Agé de 54 ans, Bruno Randriamialijaona a créé la première blanchisserie, et à ce jour la seule, opérant sur l’Ile de Nosy Be. Cet endroit est le haut-lieu touristique du pays, et accueille 60.000 touristes chaque année. Déjà en 2004, Bruno et son épouse Brigitte avaient créé un restaurant. Puis en Février 2006, il a demandé à bénéficier d’une retraite anticipée auprès de la banque qui l’employait depuis 33 ans, afin de pouvoir se lancer dans la création de la blanchisserie « Classic clean ».
Selon Elma Ross, qui est la Présidente de l’Office régional de tourisme de Nosy Be, l’initiative était vraiment pertinente : « L’expansion du tourisme a créé de réelles opportunités pour entreprendre, et les hôtels et restaurants de standard international ont absolument besoin des services d’une blanchisserie aux qualités professionnelles » a-t-elle souligné.
Les obstacles pour les entrepreneurs
Pour les micros, petites et moyennes entreprises, le recours aux crédits commerciaux n’est pas toujours exploré comme une solution à cause des demandes de garanties et des taux d’intérêt élevés. De plus, certains malgaches ont une réticence culturelle à contracter des prêts auprès de banques commerciales, et sont souvent la proie des usuriers, spécialement dans les zones rurales.
Dans le cas de Bruno Randriamialijaona, l’aspect culturel n’était pas véritablement une barrière, car lui-même a été autrefois directeur d’une banque. Mais pour lui, il était nécessaire de bénéficier d’un allégement des conditionnalités.
Sur 178 pays classés en 2007 par le rapport « Doing Business » produit par la Banque mondiale, Madagascar était placé au 149ème rang concernant la facilité d’entreprendre, et au 176ème rang en ce qui concerne l’accès au crédit.
La Banque mondiale apporte une solution aux difficultés d’accès au crédit
En 2005, le Gouvernement a mis en place le projet de Pôles intégrés de croissance (PIC), grâce à un financement de $129,8 million de la part de la Banque mondiale. Le projet intervient sur trois sites dans tout Madagascar, avec des secteurs de croissance choisis pour servir de moteur au développement : Tolagnaro (tourisme et mines), Antsirabe (agri-business, NTIC) et Nosy Be (tourisme). Le projet PIC a pour objectif de favoriser un environnement adéquat pour l’entreprenariat afin de stimuler et mener la croissance économique dans ces sites, et pour permettre aux entreprises malgaches de jouer un rôle plus accru dans l’économie.
« L’efficacité et la qualité des résultats de ce projet sont les raisons pour lesquelles il a reçu en Juin 2007 un Africa regional excellence Award de la part de la Banque mondiale» a expliqué Robert Blake, le Country manager de cet organisme international à Madagascar. Dans le cadre de ses activités à Nosy Be, le projet PIC a mis en place un mécanisme de garantie partielle de portefeuille (GPP), en collaboration avec la Société financière internationale et deux banques locales. Ce mécanisme soutient à hauteur de 50% la garantie nécessaire à l’obtention d’un crédit. Sur les trois sites d’intervention du projet, 700 crédits ont été acceptés pour un montant global de 19 milliards d’ariary (fin Août 20070).
Des avantages visibles et rapides pour Classic clean
Bruno Randriamialijaona a été l’un des bénéficiaires du GPP à Nosy Be, et a pu obtenir deux crédits. Le premier, d’une valeur de 20 millions d’ariary remboursables en 36 mois, a permis d’acheter l’équipement nécessaire : un sèche-linge professionnel et des fers à repasser. Le second, d’une valeur de 17 millions d’ariary à rembourser en 24 mois, a renforcé le fonds de roulement. Ces prêts se sont additionnés aux capitaux propres des époux Randriamialijaona, qui avaient déjà pu accumuler 40 millions d’ariary grâce aux revenus de leur restaurant.
A présent, la blanchisserie « Classic clean » emploie 13 personnes, et traite quotidiennement 1.000 pièces. L’entreprise fournit des services de qualité professionnelle à trois des plus gros hôtels de Nosy Be, ainsi qu’à divers restaurants, parmi d’autres clients.
« Je suis vraiment fier de montrer que les petites entreprises malgaches peuvent prendre des risques pour renforcer leur capacité à se professionnaliser » a déclaré Bruno Randriamialijaona.
.