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Place du 13 mai en 2009 : Mialà Ravalomanana !
On dit souvent qu’il faut prendre des leçons de l’Histoire pour appréhender un avenir meilleur. Après quatre mois d’existence, la Haute Autorité de la Transition (HAT) présidée par Andry Rajoelina connaît une période de « flottement », dû indéniablement à un manque flagrant de cohésion entre ce que décide le Président et ce que font les membres de la HAT. J’entends par ce terme : la présidence, les membres et l’équipe gouvernementale. Or, à présent que la Communauté internationale a compris, au moins, que le retour de Marc Ravalomanana ne peut plus être une condition vers la légalité -l’ambassadeur Jean Marc Châtaigner a parlé de nouvelle constitutionnalité et non plus de retour à la constitutionnalité-, l’important, le plus urgent est d’effectuer une gigantesque campagne de communication très efficace pour expliquer à l’ensemble de la population malgache de Madagascar -celle qui sera appelée à voter- les enjeux de cette entrée vers une IVème république. Tergiverser comme c’est le cas, actuellement, c’est terminer encore plus mal que le Pr Zafy Albert et sa Haute Autorité de l’Etat : excellent au début mais empêché au final. Ce qui n’a pas empêché la population à descendre dans la rue en 2002. Puis en 2009.
Place du 13 mai en 1991 : Mialà Ratsiraka ! Où donc étaient ces fameux Gtt actuels ? Il fallait commencer à manifester dès cette époque. Votre montée au créneau pour défendre Ravalomanana n’émane que d’intérêts bassement matériels. Nous, nous étions déjà là et avions lutté avec le peuple de Madagascar. A cette époque dure, les moutons de Panurge n'ont pas hurlé au coup d'Etat car la Communauté internationale n'avait pas donné ce mot d'ordreÂ
Mon propos, ici, n’est pas de faire l’apologie ou le coulage d’un tel ou un autre, mais de révéler, étape par étape, comment en est-on venu à une HAE, en 1991, et comment les politiciens malgaches brillent par leur manque de fidélité. Tranche d’une histoire qui ne doit plus être un éternel recommencement. Allons-y aussi pour les férus d’Histoire.
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L'Amiral Didier Ignace Ratsiraka encore en pleine forme et en pleine puissance
Le 12 mars 1989, l’Amiral Didier Ignace Ratsiraka (Fondateur de l’Arema, parti unique au pouvoir) est réélu sans surprise mais son score a baissé par rapport à 1982, face au seul Monja Jaona (Monina). En ce temps là , le mandat présidentiel était de 7 ans. En 1989, toujours incapable de se mettre d’accord sur le choix d’un candidat unique, « l’opposition » avait aligné trois candidats (tous membres du  Front National de Défense de la Révolution ou FNDR : Manandafy Rakotonirina (Mfm), Razanabahiny Marojama (Vonjy Iray Tsy Mivaky) et Monja Jaona (Monima). Conscient d’une baisse de sa popularité, Didier Ratsiraka avait effectué de grands changements : il a supprimé le FNDR et ouvert le pays au multipartisme. Le 9 mars 1990, une Ordonnance reconnait la liberté d'association politique puis la censure est levée.
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Le Pape Jean Paul II à Antsiranana, le 29 avril 1990 : « N’ayez jamais crainte »
Dès lors, comme des chevaux débridés, des particules et partis politiques vont voir le jour. Parmi eux, l'Union Nationale pour le Développement et la Démocratie (UNDD) fondée par le Pr Zafy Albert, ancien ministre de la Santé du gouvernement du Général Gabriel Ramanantsoa (Premier régime de transition malgache, du 11 octobre 1972 au 6 février 1975). Mais le contenu du Petit livre rouge (« Boky mena ») déjà très critiqué pour ses orientations utopiques, reste le programme du régime Arema. Or, ces réformes politiques n’amélioreront en rien le contexte social déjà marqué, en 1988, par une épidémie de paludisme qui a fait plus de 100.000 morts à travers la Grande île. Bien qu’ayant bénéficié d’une annulation d’1/3 de ses dettes par la France, le pays n’arrive pas à se relever. Le niveau de vie de la population s’affaisse alors que le taux de chômage atteint un pic incroyable…. Aucune libéralisation de l’économie en vue, malgré les pressions du Fmi qui n’a cessé « d’ajuster structurellement » depuis 1982. Pour en revenir à cette année 1989, elle marque la venue du pape Jean Paul II, du 28 avril au 1er mai. Miracle ? Toujours est-il qu’en décembre, un nouveau Code des investissements est adopté et des zones franches industrielles -textiles surtout- sont créées, tournées vers l'exportation. Déjà , la Grande île pense aux investissements directs étrangers (IDE) et le processus de privatisation des sociétés d'État avait été engagé, en contrepartie de 76,9 millions de DTS émanant de la Banque mondiale et du FMI. Arriva l’année suivante.
Didier Ratsiraka et François Mitterrand Le 25 septembre 1985, au Palais de l'Élysée
Le 14 juin 1990, François Mitterrand visite Antananarivo et Toamasina. Il efface la dette publique malgache (4 milliards de fmg). En contrepartie (car il y en a toujours), Didier Ratsiraka consent à indemniser les entreprises françaises nationalisées en 1975. Mais rien n’y fait. La pauvreté demeure insoutenable, surtout en milieu urbain, compliquée par une démographie galopante de 3% par an. Les 11 millions d'habitants d’alors vivaient avec un revenu annuel de 210 dollars par individu. En août 1990, le dernier président du régime d’apartheid sud-africain, Frederik De Klerk, fait un saut à Antananarivo. En août 1990 encore, un Code minier, favorable aux investisseurs étrangers, est adopté et appliqué. Une zone économique spéciale (ZES) est créée à Toamasina par une société de Hong Kong. Les entreprises franches du textile poussent comme des champignons. Mais la situation économique ne s’en est pas améliorée pour autant. Le gouvernement doit figer le crédit pendant le premier trimestre de 1991, à cause de problèmes profonds de trésorerie. Le déficit de la balance commerciale s’est accru à la suite de l'augmentation des importations, due à la libéralisation de l'accès aux devises et en raison de l'insuffisance de la production agricole traditionnelle. Un nouveau programme d'investissements publics (PIP) est adopté pour 1991-1993. L'agriculture (22%), l'industrie, les mines et l'énergie (21%), les transports et les communications (30%) sont les postes clés des dépenses de ce programme qui s'élève à 1.692 milliards de fmg, dont 1.112 milliards financés par des apports extérieurs. La Banque mondiale et la France étaient les instigatrices de ce programme de libéralisation… La révolte gronde, malgré toutes les réformes, tous les effacements de dettes, toutes les promesses tenues ou non (une dévaluation de 13% du fmg avait été annoncée en janvier 1991, assortie d'une augmentation de 15% des salaires du secteur public et d'une taxe de 30% sur les importations de riz). Car le peuple, au contraire, s’est paupérisé.
Pour voir le film, cliquez sur l’image ci-dessus
Dès juin 1991, suite à un projet de révision de la Constitution soumis à l'Assemblée nationale populaire, le 31 mai 1991, en vue d'adapter ce texte « à la conjoncture nationale et internationale », des manifestations d’une ampleur jamais connues au pays et une grève générale éclatent et perdureront. Le 29 juillet 1991, le gouvernement du Colonel Victor Ramahatra est dissous. Le 8 août 1991, Guy Willy Razanamasy est nommé Premier ministre avec pouvoir de nommer et de révoquer ses ministres. Il s’agit de prérogatives non reconnues par la Constitution de 1975 à un Chef de Gouvernement. Mais personne n’a rien dit à l’époque. Le 10 août 1991, c’est le carnage aux environs du palais d’Iavoloha. Plusieurs manifestants sont tués. Ratsiraka, qui a lui-même donné l’ordre de tiré (voir le film "Madagascar plus jamais çà ," en cliquant sur la photo ci-dessus) est discrédité aux yeux de l'opinion nationale et internationale, après seize ans de pouvoir sans partage. Dès lors, le mot d’ordre est : « Ratsiraka mialà  » ou Ratsiraka doit partir. Or, en août et en décembre 1990, deux " Concertations Nationales pour une nouvelle Constitution " avaient bien eu lieu, à l’initiative du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes à Madagascar (FFKM), mais Didier Ratsiraka a toujours méprisé ces appels au dialogue. Son leitmotiv : « Tsy hialà aho ! ». Je ne partirai pas !. Termes exacts : « Vous pouvez faire 7 fois, 70 fois, voire 70 000 fois le tour des murs de Jéricho, je ne quitterai pas le pouvoir ! ». (14 juin 1991, de retour de Paris). Cela en référence aux… références bibliques de Zafy Albert pour faire tomber le mur de Jéricho (« Arodana ny mandan’i Jericho »). Après sept mois de grèves et de protestations un gouvernement parallèle des Forces Vives (« Hery Velona ») est formé par l’opposition, avec comme chef de file le Général Jean Rakotoarison alias « Voay be » assisté du Pr Zafy Albert qui deviendra le nouveau messie au chapeau de paille (« satroka penjy »). Il y eut aussi la maman de Ny Hasina Andriamanjato, Bao, qui a même été kidnappée. Elle ne s’en est jamais remise. Et bien sûr, le pasteur son époux. Après des tergiversations et une chasse aux sorcières pas possible, les pouvoirs de Didier Ratsiraka se désagrègent l’amenant (enfin) à composer.
Les acteurs de la naissance de la HAE. De g. à dr. : Pasteur Richard Andriamanjato, Guy Willy Razanamasy, Professeur Zafy Albert et Manandafy Rakotonirina
Le 31 octobre 1991, est signée la Convention dite de l’hôtel Panorama, -sis à Andrainarivo Antananarivo- entre les églises et toutes les mouvances politiques du pays. Plus de deux ans après le début de la crise due à une fracture sociale profonde. Cette Convention du Panorama institue un cadre légal au Pouvoir de Transition vers la Troisième République. Elle suspend l'Assemblée Nationale Populaire (ANP) et le Conseil Suprême de la Révolution (CSR), mais elle met en place, parallèlement au gouvernement de Guy Willy Razanamasy, de nouvelles institutions qui sont : le Comité de Redressement Economique et Social (CRES), co-présidé par le pasteur Richard Andriamanjato et le leader du MFM, Manandafy Rakotonirina ; la Haute Autorité de l'Etat (HAE) présidée par Zafy Albert. Didier Ratsiraka reste Président de la République mais ses pouvoirs sont symboliques.
Le buste de Dadabe Tsiranana, Place de l’Indépendance, Antaninarenina Antananarivo
En février 1992, la HAE suspend les élus, dissout les collectivités locales -pierre angulaire du système de Didier Ratsiraka- et les remplace par des « Délégations Spéciales » dans l'administration territoriale. Du 22 au 31 mars 1992 se tient un Forum national sous l’égide du FFKM assisté par le Gouvernement. But : la rédaction d’un texte constitutionnel à soumettre à referendum. Dans son discours du 29 mars 1992, marquant le 49è anniversaire de l'insurrection de 1947, l’Amiral Ratsiraka tente de résister au mouvement vers la Troisième République. Il s'agrippe au septennat, s'accroche encore au pouvoir et conteste le gouvernement en s'opposant à la dissolution des collectivités locales et en soutenant un mouvement fédéraliste. A ce stade de la crise, l’espoir était dans le cœur de tous les Malgaches : Didier Ratsiraka étant militaire de formation doit avoir l'intelligence des rapports de forces. A cette époque, s'il avait voulu les considérer, les conditions lui permettront un départ honorable. Le peuple malgache subira-t-il la vengeance aveugle d'un homme acculé ou y-aura-t-il une lueur lucide de sa part pour pouvoir lui pardonner ? Le peuple malgache s'en est montré capable puisque le Président Philibert Tsiranana a pu terminer sa vie paisiblement, après avoir quitté le pouvoir à la suite du mouvement populaire de 1972…
Des cadets de l’Académie militaire d’Antsirabe ou ACMIL
Le 31 mars 1992, un sabotage du Forum National n’aboutit pas. Des partisans de Didier Ratsiraka sont tués et/ou blessés par des éléments de l’armée malgache, lors de l’attaque du lieu où se tient le Forum. Ce dernier baroud d’horreur ratsirakiste a permis aux chefs de cette armée d'exprimer leur volonté d'être les « Gardiens de la légalité » (« Tandroka aron’ny vozona »). Et, cette contestation ouverte du Pouvoir de Transition, menée par une douzaine officiers « ratsirakistes », n'aura abouti qu'à leur marginalisation sans mettre en cause l'unité de l'armée. La fin du règne de Didier Ratsiraka est proche. Le referendum constitutionnel du 19 août1992, mettra officiellement et définitivement fin au régime socialiste révolutionnaire de l'Amiral Didier Ratsiraka et à la République Démocratique de Madagascar qui avait été instituée par ce même processus référendaire en décembre 1975. La démocratie directe existait bel et bien dans la Grande île…
Comment a été gérée cette situation de transition ? C’est cela qui nous intéresse car la suite de l’Histoire, tout le monde la connaît. Ce, depuis l’élection du Pr Zafy Albert en novembre 1992 jusqu’à son empêchement définitif le 5 septembre 1996.
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La Solima (Solitany Malagasy) qui avait le monopole de l'importation, du raffinage et de la distribution de carburants a été démantelée puis reprise par des multinationales comme Galana-Gulf, Shell, Total, Jovenna, Vitogaz
Le régime de transition de la HAE ne fut pas de tout repos. Il était tricéphale avec le Président de la République Didier Ratsiraka, le Président de la HAE Zafy Albert et le Premier ministre Guy Willy Razanamasy. Tout n’était que contradictions et art de compliquer les choses. Un exemple : un contrat d'approvisionnement pétrolier, attribué à une société suisse par la société d'État Solima, dont le directeur avait été nommé par le Président Ratsiraka, a été annulé par la HAE qui s’est tourné vers la vaine recherche d’un accord d'État à État avec l'Iran. En fait, ces nouvelles autorités ont vogué de contradictions en contradictions entre leurs promesses à la population (baisse du prix du pétrole et du riz) et les conditions posées par la Banque mondiale et le FMI (poursuite du programme d'ajustement structurel dont la dévaluation du franc malgache, les privatisations accélérées, la hausse des taxes pétrolières, l’arrêt des subventions aux produits de première nécessité).
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Pierre van Den-Boogaerde, actuel représentant résident du FMI à Madagascar
Les discussions entre les autorités malgaches et les experts de la Banque et du FMI ont été âpres. En décembre 1991, une première mission internationale avait jugé que le dossier malgache n'était pas suffisamment préparé. En mars 1992, la mission suivante a trouvé nécessaire, un « complément d'information ». Or, cette aide extérieure était indispensable, compte tenu de la faiblesse des réserves en devises de l'État (200.000 dollars en avril 1992). Ce problème était accentué par la menace d'une dévaluation qui amena les exportateurs malgaches à retarder le rapatriement de leurs devises. En 1991, 400 millions de dollars se trouvaient sur des comptes de citoyens malgaches en Europe et aux États-Unis. La relance économique ne sera pas pour cette année, avec un recul net de 6%. Soit une baisse de la production per capita de 9%. Les recettes d'exportations ont baissé, d'où des arriérés vis-à -vis des créditeurs bilatéraux. Les recettes fiscales ont chuté de 30%.
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Frederick De Klerk et Nelson Mandela. La Fondation De Klerk a été créée il y a environ 10 ans pour, principalement, « promouvoir la constitution, surveiller son application et sa possible évolution ».
Sur le plan diplomatique, les conflits de préséance furent multiples entre les représentants des institutions existantes. L’Amiral Ratsiraka, ayant gardé une importante équipe de conseillers, a continué à mener sa propre diplomatie. En avril 1992, il envoya un émissaire en Afrique du Sud pour quémander une aide financière et matérielle. Elle lui a été catégoriquement refusée. Faire venir De Klerk en 1990 n’aura servi à rien non plus… Il ne faut pas que cette HAT actuelle se leurre. La naissance d’un nouveau régime est toujours longue, complexe et incertaine. Surtout avec des personnages retors... Pour la HAE, les échéances électorales ont été reportées à maintes reprises. Le mandat du gouvernement du Premier ministre Guy Razanamasy a été prorogé au-delà de son terme initial. Pour tenir jusqu'aux législatives de 1993.
Après plus de deux ans de régime transitoire, la victoire du Pr Zafy Albert au second tour de l'élection présidentielle du 10 février 1993, a finalement marqué officiellement l'ère de la IIIe République malgache qui aura trois parties.
Mais attention : La transition politique ayant trop traîné, les négociations des autorités malgaches avec les bailleurs de fonds internationaux ont aussi été retardées. Rien ne devait être décidé avant la mise en place d'un nouveau gouvernement. Après les législatives de juin 1993. Dans le meilleur des cas, les premiers prêts de la Banque mondiale ou du FMI ne pouvaient être accordés avant le début de l’année… 1994. Mais à fin mars 1994, les autorités malgaches n'avaient toujours pas obtenu d'accord avec la Banque mondiale et le FMI sur leur programme de réformes. Ainsi, c’est environ 1 milliard de dollars d'aide internationale qui n'ont pas été décaissés un an après l'élection de Zafy Albert. Sur le plan diplomatique, son régime s'est ouvert à la Corée du Sud, à l'Afrique du Sud et à Israël, dans l'espoir d'attirer de nouveaux investisseurs. Mais ce qu’il reste à retenir sont les fameux financements parallèles (lire en fin de dossier).
Pour en revenir à la transition de la HAE à proprement parlé, voici ce qu’il faut retenir et ne pas appliquer par la HAT actuelle. Leur méfiance réciproque, assortie de certaines divergences, a ralenti le processus de prise de décision, paralysant les membres de ce régime tricéphale. Le Président, de la HAE entouré de conseillers aux opinions totalement opposées, a eu un mal fou à trancher sur les questions sensibles. Ce jeu politique très complexe a fini par désorienter les investisseurs étrangers, lesquels ont souvent critiqué l'immobilisme, voire l'incurie, du régime de transition. La confusion allait encore être plus totale avec l’accroissement de la décentralisation administrative amenant de nouveaux moyens financiers et pouvoirs de décision difficilement contrôlables. L’histoire sera-t-elle un éternel recommencement ou bien le Président de l’actuelle HAT va faire montre de poigne, vu que tout le monde autour de lui semble faire ce qu’il veut pour se « démarquer » dans le cadre des futures élections présidentielles ? Qui fait pression sur qui ? Quelle est la véritable mission de la HAT ? Andry Rajoelina veut une transition courte. Mais certains entendent la faire perdurer autant que possible. Comment résoudre cette situation qui ne va pas en s’améliorant, dans le temps ? Qui sont ces Judas malgaches du troisième Millénaire ? Ainsi va la vie (politique) à Madagascar : posséder l’art subtil de compliquer les choses. Seule issue possible : entamer une campagne de sensibilisation à la hauteur des enjeux, vis-à -vis des Malgaches de Madagascar. Ils seront les seuls, au bout du compte, à être appelés pour trancher. Les négliger pour des histoires de partage de gâteau « à l’africaine » avec la main maléfique de « Vazaha », entrainera, à très court terme, une crise encore plus pénible. A moins que ce ne soit le but recherché par certains. Mais au profit de qui ? J’ai bien une idée pour aller de l’avant. Encore faudrait-il que l’on ne me prenne pas pour un imbécile et que l’on ait des moyens à la mesure des ambitions. Celles du peuple et non d’une poignée de personnages qui se sentent invulnérables. Parmi tous ces personnages, le Président de la HAT est bien le seul encore non atteint de la folie du pouvoir. Jusqu’à preuve du contraire. Sans Andry Rajoelina, ces anciens opposants, ou anciens tout ce que vous voulez, ne seraient que des pantins à géométrie politique variable. A présent, certains se permettent de faire des campagnes électorales très avant l’heure, tandis que d’autres pratiquent des abus de pouvoir à outrance ou encore dénigrent la HAT alors qu’ils sont bien situés en dedans même. Pour l’unique raison de jalousie, de leadership mais aussi d'incompétence notoire. Mais, comme depuis des décennies, la médiocratie semble bougrement bien récompensée. Où est alors le changement ? Qu'aucun de vous ne monte sur ses grands chevaux car la vérité blesse toujours. Et, pour le moment, je sais tout mais je ne dirais (encore) rien. Vraiment, à Madagascar on aura beau changer les dirigeants, les pratiques qui ont amené le peuple à manifester dans la rue persistent encore et toujours. Qui ? A suivre…
Dossier préparé par Jeannot RAMAMBAZAFY – Journaliste
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A garder en archives :
La véritable histoire des financements parallèles du Professeur Zafy Albert
Après son investiture, Le Pr Zafy manifeste son intention de renouer des relations commerciales et diplomatiques avec plusieurs pays, notamment la Corée du Sud, l'Afrique du Sud et Israël avec lesquels Madagascar avait eu, auparavant, des rapports antagoniques. Début mai 1993, son vice-Premier ministre se rend au Maroc, à la tête d'une délégation gouvernementale et porteur d'un message du Président Zafy au roi Hassan II. Les deux pays décident de mettre à l'étude les domaines d'une éventuelle coopération. Les relations diplomatiques Madagascar-Maroc étaient en " stand by " depuis la reconnaissance de la République sarahouie (Sahara occidental), par Didier Ratsiraka en 1976.
Car pour résoudre ses problèmes de devises, le gouvernement malgache se voit obliger d'user d'expédients. Le prix de la vanille malgache à l'exportation est baissé de 74 dollars le kilo à 60 et Madagascar doit vendre, en-dessous de ce prix, une cargaison de 50 tonnes pour obtenir les devises nécessaires à l'achat de 12.000 tonnes de riz, en janvier 1994. En août 1993, le Président Zafy et celui de l’Assemblée nationale, Richard Andriamanjato, avaient signé un accord pour l’obtention d’un financement privé de 2 milliards de dollars contre le droit de recherche et d'exploitation, pour une période de 25 ans, sur l'ensemble des mines d'or du pays. Les bailleurs de fonds ont alors tiré la sonnette d’alarme pour ces démarches auprès d'intermédiaires financiers globalement considérés comme peu fiables. Finalement, des discussions " de la dernière chance " avec les institutions de Bretton Woods ont eu lieu en avril 1994, à Washington, et un accord-cadre de politique économique a été adopté par le gouvernement en mai. Tiens donc. Tout se qui s’est passé récemment n’est pas nouveau alors ? Et se renouvellera encore ?
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 Le Premier ministre, feu Me Francisque Ravony
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Feu Herizo Razafimahaleo, en pleine campagne électorale, en novembre 2006
Le 19 août 1994, après des transactions longues comme un jour sans pain, le Premier ministre, Me Francisque Ravony, présente le second gouvernement de sa première législature. Au nombre des ministres partants figure celui de la Promotion industrielle et du Tourisme, feu Herizo Razafimahaleo. Mais ce remaniement ne met pas un terme aux luttes d'influence s'exerçant entre les trois pôles du pouvoir malgache d’alors : le président Zafy, le Premier ministre Ravony et le Président l'Assemblée nationale, Andriamanjato. Tandis que le Premier ministre, soutenu par les bailleurs de fonds internationaux, s'oppose au maintien à son poste du gouverneur de la Banque centrale, Raoul Johnson Ravelomanana, ce dernier bénéficie du soutien du Pasteur Andriamanjato, avec lequel il avait participé à plusieurs opérations financières destinées à rechercher des « financements parallèles ». De son côté, le Président de l'Assemblée nationale ne cache pas son opposition au ministre des Finances, José Yvon Raserijaona. En janvier 1995, le gouverneur Ravelomanana est finalement limogé après le scandale de « l'affaire FLAMCO Aktien Gesellschaft (AG) », du nom d'une société commerciale présidée par le Prince Constantin du Lietchtenstein -oncle du Prince régnant Adam III- qui a accumulé une dette de plusieurs millions de dollars auprès de la Banque d'Etat, Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra (BTM). De quoi faire le sujet d’un film à suspens…
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Sans le FMI, les générations futures ne paieraient plus les dettes d'aujourd'hui. Comment s'en passer ? C'est une autre histoire de... mentalité d'éternel assistéAutre pomme de discorde : l’attitude à adopter vis-à -vis du FMI et la Banque mondiale : si le Premier ministre souhaitait un accord avec les institutions de Bretton Woods, le Président de l'Assemblée nationale, lui, estimait qu'on pouvait éviter d'avoir recours à leurs financements. Ainsi, pour appliquer cela, Madagascar a reçu plusieurs délégations commerciales étrangères venues d'Israël, de la Corée du Sud, de Taïwan...).
En février 1995, de nouvelles négociations aboutissent tout de même sur la signature, à Antananarivo, d'une lettre d'intention entre les autorités malgaches et le FMI en vue de l'octroi d'une « Facilité d'ajustement structurel renforcée » ou FASR. Mais les négociations avec la Banque mondiale sont restées dans un cul-de-sac. Le Premier ministre a accepté les conditions du FMI parce qu'elles étaient essentiellement d'ordre fiscal, tandis que les conditionnalités de la Banque mondiale portaient sur un large éventail de réformes pour libéraliser plusieurs secteurs de l'économie dont la vanille, le transport aérien et le système bancaire. Entre-temps, Madagascar s’inscrit dans le projet d'Indian Ocean Rim Association (censé réunir les pays riverains de l'océan Indien) et, en juin 1995, une délégation malgache assiste à une réunion régionale à ce sujet, en Australie. Ce même mois, de nouvelles discussions sont entamées avec la Banque mondiale…
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Le Dr Emmanuel Rakotovahiny, ancien ministre de l'Agriculture du Général RamanantsoaMais trois mois après l’élection de Zafy Albert, ancien président de la HAE, Madagascar s’enfonce dans un marasme politique sans précédent. Le référendum constitutionnel voulu par le Président, le 17 septembre 1995, pour lui donner le pouvoir de choisir lui-même son Premier ministre n'a pas apporté un apaisement politique. Le Président Zafy a limogé le Premier ministre Francisque Ravony avec lequel il ne s'entendait pas, mais le gouvernement du Docteur Emmanuel Rakotovahiny qui lui a succédé, le 10 novembre 1995, s'est trouvé paralysé par des luttes internes. L'élaboration du budget 1996 a donné lieu à toute une série de passes d'armes entre, d'un côté, le Premier ministre et son ministre de l'Économie, Tovonanahary Rabetsitonta, et, de l'autre, le ministre des Finances et du Plan, Jean-Claude Raherimanjato. A ces clivages internes s'est ajouté une relance de l'agitation antigouvernementale de l'opposition. Surtout après les municipales du 5 novembre 1995 où les candidats d'opposition ont remporté les mairies des principales villes du pays.
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Alain Ramaroson se dissocie de Zafy Albert qu’il avait appuyé financièrement
Le Premier ministre et son gouvernement sont devenus la cible des critiques et des appels à un remaniement ministériel ont émané au sein même d'une majorité présidentielle comptant de nombreux prétendants à des portefeuilles ministériels. À partir de début 1996, certains dirigeants du régime, surtout le Président de l'Assemblée nationale, Richard Andriamanjato, et le Président du département politique des Forces Vives Rasalama (majorité présidentielle) et ancien Conseiller présidentiel, Alain Ramaroson, sont venus ajouter leurs voix à celles des opposants pour réclamer le départ Du Premier ministre Emmanuel Rakotovahiny et de son ministre des Finances. Le Président Zafy se refusant à trancher ce débat, il s'est trouvé, lentement mais sûrement, face à des accusations plus directes contre sa personne. Le 25 mars 1996, Alain Ramaroson annonce publiquement qu’il se dissocie du chef de l'État. L'éventualité d'élections décentralisées et la perspective d'une nouvelle élection présidentielle en 1997 n'ont fait qu'augmenter les pressions de toutes parts sur le régime du Président Zafy.
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Michel Camdessus, en visite à Madagascar avait lancé : " Plus j'écoute et moins je comprend ! "Le 28 mai 1996, Norbert Lala Ratsirahonana est désigné Premier ministre et un nouveau gouvernement est formé début juin. Par ailleurs, une modification du Cabinet avait été demandée par Michel Camdessus, alors Directeur général FMI, lors d'une visite à Madagascar en mai 1996. Il avait souhaité la mise en place d'un gouvernement « uni », sincèrement disposé à négocier un programme de réformes économiques et décidé à tourner définitivement le dos à toute recherche de « financements parallèles » privées en dehors du FMI.
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"C'est un grand privilège d'avoir été reçu en Mairie de Nice par le Sénateur-Maire",  confie, le 15 juin 2005, Norbert Lala Ratsirahonana (au centre), Ambassadeur itinérant de... Marc Ravalomanana, à l'issue de son entretien avec Maître Jacques Peyrat, Sénateur-Maire de la Ville de Nice et Président de la Communautée d'Aglomération (CANCA).
Cerné de toutes parts par ceux-là même qui l’avaient encensé, le Président Zafy Albert fait l’objet d’une motion d’empêchement présidentiel qu’il avait lui-même fait inscrire dans « sa » Constitution. Minimisant l’atmosphère, car trompé par des « conseillers » inconscients et/ou irréalistes, l’homme au chapeau de paille poursuivit encore ses « Madaraids ». Ce qui devait arriver arriva : le 5 septembre 1996, La Haute Cour Constitutionnelle (HCC), à la demande de l'Assemblée nationale, prononce l'empêchement définitif du Président Zafy Albert. Le Premier ministre Norbert Ratsirahonana fit alors fonction de Chef d’Etat, Chef du gouvernement pour préparer de nouvelles élections. Tiens, en passant, à propos des élections présidentielles qui auront lieu pour clore ce régime de transition 2009, je vous garantis qu’ils seront au moins une demi-douzaine pour être candidat à la prochaine élection présidentielle. Qui ? Voici les candidats de l’élection présidentielle du 3 décembre 2006 : Philippe Tsiranana, Pasteur Randrianjohary, Marc Ravalomanana, feu Herizo Razafimahaleo, Jean Lahinirko, Mme Elia Ravelomanantsoa, Norbert Lala Ratsirahonana, Pasteur Daniel Rajakoba, Pety Rakotoniaina, Roland Ratsiraka, Ny Hasina Andriamanjato, Monja Roindefo, Manandafy Rakotonirina, Razakarimanana Ferdinand.
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Place du 13 mai avant le 17 mars 2009
Ils sont encore nombreux les hommes qui gravitent autour de l’actuelle HAT, qui ne sont pas étrangers à cette déconfiture du Professeur Zafy Albert qui, actuellement, est devenu réfractaire à tout et à tous et en est resté au stade de la réconciliation nationale quitte à faire ami-ami avec son adversaire politique initial : l’Amiral Didier Ratsiraka. Dernière lubie du Prof, le fédéralisme. Andry Rajoelina, actuel Président de la HAT doit être conscient qu’il y a confiance et confiance. Certes, il ne pourra jamais faire tout, tout seul. Mais au risque de finir comme Zafy Albert, en plein régime transitoire, qui plus est, il a grand intérêt à revoir complètement la composition des personnes qui gravitent dans son premier cercle. Il doit se concentrer sur ce qu’il a promis au peuple, sans rien ajouter ni rien enlever. Car l’important et l’urgent n’est pas de trouver de l’argent pour un quelconque projet, aussi magnifique soit-il. L’important est de trouver des financements uniquement pour organiser toutes les élections qui mettront un terme à cette situation de transition où se profile déjà l’ombre du provisoire durable. Les bailleurs de fonds reviendront toujours. Pourquoi ? Je vous le raconterais dans prochain dossier.
Jeannot RAMAMBAZAFY
Antananarivo, le 17 juillet 2009