Pour certains observateurs, Houcine Arfa est allé trop loin dans ses révélations. Les dommages collatéraux qu’il a provoqués sont incalculables. Par ses propos répandus dans les médias français, puis mondiaux, Houcine Arfa a porté atteinte à la réputation du régime malgache en général, et au système judiciaire en particulier. En raison du scandale lié à cette affaire et du défaut de sécurité juridique qui prévaut, les étrangers rechignent à investir à Madagascar qui a dégringolé de dix places dans le classement d’indice de perception de la corruption établi par Transparency International. En dénonçant la corruption parmi les agents pénitentiaires, les magistrats et les policiers, Houcine Arfa a ridiculisé ces professions qui souffraient déjà d’une mauvaise image et qui sont aujourd’hui plus démotivées que jamais. Pour sa défense, le régime a commis l’erreur de dénigrer Houcine Arfa et de blâmer les médias qui donnaient de l’importance à ce condamné évadé. Les dommages collatéraux subis par le régime sont certes réels, mais il ne faut pas oublier qu’avant cela Houcine Arfa a subi des dommages physiques, moraux et pécuniaires et que les dommages collatéraux subis par le régime présentent également des avantages par ricochet pour la nation malgache. Pour saisir cette nuance, il faut revoir le film des évènements sous un nouvel angle.
Houcine Arfa a été jalousé par de hautes personnalités proches de Hery Rajaonarimampianina. Ces dernières auraient pu l’expulser du territoire, mais il connaissait trop de secrets embarrassants pour l’entourage du Chef de l’État. C’est pourquoi, elles ont préféré charger la barque en l’accusant de tous les maux. Houcine Arfa a donc été la victime d’un procès pénal monté de toutes pièces. Le magistrat qui a mené l’instruction et celui qui a rendu le jugement ont pris leur décision en raison d’ordres donnés en haut lieu plutôt que sur la base de preuves matérielles et testimoniales solides. Cette méthode digne d’un régime totalitaire n’est pas nouvelle, mais elle choque toujours la morale. Arrêté de manière arbitraire et détenu dans des conditions épouvantables, Houcine Arfa a préféré sauver sa vie en s’enfuyant. Il aurait pu rester à Madagascar pour épuiser les voies de recours, mais il n’avait pas confiance dans le système judiciaire et carcéral malgache. Horrifiée par les traitements inhumains infligés à son mari, l’épouse d’Houcine Arfa a maintes fois sollicité Hery Rajaonarimampianina. Celui-ci aurait pu intervenir en tant que Raiamandreny et en sa qualité de Président du Conseil Supérieur de Magistrature. Il aurait pu réclamer en toute objectivité que toute la lumière soit faite sur cette affaire, mais il n’a pas levé le petit doigt.
Il (Ndrl: Hery Rajaonarimampianina) perçoit aujourd’hui les fruits de son abstention. En vérité, il s’est laissé manipuler par certains individus qui sont bien incapables d’éteindre l’incendie qu’ils ont provoqué. Houcine Arfa s’est donc évadé dans les circonstances incroyables que l’on connaît. Persuadé qu’il n’obtiendrait pas gain de cause auprès de la justice malgache, du moins dans la configuration politique actuelle, Houcine Arfa a préféré s’adresser aux médias et à la justice de son pays afin que le monde entier soit informé des tortures et spoliations dont il avait été victime. Cette contre-attaque médiatique et judiciaire de la part de Houcine Arfa ne constitue pas un acte de subversion à l’encontre des autorités malgaches, mais celles-ci doivent assumer les responsabilités de leurs actes. Le préjudice de Houcine Arfa doit être réparé et il le sera, tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre. L’approche de Houcine Arfa peut paraître agressive et disproportionnée, mais elle est à l’image de celle des autorités malgaches. Après son retour dans l’Hexagone, Houcine Arfa aurait pu s’écraser et se faire discret. Oui, mais voilà , le personnage n’est pas du genre à se laisser faire. Ce n’est pas un enfant de chœur, mais c’est un homme d’honneur.
Offensé, il est devenu offensif. On est en droit d’admirer Houcine Arfa ou de le détester, mais il faut lui reconnaître le courage d’aller au bout d’une logique implacable. De nombreux observateurs soutiennent que son action est louable et déclarent qu’il n’a fait que la moitié du chemin, en révélant au grand jour des pratiques de corruption et des arrangements politico-judiciaires notoires. Il doit continuer et il le fera. En rapportant publiquement et en détails les excès et les insuffisances des autorités policières et judiciaires dans le cadre de sa condamnation et de sa fuite, Houcine Arfa a rendu service à la population malgache. Sa démarche présente des avantages par ricochet pour les Malgaches. En effet, Houcine Arfa ne souhaite pas faire tomber la République malgache, mais il va pourchasser les voyous de la République qui oppriment le peuple malgache en bafouant l’État de droit.
Ranary - Envoyé spécial à Paris de « La Gazette de la Grande île »