Le lien sera-t-il prouvé par les enquêtes, entre cette entité créée par Lionel Christian Michel Lelièvre et ce malheureux Danil Radjan ?
On ne le dira jamais assez : il n’y a jamais de fumée sans feu. En septembre 2016, les méthodes « musclées » de la société COPS (Centre Opérationnel de Protection et de Sécurité), créée à Madagascar en 2012 par Lionel Lelièvre, sont dénoncées par plusieurs journalistes malagasy. Rien que sur madagate, la COPS et son patron ont fait l’objet de pas moins de cinq articles sur une année d’investigations. Ci-après les titres et leur date de publication :
6 septembre 2016 : Antananarivo. Qu’est-ce qui fait courir Lelièvre, ce franco-cop qui déborde ?
9 septembre 2016 : Antananarivo. Quand Lelièvre sème le trouble entre la Primature et la Police nationale
13 septembre 2016 : Madagascar sécurité civile. Jusqu’où Lelièvre courra-t-il encore?
27 mars 2017 : Antananarivo. La parole de Diams viendra-t-elle à bout des… COPS ?
14 septembre 2017 : Madagascar. Un mode de gouvernance G.I. Jao/Oliver Rendcontent, complètement stochastique
Le résumé de ces cinq dossiers est clair : Lionel Lelièvre, lui, n’est pas clair du tout. A cette époque, il n’a été inquiété par personne, et son avocat (du diable) s’est fendu d’un droit de réponse qui a été publié dans le quotidien « Midi Madagasikara », le 17 septembre 2017. Extraits :
« Ce qui arrive au Centre Opérationnel de Protection et de Sécurité (COPS) et son fondateur Lionel LELIEVRE à l’heure actuelle est un exemple typique du fonctionnement du monde des affaires et de l’inexistence de la sécurité des investissements à Madagascar. Ayant connu un succès fulgurant depuis sa création en 2012, la société est devenue la cible d’un « assassinat médiatique » et d’un harcèlement policier dans le dessein de ternir son image, de l’emprisonner, voire de l’expulser du pays. Le tout se basant sur une campagne de dénigrement par voie de presse qui cible le jeune et ambitieux opérateur économique, utilisant des informations totalement fausses et diffamatoires qui ne citent aucune source. Et par deux fois, après des heures d’audition à la gendarmerie, le bureau ainsi que le domicile du chef d’entreprise ont fait l’objet de perquisitions musclées qui se sont finalement avérées infructueuses (…) ».
« (…) Par ailleurs, jamais les journalistes qui ont écrit les articles n’ont tenu compte de la présomption d’innocence et tenté d’avoir la version de l’intéressé pour sa défense, comme l’éthique de leur profession l’exige ». Monsieur l’avocat ne sait-il pas que Lionel Lelièvre n’a jamais été approché car d’un dédain « inapprochable » ?
« Un des plus de COPS est l’investissement personnel de son patron qui est présent et s’implique personnellement sur le terrain contrairement à d’autres patrons d’entreprises. C’est d’ailleurs sa rigueur dans le respect des consignes de sécurité qui pourrait déranger certaines susceptibilités », en témoigne un de ses clients ».
De clients, parlons-en justement. Le vendredi 25 septembre 2020, Lionel Lelièvre, Boss de la COPS, ainsi que trois de ses agents, ont été appréhendés. Ils sont impliqués dans l’assassinat de Danil Radjan. Ce père de famille, de nationalité française d’origine indienne («Karana»), a été retrouvé sans vie, le samedi 19 septembre 2020, dans le sous-sol du centre commercial « La City », à Alarobia Antananarivo. Selon les premiers constats : « Ses mains étaient ligotées, des marques de strangulation étaient visibles sur son cou et des contusions ont été relevées au niveau de ses yeux, laissant penser que le malheureux a été victime d’un violent passage à tabac ».
Contrairement aux familles « Karana » dont un de leurs membres a été tué ou kidnappé, la famille de Danil Radjan, tout en s’étant remis aux enquêteurs nationaux et la justice française, ont opté pour médiatisé ce drame, via la presse. Ainsi, dans un communiqué remis à la brigade criminelle -où a également été déposée une plainte-, l’épouse de Danil a tenu à témoigner ainsi : « De son vivant, des gens n’ont cessé de salir l’image de mon conjoint. Il a déjà été incarcéré pour des choses dont il n’était pas responsable comme une affaire de bombe artisanale, et j’en passe. De là où il y a élimination physique, je pense qu’ils sont allés trop loin. Mes enfants se retrouvent sans père et moi sans mari, je ne vous décrirai pas la galère que nous subissons désormais, mais nous restons solidaires. Nous essayons d’être forts malgré tout ».
En tout cas, cet assassinat ne saurait être l’œuvre d’amateur(s) mais bel et bien de professionnels équipés. Il faut aussi rappeler ici, que le lundi 13 novembre 2017, du côté d’Ambatobe, à Antananarivo, le propre frère de Danil, Moustapha Radjan, avait été la ciblé de deux motards méconnaissables sous leur casque. Au volant de sa voiture, Moustapha a été atteints par trois balles de calibre 12 (au dos, au bras et à la mâchoire). Il a été évacué à La Réunion où il est resté depuis.
Sans l’ombre d’un doute, cela pue le règlement de comptes. Une semaine après la découverte du corps sans vie de Danil Radjan, Lionel Lelièvre et trois de ses agents ont donc été appréhendés et mis en garde à vue.
Ils vont être déférés au parquet du tribunal d’Anosy ("Lapan'ny Fitsarana"), le lundi 28 septembre 2020. En attendant la suite de cette énième affaire mortelle, rappelons que Lionel Lelièvre est un ancien légionnaire du 2ème REP (Régiment étranger de parachutistes) français. Comme Patrick Grancetti d’ailleurs, avec qui il a créé COPS à Madagascar en décembre 2012. Va-t-il, cette fois encore, être blanchi ou alors sera-t-il prouvé qu’il n’est qu’un vulgaire tueur à gage doublé d’un kidnappeur actif ? Pour éviter d’être taxé de harceleur, laissons la justice malagasy trancher.
Jeannot Ramambazafy