René Razafindrainibe alias ANSELME
Ils étaient frères tous les trois : Rado est décédé en 2001, Aimé Razafy en 2009 et Anselme le 2 février 2011. Ils avaient en commun l’art du dessin et de la caricature. Anselme, de son vrai nom René Razafindrainibe, je ne le connaissais plus autant qu’Aimé Razafy. Mais il y a plus d'une décennie, nous nous retrouvions souvent autour d’un verre de rhum. De plusieurs même... Le plus étrange, durant la vie de ces trois frères, mousquetaires de la dérision en BD, c’est qu’ils étaient à la fois illustres et méconnus voire inconnus du grand public. Je ne dirais pas incompris bien qu’ils aient tous été toujours en avance sur le temps, en matière d'idées et de langage...
1986 déjà : exemple de caricature -signée Aimé Razafy ici- qui paraissait dans Sarigasy. Cruel de vérité et de sempiternelle réalité actuelle
Ils auront été les vrais précurseurs du dessin de presse à Madagascar. Avant les années 1980, on parlait plutôt de « caricaturistes » qui existaient du temps du feu journal « Hehy » totalement écrit en malgache. Pour en revenir à Anselme, il a fait le tour de tous les quotidiens malgaches avant de fonder, en 1980, l’Abedema (Associations des bédéistes malgaches) avec son frère Aimé et une poignée de dessinateur ayant une vision « autre ». En 1986, ils éditent le premier hebdomadaire satirique malgache, intitulé « Sarigasy ». Mais il ne fera pas long feu face à la censure de l’époque axée sur l’idéologie à la Kim Il Sung doublée de marxisme-léninisme à la sauce Arema très révolutionnaire.
Le chef-d'oeuvre d'Anselme
Pour ne pas mourir idiot et faire passer ses messages, Anselme ira rejoindre « Le Cri du Margouillat », un magazine de BD publié sur l’île de La Réunion, qu’il quittera, hélas. Parallèlement, il est consultant pour les Nations Unies. Si ! Ce poste lui permettra d’aller dans de nombreux pays africains. Et heureusement que ses pérégrinations ont été consignés dans l’album « Retour d’Afrique », 98 pages, sorti en 1999. Puis, avec le temps, il semble être tombé dans l’oubli total. La dernière fois que je l’ai vu, c’était aux obsèques d’Aimé Razafy. Aselme avait 55 ans. Il sera inhumé au côté de ses frères, le vendredi 4 février 2011, dans le tombeau familial d’Ambohipo Ampahateza.
PRENEZ LE TEMPS DE SAVOUREZ LES OEUVRES D'ANSELME EN CLIQUANT SUR LA CARICATURE
Comme on dit en malgache : « Maty vao Ra-Malala » (c’est lorsque quelqu’un est mort que l’on se souvient du bien qu’il a fait). Il n’aura même pas droit à une médaille ? Ne t’en fais pas, mon vieux, ton œuvre te survivra. Passe le bonjour à Rado et à Aimé, de la part de copains de sapin… Que dire plus sinon, présenter nos sincères condoléances à toute la famille d’Anselme, Aimé et Rado qui nous ont donc précédés pour un monde censé être sans censure donc meilleur.
Jeannot RAMAMBAZAFY – 3 février 2011