Si à Madagascar les acteurs de premier plan impliqués dans l’affaire Houcine Arfa pensent qu’ils peuvent dormir tranquille, ils vont très vite déchanter. Comme je vous en avais déjà informé, je ne reviendrai sur le cas (car c’en est un) Arfa que lorsque la justice française entrera en scène. C’est fait depuis la fin du mois de mars dernier, alors que la justice malgache, la ministre en tête, avait fait croire à l’opinion publique que ce conseiller à la sécurité du Président de la République -avec qui il a été assez familialement intime-, faisait l’objet de recherches ou bien était en liberté surveillée. Et même qu’il était question d’une extradition, sachant pertinemment (ou pas, qui sait ?) que la France n’extrade jamais ses nationaux. Eh bien et oui : nenni ! Cela s’appelle « mamono vorona » en malgache, fanfaronnade dans la langue de Macron.
Dans cet article, j’ai évité les termes juridiques pour ne pas vous entrainer, amies lectrices, amis lecteurs, dans le dédale des messieurs-je-sais-tout mais qui n’écrivent que pour eux-mêmes, avec un étalement de connaissances souvent livresques, une culture de Rolly Mercia... C’est-à -dire, du sensationnel à la Une, avec des mots venus d’on-ne-sait-où, mais vides de recoupements prouvés à la lecture, et remplis de menaces au final.
Résumé de l’affaire. Après avoir été arrêté le 20 juin 2017 comme s’il était l’ennemi public n°1 à Madagascar (Rappelez-vous, cette vitrine en verre blindée, lors du défilé du 26 juin 2017 à Mahamasina, et cette rumeur émanant du pouvoir même comme quoi des snipers, instruits par Arfa, allaient abattre le président Hery Rajaonarimampianina), Houcine Arfa, gardé à vue 3 jours, a été transféré de nuit le 23 juin à la maison de Force de Tsiafahy, dans la périphérie sud d’Antananarivo. Les 3 jours de garde à vue à la brigade criminelle, avaient servi pour tenter vainement de lui faire avouer des crimes qu’il n’avait et n’aurait jamais commis, comme des kidnappings. Puis, il pourrira 6 mois à Tsiafahy. Plus exactement, on lui pourrira la survie durant un semestre. Le 28 décembre 2017, lors d’un transfert d’urgence (Arfa avait perdu 20 kilos et tout son corps était ecchymosé) vers la prison d’Antanimora, sur la route de l’université. En chemin, il a réussi à prendre la poudre d’escampette pour regagner la France via Mahajanga puis Mayotte. Des tas de médias d’ici et d’ailleurs ont tous relaté cette « évasion rocambolesque ». Référez-vous-y, je ne tiens pas à faire de pub gratuite pour Rfi et « Le Parisien », ahahaha !!!! En tout cas, il s’est avéré au fil du temps qu’« on » l’avait fait fuir moyennant finance…
A Madagascar, depuis l’accession de ce président de la république qui n’aurait jamais dû l’être, c’est devenu monnaie courante d’arrêter qui l’on veut et de monter un dossier contre lui par la suite. Je me tairai, ici, en ce qui concerne les personnalités impliquées et encore en exercice dans leur fonction respective -mais elles ont déjà été citées par Houcine Arfa et figurent dans sa plainte devant la justice française-. Elles doivent trembler dans leurs nuits blanches, car cette justice française c’est tout ce qu’on veut sauf un club de vendus ou une antichambre mafieuse des dirigeants de l’Hexagone.
C’est une justice in-dé-pen-dan-te qui tient à le rester en respectant la Constitution et le Droit ; avec qui personne ne peut être au-dessus des lois et pour qui le temps n’effacera jamais les crimes commis.
Pour en revenir à la Grande île, grâce à un tour de Majax (nom d’un célèbre magicien français), c’est tout une famille -celle de Vonjy Todisoa Randriamaromanana- qui est alors allé porter plainte contre Houcine Arfa avec, pour motifs d’accusation : usurpation de titre, tentative de kidnapping et extorsion de fonds. Le jugement de cette plainte est prononcé le 7 novembre 2017. Verdict : 3 ans d’emprisonnement ferme assortis d’une amende de 10 millions ariary. Les avocats d’Arfa porte alors cette affaire en appel. Le 9 mars 2018, la Cour d’appel d’Antananarivo confirme la décision du tribunal de première instance. Grand soulagement de certaines personnalités dirigeantes : Houcine Arfa ne remettra pas les pieds à Madagascar, de sitôt ! Et ils pensent à la chanson de Léo Ferré : « Avec le temps va tout s’en va ». Eh ben non, ils se gourent, eux qui accusent toujours le Français de « barbouze » et autres noms d’oiseaux pour se donner une contenance de républicains bananiers. Rira bien qui rira le dernier.
Comme je vous en avais aussi informé, si une bataille a été gagnée par une famille dont le rôle sera clarifié plus tard, une autre commence, du côté de la justice française cette fois-ci, et la guerre n’est pas arrivée à son terme. En plus des documents publiés avec cet article, et pour prouver que cet homme meurtri dans son honneur a gardé son sens de l’humour, notre contact en France nous a aussi fait parvenir des photos d’Houcine Arfa, libre comme l’air, au château de Versailles, dans le Salon de la… guerre. Et pour lui, le 26 juin (Première photo de ce dossier: 1794, 5 ans après la prise de la Bastille) n’est pas fortuit. Pour les non-Malgaches, c’est la date du retour de l’indépendance de Madagascar. Certes, ce ne sont que des termes imagées mais cela prouve la ténacité de cet homme, atteint aussi dans son intégrité physique, et qui compte élargir sa plainte à l’échelle internationale dans le cadre du non-respect des droits fondamentaux de l’Homme... Nous en reparlerons.
Quoi qu’il en soit, déchéance de Rajao ou pas, les personnalités citées dans la plainte et qui ont été nommées (des non élues) par le président Hery Rajaonarimampianina, redeviendront de simples justiciables. Comme lui, vous et moi, ici ou ailleurs. Et là , rira bien qui rira dernier. Vraiment. Lorsqu’elles seront convoquées pour être auditionnées, tôt ou tard.
Rira bien qui rira dernier
Jeannot Ramambazafy - Dossier également publié dans "La Gazette de la Grande île" du samedi 19 mai 2018