Non, Madame Béatrice Atallah: ce n’est pas une « affabulation ». En plus de 35 ans de métier, je connais la majorité des journalistes professionnels de la Rnm et de la Tvm, qui ont fait des études sur cette profession.
Avec l’accession du candidat n°3 au pouvoir suprême et la mainmise d’un parti Hvm venu de nulle part, la situation est pire que du temps de la première république du parti Psd, où il n’y avait qu’une seule radio, et durant lequel il fallait répercuter la voix de son maître. Même très loin des réalités prévalant. C’est ce qui se passe en cette année 2015, en ce siècle de l’information en temps réel, à la Rnm et à la Tvm. Tous les reportages effectués par ces professionnels, et qui ne « positivent » pas le régime en place, sont censurés (ne passeront jamais à l’antenne) et les reporters sont écartés du micro et de l’écran, avec la menace de révocation et, pire, d’emprisonnement. Ainsi, beaucoup sont frustrés mais n’osent pas se manifester directement à cause de ces menaces réelles.
C’est très malheureux de constater que les grands pays démocratiques comme la France, les Etats Unies, l’Allemagne, qui ont des ambassades sur place, font comme si de rien n’était. Et à présent, encore, tous se demandent pourquoi l’immeuble abritant la Rnm et la Tvm est incendié à chaque fois que le peuple réagit de colère face à leur droit à l’information vraie bafoué. De leur côté, de jeunes associations sensées protéger le droit des journalistes, font comme si cela n’existait pas et parlent de déontologie et d’éthique. Subventionnées par les U.S.A., ces associations se croient-elles en Amérique où, pourtant, les dérives de ce genre sont fortement dénoncées?
Ouvrez les yeux, écoutez ce qui se passe réellement dans le monde des médias publics au lieu de vous faire complice d’un système dont les engranges, une fois enrayés, vont vous retomber dessus. Et on comprend mieux pourquoi le passage du code de la communication (dont j’étais un des premiers rédacteurs en 1990, à l’hôtel Astauria pas encore achevé) à l’Assemblée nationale et sans cesse remise aux calendes grecques. Tous les dirigeants malgaches élus passés et présents, assassinent eux-mêmes les droits fondamentaux de l’homme, l‘Etat de droit et la démocratie. 2016 ne sera pas une année de tout repos après cette trêve de Noël et du Nouvel an. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’histoire politique de Madagascar ne sera qu’un éternel recommencement. A qui la faute? Nous sommes tous complices par inertie!
Jeannot Ramambazafy – 20 décembre 2015