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Home Vie politique Chronique Madagascar : pour savoir tirer des leçons du passé, il faut connaître l’Histoire

Madagascar : pour savoir tirer des leçons du passé, il faut connaître l’Histoire

En haut: Les 4 présidents malgaches élus qui n'ont jamais terminé un mandat mais qui ont tous été balayés par le peuple sur trois générations. TOUS SANS EXCEPTION. En bas, une vue de l'Assemblée nationale de Tsimbazaza de nos jours. Des nommés et non des élus, mais toujours budgétivores

Extraits de l’interview du Secrétaire général des Nations Unis, parue dans Jeune Afrique en ligne du 14 février 2013 :

Q : À Madagascar, la médiation régionale est parvenue à convaincre les deux favoris, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, de ne pas participer à l'élection présidentielle de mai 2013. Est-ce une solution applicable à d'autres crises ?

Ban Ki-Moon : « J’ai accueilli avec satisfaction le choix d’Andry Rajoelina, président de la transition de ne pas se présenter. Sa décision ainsi que celle de Marc Ravalomanana devraient contribuer à faciliter la tenue d'élections libres et crédibles pour mettre fin à cette période. Il sera important de respecter le calendrier adopté par la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (Cenit). Il est également essentiel que la feuille de route 2011, destinée à mettre fin à la crise, en particulier les dispositions relatives aux mesures de confiance, soit pleinement mise en œuvre. Il appartient aux peuples des autres pays de décider comment résoudre les mêmes types de problèmes lorsqu'ils surviennent. Pourvu que les parties puissent trouver une solution consensuelle, sans recourir à la violence ».

Propos recueillis à Addis-Abeba par Pascal Airault et Georges Dougueli

Immédiatement, les médiaboliques sautent sur l’occasion, comme des chacals sur une carcasse d’oiseau. Ainsi de tananews de ce 14 février 2013, qui titre : « Calendrier électoral : Ban Ki-moon remet Andry Rajoelina à sa place ». Je ne sais pas si le rédacteur maîtrise bien la compréhension du français mais je suis persuadé qu’il a y une velléité de nuire, encore et toujours, au Président de la Transition. « Il sera important de respecter le calendrier adopté par la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (Cenit) ». Ban Ki-Moon n’a jamais fait allusion à l’ordre d’organisation des élections et Andry Rajoelina n’a jamais demandé un report de ce calendrier. Au contraire, il avait insisté pour maintenir le calendrier du 8 mai 2013. Mais il est écrit que la jalousie rend aveugle et sourd mais pas muet… Pas de photos pour ce dossier. Il faut apprendre à lire l’Histoire de son propre pays du début à la fin.

Andry Rajoelina, malgré son âge, connaît l’Histoire politique des cinquante dernières années. Il n’a pas connu l’époque PSD de Philibert Tsiranana, mais a passé son enfance, son adolescence et une partie de son âge adulte sous le règne de l’AREMA de Didier Ratsiraka, qui a eu une pause avec la présidence éclair de l’UNDD de Zafy Albert. Pourquoi a-t-il proposé que les élections législatives passent avant l’élection présidentielle ? Il est certain que ces « journalistes » qui écrivent en regardant au microscope les moindres faits, gestes et paroles de l’actuel Président de la Transition, ne connaissent qu’une infime partie de cette Histoire politique. Ils doivent être âgés entre 25 et 35 ans. Ils sont donc nés vers 1978 et 1988. Ils n’auront donc vécu que cette période de transition sur les quatre que Madagascar a traversé. Mais ce n’est pas une raison pour moi d’excuser leur ignorance. Tout est consigné dans cette bibliothèque universelle que constitue, désormais, Internet. Il suffit de prendre le temps de chercher, de s’informer avant d’informer les autres.

Car lorsque des imbéciles (qui signifie : dénués d’intelligence et pas autre chose) se trouvent dans une situation à haute responsabilité, la liberté de presse et d’expression est galvaudée et la Nation est en danger. Or, il faut du temps pour rétablir la vérité historique. Voyez, cette « histoire de coup d’état » de 2009. Il en reste encore des substrats mais qui s’évaporeront pour aller empoisonner la vie de leurs auteurs. « Aleo henjehin’ny omby masiaka toa izay henjehin’ny eritreritra ». Comment ces trentenaires vont-ils gérer leur propre vie si, déjà, ils corrompent leur vision pour des raisons viles, démoniaques (jalousie surtout).

Qu’ils le veuillent ou non, il est de mon devoir -pas pour eux mais pour leurs propres descendants- de rétablir et de remémorer les vérités de cette Histoire politique. En attendant la sortie de mon ouvrage sur l’histoire des élections présidentielles à Madagascar, de 1959 à 2006 (finalement, il sera bilingue), voici un condensé des impacts d’une présidentielle avant les législatives, dans un pays à la recherche de patriotes, comme le nôtre. Cette histoire est mêlée à ma propre histoire. Je ne parlerais pas des sénateurs ici, pour simplifier le schéma qui nous attend d’ici peu…

PSD

1959-1972. Philibert Tsiranana est président élu. Mais, il faut connaître les faits avant le 13 mai 1972. Instituteur de formation, il entre dans la politique en devenant membre du Parti socialiste français (S.F.I.O.) en 1952. Peu de temps après, toujours en pleine colonisation, il est élu conseiller provincial de Mahajanga puis conseiller de l’assemblée représentative de la Grande île. En 1956, il est élu député à l’assemblée nationale française et fonde le PSD (Parti social démocrate). Ainsi, quoi que disent les nostalgiques du « Pisodia izahay mandrahapahafatinay » (PSD jusqu’à la mort), Tsiranana était une marionnette de la France, et le PSD une antichambre du parti socialiste français.

Les jeunots des médiaboliques ignorent le pouvoir économique immense des compagnies lyonnaise et marseillaise après le retour de l’Indépendance. Comme ils ignorent que le PSD a raflé quasiment toutes les places à chaque élection de députés. Les premières élections législatives, après le retour de l’Indépendance, ont eu lieu le 4 septembre 1960. Il s’agissait d’un scrutin d’une liste majoritaire à un tour. Le PSD emporte 104 sièges sur 107 ! L’AKFM, parti d’opposition du pasteur Richard Andriamanjato, 03 sièges et les 13 partis formant la « Troisième Force », aucun siège, malgré leurs 48.000 suffrages obtenus. Ainsi, jusqu’en 1970, l’assemblée nationale malgache sera monocolore et tous les désirs de la France, via Tsiranana, étaient exaucés. De quelle indépendance parlions-nous alors ? Et le résultat a été le même lors des élections législatives du 8 août 1965 : PSD 104 sièges sur les 107 existant. Le 6 septembre 1970, même schéma : PSD 104 sièges, AKFM 03. Cela ne s’invente pas.

A présent donc, il faut recadrer l’histoire et accepter les faits. Tsiranana n’était pas le père de l’indépendance mais le père de la néo-dépendance. Economique surtout. Mon défunt père, médecin, parce qu’il n’a pas voulu entrer au PSD a été affecté à Marolambo. Cela s’appelait affectation « disciplinaire ». Mais cette mainmise du PSD sur les affaires de l’Etat a-t-elle empêché la chute de Tsiranana en 1972 ? NON ! Ces soi-disant 104 représentants du peuple, en fait donc, n’avaient jamais exprimé ses aspirations réelles. Le comble est que Philibert Tsiranana avait été « élu » avec 98,8% des voix exprimées lors de l’élection présidentielle du 30 janvier 1972 ! 5 mois après, en mai 1972, adieu les « Pisodia izahay mandrapahafatinay ». Malheureusement, il y a eu morts d’hommes avant que Tsiranana veuille bien quitter le pouvoir.

A ces moments difficiles que la Nation malgache a traversé, où étaient Me Hanitra, Mamy Rakotoarivelo et consorts ? Henri Randrianjatovo, qui gueule comme un diable au Magro Behoririka, n’était qu’un petit prof de gym du Bahut (lycée Galliéni). Ravalomanana l’a envoûté.

AREMA

Didier Ratsiraka accède au pouvoir suprême sans avoir été élu, après l’assassinat du Colonel Ratsimandrava, en février 1975. En bon stratège militaire, il s’imposera avec un referendum pour nouvelle constitution axée essentiellement sur une charte de la révolution socialiste, un petit livre rouge (« Boky mena ») et un parti créé pour la circonstance : l’AREMA (Pilier de la révolution malgache). Le 21 décembre 1975, le « Oui » l’emporte avec 95.57% et il devient président de la république. Parallèlement, l’Assemblée nationale populaire (ANP) nait. L’AREMA, au suffrage universel, rafle les 120 sièges sur les 137 disponibles. Mais où sont donc passés les « Pisodia izahay mandrapahafatinay » ? Tous devenus AREMA ! Le 30 juin 1977, les résultats des législatives donnent : AREMA 112 (sur 137), AKFM 16, VONJY IRAY TSY MIVAKY 7 et UDECMA 2. Le PSD s’est complètement volatilisé depuis. Formé en France, Didier Ratsiraka, imbu de sa personne, entrainera le pays dans un gouffre de misère, en ayant voulu imiter, à la fois, le Coréen Kim-Il-Sung et le Lybien Kadhafi.

A l’époque, je suis allé voir le CSR (Conseiller suprême de la révolution), Fiakara Jean Ferlin, à Ambohidahy, pour une demande de bourse extérieure. Question : de quel parti êtes-vous ? Je lui ai répondu qu’on n’entre jamais dans un parti politique dans ma famille. Réponse : oui mais, vous savez, vous devriez entrer au sein de la jeunesse AREMA. Je suis sorti en claquant la porte. Le CSR Fiakara est décédé depuis, paix à son âme.

Didier Ratsiraka est réélu sans coup férir en 2002. Lors des législatives du 28 août 1983, l’AREMA rafle 117 sièges (sur 137). Que peuvent dire les autres partis, déjà répartis pour les 20 sièges restant, dans pareille assemblée ? Lever la main et passer à la caisse. Législatives du 28 mai 1989. Malgré le vent de révolte qui commence à se lever, l’AREMA engrange 120 sièges (sur 137) et le reste continue à faire de la figuration. Mais tout cela n’a pas empêché le peuple de chasser Ratsiraka en 1991, après le carnage du 10 août.

UNDD

Après une période de transition (HAE 1991-1993), le Professeur Zafy Albert est élu président de la IIIè république au second tour, le 10 février 1993, contre Didier Ratsiraka qui part en exil pour la première fois. Rappelons qu’étrangement, à cette élection, l’Amiral était le candidat MMSM (Mouvement Militant pour le Socialisme Malgache). Soulignons enfin que l’homme au chapeau de paille (« satroka penjy ») venait de créer le parti UNDD (Union nationale pour le développement et la démocratie).

Voici le résultat des législatives qui ont suivi cette élection présidentielle, organisées le 16 juin 1993 : Mouvance (déjà !) Présidentielle (CFV, CSCD, UNDD, AKFM Fanavaozana, CSDDM, ACCORD, FARIMBONA, GRAD-Iloafo, VATOMIZANA) 75 sièges, Parti Militant pour le Développent de Madagascar (PMDM) 15 sièges, LEADER-Fanilo 13 sièges, FIVOARANA 02 sièges, RPSD 08, FAMIMA 11, Autres 10 sièges, Vacants 04 sièges. Remarquons que les héritiers du PSD avaient fait une entrée sous l’appellation RPSD (PSD Renouveau). L’AREMA a complètement disparu !

Mais tout ce micmac a-t-il empêché le Président Zafy d’être empêché par ces « représentants du peuple », le 5 septembre 1996 ? NON ! Sa mouvance l’a trahi purement et simplement. Mais il a accepté de quitter la scène tranquillement.

Le 31 janvier 1997, Zafy Albert est battu au second tour de la présidentielle par un Didier Ratsiraka devenu humaniste et écologique. Il ne fera pas de chichis mais, cependant, depuis cette date, il en veut systématiquement à tous les chefs d’Etat après lui. Il a 86 ans de nos jours. Zafy, champion des financements parallèles n’était l’homme d’aucune puissance étrangère. Et on se demande comment il est parvenu (sans jeu de mot) au sommet. En vérité, Zafy était un homme de paille de l'opposition des Hauts-plateaux...

AREMA BIS

Lors des législatives du 17 mai 1998, le nombre des députés est de 150. Les résultats : AREMA 63 sièges, LEADER-Fanilo 16, AVI 14, RPSD 11, AFFA 06, MFM 03, AKFM-Fanavaozana (c’est celui d’Andriamanjato. Il y a eu un AKFM KDRSM dissident, dirigé par Gisèle Rabesahala), CSCD 01, GRAD-Iloafo 01, Indépendants 32 sièges. A partir de là, les partis politiques vont pousser comme des champignons mais les indépendants ne le seront jamais longtemps... Hélas, la métamorphose de l’Amiral rouge, ne l’empêchera pas d’être balayé par un mensonge (« Premier tour dia vita ! ») en 2002. Il partira en exil en France, pour la seconde fois. En effet, lors de la présidentielle du 16 décembre 2001, Marc Ravalomanana n’a jamais accepté qu’il y ait un second tour, malgré ses promesses à Dakar, Sénégal, fort de l’appui de la population de la Capitale, Antananarivo. Jusqu’à présent, je me demande ce qui l’a inspiré avec cette histoire d’humanisme écologique.

TIM

Le 6 mai 2002, Marc Ravalomanana est investi Président de la république pour la seconde fois (après une autoproclamation le 22 février 2002), au stade municipal de Mahamasina. Il avait fondé spécialement son parti TIM (Tiako i Madagasikara) pour cette élection. Mais il y a eu mort d’hommes avant cette accession officielle sur un coup de bluff gigantesque. Voici le résultat des élections législatives du 16 décembre 2002 : Mouvance présidentielle 132 sièges (sur les 160 disponibles). L’AREMA « officiel » avait boycotté ces élections car ses membres (enfin ce qu’il en restait) refusaient de reconnaître de reconnaître Marc Ravalomanana comme chef d’état. Voici la répartition exacte : TIM 103 sièges, FP 22, RPSD 05, AREMA 03, LEADER-Fanilo 02, Autres 03, Indépendants 22. Discipline de parti, où es-tu ?...

Réélu à nouveau en décembre 2006, Marc Ravalomanana, après avoir toiletté la constitution (lui aussi et le « Oui » l’emporte avec 75,33%), le 4 avril 2007, dissout l’assemblée nationale le 26 juillet 2007. Voici le résultat des élections législatives anticipées du 22 septembre 2007 : TIM 105 sièges (sur les 127 disponibles), LEADER-Fanilo 1, Indépendants 11, Autres 10. Grisé par cette victoire sans péril, Marc Ravalomanana n’a pas pris au sérieux le taux d’abstention proche des 80% à ces législatives-là. Sûr de sa majorité, il croyait pouvoir faire tout ce qu’il voulait. Comme Tsiranana, comme Ratsiraka, comme Zafy.

Deux ans après, en 2009, Marc Ravalomanana est balayé par la révolution orange dirigée par Andry Rajoelina qui a dissous ce parlement TIM. Mais durant trois ans, il a refusé de quitter un pouvoir qu’il a lui-même laissé glisser entre ses mains, payant grassement des petites mains pour diffuser sur Internet, la théorie du coup d’Etat. Il y a eu aussi des morts. Surtout le 7 février 2009. Depuis qu’il a reçu ses diplômes de docteur honoris causa, Ramose Marc Ravalomanana -bombardé Dada aussi- s’est comporté comme étant le maître du « zava-boary »… un dieu arrivé sur terre pour sauver la Grande île. Tu parles ! Vous ne connaissez toujours pas Tikoland ? Considéré comme "ultra libéral", il est l'homme du monde anglophone, en général, des U.S.A. en particulier.

En ce mois de février 2013, nous sommes près de la sortie de cette crise de politiciens malgaches. Et c’est tout ce schéma présenté plus haut, de 1972 à 2009, qui risque fort bien de se répéter avec une présidentielle avant les législatives.

Les PSD sont devenus AREMA, les AREMA se sont dissolus dans l’UNDD, et tout le monde -la majorité- est devenu TIM.

Pourquoi selon vous ? Et vous croyez que mes enfants sont TIM et mes petits-enfants TGV, ainsi que moi ? Nous avons tous un nom à respecter, celui de nos parents qui n’ont jamais fait de politique politicienne. C’est « fady » (tabou) chez nous. Mais ne pas être au pouvoir ne signifie aucunement ne pas participer au développement de la Nation malgache, avec d’autres manières, d’autres actions.

Ban Ki-Moon avait aussi dit, dans son interview pour Jeune Afrique : « Il appartient aux peuples des autres pays de décider comment résoudre les mêmes types de problèmes lorsqu'ils surviennent. Pourvu que les parties puissent trouver une solution consensuelle, sans recourir à la violence ». Pourvu, effectivement….

Mais nous avons tous été prévenus à l’avance. Andry Rajoelina a fait son devoir. Et moi aussi. A présent, après avoir fait la démonstration que l’ont peut développer Madagascar, en un temps record et avec ses propres moyens -sans voler ni mentir- qu’il termine cette transition qui est sa vraie mission, en étant au-dessus du lot de ces apprentis politiciens qui feront exactement les mêmes erreurs du passé, car tous iront grossir le parti du premier président «élu» de la IVè république. Pour çà, je n’en doute pas un seconde. Seulement, avec cette histoire de présidentielle, second tour, jumelée aux législatives, les impacts négatifs du passé se multiplieront de manière exponentiel. Car le propre du politicien malgache est de ne jamais démissionner et de ne jamais reconnaître sa défaite. Et ce sera encore la faute aux « autres » ?

La dernière imbécilité d’une partie de ces politocards et de leurs porte-paroles? Oser déclarer qu’Andry Rajoelina fait du terrorisme (« mampihorohoro »). Encore des créatures qui vivent au jour le jour, sans rien prévoir ni anticiper mais qui espérent devenir riches une fois au pouvoir. Seigneur, mais jusqu’où ira la bêtise humaine ?

Volet philosophique du jour, qui vient de moi : Le plus grand des torts, ici-bas, c'est de toujours chercher à avoir raison sans chercher à connaître les vraies racines d'un mal.

Jeannot Ramambazafy – 14 février 2013

Mis à jour ( Lundi, 18 Février 2013 03:45 )  
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