Franchement, ce régime Hvm aura réellement tout corrompu à Madagascar en quatre ans et demi d’une gouvernance extraordinairement fondée sur la corruption. Et le journalisme n’a pas échappé à ce désastre avec un Ordre qui roule main dans la main avec le ministère de la Communication dirigé par Harry Laurent Rahajason alias Rolly Mercia. Du coup, ce titre est plus qu’un jeu de mots car le journalisme à la sauce Hvm est véritablement à la merci d’un roulis pré… historique. Allons-y lugubrement.
Historique. C’est en 1993, suite à une recommandation émanant de l’Unesco en 1991, que les Nations Unies ont proclamé le 3 mai comme étant la Journée mondiale de la Liberté de la Presse. Il faut rappeler qu’en 1991 également, les journalistes du continent africain avaient proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias. Ainsi, depuis 25 ans à présent, tous les ans à cette date du 3 mai, cette Journée est dédiée plutôt à la réflexion profonde et au recueillement qu’à la liesse. Les quatre axes fondamentaux immuables sont :
• Rappeler les principes fondamentaux de la liberté de la presse ;
• Évaluer la liberté de la presse à travers le monde ;
• Défendre l’indépendance des médias ; et, surtout
• Rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.
A Madagascar, les journalistes n’ont pas oublié le 3 mai mais, au fil du temps, cette journée est commémorée en ordre très dispersé comme si, ici aussi, le plus important est de diviser pour mieux régner, étant entendu que celui qui détient l’information détient le pouvoir. Cela, à travers une interprétation très anamorphosée de la part de ce régime Hvm qui, en un temps record et sans tracasseries administratives, a créé des tas de supports médiatiques (journaux, radios et télévision) à la gloire du filoha Hery. A quel moment cela a-t-il littéralement périclité ?
Les journalistes Zo Randrianindrina et James Ramarosaona
Petit Rappel. Dans la Grande île de l’océan Indien, la profession journalistique est régulée par un Ordre des Journalistes de Madagascar (OJM) assez récent (depuis 1975) si l’on sait que le premier journal qui y a existé, « Teny Soa Hanalan'Andro » (La bonne parole pour passer le temps), date de 1866. Voici les présidents de cet OJM, depuis sa création à nos jours : +Ralaiarijaona, journal « Maresaka », (1975-1977); +Père Rémy Ralibera, journaux « Lumière » et « Lakroan’i Madagasikara » (1977-1991); Anicet Andriantsalama, Rnm (1991-1993); James Ramarosaona, journal « Madagascar Tribune », (1993-2004), puis « La Gazette de la Grand Île » avant de devenir free-lance; Ruffin Rakotomaharo, chaînes publiques Tvm-Rnm (2004-2014); Gérard Rakotonirina, journal « Basy Vava » (2014 à nos jours). C’est donc sous le mandat de James Ramarosaona que la Journée mondiale de la Liberté de la Presse a été adoptée par l’ONU.
En vérité, cette photo a été prise le 3 mai 2011 (le blog spécial ICI)
A l’époque, tout était « normal », c’est-à -dire que James travaillait réellement et sincèrement pour l’amélioration des conditions de travail des journalistes malgaches. C’est lui et Daniel Rakotoseheno, alias le photojournaliste Dany Be, qui ont permis la création du Centre de Ressources des Médias (CRM) situé alors dans l’actuel CITE à Ambatonakanga. L’internet en était encore à ses balbutiements. Ainsi, beaucoup de journalistes fréquentaient le CRM pour la connexion et l’ambiance conviviale qui y régnait. C’est là qu’ont été commémoré tous les 3 mai officiels, entre journalistes, sans une tutelle quelconque de l’administration publique qui n’était qu’une invitée parmi d’autres, sans prérogative précise. C’est encore à James Ramarosaona que l’on doit, depuis 1999, la stèle de l’OJM sise devant la gare, avenue de l’Indépendance. Elle a été rénovée pour commémorer le 3 mai 2011, avec Rolly Mercia comme ministre de tutelle…
Deux générations de journalistes: le regretté Georges Rakotondrasoava et Ismaël Razafinarivo se saluant
Lorsque Ruffin Rakotomaharo a été élu in extremis, en 2004, le début du dérèglement du métier… débuta. Il faut rappeler que, contrairement à James, Ruffin émane des médias publics alors en accointance directe avec le régime TIM/Marc Ravalomanana qui avait créé sa propre flotte de médias. Il faut aussi savoir ceci : lorsque le mandat de Ruffin arriva à terme, en 2009, il n’y eut plus de président de l’OJM durant la période de transition, pour des raisons évidentes. Du coup, plusieurs supports médiatiques virent le jour, « sous la houlette » (phrase que vous lirez dans tous les communiqués du gouvernement, signée Rolly Mercia) de l’actuel ministre de la communication qui prétendait alors rouler pour la liberté de presse totale. Le 3 mai fut encore commémoré dans les normes d’humilité et de recueillement jusque-là .
Lorsque vint le retour à la normale du contexte politique, l’organisation d’une élection d’un nouveau président de l’OJM a eu lieu en novembre 2014. Après des magouilles comme pas possible où l’argent a eu le dernier mot, c’est Gérard Rakotonirina qui fut « élu » président, dans un second tour avec peu d’électeurs. En passant, je continue à persister et à signer qu’à Madagascar, la carte de presse n’est qu’une carte d’électeur. Car combien de journalistes de l’actuelle génération savent ce qu’elle peut leur apporter ou non ? Même les forces de l’ordre se foutent royalement du « Laisser passer et circuler librement ». Le 21 avril 2018, sur le parvis de l’hôtel de ville, un gendarme n’a pas hésité à lancer une bombe lacrymogène sur un groupe de journalistes. Cela a été filmé et se trouve sur youtube. Passons.
La stèle de l'OJM, le 3 mai 1999, un bail
La stèle de l'OJM, rénové le 3 mai 2011
Croyez-moi ou pas (vous savez bien que je ne raconte jamais de bobards) mais depuis que ce Gérard est à la tête de l’OJM, toutes ses maigres actions sont financées par le régime Hvm. Et lorsque les deux journalistes de « Madagascar Matin » (Didier Ramanoelina et Jean-Luc Rahaga qui a viré de bord…) ont été emprisonnés par le ministre d’État Rivo Rakotovao, il ne s’est manifesté que très, trop tardivement au nom de l’OJM devenu, dès lors, l’antichambre journalistique du pouvoir, jusqu’à danser avec Nicole Randrianarivoson, du parti Hvm, lors d’un bal, pour « fêter » le 3 mai 2016.
Ce qui est remarquable (à noter et non pas à considérer comme extraordinaire) dans cette descente aux enfers du métier de journaliste à Madagascar est ceci : avant que Rolly Mercia n’a été limogé de son poste de ministre, en 2014, il avait été omniprésent sur le front pour fustiger les dérives de ce régime Hvm et, particulièrement, sur les «misères» faites sur les journalistes. Surtout à propos du code de la communication liberticide, dénommé code Andrianjato (du nom du ministre de la communication limogé Vonison Andrianjato Razafindambo) qui, hélas, a été adopté en juillet 2016 par une poignée de députés insensés. Or, une fois qu’il a été repêché en avril 2017, ce fortiche en gueule, mais faiblard en vocabulaire, a tout « oublié » et son excès de zèle mérite une palme.
En ce temps-là , quoi qu'on dise, les journalistes étaient soudés. Rolly Mercia était déjà ministre nommé par Andry Rajoelina. C'était 3 ans avant l'avènement de la république des mallettes qui a changé jusqu'à Lambo Tahiri (à l'extrême-droite). Edgard Razafindravahy était alors PDS de la ville d'Antananarivo. Ruffin Rakotomaharo est au fond, entre l'actuel maire de la commune d'Ivato et le député élu à Moramanga
En effet, ministre coach (à propos de quoi exactement) de la région Boeny, Rolly Mercia avait décentralisé la commémoration cette journée mondiale de la liberté de presse 2017 à Mahajanga. Et le spectre de Gallieni (le gouverneur de Madagascar colonisé, qui a divisé pour régner les gars !) a fait son œuvre car, de leur côté à Antananarivo, journalistes, patrons de presse et collaborateurs se sont réunis autour d’une tribune libre au « Trass » sis à Tsiadana. Les conditions de travail des journalistes malgaches se sont-elles améliorées pour autant ? Bien au contraire ! Menaces et mises en demeure sont le mode de gouvernance de ce ministre de « tutelle ».
Ce jeune Didi, vice-président de l'OJM pour la province d'Antananarivo a fait plus que le président national Gérard Rakotonirina, dans la défense des journalistes. Sur la photo, interviewé par Rfi lorsque le domicile du journaliste Fetra Rakotondrasoa -qui a dénoncé les exactions commises à Antsakabary) a été inutilement perquisitionné. Et Didi a été écarté (dans le cadre des démarches concernant le nouvelle carte de presse) car ce régime Hvm n'aime pas les personnes efficaces et incorruptibles. Il est certain qu'il n'ira pas à Toamasina
Et demain 3 mai, pour cette année 2018, la commémoration de la Journée mondiale de la Liberté de la Presse à la sauce Rolly Mercia sera vraiment (comme le dirait le PM Olivier Mahafaly) à la merci d’un roulis historique sinon préhistorique. Pour les ignorants, le roulis est un mouvement d'oscillation transversal d'un bateau, sous l'effet de la houle. Ce qui signifie qu’il revient perpétuellement, comme le naturel qui revient au galop quand vous pensez le chasser (« Tà nana zatra mitsora tsy afaka mivonkona intsony»). Vous avez saisi l’image à présent ? Bravo, ami lecteur, vous devenez de plus en plus intelligent…
Après Mahajanga en 2017 donc, ce sera au tour de Toamasina d’abriter cette journée onusienne dédiée à la Liberté de la Presse. Je n’ai rien contre la décentralisation, mais c’est le libellé de l’invitation et la manière qui est exécrable et qui m’a interpelé. Et pour du jamais vu et vécu c’en est... C’est une création de la direction du système d’information du ministère de tutelle. Purée de nous autres ! Mais l’OJM de Gérard Rakotonirina est devenu un sous-service au sein de ce ministère ou quoi ?
« L’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM), en partenariat avec le Ministère de la Communication et des Relations avec les Institutions, et les systèmes des Nations Unies à Madagascar, a l’honneur de vous inviter à rehausser de votre présence la célébration de la Journée mondiale de la Liberté de la Presse, sous le haut patronage de son Excellence Monsieur le Président de la République, Monsieur Hery Rajaonarimampianina, sous le haut parrainage de son Excellence le Premier Ministre Olivier Solonandrasana Mahafaly et en présence effective de Monsieur le Ministre de Communication et des Relations avec les Institutions, Monsieur Harry Laurent Rahajason ».
Si la présence des deux premiers demeure aléatoire, Rolly Mercia, lui, sera « effectivement » présent. On verra… Le thème universel de cette année, proposé par l’Unesco est : « Médias, justice et État de droit : les contrepoids du pouvoir ». Il est précisé que « les célébrations porteront sur les questions des médias et de la transparence du processus politique, de l’indépendance du système judiciaire et de ses connaissances en matière de médias, et de la responsabilité des institutions de l’État vis-à -vis du public. La journée sera aussi l’occasion d’examiner les défis actuels de la liberté de la presse en ligne ».
De son côté, Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, s’est manifesté comme suit : « Cette année, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, je demande aux gouvernements de faire davantage pour que la liberté de la presse soit respectée et les journalistes protégés. En soutenant la liberté de la presse, nous défendons notre droit à la vérité ».
Pour se donner une contenance, sans aucun doute, une pseudo conférence-débat sera organisée le 3 mai 2018 sur le thème : «La liberté de presse, accès à l’information et élections». Prière de ne pas rire, s’il vous plaît.Le clou de la commémoration à la sauce Hvm ? Bien évidemment un bal, dénommé, cette fois-ci, « Soirée de l’amitié », à l’Espace « La Famille » sis à Salazamay. Les 14 journalistes ainsi que les 4 journalistes citoyens et les 2 collaborateurs tués depuis janvier 2018, à travers le monde, doivent se retourner dans leur tombe (source : Reporters sans frontières). Dis Rolly pourrais-tu jurer que, selon Reporters sans frontières toujours, tu agis chaque jour pour défendre la liberté de l’Information ? Non, car il est évident que tu es à la merci d’un régime qui a passé et passe encore son temps à gouverner par la corruption. Tu en est même le pivot. « Fa misy farany raha jiaby ». Quoi, moi !? Non, je n’irai pas à Toamasina. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, mais je suis en deuil de mes confrères morts dans l’exercice de ce métier passionnant mais ingrat.
Enfin, juste en passant, sachez que les Objectifs de développement durable (ODD 2016-2030) reconnaissent l’importance de l’accès du public à l’information et aux libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression.
Jeannot Ramambazafy – Article publié également dans « La Gazette de la Grande île » du mercredi 2 mai 2018