Hôtel Carlton, 10 août 2018. Présentation de la plateforme « Voromahery » (Aigle) pour le soutien du président Rajaonarimampianina et sa vision Fisandratana 2030. De gauche à droite : Virapin Ramamonjisoa, Consul à l’île de La Réunion ; Andry Raobelina, ancien chef du protocole de la présidence de la transition, actuellement Boss de la chaine audiovisuelle Dream’in, entre autres, et jumeau de Manankasina Raobelina Pdg-pilote de Madagascar Airways ; Avoko; Lanto Rakotomanga, transfuge du parti Tgv, aimant jouer la fille de l’air. Au fond au milieu, Ntsoa Randriamifidimanana, Pdg du groupe PACOM qui sait louvoyer dans le camp de tous les vainqueurs…
34 ans après le décès tragique de son père, Pierre Mizael Rakotoarijaona plus connu par son titre Sifu Pierre Be, Avoko semble n’en être toujours pas remis. Si bien que, si son père est Grand Maître du Kung-fu, lui il est devenu Grand maître du n’importe quoi en politisant cette discipline martiale noble. Ce dimanche 19 août 2018, il entend organiser un grand rassemblement qui préfigure la mutation de son association de Kung-fu en parti politique au service d’une énième cause perdue qu’il aura alors défendue moyennant finance. Ce rassemblement n'aura pas lieu et c'est tant mieux pour le milieu du Kung-fu malgache. Mais voici le parcours politico-martial très intéressé -et assez intéressant- d’un mercenaire charlatan qui souille la mémoire de son père et avilit l’essence même du Kung-fu.
67 ha, 15 avril 2016. Avoko Rakotoarijaona (cravate à pois) qui s'infiltre carrément entre les gardes du corps du président Hery Rajaonarimampianina
Début avril 2016, un personnage assez connu à Madagascar a surgi sur les écrans des médias audiovisuels d’Antananarivo pour « mettre en garde » contre toute tentative de coup d’état à l’encontre du président Hery Rajaonarimampianina. C’est toujours comme cela à Madagascar, depuis le président Philibert Tsiranana, lorsqu’un régime se sent menacé : on paie des gens pour glorifier des dirigeants qui finissent toujours par être jetés hors du pouvoir, un temps plus ou moins long après.
Avoko, à quelques jours de l'assassinat de son père, à droite
Mais lorsque cette mise en garde vient du fils de Pierre Mizael Rakotoarijaona, alias Pierre Be ou Maître Pierre Be, cela dépasse l’entendement et je me demande si cet homme de 47 ans, à présent, a bien la tête sur les épaules. Avoko Rakotoarijaona pratique le Kung-Fu depuis l’âge de 7 ans mais 39 ans plus tard, il a donc oublié la philosophie même de cet art martial, qui est : discipline, vertu, justice, (ajouté à force, cœur et amour - "Hery, fo sy fitiavana") et a remisé dans le placard de l’amnésie les raisons de l’assassinat de son père par le régime Ratsiraka. En passant, Hery, de la trilogie ci-dessus, n’a aucun lien avec Hery Rajaonarimampianina. A l’époque, Avoko avait 13 ans et avait aussi été emprisonné.
Décembre 1984. Dernière photo de famille avec Pierre Be. Prémonition ? Avoko est vêtu de noir
Lors des évènements de 2002, il a apporté son appui à Marc Ravalomanana qui, plus tard, l’a traité comme un gamin attardé. Dix ans plus tard, on le voit au côté de l’amiral Didier Ratsiraka qui avait commandité la mise à mort de son père que cet Avoko persiste à croire être vivant « quelque part » et qui va revenir… C’est peut-être cela qui a perturbé son esprit puisque, avec le passeport Kung-fu, il est monté sur le ring de la politique mais a raté un épisode historique n’ayant pas participé, ni de près ni de loin, à la révolution orange de 2009.
Aéroport d'Ivato, le 24 novembre 2011. Avoko (lunettes noires) est derrière l'Amiral Didier Ratsiraka, de retour après un second exil en France. Pardonner ne signifie pas s'afficher avec l'assassin de son père
En 2012, il fonde le parti « Madagasikara afaka » (MAF – Madagascar libéré). Madagascar qui sera libéré en… 2017, avait-il prédit. Un peu comme le pasteur Mailhol d’Apokalipsy et son histoire d’être président en 2013. Au passage, rappelons que ce pasteur est candidat à l’élection présidentielle de cette année 2018.
A gauche, Avoko qui a prétendu que cette photo a été prise au temple de Saholin-si qui est situé sur le mont Song (1.500m d’altitude) dans la province du Henan. Il s’agit de l'une des cinq montagnes sacrées de la Chine. A y voir de plus près, pourtant, le décor environnant indique qu’il s'agit de la grande muraille de Chine. Il faut savoir qu’il y a des étapes strictes à suivre et à franchir avant de pouvoir pénétrer dans le temple du Kung-fu Wu-Su
Auparavant, Avoko s’essaie à la prédication avec, comme pierre angulaire, le slogan « Mifohaza ry Gasy » (Malgaches, réveillez-vous). Entre-temps, il est bien allé en Chine mais il est le seul à être témoin d’un prétendu séjour au temple de Shaolin-si dans le Henan, sur le mont Song. Il s’essaie aussi à la réalisation de films à travers la société éphémère Ny Avoko Productions.
Annonce de sa candidature, le 08 février 2013, pour l'élection présidentielle. Il avait déclaré avoir préparé cela depuis 30 ans ("Efa 30 taona no nanomanako ny firotsahako..."). Peu après, il retire sa candidature en ayant affirmé : " Il y a trop de candidats ; je préfère me retirer et apporter ma contribution autrement pour le pays "
Garde rapproché de Sylvain Rabetsaroahana (au centre), candidat milliardaire à la présidentielle de 2013 et président d'Honneur du Kung-fu Wisa de Madagascar
Mais le virus de la politique (et l’argent qui va avec) semble l’avoir profondément atteint. En 2013, il se porte candidat à l’élection présidentielle avant de se retirer pour être le garde rapproché du milliardaire Sylvain Rabetsaroahana, ancien propriétaire de la radio jazzy RLI (qui n’est plus jazzy du tout) président d’honneur du Kung-Fu Wisa qu’il dirige.
Avoko, devenu Maître de la « connaissance suprême »
Puis, soudainement, en 2015, le 27 mai pour être précis, il réapparaît sur Tv Plus Madagascar en télévangéliste convaincu mais peu convaincant. Argument: «Fahalalà na fara-tampony» ou connaissance suprême. «Il n’y a pas de destin mais tout repose sur la réincarnation. Ny ataonao ihany no mivaly aminao (tu seras puni là où tu as pêché, qui sème le vent récolte la tempête). La loi de Dieu est la loi des sans-loi… Ay isika zarazarain’ny politika, ay isika zarazanain’ny fiangonana, ay isika zarazarain’ny vola sy ny sosialy fa kay isika iray ihany». «En fait, nous sommes divisés par la politique, par l’église, par l’argent et la société alors que nous ne faisons qu’un». Bref, ce genre d’annonce à l’encan sans queue ni tête mais arguments frappants pour mous du bulbe.
Jusqu'ici, aucun feedback de ses tournées à l'extérieur
Mais il peut recevoir en "privé"
En fait, il s’agissait de faire de la publicité pour un show payant organisé le dimanche 07 juin 2015 à Antsahamanitra, « réalisé par un producteur puissant qui finance mes tournées à Madagascar et dans le monde entier ». Et Avoko d’annoncer, à l’époque, qu’il sera à Paris les 14 et 21 juin 2015… A partir de là , plus personne n’a entendu parler de lui ni de ses tournées « mondiales ». Mais ce qui n’est un secret pour personne c’est qu’il doit beaucoup d’argent à beaucoup de monde.
Avoko, à l'extrême-gauche, à la tribune officielle, le 15 avril 2016 aux 67 ha Antananarivo, lors donc de l’inauguration d’un terrain de basket-ball par le couple Hery et Voahangy Rajaonarimampianina
Avoko côtoie les supers privilégiés de ce régime Hvm. A gauche, Andry Raobelina -ancien chef du protocole de la présidence de la transition dirigée par Andry Rajoelina-, devenu milliardaire et Pdg des médias comme IB-C et Dream'in Tv. Au centre, Jaobarison Randrianarivony, le fondateur de l’agence Media Consulting qui s’est complètement fourvoyé dans un domaine qu’il a toujours exécré : la politique politicienne
De retour sans fanfare au pays, voilà donc Avoko au côté du président Hery Rajaonarimampianina, après s’être affiché au côté de celui qui l’a rendu orphelin, Didier Ratsiraka Celui qui n’a pas permis aux quatre enfants d’Avoko de voir et connaître leur grand-père-, puis protecteur du tombeur de ce dernier, Marc Ravalomanana. Tout le monde connaît les tours de garde des adeptes du Kung-fu à Faravohitra, domicile des Ravalomanana. Certes, c’est très honorable et digne de savoir pardonner, mais d’oublier, non, c’est insensé. Depuis ces dix dernières années, il y a beaucoup d'incohérences dans les propos, faits et gestes d'Avoko Rakotoarijaona qui, dès lors, souille la mémoire de son père et avilit l’essence du Kung-fu. Tout porte à croire qu'il est extrêmement pressé par une urgence d'avoir de l'argent très vite et qu’il se met au service du plus offrant qui, pour l’heure est qui vous savez... Reste à savoir s'il s'entendra bien avec Voahangy Randriamanana... Une autre histoire remisée dans un autre placard, le plus urgent étant de tenter de faire élire la vache à lait présidentielle...
Cela va le mener où de faire des adeptes du Kung-fu Malagasy des gros bras du régime Rajaonarimampianina au bout du rouleau ? Sûr qu'Avoko a besoin d'argent, mais ce régime n’a jamais eu vocation de fédérer les Malagasy. Rien de nouveau sous le soleil de l'anti-patriotisme
Les faits sont là  : Avoko Rakotoarijaona a renié les convictions acquises dans son enfance. On peut, peut-être, lui pardonner ses malheureuses paroles ("mampitandrina aho") pour défendre un régime qui paupérise et vend la nation malgache, simplement parce qu'il pratique le Kung-fu. Mais personne, et surtout pas l’histoire, n'oubliera ses faits et méfaits.
Personnellement, je le plains plus que ne le blâme. Ses parents avaient choisi son prénom pour une très bonne raison. En effet, Avoko, en langue malagasy, est le nom d’une fleur qui peut pousser un peu partout. De couleur jaune claire, ses racines ont la forme des patates douces blanches et sont parfaitement comestibles. Selon l’écrivain Régis Rajemisa Raolison, auteur, entre autres, d’un « Rakibolana Malagasy » en 1985) les personnes portant le prénom de Avoko sont des gens simples et humbles. De quoi perdre son… latin, non ?
Un dossier de Jeannot Ramambazafy - Également publié dans "La Gazette de la Grande île" du samedi 18 août 2018