Où est passé notre confrère Fernand Cello de la radio Jupiter à Ilakaka? Le 8 décembre 2016, sans aucun mandat de perquisition, une dizaine d’éléments armés issus de la police nationale ont pénétré en force dans la station radio Jupiter. Ils ont emmené avec eux l’émetteur et tout le matériel de diffusion (panneaux solaires, ordinateurs, onduleurs, disques durs, etc.), ainsi que des membres du personnel de cette station. Sans aucun mandat d’amener non plus.
Ce qui est advenu du seul cours d'eau utilisé, jusque-là , par la population pour leurs besoins au quotidien les plus fondamentaux
Notre confrère Fernand Cello, fervent défenseur de la liberté de presse et combattant de première ligne contre la corruption généralisée à Madagascar
Quel crime a donc commis Fernand Cello? Il a osé dévoiler la Vérité à propos de l’illégalité des activités de la société Gondwana qui bénéficie largement de la protection des autorités locales (préfecture, commune) dans des activités d’exploitation minière. Or, non seulement, Gondwana ne possède aucun permis environnemental mais elle pollue les cours d’eau environnant.
Cette Vérité a été répercutée et publiée dans plusieurs journaux de Madagascar. Là est le crime de Fernand Cello. Au moment où je rédige cet article, personne ne sait où il se trouve mais un mandat d’arrêt, signé par on-ne-sait-qui a été lancé à son encontre.
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COMMUNIQUE DU MLE
Nous condamnons l'acte odieux perpétré par les forces de l'ordre envers la radio Jupiter d'Ilakaka. Le fait par la préfecture de saisir les matériels (émetteur et ordinateur portable) de la radio, sans une décision de justice préalable, n'est autre que du vol.
La radio Jupiter n'a fait que rapporter la manifestation populaire contre l'exploitation minière illégale par une société dont les propriétaires seraient des hommes proches du pouvoir.
Fernand Cello, un des journalistes de la radio Jupiter mais également membre du MLE (Mouvement pour la Liberté d'Expression), a dû fuir en catastrophe hier, après avoir été menacé d'arrestation par les forces de l'ordre qui ont fait irruption dans les locaux de la radio Jupiter.
Nous tenons à lui manifester toute notre solidarité, ainsi qu'à toute l'équipe de la radio Jupiter et exigeons qu'il puisse être libre de ses mouvements et d'exercer son métier de journaliste en toute indépendance.
09/12/16
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En août 2016, RSF avait déjà dénoncé la censure arbitraire à l'encontre de radio Jupiter
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Dans cette énième violation de la loi et de la liberté d’expression perpétrée par le régime Hvm/Rajaonarimampianina à l’encontre des journalistes malgaches, le mutisme à chaud de l’OJM (Ordre des journalistes de Madagascar) -en attendant son habituelle réaction tardive-, est plus que suspecte. En tout cas, l’assaut illégal de la radio Jupiter fait par cette dizaine de policiers a un nom: terrorisme d’Etat. Aussi, nous en appelons à Reporters Sans Frontières (RSF), au Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) et, surtout, aux Nations Unies, pour qu’ils condamnent avec la plus grande fermeté cet acte odieux, surtout en ce 9 décembre, Journée internationale contre la corruption.
Depuis l’accession au pouvoir du candidat n°3, Hery Rajaonarimampianina, la Vérité devient un crime, et le journalisme est de plus en plus enseveli en profondeur.
Nos confrères Jean-Luc et Didier, en route pour la prison d'Antanimora
Après l’affaire de l'emprisonnement de nos confrères Jean-Luc Rahaga et Didier Ramanoelina, déclenchée par le ministre d’État d’alors, Rivo Rakotovao, voilà donc l’affaire Fernand Cello enclenchée par des autorités locales qui se positionnent comme étant plus munies de pouvoirs que le président de la république lui-même. Or, L’État de droit fait partie des conditionnalités pour obtenir des subsides de la part des bailleurs de fonds traditionnels. Qui, dans son propre cercle, a intérêt à couler aussi directement Hery Rajaonarimampianina dépassé par les évènements?
Jeannot Ramambazafy – 9 Décembre 2016
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«En cette Journée internationale de la lutte contre la corruption, réaffirmons notre engagement à mettre fin à la tromperie et à la malhonnêteté qui menacent la mise en œuvre du Programme 2030 et nos efforts visant à instaurer la paix et à assurer la prospérité de tous, sur une planète en bonne santé». — Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'ONU
Thème 2016 : Unis contre la corruption pour le développement, la paix et la sécurité
La corruption est un phénomène social, politique et économique complexe, qui touche tous les pays. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l'instabilité gouvernementale.
La corruption s'attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l'État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l'unique fonction réside dans la sollicitation de pots-de-vin. Elle ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements directs à l'étranger et en plaçant les petites entreprises dans l'impossibilité de surmonter les « coûts initiaux » liés à la corruption.
Le 31 octobre 2003, l'Assemblée générale a adopté la Convention des Nations Unies contre la corruption (résolution 58/4), et a prié le Secrétaire général de charger l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) d’assurer le secrétariat de la Conférence des États Parties à la Convention.
Le 9 décembre a été déclaré Journée internationale de lutte contre la corruption, afin de sensibiliser le monde à ce problème et pour faire connaître le rôle de la Convention, en matière de lutte et de prévention.
En 2014, l'ONUDC et le PNUD ont développé une campagne globale conjointe, soulignant l'impact de la corruption sur l'éducation, la santé, la démocratie, la prospérité et le développement.
La campagne internationale conjointe de 2016 met l'accent sur la corruption en tant qu'un des principaux obstacles à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Pour célébrer la Journée de 2016, l'ONUDC a mis au point une campagne de grande envergure axée sur les différents ODD et sur comment la lutte contre la corruption est essentielle pour les atteindre.