« Is my first visite here, so I have trouble judging… » (C’est ma première visite ici, aussi, j'ai des difficultés à juger)… Cette phrase résume l’appréciation très diplomatique du passage du Dr. Shannon Smith Normal, « Deputy Assistant Secretary of the Bureau of African Affairs of the US Department of State », à Madagascar. Cependant, il est clair qu’elle a son idée sur les réalités qui prévalent vraiment à Madagascar.
En effet, avant son départ, son point de presse, le 9 novembre 2015, au Centre américain de Tanjombato, était axé sur les points chauds qui font l’actualité: respect des droits de l’homme; sécurité; santé; préservation de l’environnement; trafic des richesses naturelles malgaches; corruption et financement international. « L’idéal serait d’instaurer la paix dans le respect des droits humains ». Termes finement diplomatiques...
Les chefs des diplomaties ukrainienne, russe et américaine ont dialogué à Paris. Mais cette rencontre au sommet a accouché d'une souris. La crise en Ukraine révèle à nouveau l'impuissance de la diplomatie française, après son échec patent dans la crise en Syrie. Rappelons que depuis ce dossier, le Président Hollande n'est plus très crédible sur la scène internationale, à force de vraies-fausses menaces de frappes aériennes. Récemment, la Russie avait demandé à la France de respecter les décision de l'ONU du 12 décembre 1979 et de restituer ses îles à Madagascar...
Définition de la diplomatie. Selon wikipédia, c’est la conduite de négociations et de reconnaissance entre les personnes, les groupes ou les nations en réglant un problème sans violence. Utilisée formellement, elle se rapporte habituellement à la diplomatie internationale, la conduite des relations internationales par l’entremise (habituellement) de diplomates professionnels. Quelques synonymes de diplomatie: tact, souplesse, prudence et subtilité.
Il est donc évident qu’une diplomate professionnelle comme Dr. Shannon Smith -un des bras-droits de John Kerry- ne parlera jamais directement de sujets pourtant aussi voyants que le nez au milieu de votre figure. Mais elle les a abordés. Et çà , ce n’est pas innocent. Une fois de retour aux Etats-Unis, c’est là -bas que les vraies décisions seront prises. Car pour juger d’une situation, rien de meilleure qu’une descente sur terrain, sans se baser sur des rapports souvent à côté de la plaque. Il est certain qu’elle a eu des contacts avec des entités qui vivent la réalité au quotidien à Madagascar.
De quoi parle l’actualité malgache depuis deux ans? Et qui va crescendo. L’affaire de l’étudiant Jean-Pierre ; l’opération « Fahalemana » dans le Sud qui occasionne la mort de civils ; le trafic de bois de rose et le trafic d’influence d’hommes de et du pouvoir dans les régions (récemment l’histoire des 7 tonnes de pierres semi-précieuses volatilisées de Blandine Raheliarisoa dont « on » avait déjà subtilisé 12 tonnes auparavant); l’insécurité urbaine et rurale qui occasionne toujours mort d’hommes et font fuir les populations de leur lieu de résidence…
Faut-il rappeler que pour bénéficier de l’AGOA (« African growth and opportunity act »), les critères, stipulés noir sur blanc, sont: la mise en place d'une économie de marché; le développement du pluralisme politique et de l'Etat de droit; la suppression des obstacles au commerce et aux investissements américains; la protection de la propriété intellectuelle; la lutte contre la corruption; une politique visant à faire reculer la pauvreté et à accroître les possibilités d'accès aux soins médicaux et à l'enseignement; la protection des droits de l'homme et des droits des travailleurs, et la suppression de certaines pratiques relatives au travail des enfants. Et cette loi AGOA précise également que les pays admissibles doivent établir et faire progresser les droits des travailleurs reconnus au niveau international et supprimer les pires formes de l'exploitation des enfants.
C'était au tout début de l'accession au pouvoir de Rajaonarimampianina. Tous les espoirs d'un Madagascar "nouveau" et revenu dans l'ordre constitutionnel étaient permis. Hélas...
Récemment, Barak Obama vient de suspendre le Burundi de l’AGOA pour ce que le monde entier sait déjà ... Le président des Etats-Unis a précisé que « le Burundi n'a fait aucun progrès dans le rétablissement de l'Etat de droit, et du pluralisme politique ». Une guerre civile est à craindre là -bas alors que la France de François Hollande persiste à défendre et donner raison au président Pierre Nkurunziza… Enfin, comment expliquer qu’une personnalité de son rang n’a pas eu d’entretien avec le Président Hery Rajaonarimampianina? Rien de ce qui est stipulé dans les critères d’admissibilité à l’Agoa n’a été véritablement concrétisé. Bien au contraire, le parti HVM a pris -et prend- un malin plaisir a politiser l’appareil administratif et le régime poursuit sa mainmise dans toutes les institutions de l’Etat en y plaçant des représentants. Devenant ainsi juge et partie et ne laissant aucune place à l’application même du mot indépendance. Citons comme seul exemple cette CENI (Commission électorale nationale indépendante).
Ci-dessus, vidéo démontrant le "jumelage" des pouvoir législatif et exécutif à Madagascar
Le régime Rajaonarimampianina survit avec des pratiques qui se terminent en « ette »: mallettes, tablettes, mobylettes…
Le mois de décembre est décisif pour une revue de la part de l’administration américaine en matière de reconduite ou non dans le programme Millenium challenge account (MCA) et de l’AGOA. Et il ne faut pas être naïf de croire que la fin du mandat du président Obama changera les donnes. Là -bas, la continuité et le respect de la Constitution sont réels. Que Barack Obama ne soit plus président des Etats-unis n’effacera pas les manquements du régime actuel malgache. Son successeur respectera la loi, qu’il soit démocrate ou républicain.
Alors? Ben çà craint énormément pour l’avenir immédiat de ces charlots au pouvoir qui tentent de s’abriter sur une notion galvaudée de « souveraineté nationale »… Qui vivra verra.
Jeannot Ramambazafy – 12 décembre 2015