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Tambavy. Oser les remèdes traditionnels car c’est la Nature qui guérit les malades

Dans le chapitre 7 de son livre intitulé « Du soin au rite dans l’enfance » (Editions Erès, 2007), l’ethnologue Sophie Blanchy nous apprend que la racine du mot malagasy « tambavy » est « vavy ou viavy » signifiant femme. Du coup, selon ses recherches, qui remontent à l’année 1888 -il y a 333 ans !-, « le mot  tambavy englobe à la fois « la maladie de l’enfant qu’on suppose venir de la mère » et le « remède à boire pour son traitement ». De son côté, dans son ouvrage intitulé : « L’usage des plantes dans le champ de la santé : Initiation, cueillette et guérison en Imerina (Hautes Terres centrales de Madagascar) » (Inalco 2009), Delphine Burguet, nous parle de Rapaoly, guérisseur confirmé, qui possède des connaissances variées autour de la plante.

« L’accumulation de savoirs liés à la guérison des maux permet au guérisseur d’offrir une palette large de techniques thérapeutiques. Son initiation liée à son histoire de vie (transmissions ancestrales et familiales, événements biographiques, contraintes sociales) met en exergue une diversification de sa pratique où l’élément végétal, sans cesse présent, est exploité sous différentes formes et doté de plusieurs fonctions (tambavy, ody, fanafody, fahasivy). Les gestes thérapeutiques observés, de la cueillette ritualisée à la séance de guérison, sont des données ethnographiques qui montrent également les possibles usages de la plante dans le champ de la santé) ».

« Tambavy, ody, fanafody, fahasivy, raokandro… ». De nos jours, ces mots sont soudain devenus à la mode, Covid-19 oblige, alors qu’ils existent à Madagascar depuis des centaines d’années et que leur application ont démontré et montré des preuves d’efficacité à toute épreuve. Petits rappels instructifs avant d’entrer dans le vif du sujet. De nos jours, enfin, le mot « tambavy » désigne couramment à la fois les remèdes faits de décoctions et d’infusions, et les plantes dont on les tire.


En 2013, l’OMS a publié un ouvrage de 72 pages intitulé : « Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 ». Dans ce guide d’actions à mettre en œuvre, l’OMS se donne pour objectifs d’aider les États Membres à :

1. mettre à profit la contribution potentielle de la MT/MC (médecine traditionnelle/médecine complémentaire) à la santé, au bien-être et aux soins de santé axés sur la personne.

2. favoriser un recours sûr et efficace aux produits, pratiques et praticiens de MT/MC grâce à leur réglementation, leur évaluation et leur intégration dans les systèmes de santé, s’il y a lieu.

Cette stratégie a été élaborée en vue d’aider les États Membres à définir et à hiérarchiser leurs besoins, à délivrer des services efficaces et à instaurer une réglementation et des politiques adéquates afin de garantir un recours sûr aux produits et pratiques de MT/MC.

Il est important de garder à l’esprit que cette stratégie constitue un guide visant uniquement à aider les pays à définir leurs propres objectifs stratégiques de MT/MC au regard de leurs pratiques nationales, de leurs priorités, de la législation en vigueur et du contexte. À cette fin, l’OMS s’engage à surveiller la mise en œuvre de cette stratégie et à la diffuser aussi largement que possible.


Pour en revenir au CVO (Covid Organics) de Madagascar, malgré des velléités flagrantes de le dénigrer -venues d’ici et d’ailleurs…- la continuité des actions de l’OMS s’est poursuivie. En effet, et pour rappel, au mois de mai 2020, l’actuel Directeur général de l’OMS, le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré au Président Andry Rajoelina : « Nous accueillons chaleureusement l’opportunité de travailler avec vous. Nous allons vous aider à peaufiner les protocoles en cas de besoin… Nous serons heureux d’être votre partenaire dans ce projet ». Il parlait bien évidemment du CVO. Dans la foulée, le président de Madagascar a fait part de l’existence d’un autre protocole associant deux médicaments injectables.

Du coup, il avait été prévu, dans le cadre du « Solidarity Trial » - projet de l’OMS consistant à effectuer des essais cliniques pour valider l’efficacité des médicaments pour faire face au coronavirus-, et selon le Docteur Ghebreyesus, s’adressant au Président Rajoelina que : « la branche en charge de la médecine traditionnelle au sein de l’OMS sera mise à votre disposition afin de vous aider et vous accompagner pour peaufiner ce protocole, et ce, afin de faire en sorte que le Covid-Organics soit conforme à toutes les exigences scientifiques pour pouvoir bénéficier de la reconnaissance du monde entier ».


Nous n’en sommes pas encore là en ce dernier jour du mois de mars 2021. Et ce n’est pas le sujet de cet article qui est de faire comprendre au plus grand nombre que la solution des maux actuels est sous nos yeux et à la portée de toutes les bourses. Mais Big Pharma a choisi de mieux compliquer les choses, d’où ces centaines de morts dans l’hémisphère Sud à cause de non traitement des malades avec les médicaments efficaces et l’espoir de vaccins sauveurs mais toujours au stade de l’expérimentation à l’heure actuelle. Et ce conglomérat pharmaceutique mafieux entend décentrer la cause vers le continent africain, avec cette histoire de « variants » qui, logiquement, doivent chacun avoir son vaccin spécifique… Et la fin de cette tragédie humaine débouchera dans un registre semblable à l’histoire du Sida qui, au fil du temps, a été considéré comme venu des singes d’Afrique, alors que le premier cas avait été signalé aux Etats-Unis en 1981. Jusqu'ici, des hypothèses sont toujours avancées sur : l’animal comme vecteur du virus ; un virus échappé d’un laboratoire ; la possibilité d’une contamination à travers des produits congelés ; la date même de l’apparition du virus.

Effectivement, qui de nos jours, se rappelle que le coronavirus amenant à la meurtrière maladie Covid-19, est apparu à Wuhan en Chine, pays dont plus personne ne parle au creux de cette seconde « vague » proche d’une troisième ? Par ailleurs, malgré tout ce qui a été écrit ci-dessus, l’OMS n’a pas tout à fait jeté aux orties sa rengaine depuis les débuts de l’apparition du coronavirus : « l’imminence d’un pic de contamination attendu en… Afrique ». Actuellement, le « variant » venu de l’Afrique du Sud est pointé du doigt et, par rapport à l’an dernier, les décès dus à cette maladie, fait de l’homme et non du Saint-Esprit, ont augmenté à Madagascar. Certains espèrent une hécatombe. Mais elle ne surviendra pas car la majorité des malagasy ont hérité d’un système immunitaire de leurs aïeux. Ce qui ne signifie pas pour autant que ce coronarivus ne feras de victimes. Madagascar en est à 400 décès depuis mars 2020, soit une année.


En 1888, pour revenir au livre de Sophie Blanchy, au début, il n’y avait pas d’OMS, Big Pharma n’existait pas et Madagascar, les « autochtones », nos ancêtres ces « indigènes », se soignaient, avec les « Tambavy, ody, fanafody, fahasivy » et autres « raokandro ». La pharmacopée malagasy, depuis, s’est enrichie grâce à des chercheurs nationaux. Actuellement, sans intention de faire de la publicité, quatre grandes sociétés sont connues, qui œuvrent dans ce domaine de la médecine par les plantes à Madagascar : IMRA, HOMEOPHARMA, VANIALA et PHARMAGASY.

Dans son « Encycloguide » de 424 pages, sorti aux éditions Orphie en mars 2019, et qui pèse 740 grammes, l’ami François Perrin parle de Madagascar, comme d’un « un pays singulier qui regorge d’une pharmacopée exceptionnelle ». Ainsi, on peut lire, par exemple : « parmi les 9.000 espèce endémiques existant à Madagascar, nombreuses sont celles exportées dont les plus connues sont : « Talapetraka » (Centella asiatica) aux vertus cicatrisantes, efficace contre la lèpre et dont une molécule a été découverte par les Professeurs Albert Rakoto Ratsimamanga et Pierre-Louis Boiteau, sous le nom de Madécassol : « Harongana » (Harungana Madagascariensis) contre les douleurs gastriques, intestinales et l’asthme ; « Vanenina » (Cantharrantus roseus) connue sous le nom de pervenche blanche, favorisant la circulation sanguine et participant à la lutte contre la leucémie ; « Vahona » ou Aloès de Madagascar, considéré comme un remède miracle car aux propriétés multiples : il agit sur le système immunitaire, l’hypertension, le diabète, les maladies cardio-vasculaires. Le « Vahona » (Macroclada totum) est aussi anti-inflammatoire et cicatrisant… Combien d’autres plantes et fleurs de Madagascar sont-elles utilisées dans le domaine de la médecine par les plantes, se demande François Perrin ?


De ces multitudes de plantes, sont extraites des huiles essentielles aux vertus bienfaisantes, QUOTIDIENNEMENT utilisées. En voici cinq, les plus connues et bien maîtrisées de nos jours et qui ont fait leurs preuves. « Ravintsara » (Cinnamomum camphora). C’est, selon François Perrin, « le symbole des productions malgaches de qualité. Son efficacité est reconnue contre toutes les affections hivernales, rhume, grippe, bronchite, toux ». « Katrafay » (Cedrelopsis grevei). « C’est un des arbres majeurs de la pharmacopée malgache. L’huile essentielle tirée de son écorce est utilisée en massage contre la douleur ; ses feuilles et graines participent également au traitement de diverses affections : diabète, diarrhées, asthme) ; « Mandravasarotra » ou « Saro » (Cinnamosma fragrans) est un petit arbre endémique dont les vertus médicinales ne sont plus à démontrer. « Très utilisé, ses propriétés sont multiples : calmante, expectorante, antibactérienne, antivirale » ; « Niaouli » (Malaleuca quinquenervia). « C’est un antiseptique, antiviral, antibactérien qui convient parfaitement aux systèmes respiratoire, génital et urinaire ; « Eucalyptus citriodora » qui se révèle « très efficace sur le système locomoteur, les muscles, les tendons et les articulations ». Mais Madagascar possède aussi les plantes suivantes : « Hanitrinimpantsaka, Voafotsy, Anantsinahy, Voanjary, Vonenina, Maintifototra, Antsoitsoina, Nonoka, Fanoro, Fohatra, Vomanga, Konanafotsy, Ahitrandriana, Radriaka, Melicope, Voampolera, Aferontany, Kodiadiavorona, Voanantsindrana, Anampantsaka, Harongampanihy, Havozo, Tanatanamanga, Sangasanga, Satrikoazamaratra, Sevabe, Borona, Vakoka »…

En décembre 2020, mon autre ami, Claude Randriamihaingo, historien et cinéaste à ses heures… a rédigé un billet à la demande de Julien Mallet, chercheur IRD du GRIP (Global Research Institute of Paris, IdEx Université de Paris). Ci-après un extrait de ce billet qui rejoint la raison d’être de l’article présent :


« Tambavy », auxiliaire du quotidien ancré dans l’imaginaire malgache, désigne ce breuvage amer que les parents administrent à leurs progénitures, à titre prophylactique voire curatif, pour soigner des maux courants sans gravité. Les pratiques diffèrent suivant les régions, les catégories sociales, mais recourir aux plantes est largement partagé à Madagascar et cette utilisation de la médecine traditionnelle permet aussi de se conforter dans l’affirmation d’une identité. Dès lors que les symptômes de la covid-19 se sont faits ressentir, les premiers réflexes de la grande majorité des ménages ont été de recourir aux remèdes composés de citron, ail, gingembre, ravintsara, kininim-potsy, et autre « mangidy » (litt. tisane amère). Ensuite seulement, si cela n’est pas efficace, on se rend dans les centres de santé en cas de suspicion d’infection. En mobilisant le tambavy comme symbole le Président malgache ne pouvait que remporter l’adhésion d’une grande partie de ses compatriotes percevant à travers ce geste, un patriotisme authentique. Pourtant, à l’instar de son composant central (l’artemisia), ce qui se joue autour du tambavy Covid Organics est loin d’être endémique.

La (re)prise en considération, à notre époque, de l’artemisia, s’inscrit dans le cadre de la longue recherche de solutions contre la malaria, notamment par les tradipraticiens chinois. Il se retrouve au centre de travaux de laboratoire en Chine ayant abouti à un dérivé : l’artémisinine. Cela vaut, en 2015, à la chercheure Tu You You, un prix Nobel de médecine pour l’avoir isolée, ouvrant ainsi une voie solide en termes de lutte contre la malaria. L’artemisia a été introduite en Afrique et à Madagascar dans les années 1995 pour ses vertus antipaludiques (…). (…) Prise dans des enjeux locaux et globaux, dans une histoire de circulations mondiales anciennes et récentes, la gestion de la covid – 19 se retrouve à Madagascar à l’intersection du scientifique et de la croyance, du politique, de l’économique et des processus identitaires. Le 16 avril 2020, le Président a diffusé sur sa page facebook, une reconstitution documentaire relatant le passage à Madagascar d’une brésilienne qui avait prédit, en novembre 2019, que Madagascar sauvera le monde d’une pandémie globale grâce à des plantes endémiques. Pour l’instant, la concrétisation de la devise de Pharmalagasy, inscrite sur son fronton, comme suit : « PHARMALAGASY : changer l’Histoire par la Science », reste la meilleure option à prendre… »./.


Et le mot de la fin de cet article, qui vous fera grandement réfléchir, vient de l’ami François Perrin, en page 49 de son Encycloguide sur Madagascar : « Les guérisseurs (« Ombiasy ») : une tradition séculaire. Il convient de distinguer, et ce n’est pas facile, ceux qui ont une parfaite connaissance des plantes, de leurs vertus curatives et de leur posologie, des charlatans ou de ceux qui vendent pour de l’argent des plantes dont ils ne connaissent pas grand-chose et qui peuvent se révéler dangereuses. Les vrais guérisseurs s’appuient sur les traditions ancestrales, maîtrisent les parties de plantes à utiliser, les dosages permettant à une grande partie de la population de se soigner à moindre frais. Et comme écrivait Hippocrate : « Le médecin soigne une maladie mais c’est la Nature qui guérit les malades ». La suite de cette sentence ? « Nul ne doit léser autrui dans sa vie, dans sa santé, sa liberté et ses biens. Il n'y a pas de fait contre Nature ; la Nature n'est jamais contre elle-même. L'homme est si peu le roi de la Nature, qu'il est le seul de tous les animaux qui ne puisse rien faire sans payer ».


Hippocrate de Cos (460-377 avant J.C.), né dans la confrérie médico-religieuse des Asclépiades, descendants présumés des dieux de la Médecine, était un médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi philosophe, considéré traditionnellement comme le « père de la médecine ». Le serment d’Hippocrate est un serment traditionnellement prêté par les médecins, les chirurgiens-dentistes et les sages-femmes avant de commencer à exercer.

Jeannot Ramambazafy

Mis à jour ( Mercredi, 31 Mars 2021 18:19 )  
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