Bon, finie la rigolade. Face à la menace persistante de la Sadc qui agite, tel un épouvantail, l’envoi de ses militaires à Madagascar « pour régler la crise politique », le Premier ministre Camille Vital, soldat de métier, est monté au créneau. Voici ses déclarations immortalisées sur vidéo, traduites et transcrites plus loin.
Cette vidéo comporte trois parties. D’abord ce que le Colonel Camille Vital pense de l’atelier sur l’organisation des élections, qui a vu la participation de 280 personnes issues de toutes composantes de la société malgache ; ensuite, comment il voit cette éventuelle invasion de la nation ; enfin, ses directives aux forces armées. Tout cela le même jour du 3 février 2010. C’est un meneur d’hommes incorruptible qui parle. Un officier supérieur qui a le sens de l’honneur et le respect de la parole donnée. On va voir la tête de Marc Ravalomanana et de ses séides. Un Marc Ravalomanana qui, lors d'une télé-émission à partir de Jo'Burg pour France 24, avait affirmait "qu'il n'y avait plus de gouvernement à Madagascar et que l'armée est divisée en quatre". Tout le monde n’est pas corruptible. Heureusement et même l’acier, aussi trempé qu’il soit, rouille à un moment donné. Tôt ou tard.
TRADUCTION
A propos de l’atelier sur l’organisation des élections
Hymne national entonné ce 2 février 2010 au CCI d'Ivato, lors de l'ouverture de la conférence sur les élections organisée par la médiature
« A mon sens, l’atelier organisé par la médiature est porteuse d’espoir. On nous ressasse à longueur de journées que les décisions prises seront unilatérales. Il n’y a rien eu d’unilatéral, hier, si la médiature a réussi à faire venir représenter la majorité des partis politiques. Il y a eu un membre du Monima (parti de l’ancien Pm, Monja Roindefo) qui a apporté des propositions, il y a eu un représentant des trois mouvances avec l’Arema ; concernant Zafy, je ne sais car je ne suis pas resté longtemps mais c’est vous (Ndrl : journalistes) qui devez en savoir plus long à ce sujet. Je ne sais pas non plus s’il y a eu des représentants du Tim mais il y a eu des décisions communes, comme la date des élections législatives qui a été reculée (Ndrl : vers mi-mai). Un projet de code électoral a aussi été avancé de manière consensuelle par plusieurs partis politiques… Aussi, s’ils sont encore aveuglés par le fait que tout cela n’a rien de démocratique et qu’ils vont appliquer des sanctions. Que pouvons-nous y faire ? Nous allons les recevoir et on verra bien... »
A propos de rumeurs de division de l’armée
« La discipline, c’est la discipline. C’est elle qui nous régit. Ceux qui ne la respectent pas seront sanctionnés. Et c’est valable pour nous tous, même moi, si je commettais des actes répréhensibles. La discipline est faite pour tout le monde et c’est la force principale de tous les militaires ».
A propos de l’intervention armée de la Sadc
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« Ils en ont parlé -et ce n’est pas moi qui l’ai dit-, à Maputo ou Addis-Abeba, je ne sais plus mais vous avez du en entendre parler. Qu’ils arrivent et on verra. Ce sera un entraînement, un exercice pour nous militaires. Nous savons tous utiliser une arme à feu. Et puis, nous sommes chez nous, le terrain nous est favorable. Et j’espère que le peuple malgache n’ira pas imaginer que la Sadc sera là pour défendre pour tel ou tel pouvoir [politique] pour se ranger à ses côtés. Non, je connais l’état d’esprit des Malgaches. Ils sont patriotes. Et où qu’ils soient, à travers le monde, ils sont unis (Ndrl : cela reste encore à démontrer car, par exemple, à Paris, la communauté malgache est la plus désunie par rapport aux communautés africaines). De toute façon, nous n’accepterons jamais que des étrangers (Ndlr : venus d’ailleurs) viennent terroriser le peuple ici. Lors de sa visite des casernes militaires à Antananarivo ».
« Tsy hiamboho adidy aho, Andriamatoa Filoha ». Une image qui ressemble à la manière du Colonel Richard Ratsimandrava au Général Gabriel Ramanantsoa, en 1975
« C’est dans une situation difficile que je n’ai pas hésité à accepter ce poste de Premier ministre proposé par le président [Andry Rajoelina]. Et je sais que je me suis fait beaucoup n’ennemis. Mais lorsque j’ai constaté que je n’étais pas seul mais que j’avais avec moi de nombreux frères d’arme, car je suis militaire avant tout, j’ai dit au Président : je suis volontaire et prêt à remplir la mission que vous me confiez. [Entre nous] Il y a la discipline qui nous régit, il ne faut jamais l’oublier. Si vous avez accepté de porter l’uniforme, cela signifie que vous avez aussi accepté d’accepter les sanctions prévues si vous verser dans des actes répréhensibles. Il faut que cela soit clair une fois pour toute : en matière de discipline, il n’y a ni privilège, ni privilégiés. Nous sommes tous sur le même pied d’égalité. Si nous nous tournons, à présent, vers la situation qui prévaut actuellement dans le pays, beaucoup parlent de menaces comme quoi cette Sadc va venir. Et bien qu’elle vienne ! Ce sera l’occasion pour nous de nous entrainer. Ceux parmi nous qui seront morts seront décorés et honorés. On y va, on est là pour protéger cette nation, cette terre, cette île ! Parmi eux, il y en aura qui mourront ici. Voilà . La dernière requête que je vais vous faire est celle-ci : restons unis ».
Traduction et transcription : Jeannot RAMAMBAZAFY