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Madagascar. Le Collectif Tany lutte pour les générations futures

Il est clair que les Malgaches ont hérité d’un président de la république qui ne sera jamais, au grand jamais, un patriote. En fait, à moins de deux ans de la fin de son mandat -et il compte bien faire rebelote-, il est clair, désormais, que son but ultime est de s’enrichir à outrance et après lui le déluge (exemple précis ICI). Heureusement que les archives de l’Histoire ne l’oublieront pas…


Le jeudi 27 octobre 2016, Mamy Rakotondrainibe, Présidente du Collectif Tany, était invitée, -au côté de Valérie Cabanes, auteure du livre « Un nouveau Droit pour la Terre »- dans l’émission « 64’ Grand Angle » de Tv5 Monde. Ci-après la transcription de ses propos en français, concernant Soamahamanina, Daewoo Logisitics mais aussi les terres rares de Madagascar.

SOAMAHAMANINA


Dans le cas de Soamahamanina, la mobilisation et la détermination des villageois sont très fortes et c’est pourquoi nous renforçons notre appel au monde entier à les soutenir. Des premiers signes en ce sens arrivent. Par rapport à leur manifestation tous les jeudis (Ndlr: jour de marché à Soamahamanina), la semaine dernière il y a eu une réunion du COMESA à Madagascar, les gens au pouvoir ont sorti les chars et les blindés, donc les villageois de Soamahamanina se sont réunis dans un endroit où ils font quand même une conférence de presse et, aujourd’hui jeudi, ils ont manifesté sur la place du marché du village où les forces de l’ordre ont essayé de les arrêter mais, finalement, ils les ont laissé passer et un des avocats, puisqu’il y a deux avocats dont l’un a été engagé par nous-mêmes, est venu dire que les gens emprisonnés de Soamahamanina n’ont commis aucun crime et pourtant leur dossier est toujours maintenu par le ministère et n’est pas passé à la justice. Donc voilà les dernières nouvelles. Il s’agit de cinq personnes: deux arrêtées le 22 septembre et trois autres arrêtées la semaine suivante, le 29 septembre (Ndlr: il s’agit de: Pierre Robson et Tsihoarana Andrianony puis de Andriahendrikiniarivo Fenohasina, Andriarajoniaina Tona Guillaume et Ranaivoarivelo Augustin arrêtés arbitrement et croupissant toujours à la prison d’Antanimora).


Comment expliquez-vous qu’à Madagascar, mais c’est aussi le cas dans beaucoup d’autre pays, les autorités acceptent de céder les terres des petits producteurs, souvent sans contrepartie pour ces petits exploitants. Comment expliquez-vous cela?

Nos dirigeants cherchent à tout prix des investissements et des investisseurs et, en fait, c’est eux, dirigeants malgaches, qui font appel à l’extérieur, aux investisseurs. Le président qui en en place actuellement a été élu au mois de décembre 2013. Le mois de mars suivant il est venu en France dire qu’il y a 18 millions d’hectares de terres disponibles à Madagascar et que les investisseurs peuvent prendre; puis il a répété la même chose, un mois plus tard, en Afrique du Sud; au mois de juillet en Israël et récemment en Turquie. Donc il y a déjà ce positionnement bizarre des dirigeants.


L’autre aspect qui explique les difficultés qui font que Madagascar fait partie des pays en tête de ceux qui cèdent le plus de terrains en Afrique, ce sont les lois. Les lois malgaches, en fait, sont héritées de la colonisation et n’ont pas changé. Elles ne reconnaissent comme légaux que les propriétaires qui possèdent des titres fonciers très difficiles à obtenir pour les paysans.


Juste quelque chose qui n’est peut-être pas une spécificité malgache mais je voulais quand même en parler: très souvent, quand on parle des accaparements de terres, on parle des étrangers. Mais, en fait, il y a beaucoup de nationaux riches, très souvent ceux qui ont un certain pouvoir d’une manière ou d’une autre, qui accaparent les terres. Mais très souvent aussi, ce sont des nationaux qui servent de prête-nom aux sociétés étrangères. Donc, c’est très difficile de les identifier. Le deuxième point que je voulais dire, c’est qu’actuellement il y a une nouvelle tendance qui se propage beaucoup à Madagascar, c’est l’agriculture contractuelle. On demande aux paysans de contracter directement avec les investisseurs alors qu’il y a déséquilibre et une asymétrie grave au niveau e beaucoup de choses en particulier.


C’est David contre Goliath… On peut leur imposer ce que l’on veut...

Exactement et cela fait partie aussi, pour nous, des accaparements de terres puisque cela fait perdre le contrôle des terres et de toute la production et de l’économie aux paysans.


Madame Rakotondrainibe, votre collectif est né à la fin de l’année 2008, en réaction au fait que Daewoo Logistics se veuille s’accaparer, justement, de terres à Madagascar. Est-ce que, aujourd’hui, au sein de votre collectif, il y a un combat aussi pour la reconnaissance de l’écocide, du crime environnemental pour que cet accaparement de terres soit reconnu au niveau de la justice internationale ?

DAEWOO LOGISTICS


Oui, nous travaillons beaucoup dans ce sens et nous sommes ravis des résultats dont parlera sûrement notre collègue (Ndrl: Valérie Cabanes). Mais, à Madagascar, je voudrais juste revenir sur Daewoo Logistics. En fait, ce projet a été suspendu et non pas annulé. En 2013, un journaliste anglais qui se trouvait du côté de Séoul (Corée du Sud) a publié un papier qu’il nous a passé avant sa publication, disant qu’à l’époque, je ne sais pas si çà existe encore, au ministère des Affaires étrangères et du commerce Sud-coréen, existe une division Madagascar.


Et cette division Madagascar, quand il s’en est rapproché, lui a expliqué que c’était pour retrouver et remettre l’ancien projet.

Et une des méthodes expliquée à ce moment-là par un de ses responsables était que la méthode trouvée par le gouvernement de Corée du Sud, était d’ouvrir une ambassade officielle à Madagascar et c’est en cours de mise en place. Donc, nous sommes particulièrement vigilants.

Pour les générations futures?


Exactement. Et, en particulier, nous avons un cas très concret dans le Nord-Ouest de Madagascar un projet minier d’exploitation de terres rares sur lequel nous travaillons depuis plus d’un an, maintenant et la lutte n’est pas terminée…

Transcription : Jeannot Ramambazafy – 30 octobre 2016

Mis à jour ( Lundi, 31 Octobre 2016 17:23 )  
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