Jean Razafindambo
Jean Razafindambo ? C’est un personnage que je croyais intelligent, posé et imaginatif. Hélas, mille fois hélas, comme dans le titre de son livre présenté ici, à Antananarivo, en juillet 2014 (AUDIO ICI), le meilleur de lui-même est parti dans sa perception des choses sur l’Afrique en général, sur Madagascar en particulier. Il est vrai que la distance à vol d’oiseau entre Ottawa (Canada) et Antananarivo (Madagascar) est de 13 995 km… Réduisant la perception réelle des choses.
Le 12 janvier 2019, via son compte Linkedin (ICI pour les abonnés), Jean Razafindambo a pondu un texte intitulé : « Première épine aux pieds du Président de Madagascar nouvellement élu ». Il est, paraît-il, « Consulting Business Analyst at Chief Information Officer and Security Branch (CIOSB) - Natural Resources Canada (NRCan) » (on parle français et anglais dans son lointain pays d’adoption). Dans ce texte donc, il fait allusion à Mialy Rajoelina qu’il accuse d’être « à la tête d'un «lobby» continental dans le domaine de l'énergie : L'éthanol pour être plus précis. Un «lobby» continental adossé à un «lobby» international pour encore plus de précision ».
Andrianjato Razafindambo Vonison
Certes, le français utilisé au Canada est charmant et même comique parfois, mais confondre « lobby » « alliance » et « plateforme économique », c’est tout simplement de la mauvaise foi sortie d’on-ne-sait-où de la part de ce frère ainé de l’ancien ministre de la communication, Andrianjato Razafindambo Vonison, dont le nom restera à jamais lié au code de la communication liberticide malgache et qui, lui au moins, est resté au pays. Au fait, pourquoi, en 1984, Jean Razafindambo, pro-Mfm (parti de Manandafy Rakotonirina) ancien journaliste, a-t-il quitté cette Grande île qui, actuellement, semble l’intéresser de manière pas très professionnelle ? À lui seul de trouver la réponse à cette question…
LOBBY : groupe d'intérêt, groupe de pression, groupe d'influence, est un groupe de personnes créé pour promouvoir et défendre des intérêts privés en exerçant des pressions ou une influence sur des personnes ou des institutions publiques détentrices de pouvoir (Wikipedia).
ALLIANCE: Union contractée par engagement mutuel, accord intervenant entre des pays, des personnes. Objet d'un traité consistant dans l'engagement d'entraide mutuelle de deux ou de plusieurs États et, par extension, nom de ce traité et, éventuellement, de l'institution qui en résulte. (Dictionnaires divers)
PLATEFORME ÉCONOMIQUE : En économie, une plateforme est un intermédiaire qui crée un marché. Par extension, une plateforme est aussi un intermédiaire qui rassemblent des groupes et favorisent les échanges économiques et sociaux (Wikipedia).
Cela dit, Jean Razafindambo connaît-il les étapes malgaches concernant l’éthanol ? Certainement pas puisqu’il a écrit un texte ne reposant sur rien à propos d’Andry et Mialy Rajoelina, dans ce domaine. Mettons-le (et vous aussi) au parfum alors.
En 2011, le gouvernement de transition a demandé à la Banque mondiale d’effectuer une étude analytique sur le potentiel énergétique de l’éthanol, notamment à Ambositra et Vatomandry. Cette étude a révélé que l’éthanol comme combustible domestique à Madagascar peut permettre la création de 814 000 emplois en trente ans, contre 242 000 dans la production de charbon. 25% de ces emplois se situent dans la production de matières premières, et les 75% restants dans les micro-distilleries. Pour votre culture personnelle sachez qu’annuellement, Madagascar perd 50 000 hectares de sa forêt, et, actuellement, seulement 25% de sa superficie (587 000 km²) sont encore couverts de forêts. Ainsi, l’étude de la Banque mondiale, dirigée par Bienvenu Rajohnson (« Senior Environmental Policy Adviser » de la Banque mondiale), a aussi révélé que la production à grande échelle de l’éthanol permettrait de sauver l’équivalent de 10% de la superficie forestière de la Grande île de l’océan Indien. Rappelons que l’éthanol est tiré de la canne à sucre qui est produit à plus ou moins grande échelle à Madagascar. Enfin, l’étude a également prouvé que l’éthanol sera, à terme, plus économique que le charbon. « Avec le gros avantage de la protection de l’environnement pour l’éthanol qui est une énergie propre, sans fumée et sans odeur ».
En avril 2012, tous les acteurs concernés, comprenant les responsables du ministère de l’Énergie, le ministère des Hydrocarbures, la Banque mondiale ainsi que des acteurs privés et des ONG intervenant dans la filière se sont réunis pour la finalisation d’un texte réglementaire à être appliqué à Madagascar. Le texte a pris en compte l’ensemble de la filière éthanol, de la production à la distribution, ainsi que les différentes techniques de production et d’exploitation de ce combustible.
Le 22 janvier 2013, la loi n°2013-013 portant production et commercialisation de l’éthanol est déclarée conforme par la HCC et est promulguée le 20 février 2014 par Hery Rajaonarimampianina. En septembre 2014, un projet éthanol avait été présenté au Salon de l’Industrie par la société Madagascar Energy Company (M.E.C) dont le Directeur général est Atana Bevelo Eric. Son unité de production se situe à Ampasimpotsy Brickaville. Le régime Hvm fera alors de l’éthanol un « programme national » qui n’aboutira nulle part, comme à son habitude…
L’ami Jean Razafindambo d’Ottawa sait-il tout cela ?
C’est peut-être cette entité que Jean Razafindambo traite de « lobby international » ?
Du 27 au 30 octobre 2017, Mialy Rajoelina née Razakandisa, ancienne Première dame et fondatrice-présidente de l’association caritative et humanitaire « Fitia », était en Inde pour participer au forum mondial organisé par la « Global Alliance for clean cookstoves » basée à Washington D.C. Non canadienne donc. C’est peut-être cette entité que Jean Razafindambo traite de « lobby international » ? Ce fut l’occasion pour l’actuelle Première Dame, depuis le 8 janvier 2019, de présenter un projet de mise en place d’une plateforme économique africaine ayant pour objectif « d’unir les forces et les moyens pour le développement de l’éthanol comme énergie verte en substitution du charbon de bois ».
Les 5 et 6 février 2018, pour faire suite à ce forum en Inde, un forum africain intitulé «Pan African Ethanol Stoves and Fuel Alliance (Paesfa)» a été organisé à Accra au Ghana par « Ghana Alliance for clean cookstoves ». Et c’est là qu’a été créée l’entité portant exactement le même nom. Représentant Madagascar, à travers l’association « Fitia », Mialy Rajoelina a été élue première Présidente de Paesfa pour un mandat de 3 ans. La phrase qui a retenue l’attention de toute l’assistance, lors de son speech à Accra, reste : «Osons exprimer que nous avons une seule vision et parlons d’une seule voix pour l’avenir de l’Afrique».
Les pays formant la plateforme Paesfa sont : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Kenya, Madagascar, Mali, Mozambique, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Tanzanie.
Quelle est la mission de la plateforme Paesfa ? Il s’agit, pour elle, d’asseoir ensemble, avec les pays membres, une économie durable au profit de l’Afrique par les Africains au moyen de l’éthanol combustible comme substitut du charbon de bois. «Il est incontestable que des millions de femmes et d’enfants périssent chaque année de l’infection respiratoire dû à la pollution à l’intérieur des ménages dans le monde», assure, à ce propos, une note d’information.
Dans son article, Jean Razafindambo écrit : « Cette étiquette que sa femme porte, bref, celle qui sera la Première Dame de l'État, est-elle compatible avec la fonction qu'il occupera après avoir prêté serment dans pas longtemps? D'ailleurs, cette étiquette était-elle compatible avec le statut de candidat à la magistrature suprême de son mari? Car il y va de la souveraineté du pays que le Président nouvellement élu va commencer à diriger dans pas grand temps! C'est de l'indécence politique que de permettre à un Président d'être si proche d'un «lobby» comme ce que sa femme dirige... ».
Jean Razafindambo, compatriote de Michaëlle Jean née en Haïti, sait-il, au moins, encore, que l’article 10 de la Loi n°2013-013 sur la Production et la Commercialisation de l’Éthanol Combustible stipule que : « Les activités du secteur Ethanol ne nécessitent pas de licence. Elles sont soumises au même régime que le charbon ». Pour la revue MCI (Madagascar Conseil International), seule revue juridique de Madagascar, cette loi est incitative : « Sur le plan administratif, la loi prévoit une innovation - c’est une rupture avec le système d’autorisation, tendant à favoriser la bureaucratisation – en prévoyant dans son article 10 que les activités du secteur éthanol ne nécessitent pas de licence. Cette disposition revêt une importance particulière car cela vient conforter l’idée d’une liberté d’entreprendre ».
Aussi, il n’y aura ni « lobby » ni monopole dans le domaine de l’éthanol à Madagascar. Non, vraiment, Jean Razafindambo (petit-fils de sanglier), de deux ans mon cadet pourtant, devient gaga. Étant retraité de la fonction publique canadienne, il ferait mieux de revenir au pays natal avant d’écrire quoi que ce soit sur lui. On ne trouve pas tout sur Internet, l’ami ! Et attention, ce sont une douzaine de nationalités africaines que tu as tendance à traiter de système maffieux (autre synonyme de « lobby »). Enfin, sachez amis lecteurs qu’au Canada, dans le domaine de l’éthanol, la société « Ethanol GreenField » en est le plus gros producteur. Aurait-elle des visées sur Madagascar, par hasard ?...
Jeannot Ramambazafy (petit-fils de caïman) - Dossier également publié dans "La Gazette de la Grande île" du 16 janvier 2019