Qui est le plus fautif ? Un Premier ministre qui n’a jamais fricoté aussi directement avec la politique politicienne à la sauce malgache, ou un président de la république représentant l’ingratitude personnifiée, qui impose des personnages plus fantasques que lui et réputés à travers l’île pour leurs frasques impunies ? Maints retournements de veste passés ; incompétence récente ; attitude méprisante habituelle notoire et croche-pieds futurs dans le processus électoral. Mais, dans ce lot de branquignoles tous confondus, qui l’est vraiment et pourquoi j’utilise ce mot ? Parce qu’il va comme un gant avec tous les acteurs de cette farce du 11 juin 2018 en début de soirée, au Tata d’Iavoloha.
Vous devez impérativement connaître la définition exacte de « branquignole » ou « branquignol » et même « branquignolle ». Dans le domaine de la psychologie, il s’agit d’un adjectif bien français, « associé à tout individu qui ne réfléchit que peu à ses actes et à leurs conséquences, de façon inconsidérée et souvent sans respect des convenances » (in le dictionnaire de linternaute.fr). Et, souvent aussi, l’attitude du branquignole dépasse le bon sens. L’exemple-type est : Ce branquignole a encore plongé dans l'eau en plein hiver. Et voici tous les synonymes de branquignole : fou, imbécile, idiot, cerveau fêlé, dérangé, dingo, dingue, égaré, fêlé, maboul, malade. Beaucoup a été dit par mes confrères hier et encore aujourd’hui. Pour ma part, il ne s’agit pas d’enfoncer un quelconque clou je-ne-sais-où, mais il s’agit de mettre tous les acteurs de ce fait accompli devant leurs responsabilités respectives face aux clashs qui vont aller crescendo.
Oui, le Premier ministre Ntsay Christian a, pour mission principale, l’organisation d’élections libres, transparentes, etc. Mais lorsqu’on se penche sur la composition de son premier gouvernement, il s’agit bien là d’un mariage de la carpe et du lapin. Nous trouvons une dizaine de redoublants, de mutants, de revenants, d’inamovibles inoxydables, de parjures, de traîtres, de lâches et d’élus-voyous à l’instar du triste sire Riana Andriamandavy VII. Qui est-ce ? Ben, c’est le mecton qui avait facilité l'évasion sanitaire de la dame Claudine Razaimamonjy, sa belle-sœur, à l’île Maurice, et qui a caillassé le siège du Bianco (Bureau indépendant anti-corruption) à Ambohibao, avec des gros bras directement importés de Fianarantsoa. Où a-t-il été casé ? Au ministère de la communication les gars ! Pour un peu, on regretterait l'éviction de Rolly Mercia dont la carrière est désormais finie. Mais celui-là , il a récolté ce qu’il a mérité, à force de tromper tout le monde. Seulement avec un branquignole en chef comme Hery vaovao, ne nous étonnons pas si Rolly Mercia se voit nommé ambassadeur quelque part… Ben quoi, il faut s’attendre à tout avec le Hvm.
L’autre sbire qui a réussi à rester scotché au sein du pouvoir exécutif est Maharante Jean de Dieu alias « Bevata », triple champion du retournement de veste. Comme Riana Andriamandavy VII, de toute façon. Ce sont les plus visibles dans ce gouvernement où le Premier ministre Ntsay Christian n’aura marqué aucun point du tout, à propos de changement, dans le sens strict du terme. Car même s’il a réussi, tout de même, à écarter des ministres Hvm pur jus, sa mission risque fort de tourner au vinaigre. En effet, ce sont toujours les mêmes guignols qui dirigent les ministères dits de souveraineté. Et l’irruption de Me Henry Rabary-Njaka (là où il est passé, la volonté de travailler a trépassé : Présidence, Air Madagascar, Affaires étrangères) aux Mines et Pétrole, ne va pas arranger les choses. Certes, le ministre de l’Intérieur semble être un « nouveau » mais une élection présidentielle, c’est toute une… organisation, justement. S’il veut se présenter à nouveau, Hery Rajaonarimampianina devra démissionner après l’annonce officielle de sa candidature. Mais déjà , il aura réussi à placer les membres de son équipage (plutôt qu’équipe) aux postes stratégiques. Mais cette imposition ne les transformera pas pour autant en fins stratèges. Bien au contraire, et nous vivrons une situation vraiment plus tragi-comique avec un Rivo Rakotovao, président parachuté du Sénat, qui, selon la Constitution, jouera le rôle de chef d’Etat par intérim.
Mais nous n’en sommes pas encore là … Dans les semaines à venir, le PM Ntsay Christian sera indubitablement confronté à une épreuve d’autorité. En effet, les connaissant tels qu’ils sont, ces zigotos peu rigolos imposés par Hery vaovao, oseront lui dire vertement qu’ils n’obéissent qu’au Président de la république, élu démocratiquement, et non à un Premier ministre choisi par Andry Rajoelina, le « mpanongam-panjakana ». Vous pensez que je divague ? Il y a eu pire et l’encore pire reste à venir. Je le dis, le répète, persiste et signe : ces gars-là n’ont aucun scrupule pour grappiller des sous pour eux et ensuite sauver leur peau (d’ours avant de l’avoir tué). Au sein de ce gouvernement, il y en a un que je plains et qui a vraiment reçu un cadeau empoisonné. Il s’agit du bon vieux Pierre Holder Ramaholimasy, du quota Mapar. Il a hérité d’un ministère de la Fonction publique totalement déglingué par Maharante Jean de Dieu. C’est bien d’être promu ministre mais il aura le strict rôle d’un pompier au sein d’un sinistre avancé et, donc, n’avancera nulle part. Mais c’est de lui qu’on se souviendra. Pour le côté négatif des choses, hélas.
Sur un tout autre plan, en ayant longuement parcouru la liste de ce premier gouvernement Ntsay Christian, une évidence m’a sauté aux yeux : la totale absence des députés pro-Hvm qui avaient voté les lois -moyennant finances et tralala le week-end pascal à l’hôtel Paon d’Or, avant d’être convoyés sous bonne escorte comme des témoins capitaux- ayant entrainé mort d’hommes le 21 avril 2018. Même pas un député pour, au moins, les représenter. Au point où il en était, le président Rajaonarimampianina aurait pu -aurait dû- imposer le député Harijaona Randriarimalala alias Smart Dragster Jaona Elite, par exemple, ou encore Milavonjy Philobert. Ceux-ci ont fait plus qu’il n’en faut pour le défendre. Vraiment -comme aurait dit l’ex-Premier ministre Mahafaly Olivier Solonandrasana, devenu simple justiciable à présent-, c’est de l’ingratitude exceptionnelle de la part de cet expert-comptable sur qui ses vrais alliés ne peuvent donc plus compter et qui vont alors se retourner contre lui, tôt ou tard.
Revenons à la mission du Premier ministre Ntsay Christian, qui est, donc, l’organisation d’élections justes, crédibles, transparentes et acceptées de tous. Dans ce contexte, où se situe alors la notion de consensus ? Là -haut (pas aux cieux mais dans les palais « présidentieux »), tous semblent avoir oublié pourquoi et comment nous en sommes arrivés là , à partir de la tuerie du 21 avril 2018. Qui dit élections dit forcément électeurs dont la majorité, à l’heure actuelle, demande toujours le départ du président Rajao (« Miala Rajao ») et, en attendant, le non-retour de membres du parti Hvm au sein du pouvoir exécutif. C’est une aspiration populaire légitime si tant est que la voix du peuple est la voix de Dieu (« vox populi, vox dei »). Et encore une fois, malgré un Ntsay Christian nouveau proposé par le Mapar via Andry Rajoelina, le peuple se sent floué, dépassé par ce qui va finir par être taxé de trahison. Leur casse-tête repose sur la question suivante : qui a trahi qui et pourquoi ? Pour ma part, je prendrai le « problème » en me référant sur un constat datant de 23 ans, en France. En 1995, Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la république française, avait dit à l’adresse d’Edouard Balladur alors Premier ministre du président Jacques Chirac : «Edouard Balladur, votre choix : gouverner ou plaire...».
Ainsi, en politique, un choix est à faire mais il n’est nullement question de plaire ou déplaire à qui que ce soit. Il s’agit de gouvernance dans l’intérêt du grand nombre. Cependant, tel que c’est engagé à Madagascar de ce temps présent, sur quelles bases reposera le changement (« fanovana ») tant attendu, tant espéré si à la racine, déjà , nous nous retrouvons au milieu d’un marché de dupes dans lequel les plus dupés demeurent ceux qui auront perdu leur vie pour rien ? Oui, c’est dur mais c’est la stricte vérité. Et tout çà pourquoi et à cause de qui ? Dans ma jeunesse, on apprenait les auteurs français à l’école. Parmi les citations apprises par cœur, me vient à l’esprit celle-ci : « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » d’Alphonse de Lamartine. Cette citation exprime la douleur due au vide laissé par une personne venant de disparaître. Certes, le chagrin s’estompe au fil du temps mais le souvenir demeure vivace.
Ce qui se passe actuellement à Madagascar chamboule toute cette philosophie pourtant bien huilée. Avec Hery Rajaonarimampianina c’est devenu : un seul être perdure et tout est dévasté. Et ne mélangeons surtout pas les genres… Le titre en latin de cet article -Null Piscis primum a capite foetet- signifie littéralement « le poisson commence à puer par la tête ». C’est un adage publié au XVIème siècle par l’université de Leiden (actuellement Leyde, aux Pays-Bas) et commenté par le philosophe Desiderius Erasmus Roterodamus, plus connu sous le nom d’Erasme de Rotterdam. Pour celui-ci, les problèmes d’une organisation commencent par ceux qui la dirigent. Ainsi, selon Erasme, « cet adage emprunté aux gens du commun concerne les mauvais princes dont la contagion infecte le reste du peuple ». Bref, une façon de dire, de la part du peuple qui veut se la jouer « savant élégant » : les politiques ? Tous pourris. Dans cette Grande île de l’océan Indien entourée de requins politicards-politocards, le parti présidentiel, inexistant en 2013, est encore en surnombre au sein du gouvernement Ntsay Christian. Mais il est devenu vraiment HVM (lire Hareng Vraiment Masiso)… Pas le PM, le parti.
A l’heure actuelle où tout est priorité concernant les affaires courantes, plus personne ne sait dans quel camp se trouve la balle. Et puis de quelle balle s’agirait-il et de quel camp ? Sincèrement, l’objectif d’élections pour cette année 2018 vient de subir un début de report machiavélique (dépourvu de tout sens moral, d'honnêteté et d'intégrité). Ntsay Christian, technocrate pur et dur qui n’a pas su s’imposer politiquement, le 11 juin 2018, sera-t-il le docteur Miracle au milieu de ce panier à … crabes très éloignés du « real patriotism », d’ici quelques mois ?
Jeannot Ramambazafy – Article également publié dans « La Gazette de la Grande île » du mercredi 13 juin 2018