose ». En fait, il s’agit d’Andriamanantena Paul Razafinkarefo, né à Washington D.C. le 16 décembre 1895 (décédé le 03 février 1977 à Hollywood). Andy Razaf est le fils d'Henri Razafinkarefo, neveu de la dernière Reine de Madagascar, Ranavalona III, et de Jennie Razafinkarefo, née Waller, fille de John L. Waller, premier Consul Afro-américain à Madagascar.

Parmi les Afro-américains les plus célèbres et les plus connus du public, je cite, ici, Martin Luther King (Dirigeant d'une des six grandes organisations pour les droits civiques qui organisent la marche sur Washington, assassiné le 4 avril 1968 à Memphis), Angela Davis (Militante du mouvement des droits civiques aux U.S.A., membre du Black Panther Party), Rosa Park (04 février 1913-24 octobre 2005. Figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, surnommée « mère mouvement des droits civiques » par le Congrès américain), Malcom Little dit Malcom X (Une des quatre grandes icônes des mouvements afro-américains pour abolir les discriminations raciales aux États-Unis avec Rosa Park, assassiné le 21 février 1965 à Harlem).


Certes, il y en a d’autres et aujourd’hui, je vais vous parler de Booker T. Washington dont une de ses citations m’a frappé (mais je ne me suis pas fait mal, merci) : « A lie doesn't become truth, wrong doesn't become right, and evil doesn't become good, just because it's accepted by a majority ». Mais avant tout, qui est Booker T. Washington ?

Booker Taliaferro Washington est né esclave le 05 avril 1856 à Hale’s Ford, une plantation de tabac située en Virginie. Lorsque l’esclavage est aboli en 1865, au terme d’une guerre civile qui a duré 4 ans ayant séparé le Nord et le Sud de l’Amérique, Booker T., après avoir effectué divers travaux manuels, entre à l’université de Hampton où il devient enseignant une fois ses études achevées.


En 1901, il publie « Up From Slavery : the incredible Life Story of Booker T.Washington  », une autobiographie de 256 pages qui est devenue, à l’époque, un authentique Best seller. Il est écrit, dans le préambule de cet ouvrage, que « ce récit propose bien plus qu'un témoignage sur l'abolition de l'esclavage et les débuts difficiles d'une école pour gens de couleur dans le Sud ; il offre aux lecteurs une chance unique de renouer enfin les fils de l'histoire, de remonter à l'origine des tensions et du racisme qui définissent et minent encore la société américaine. Car des cent ans qui séparent la fin de la guerre de Sécession de la célèbre lutte pour les droits civiques, que savons-nous vraiment? C'est ce chaînon manquant que nous dévoile le récit de Booker T. Washington, enfant du Sud profond, Noir, Américain, chroniqueur et acteur de son temps ».

En 1899, Booker T. Washington était déjà l’auteur de l’excellent « The Future of The American Negro » (l’Avenir de l’Afro-américain). Il termine ce livre avec cinq principes qui aideront les Afro-Américains dans leur combat pour avoir des droits et des opportunités vraiment égaux. Il déclare que ces principes seront essentiels en disant : « Tant que le Noir est autorisé à s'instruire, à acquérir des biens et à obtenir un emploi, et qu'il est traité avec respect dans le monde des affaires ou du commerce, … j'aurai la plus grande confiance en son travail sur son propre destin dans les États du Sud ».

Il faut savoir qu’en octobre 1901, Booker T. Washington aura été le premier Afro-américain invité par un président des Etats-Unis, en l’occurrence, Théodore Roosevelt, à un dîner officiel à la Maison-Blanche. Cet évènement avait été qualifié, par un journaliste de Memphis (Tennessee), « d'outrage le plus abominable jamais perpétré par un citoyen américain ». Mais son racisme pur et dur eut un impact contraire à sa haine des Noirs : Ses mots se répandirent comme une traînée de poudre, traversèrent l’Atlantique, et la renommée de Booker T. Washington, hôte du président des États-Unis, parvint sur le Vieux-Continent. Cela, grâce à ce journaliste blanc dont le nom ne mérite même pas d’être connu…


Jusqu’à sa mort, le 15 novembre 1915, Booker T. Washington, membre du parti républicain, a fait figure de représentant majeur de la communauté afro-américaine des U.S.A. Il est enterré au cimetière du campus de l'université de Tuskegee, parmi les siens.


Le 4 novembre 2008, le sénateur John MCain, battu à l'élection présidentielle face au candidat Barack Obama, avait fait référence à Booker T. Washington, dans son discours de clôture de la campagne, comme le veut la tradition américaine. En effet, dans un paragraphe, John McCain a fait l'éloge de la victoire de son adversaire vainqueur, se trouvant être le premier président des États-Unis d'Amérique d'origine africaine (père Kenyan). Dans cet éloge il a mis en relief « qu'il aura fallu une centaine d'années entre l'invitation officielle à la Maison-Blanche de Booker T. Washington et l'élection de Barack Obama ».


Certes, l’accession de Barack Obama à la présidence des États-Unis, en 2009, a constitué, d’un certain point de vue, la fin de ce long cheminement. Cependant, cela n’a pas n'empêché pour autant que les classes sociales afro-américaines les plus démunies soient toujours confrontées au racisme et à la discrimination ordinaire sinon quotidienne dans certains états américains. Très proche de nous, le cas du policier blanc, Derek Chauvin qui, le 15 mai 2020, à Minneapolis dans le Minnesota, avait maintenu son genou sur le cou de George Floyd, pendant plus de huit minutes, jusqu’à ce que mort s’ensuive. A l’époque, les avocats de Derek Chauvin, libéré sur caution, avaient demandé à un juge de rejeter les accusations de meurtre portées contre lui, arguant que « la consommation de drogue présumée de M. Floyd – et non l’usage abusif de la force par l’officier – était responsable de sa mort ».


Cependant, en avril 2021, à l’issue de son procès qui a duré un mois, le policier Derek Chauvin, qui a tué George Floyd, a été reconnu coupable des trois charges qui pesaient sur lui. Le juge Peter Cahill, qui a lu l'énoncé du verdict rendu par le jury, a été limpide : à l'accusation de meurtre, il a répondu « coupable » ; à celle d'homicide involontaire, il a répondu « coupable » ; et à celle de « violences volontaires », il a encore répondu « coupable ». En juin 2021, plus d’un an après les faits, Derek Chauvin, 45 ans, a été condamné à 22 ans et 6 mois de prison ferme.


Cela nous ramène à la citation de Booker T. Washington : « A lie doesn't become truth, wrong doesn't become right, and evil doesn't become good, just because it's accepted by a majority ». Cela signifie : Un mensonge ne devient pas la vérité, le mal ne devient pas le bien et le mal ne devient pas le bien, simplement parce qu'il est accepté par une majorité. En tout cas, mentir peut avoir un effet boule de neige puis boomerang à la longue. En effet, lorsqu’un premier mensonge est lancé, il faut, désormais, tenir la route en continuant sur le même chemin. Et pour maintenir ce mensonge, son auteur vient à s’enfoncer de plus en plus profondément dans une sorte de vie parallèle. Cependant, sur le long terme, cette situation devient de plus en plus compliquée à supporter, et, au bout du compte, l’honnêteté, c’est-à-dire revenir à la vérité et la dire enfin, devient un véritable soulagement. Non ? Essayez…

Jeannot Ramambazafy – Sources : divers journaux américains d’époque

Mis à jour ( Mercredi, 07 Juillet 2021 07:06 )  
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