Stade de Mahamasina, 29 janvier 2017. La Première dame, Voahangy, recevant l'eucharistie
Depuis l’année dernière, l’on sait, à Madagascar, que la célébration de la Journée de la Femme, le 8 mars, aura lieu à Antananarivo pour cette année 2017. Et que le thème sera: « Autonomisation des femmes, vecteur de développement ». Dans cette optique, Voahangy, l’épouse du président Hery Rajaonarimampianina a convoqué toutes les femmes des associations existant dans les 22 régions de la Grande île. Grâce au concours d’Onitiana Realy, ministre de la Population très aux ordres (ex-journaliste devenue « politicienne », c’est elle-même qui l’a dit pour justifier son obséquiosité actuelle, vis-à -vis de Hery sy Voahangy Mivady). Ainsi, la première dame malgache compte ratisser large et réunir le maximum de femmes malgaches pour un grand défilé dans la Capitale.
J’aurai été le premier à applaudir pour cette initiative seulement, derrière cela se cache une ignorance flagrante de la déclaration universelle des droits de l’Humanité (Hommes, femmes, enfants…). En effet, seront exclues de ce grand rassemblement les femmes faisant de la politique («ny vehivavy manao politika») et leur association respective. Mais çà va pas la tête ou quoi? Déjà tout est politique ici-bas, à moins que, dans les palais présidentiels, personne n’est capable d’expliquer à la première dame la définition même de ce mot?! Et puis, le parti HVM n’est-il pas « le parti le plus puissant de Madagascar », dixit Rivo Rakotovao son président. Pourquoi alors cette peur… bleue?
Par ailleurs, dans cette politique de l’exclusion de la part de l’épouse Rajaonarimampianina et ses «Voahanguette» (il y a bien eu les Claudettes de Clo-Clo, non?), où se situe le droit fondamental d’expression? Sincèrement, je me demande ce que va en penser Mirelle Rabenoro qui vient d’être élue présidente de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH). Et si vous ne le savez pas, la première attribution de cette commission est de « promouvoir et protéger tous les Droits de l’Homme sans exception » (Article 2 alinéa 1 de la loi 2014-007 du 22 juillet 2014). Y compris les femmes, les enfants, etc.
Enfin, Voahangy Rajaonarimampianina qui a reçu l’eucharistie lors du passage du Cardinal Pietro Parolin (photo à la Une), n’est-elle pas au courant que ce dernier, lors d’une interview pour Rfi, a déclaré : « La politique doit se faire au service des autres, et non pour servir son propre intérêt». Il est grand temps que l’épouse du président malgache révise sa politique exclusive étrange, dans un pays sensé être une république démocratique. En ce temps des NTIC, tout se sait et laisser des archives négatives pour l’Histoire ne contribuera pas du tout à l’épanouissement de la femme malgache.
A ce rythme de très mauvaise gouvernance, en tout cas, la femme malgache ne sera jamais ni autonome ni vecteur de développement. En réalité, cette décision infâme pour les femmes, en général, est dictée par la frousse de voir déferler les couleurs des entités politiques MAPAR, AREMA, MMM et FREEDOM, qui noieront littéralement celle du parti présidentiel HVM pas du tout en odeur de sainteté dans la Capitale malgache. Ce, malgré l’achat de mercenaires dotées de T-shirt et casquette Bleu Hvm. D’où, peut-être, risque de coup d’Etat (« fanongam-panjakana ») de la part de ces femmes « politiciennes », dans les esprits obtus et bas des hautes sphères étatiques? Who knows?... Quoi qu’il en soit, cet enfantillage, même passager, aura un impact encore plus négatif sur l’image déjà plus que ternie de Voahangy Rajaonarimampianina et ses «Voahanguettes» qui, rappelons-le, ne sont que de passage au pouvoir. Mais c’est peut-être pour çà qu’elles font ce qu’elles veulent, c’est-à -dire n’importe quoi. Après elles le déluge.
Enfin, la ministre Onitiana Realy n’est-elle pas elle-même «politicienne»? Nous tombons dans le ridicule qui ne tue plus, heureusement… Pour qui?
Jeannot Ramambazafy – 20 février 2016