Il y a un adage malgache qui dit : « Ny marina tsy mba maty » ou la vérité ne meurt jamais. J’ai les éléments nécessaires pour démontrer que Marc Ravalomanana n’est pas seulement un fieffé coquin mais c’est un menteur doublé d’un voleur. Mais, en tant que président de la république élu, c’est tout simplement un traître à la nation, à partir du moment où il a prêté serment, sur la Bible, de servir la patrie et le peuple malgache et non de se servir lui et sa famille. Le temps ne pouvant jamais effacer les crimes, voici, de manière chronologique, comment le héros des GTT a détourné officiellement des deniers publics pour un développement personnel ultra rapide.
Une part de cette vérité est sortie des déclarations du ministre des Transports, Rolland Ranjatoelina, lors de la certification de l’aérodrome d’Ivato, le 27 janvier 2010. Et c’est invraisemblable la manière dont les médias en général, locaux en particulier, traitent l’information alors qu’il y a de quoi démontrer à la face du monde que Marc Ravalomanana, laitier du village d’Imerikasinina, est devenu un personnage imbu de sa personne, ingrat et maléfique. D’où ces investigations à propos du Boeing 737-700 NG (next generation) de troisième main qui aurait coûté 60 millions de dollars.
DAEWOO LOGISTICS (DWL)
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Ce nom est apparu à Madagascar au début de l’année 2008. Il s’agit d’une société sud-coréenne qui s’occupait, en partie, de la logistique du projet d’extraction de nickel d’Ambatovy comprenant Sheritt (Canada), Sumitomo (Japon) et Korea Resources Corporation ou Kores (Corée du sud). Si DWL ne s’occupe que de transports, par contre sa filiale « Madagascar Future Entreprise » (MFE corporation), sise à Ivandry (quartier résidentiel de la capitale malgache) et entièrement dévolue à l’agribusiness. La « Vitrine de Madagascar » aménagée sur les terrains du Palais d’Etat d’Iavoloha n’aura finalement été qu’un attrape-nigaud pour investisseurs de bonne foi (voire) mais devenus corrompus une fois franchie la porte du bureau de « Ramose ».
Fondation Ravalomanana ?
Août 2008. Article d’Eugène Rajaofera, paru dans Madagascar Tribune du 8 août 2008.
« Le président Marc Ravalomanana en personne l’a révélé ce mardi au Palais d’Etat d’Iavoloha. Les bourses d’études octroyées aux étudiants malgaches envoyés aux Etats-Unis pour une formation universitaire de quatre ans sont supportées par le fonds recueilli par la « Fondation Ravalomanana ». Le chef de l’Etat a déclaré que ce fonds est financé par ses amis américains. Voilà donc une autre quête de financements lancée par le président Marc Ravalomanana, outre celle qui s’inscrit dans le cadre du financement du Madagascar Action Plan (MAP). Mais le locataire d’Ambohitsorohitra n’a pas précisé si cette « Fondation Ravalomanana » est différente du fameux FAP ou Fonds d’Appui au Président administré par Bryan Donaldson, ancien ambassadeur de la Grande Bretagne à Madagascar ». Effet d’’annonce sans effet ni suite. On n’entendra plus jamais parler de cette fondation qui porte son nom. Est-ce que l’ambassadeur Niels Marquardt, l’ami américain, pourrait nous éclairer à ce sujet ? Quel rapport avec ce dossier ? Simplement pour démontrer que Marc Ravalomanana, grâce à son titre de président de la république, a cherché tous les moyens pour acquérir gloire, honneurs et argent à travers des initiatives inqualifiables et très peu orthodoxes.
30 octobre 2008. Marc Ravalomanana, reçoit en audience en fin d’après-midi, au Palais d’Iavoloha, une délégation d’opérateurs économiques sud-coréens, conduite par le Président de Madagascar Future Entreprise, Kim Kwon Lin, accompagné du Président Directeur Général de Kores Resources Corporation, Kim Sihng Jong, du Président et CEO de Daewoo Logistics Corporation, Yong Nam Ahn, et enfin du Vice-Président de la compagnie Posco EC, Jeong Tae Hyun.
A la suite de cette visite, « Madagascar Future Entreprise » a effectivement fait des études de terrains dont le rapport a été remis au Mauricien Pakeereesamy Ramsamy alias Prega Ramsamy, alors Chief executive officer (CEO) de l’EDBM (Economic Development Board of Madagascar). Mais aussi -et surtout- ancien Secrétaire général de la… Sadc, de 2000 à 2005. Oui ! Il n’y a jamais eu hasard dans cette sordide histoire de faux riches parvenus. Ce rapport était accompagné d’une demande d’autorisation dans le but d’acquérir des terrains. Il y a eu sûrement un « deal » reposant sur des questions « d’avances » chiffrés en millions de dollars. Chercher une preuve écrite serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais la suite prouve qu’il n’y a jamais eu de hasard et qu’il y a un lien entre cette audience et l’achat d’un Boeing de troisième main.
15-17 novembre 2008. Tenue, à Strasbourg, de la troisième édition des Journées Européennes du Développement (JED). Pour des raisons d’autonomie et de plan de vol, Marc Ravalomanana et sa suite doivent prendre le TGV Est, de Paris, pour couvrir les 487 km jusqu’à Strasbourg. Un vrai camouflet pour « Ramose » qui avait été reçu par Nicolas Sarkozy, au palais de l’Elysée, en avril ! Il va faire en sorte que cela ne se reproduise plus car cela est une atteinte à son titre de président de Tikoland… C’’est ici que le lien se fait entre cette déconvenue qui l’a rabaissé et l’affaire Daewoo. Qui a-t-il contacté par téléphone ? Yong Nam Ahn sans nul doute.
LETTRE DE YONG NAM AU MINISTRE MARIUS RATOLOJANAHARY (cliquez sur ce lien)
Du côté du gouvernement malgache, ce fut le flou politico-artistique intégral. Mais cette affaire aura son poids dans la balance de la révolution orange d’Andry Rajoelina, le « Tanindrazana » ou Terre des ancêtres étant sacrée… Bien qu’à ce moment, le « cause toujours tu m’intéresses » était de rigueur. Mais le premier opérateur économique venu sait que dans ce genre de transaction, la gratuité à un prix fort. Et, dans sa lettre, Yong Nam s'insurge contre le "Financial Times". C'est un aveu que rien n'a été gratuit.
Décembre 2008. Marc Ravalomanana annonce l’achat d’un avion qui va remplacer le premier « Air Force One ». Arguments : "Pour ne pas perdre inutilement du temps". Et c’est lui-même qui déclare que ce second « Force One » a coûté 60 millions de dollars. Avec, en prime, cette phrase superbe du ministre Hajanirina Razafinjatovo, alors Grand argentier : « L’achat relève de la souveraineté nationale. La moitié du montant, soit 30 millions de dollars, a été payée par les contribuables malgaches, l’autre moitié par le président de la république ». Ajouté à ces déclarations à -la-va-vite, celle de Ravalomanana, à Andohatapenaka : « J’ai donné la mission au ministre d’acheter cet avion pour que je puisse voyager plus loin et voir plusieurs partenaires qui nous aideront ». Comme çà , comme s’il avait acheté un 4X4 chez un concessionnaire du coin. Mais cela veut aussi dire qu'il a fait débloquer des fonds quelque part... Et un ordre de Ravalomanana ne se discute jamais, sinon... la prison !
Cette réponse très à l’emporte-pièce n’étant pas satisfaisante, en ce mois de décembre 2008 -ajoutée au flou dans les exonérations de l’empire Tiko et les importations directes de carburants-, tous les bailleurs de fonds (BAD, Union Européenne, FMI, Banque mondiale et quelques financiers bilatéraux) se mettent d’accord pour suspendre l’aide budgétaire, jusqu’à ce que des réponses satisfaisantes soient apportées. Rien depuis. Ainsi, 35 millions de dollars qui devaient être décaissés en décembre 2008 et janvier 2009 ont été bloqués. Pour les fanatiques GTT et les trois mouvances, qu’ils sachent donc que les bailleurs de fonds étaient aux abonnés absents bien avant la révolution orange d’Andry Rajoelina. Il faut aussi se rappeler qu’environ 45% du budget de l’Etat malgache est supporté par les bailleurs de fonds. Ils ont donc une sorte de droit de regard sur la destination réelle des fonds alloués (sans philanthropie non plus). En tout cas, l’équivalent en monnaie locale, 112 milliards d’ariary, représente plus du 80 % du budget de la Présidence, plus de 70% du budget du département chargé de la Sécurité intérieure et équivaut au budget alloué à l'Education post-fondamentale et à la Recherche.
Le 5 janvier 2009, l’aéroport international d’Ivato est en effervescence. Il y a de quoi : Marc Ravalomanana et Madame, en présence obligatoire de tous les chefs d’institutions et tous les membres du gouvernement, vont réceptionner le nouveau « Air Force One ». Ce sera le second, après un 737-300 acheté à Lauda Air (appartenant au pilote de course autrichien Niki Lauda) pour 11 millions de dollars en septembre 2002... L’appétit vient en mangeant dit-on. Quid de ce nouveau jet, actuellement immobilisé ("stored") dans un hangar à Ivato ?  Des recherches personnelles ont permis de monter assez loin et démonter un circuit digne d’un thriller cinématographique.
L’avion en question est un Boeing 737-74U(BBJ), âgé de 11 ans. Et là , déjà un énorme mensonge quant au montant. Je vous laisse le soin de traduire ce qui suit :
"The BBJ offers nearly three times the interior space of existing long-range business jets, yet is comparably priced. The price for an unfurnished or "green" airplane is $33.75 million (1998$). A completely furnished and equipped business jet will cost approximately $40 million to $45 million at delivery." Only the $33.75 million figure is for the "green" plane. The $40 million to $45 million is for "completely furnished and equipped" planes. Le lien ci-dessous était encore accessible ce 31 janvier 2010 au matin.
http://www.boeing.com/commercial.bbj/release090498.html
Au grand maximum donc, cet avion, neuf et équipé ne vaut pas plus de 50 millions de dollars. Or, il n’a jamais été neuf mais il s’agit d’un avion de troisième main. Air Shamrock d'abord, puis Felham Enterprises Limited ensuite avant d'atterrir dans la flotte maigrelette du gouvernement malgache.
Ce n’est pas un hasard non plus si ce jet de Felham Enterprises Limited a été choisi. En effet, il était immatriculé aux îles Caïman réputées pour être un paradis fiscal par excellence. Donc, il a été quasi impossible de trouver une pièce écrite quant à la transaction. En tout cas, « Air Force One » II n’a jamais coûté 60 millions de dollars. A présent donc, c’est vraiment le système « kapoka tsy miala vola » (engranger le maximum de biens en dépensant le minimum) qui est démonté et démontré.
En effet, selon les déclarations du ministre Rolland Ranjatoelina, du 27 janvier 2010, il a été prouvé que l’équivalent de 60 millions dollars ont été prélevés dans les caisses du port de Toamasina et celles des assurances Aro où l’Etat possède des actions. Que DWL ait ou non acheté l’avion, où est passé la différence d’au moins 10 millions de dollars ?
De toute façon, il était tout à fait normal si Marc Ravalomanana (en exil doré an Afrique du Sud) et Hajanirina Razafinjatovo (qui a disparu dans la nature) aient été jugés coupables dans le dossier de l’achat de cet avion. Christine Razanamahasoa, ministre de la Justice, début juin 2009 : " Marc Ravalomanana et l’ancien ministre des Finances et du budget, Haja Nirina Razafinjatovo, sont condamnés à quatre ans de prison ferme. Ils doivent également payer une amende de 70 millions de dollars ". Voilà donc la véritable histoire de ce Boeing « Air Force One » II. Si DWL a effectivement acheté ce jet (difficilement vérifiable dans un paradis fiscal comme les îles Caïman), Ravalomanana et ses complices, les directeurs du Port de Toamasina et des assurances Aro, auront détourné l’intégralité des 60 millions de dollars. Sinon, ils auront pu engranger la différence d’au moins 10 millions. Somme qui sert, actuellement, à financer sa « guerre » pour la reconquête d’un pouvoir à jamais perdu. Mais, lorsque des actions sont basées sur des questions d’argent pures, elles sont toujours vouées à l’échec. Car les trois quarts de ce sale argent qui parviennent à Madagascar (encore une filière mafieuse à découvrir) sont détournés, à leur tour -à gourmand, gourmands et demi- par les responsables locaux censés les redistribuer. Si vous saviez combien touche un militant chez Magro en fin de semaine, au vu et au su des passants. Une misère alors que le quotidien des meneurs s'améliore.
L’exemple en a été fait avec cet adjudant-chef, Daniel Ratsimihafindramanana, qui n’a donné que des miettes à ses complices, prétendant n’avoir reçu lui-même que 40.000 ariary. C’était lors d’une tentative d’appel à rébellion, le 28 décembre 2009, au RAS (Régiment d’Appui et de Soutien) d’Ampahibe. Appréhendé, l’enquête menée sur lui a permis de retrouver « des sommes conséquentes d’argent et des noms d'officiers et de politiciens sont apparus petit à petit. Parmi eux, Fetison Andrianarina, porte-parole désigné par Ravalomanana lors des premières négociations au Carlton, Mananjara Fidison dit Rasomotra, ancien député TIM de Soanierana Ivongo, Jacques Arinosy Razafimbelo, ancien député TIM  élu à Antananarivo » (Source : Madaplus.fr). Quant au collègue Lolot Ratsimba, de Radio Fahazavana, que diable faisait-il à Ampahibe à 5h du matin, le 29 décembre 2009 ? Pourquoi ne pas avoir averti d’autres confrères ? Pour garder un « scoop » comme il a l’habitude de le faire, mais pour des sujets plus sociaux ? Mystère argentique. Mais on aurait découvert également des CD préenregistrés à faire passer sur cette radio en cas de réussite de la « mutinerie ». Tout çà à cause de Marc Ravalomanana qui, en confondant l’argent des contribuables malgaches au sien (mais est-ce vrai ?), a inculqué à certains journalistes, l’art de devenir militants fanatiques moyennant quelques misérables ariary de plus qui ne mèneront jamais nulle part.  Â
Et c’est cet homme capable de ce genre d’entourloupettes que la communauté internationale veut faire revenir sur la scène politique malgache car ayant subi un « coup d’état » et pour « un retour à l’ordre constitutionnel ». Vous savez quoi ? La communauté internationale réagit comme la Confédération africaine de football (CAF) qui a « puni » le Togo de suspension de deux coupes de la CAN pour «interférences gouvernementales». Il s’agit, paraît-il d’une « sanction règlementaire ». Donc légale ? Or, il y a eu morts d’hommes que je sache. Deux précisément. Une CAN par mort alors ? Décidément, les histoires de gros sous déshumanisent totalement les plus intelligents des hommes. Bonjour la culture de l'impunité totale. Mais ce doit être un sport favori dans le milieu politico-économique enE urope. Vous connaissez l'affaire "Clearstream" ?...
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY - 31 janvier 2010