2020 ! Nous y sommes et pour 11 mois encore. Qu'est-ce qui va changer à l'échelle du pays ? Tout dépendra du sens que l’État lui-même donnera à la notion de Communication. En tout cas, et une bonne fois pour toutes, que celles et ceux qui veulent en faire leur métier sachent que la communication est une activité professionnelle destinée à convaincre et/ou persuader à travers les médias...
Les médias, eux, ne sont que des supports écrits ou audiovisuels destinés à véhiculer la communication. Au niveau d'une nation, cette communication devient institutionnelle. Ainsi, lorsque le chef d’État -en l’occurrence le président pour Madagascar- lance un programme, entame une action, charge à celles et ceux qui ont été nommé(e)s, au niveau de la communication, de convaincre et de persuader tous les administrés -qui l'ont élu ou non-, et l'opinion publique, dès le départ, de l'importance et de la nécessité de l'initiative. Et cela, de manière cohérente au niveau aussi bien technique qu'en terme d'homogénéité (“feo sy vaovao tokana”). Cet exercice n'a plus rien à voir avec une quelconque propagande style réclame des années 1960...
Malheureusement, ce n'est pas ce qui se passe à Madagascar où chaque entité semble bien vouloir tirer la couverture à soi, laissant un président de la république livré à lui-même dans des démarches personnelles qui sont perçues, de la part de l'opinion publique, comme étant ponctuelles. On a la sale impression que rien ne bouge tant que le président ne bouge pas. Certes, qui n'avance pas recule mais cela retarde le programme de développement fixé initialement et adopté au niveau du législatif et de l'exécutif.
Ainsi, de cette volonté personnelle de se faire bien voir du président, surgit cet art imbécile de joindre l'inutile au désagréable. Inutilité d'une phraséologie ponctuée d'un vocabulaire d'un niveau scolaire à faire pâlir encore plus un fantôme passant devant un mur blanc, et incidence désagréable due à d'incontournables démentis eux-mêmes dus à un amateurisme initial au niveau de la compréhension des choses elle-même. Tout cela vous semble tortueux, n'est-ce pas? Mais c'est bien l'image, décrite ici, de cet art de joindre l'inutile au désagréable. Plus ils tentent de se rattraper de leur bévue initiale, plus, du coup, on ne comprend plus rien du tout de ce que veut le Président lui-même.
Dans la pratique, l'essentiel est escamoté par des communiqués de presse tardifs de quelques lignes, qui ajoutent à l'incompréhension et amènent des tas de questions dont certaines ne sont pas si bêtes et si farfelues que çà mais deviennent logiques et même normales... Si vous visitez le site officiel de la Présidence de la république de Madagascar, vous vous rendrez vite compte qu'il est aux antipodes de la notion de transparence proné, pourtant, par Andry Rajoelina, Filoham-pirenena. Les créatures autour de lui monopolisent littéralement toutes les informations primordiales à la bonne marche de toute démocratie qui se respecte, afin de s'en attribuer la primeur. Ce qui est inutile, désagréable et ridiculissime vis-à-vis de l'information en temps réel distillée par les murs des palais qui auront toujours des oreilles, et qui sera répercutée illico sur les réseaux sociaux. Par certains d'entre eux-mêmes.
Ainsi, entre l'officiel et l'officieux, l'opinion publique en arrive à ne plus faire de différence. Et c'est ainsi que les cornards de tous bords s'en donnent aussi à cœur-joie pour pratiquer cet art de joindre l'inutile au désagréable. A qui la faute ? Dernier épisode en date, dans ce domaine de faire flèche de tout bois, les 65.000 ariary émanant du président de la république, destinés à tous les agents de la fonction publique malagasy, dans le cadre des fêtes de fin d'année et du nouvel an. S'il n'y avait pas eu Facebook, les éternels détournements n'auraient pas étaient découverts et les excuses qui accusent leurs auteurs sont tout simplement extra... terrestres avant que d'être inacceptables. Mais dans toute cette incompréhension, le service de la communication de la Présidence a brillé par son mutisme, son absence, son éclipse totale, les yeux tournés vers le Filoham-pirenena.
Car personne ne veut mouiller sa chemise au risque de perdre sa place, surtout au moment où l'on parle de remaniements. Mais ils vont risquer de perdre cette place -et tous les avantages y liés- justement à cause de leur inertie qui met le Président dans une position assez inconfortable. L'ont-ils compris? En tout cas, ce n'est pas au Président d'expliquer cette mésentente liée à un manque de professionnalisme au niveau de sa communication. Je pense profondément que non. Actuellement, ces champions des selfies pour tromper leur monde et de la littérature digne de Kim Il Sung, sont certainement en train de chercher des boucs émissaires, escamotant leur part de responsabilité.
Imaginez un peu si le Président de la République ne se déplace que peu et se contente de rapports émanant de “responsables” des diverses régions de la Grande île. Il ne fera pas long feu à sa place, croyez-moi. La majorité des rapports seront rédigés dans le style du drame d'Antsakabary, les fonds seront détournés et les travaux suspendus. Heureusement qu'Andry Rajoelina n'est pas fait de cette pâte (à modeler). Il aime mettre lui-même la main à la pâte. Malheureusement, son entourage, au niveau de la communication, ne suit pas et n'arrive vraiment pas à suivre son rythme. Par manque flagrant de compétence. Dans ce domaine, en cherchant à vouloir rester le plus longtemps possible à un poste qu'ils ne méritent pas, ils risquent fort de se voir éjecter à la vitesse grand “V” car, déjà, avec le cas d'Ambohitrimanjaka (encore un cas flagrant de mauvais communication dès le départ), le développement tant attendu depuis fort longtemps, accuse du retard.
Que faire pour vraiment aider le Filoham-pirenena alors ? Déjà lui faire comprendre que tout ce qui brille n'est pas de l'or, que le temps de sévir est arrivé, et rappeler à l'opinion publique ses exploits retentissants grâce à une équipe de communicateurs vraiment professionnelle composée de professionnels. Et qu'importe d'où ils viennent. Déjà pour celles et ceux, sur Facebook, qui pratiquent bêtement l'art de joindre l'inutile au désagréable vis-à-vis d'Andry Rajoelina le battant, voici quatre de ses exploits, après le retour de l'Indépendance de Madagascar, qui resteront pérennes et traverseront l'espace et le temps :
* En 2008, il lance les travaux de reconstruction de l'Hôtel de ville d'Antananarivo qui sera inauguré en 2010.
* En 2012, il inaugure le Coliseum d'Antsonjombe dont les travaux ont débuté en 2010.
* 6 août 2012, il pose la première du Stade Makis à Andohatapenaka qu'il inaugurera le 15 décembre 2012.
* 23 novembre 2019, il inaugure le stade aux normes internationales à Toamasina, laissé à l'abandon par le régime Hvm/Rajaonarimampianina durant 4 ans.
C'est sur cela et tant d'autres réalisations qu'il faut communiquer. Prendre des initiatives, rappeler l'Histoire et non attendre des ordres qui finiront en contre-ordres tellement chacun veut prétendre être le plus favori parmi les autres vis-à-vis du couple présidentiel. Si, jusqu'à présent, celui-ci n'a pas changé de personnalité, le comportement de certains grains de sable de son entourage va-t-il finir, à la longue, par déteindre sur lui ? Pay attention: never say never...
Jeannot Ramambazafy – Également publié dans “La Gazette de la Grande île” du mercredi 08 janvier 2020