Après l’activité de reboisement de 3.000 arbres qui a eu lieu le lundi 3 mars 2025 à Ankazobe, dans le cadre de la Décennie Africaine et Mondiale de l’Afforestation et du Reboisement, et à l’occasion de la Journée Africaine de l’Environnement/Journée Wangari Maathai la ministre de l'Économie forestière de la République du Congo, la ministre congolaise a été de passage à la TVM (Télévision nationale de Madagascar). Au micro de notre consœur Miora Hariniaina, ses révélations -car il s’agit bien de cela- ont été très instructives
Madame Rosalie Matondo est ministre de l'Économie forestière de la République du Congo depuis 2016. Auparavant, elle a été, successivement Coordonnatrice du « Programme national d'afforestation et de reboisement » (PRONAR) puis Conseillère du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso.
Retranscription de larges extraits de cette « leçon de chose écologique » à suivre en exemple.
« Tout d’abord, pour cette tribune. Je voudrais, quand même en profiter pour saluer peuple frère de Madagascar pour l’accueil que nous avons reçu depuis notre arrivée jusqu’à ce jour, avec notre Chef de délégation (Nota : SEM Jean-Caude Gakosso, Ministre des Affaires Étrangères de la République du Congo). Nous nous sentons chez nous. Je voudrais donc saluer le peuple malgache, profitant de votre tribune.
Comment nous en sommes arrivés là  ? (Nota : Le Congo est considéré comme le second poumon de la planète, en termes de superficie). C’est grâce à la volonté politique d’un Chef d’État, notre Chef d’État, Denis Sassou-Nguesso. C’est le premier écologiste du pays, qui a commencé les programmes de gestion durable des forêts depuis qu’il est au pouvoir. Et, comme vous le savez, nous avons ce Président avec nous depuis 40 ans, c’est l’avantage. Parce que les politiques ne changent pas et il y a une constance dans ce qu’il voulait faire dans la gestion durable des forêts. Et donc, dans les années 80, nous avons mis en place les grandes plantations industrielles avec le cactus, le pin et l’acacia. Ce qui voulait dire qu’il fallait préserver les forêts naturelles. Parce les besoins en bois énergique, très souvent les populations vont prélever dans les forêts naturelles. Et donc, il fallait déjà créer des plantations forestières et, dans ces années-là , nous avons créé 45.000 hectares de plantations forestières.
Deuxièmement, en 1984, Son Excellence Monsieur le Président de la République a institué une Journée nationale de l’Arbre. Donc, depuis 40 ans, nous venons de fêter le 40è anniversaire. Le 6 novembre de chaque année, chaque Congolais doit planter un arbre d’espèce forestière et fruitière.
Troisièmement, dans les années 2000, nous avons entrepris une politique de gestion durable des forêts, avec un aménagement forestier déjà , un zonage des concessions que nous donnons à l’exploitation. 69% de notre territoire est occupé par les forêts, c’est 23,5 millions d’hectares de forêts parmi lesquelles nous avons 15 millions d’hectares de forêts de production dans lesquelles nous faisons un zonage et nous attribuons des concessions forestières où un à trois arbres uniquement sont exploités à l’hectare. Et la rotation doit faire 30 ans. 30 ans pourquoi ? Parce qu’on s’est dit : si le concessionnaire fait 30 ans, quand il reviendra au point de départ, il va trouver les arbres d’avenir qui auront grandi et l’exploitation sera durable.
Donc, c’est cette politique que nous appliquons depuis 20 ans. Le premier code forestier a été créé dans les années 2000, le 20 novembre 2000, et, aujourd’hui, nous avons un nouveau code forestier depuis 2020. Donc, 20 ans après nous voulons aller de l’avant avec la transformation plus poussée du bois. Vous savez que dans nos pays, très souvent, les gens exploitent les grumes et vont les transformer ailleurs. Maintenant, l’exportation des grumes est interdite (Nota : au Congo). Nous voulons faire la transformation du bois sur le territoire national, pour ne pas exporter la main-d’œuvre. Pour que nous ayons le transfert de technologie dans notre pays. Donc, c’est une volonté politique.
Pour finir, en 2010, Son Excellence Monsieur le Président de la République a lancé la première Décennie de l’Afforestation et du Reboisement au Congo, avec un Programme National d’Afforestation et de Reboisement, qui avait comme ambition 15 millions d’hectares de plantations forestières et d’arbres forestiers, et nous avons fini cette étape et, maintenant, il voulait partager cette expérience-là avec le monde entier à la COP27 et il a initié une décennie mondiale de l’Afforestation et du Reboisement pour que tous les pays puissent adhérer à l’Afforestation et au Reboisement comme solution basée sur la Nature accessible pour que nous luttions contre le changement climatique, pour que nous créons les conditions de production du bois énergique qui est notre source d’énergie domestique, pour que nous créons une source économique. C’est pourquoi, d’ailleurs, notre ministère s’appelle le Ministère de l'Économie forestière.
Question de Miora Hariniaina : La forêt joue-t-elle vraiment un rôle économique dans votre pays ?
Exactement. La forêt c’était la première ressource économique de notre pays dans les années 70, qui constituait le PIB national, avant la découverte du pétrole qui l’a surpassé. Aujourd’hui, le pétrole c’est, à peu près, 90% du PIB national et la Forêt a pris la deuxième place en tant que secteur employeur et en tant que secteur économique de notre pays. C’est pourquoi notre ministère s’appelle Ministre de l'Économie forestière parce qu’en dehors des forêts naturelles, nous avons les forêts plantées, que nous utilisons pour l’économie. Cela peut être l’économie carbone, cela peut être l’économie, comme je vous l’ai dit, de production de biens et services, et troisième secteur, ce sont les Aires protégées.
Nous y faisons de la Conservation. Aujourd’hui, le Congo est à 27% de son territoire affecté à la Conservation. L’objectif global est de 30%, nous, nous sommes déjà à 27% et, donc, cela nous permet de suivre les décisions de la Communauté internationale où chaque pays doit réserver 30% de son territoire pour la conservation de la Biodiversité, surtout que, dans nos pays, nous avons encore ces joyaux préservent cette diversité rare que nous avons perdu.
Question de Miora Hariniaina : Que pensez-vous de l’initiative des Nations-Unis qui parle de « restauration des forêts » ?
Restaurer une forêt, restaurer quelque chose, en général, c’est d’abord détruire la chose. Elle est détruite et on veut la restaurer. Ce que la République du Congo propose à l’Humanité comme initiative, c’est l’alternative. Au lieu d’abord d’aller détruire les forêts, il faut créer les alternatives, avec l’Afforestation et le Reboisement. Et, ensuite, s’il y a des zones dégradées, aller restaurer. Donc, nous nous pensons que la Décennie de l’Afforestation et du Reboisement (Nota : L’afforestation est la plantation par l’homme d’arbres dans le but de repeupler une surface longtemps restée déboisée ou n‘ayant jamais été connue comme tel - actu-environnement) est complémentaire de la Décennie de la Restauration. Là où les forêts ont été détruites, c’est le cas de Madagascar, il faut restaurer les écosystèmes.
Mais là où ce n’est pas encore fait, le Congo a uniquement 0,06% de taux de déforestation. SI on nous dit d’arrêter la déforestation, cela voudrait dire que nous allons mettre nos forêts sous cloche et que nous n’exploiterons plus. Nous avons besoin de cette ressource économique qui est le bois. Donc, nous disons : il faut créer les conditions pour créer les forêts artificielles au lieu d’attendre qu’on les détruise pour les restaurer. C’est pourquoi cette initiative de Son Excellence Monsieur Denis Sassou-Nguesso est, aujourd’hui, portée au niveau des Nations-Unies, comme l’a dit le Ministre Max Fontaine, toute la Communauté internationale adhère à ce que nous prenions cette solution accessible à tout le monde, que nous puissions créer des programmes nationaux d’Afforestation et de Reboisement dans nos pays, avant d’attendre la destruction de la forêt »./.
Retranscription à l’écoute : Jeannot RAMAMBAZAFY