Cette année 2010, l’Independence Day (4 juillet) a été célébrée le 1er juillet à Madagascar. Plus exactement à la nouvelle ambassade des USA sise à Andranomena. Antehiroka. Il n’y a pas eu d’Ambassadeur étant donné que Niels Marquardt est parti par la petite porte. « Mandeha tsy manao veloma, hono, nanam’ny tezitra ». Littéralement, cela signifie : partir sans dire au revoir, c’est montrer son mécontentement. Je ne sais pas qui de lui ou du peuple malgache (le grand nombre) est mécontent. Et personne ne sait quand il est parti. En tout cas, très très peu de gens ont sorti leur mouchoir pour le pleurer ou lui souhaiter bon voyage. C’est plutôt « Bon débarras !» qui a résonné dans les ruelles de la Capitale.
Depuis ce départ en catimini de Mister Marquardt, l’actuel n°1 de l’Ambassade américaine se nomme Eric W. Stromayer. Il fait office de Chargé d’Affaires a.i. La cérémonie de ce 1er juillet a duré de 13h à 14h et quelques poussières. Qui était là ? Désolé : lorsque les Américains affichent « No Camera », comment voulez-vous que je vous rapporte des photos ? Mais leur service de communication a pris soin de m’en fournir… Il n’y a pas eu beaucoup de politiciens, seulement des ambassadeurs et des personnalités de la société civile ainsi que des opérateurs économiques. Bref, l’ambiance a été convivialement neutre sinon neutralisée. Les hymnes nationaux américain et malgache ont été entonnés par la « Mission Artistic Group » composée de : Mesdames MamyRabesahala et Zoe Rabenirainy; Messieurs Adolph Razafindramanana, Fidy Raharijaona, Mamy Andrianjafy, Max Ratsimbazafy, Roger Rakotoarilala, Samuel Rajaonarivony. Ces choristes ont été accompagnés par le groupe « Jejy Mozika Orchestra ». Le toast traditionnel fut précédé du discours du Chargé d’Affaires a.i.qui me fait penser à un acteur aperçu dans le film "Notre homme Flint" au côté de James Coburn.
Un discours porteur d’espoir et plus pragmatique que les (fausses) déclarations de Mister Marquardt. Quoique le titre de ce dossier émane des vérités de Lapalisse. En effet, comme toute chose ici-bas, tout à une fin. Cependant, les USA sont sur le starting block de la reprise et n’attendent plus que le retour à l’ordre constitutionnel dont la clé demeure entre les mains des Malagasy eux-mêmes. Exit alors Chissano et ces réunions à l’extérieur à n’en plus finir. Mister Stromayer n’a pas dit cela mais c’est tout comme… Voici son discours intégral en français, avec un début en malgache :
Discours du Chargé d’Affaires a.i. Eric W. Stromayer
lors de la célébration de la 234ème anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis
le 1er juillet 2010
Eric W. Stromayer entouré de deux "Marines" en tenue d'apparat
“ Excellences, Mesdames et Messieurs et chers Concitoyens,
Fifaliana lehibe ho ahy ny mandray anareo eto amin’izao fankalazana ny faha- efatra amby telopolo sy roanjato taonan’ny fahaleovantenan’i Etazonia izao.
Araraotiko koa izao fotoana izao hiarahabako ny Malagasy tonga eto noho ny faha-dimampolo taonan’ny fahaleovantena Malagasy izay nankalazaina tamin’ny Asabotsy lasa teo.
[TRADUCTION : C’est avec une grande joie que je vous accueille à l’occasion de la célébration du 234ème anniversaire de l’Indépendance des Etats-Unis. J’en profite également pour féliciter les Malgaches présents ici, à l’occasion des 50 ans de l’Indépendance malgache qui a été célébré samedi dernier].
C’est un plaisir pour moi de vous accueillir ici pour célébrer ensemble avec nous le 234ème anniversaire de l’Indépendance des Etats-Unis.
Je voudrais également profiter de cette occasion pour féliciter les citoyens Malagasy ici présents pour le 50eme anniversaire de l’Indépendance de Madagascar célébré samedi dernier, et saluer nos voisins du Nord car c’est aujourd’hui la fête nationale du Canada aussi!
Le quatre juillet 1776, la Déclaration de l’Indépendance a reçu l’approbation du Congrès Continental à Philadelphie. Ce jour, partout dans notre pays, les américains célébreront cet événement par des retrouvailles de toutes les communautés, marquées par des défilés et des feux d’artifices.
C’est une occasion de fête, mais c’est également un temps pour réfléchir sur qui nous sommes exactement et à quelles valeurs nous, en tant que nation, aspirons.
Les Etats-Unis d’Amérique d’aujourd’hui est une nation où coexistent différentes cultures, plus que jamais au cours de son histoire. Actuellement, 13 pour cent de mes concitoyens sont nées à l’étranger, le chiffre le plus élevé depuis 1890.
La tolérance vis-à-vis des différences, à savoir la religion, l’ethnicité, les opinions, les origines ; et les opportunités que cette tolérance offre, sont des valeurs qui ont, par le passé, attiré beaucoup de gens vers nos rivages et qui continuent de les attirer. La liberté de parole et d’expression sur laquelle repose la tolérance est essentielle dans une société libre.
L’intolérance et l’intimidation n’ont pas leur place dans une société démocratique et libre. Pour préserver et promouvoir les valeurs et aspirations démocratiques, notre nation s’investit continuellement dans l’éducation civique, surtout chez les plus jeunes et les nouveaux citoyens, pour s’assurer que la génération suivante ait le même sens des valeurs et soit aussi bien préparée que celles d’avant qui se sont tant sacrifiées pour préserver ces libertés essentielles chez nous et dans le monde entier.
Sans ces valeurs, notre nation, composée actuellement de 50 grands Etats dont les drapeaux sont exposés ici, serait devenue une mosaïque de petits pays séparés. Au lieu de cela, et pour refléter notre diversité il y a 234 ans, comme aujourd’hui, le sceau national que vous voyez sur la première page du programme, porte la devise e pluribus unum,“ de plusieurs, nous sommes un”, qui résume l’essence des Etats-Unis.
Nous, Américains, avons un profond respect pour notre Constitution établie en 1787, et pour l’état de droit. Les institutions démocratiques fortes, marquées par un juste équilibre des pouvoirs, sont le reflet de la loi qui repose sur la volonté de tout un peuple et non sur celle d’un seul individu. Au contraire, elle est renforcée par des systèmes transparents où nul n’est au dessus de la loi et où tout le monde bénéficie de sa protection, y compris le droit d’être libre de toute poursuite et arrestation arbitraires et de toute discrimination.
La Démocratie est un processus et non un événement. En ce qui nous concerne, notre Constitution a fait l’objet de 27 amendements, et une affreuse guerre civile a eu lieu de 1861 à 1865 faute de parvenir à un compromis. Depuis cela, nous acceptons les différences de points de vue car, en effet, c’est grâce à la différence d’opinions, à la tolérance et finalement à un compromis que nous avançons, même aujourd’hui, selon les propres mots de notre constitution, vers “une union plus parfaite".
Lors de son discours en Juillet dernier devant le parlement du Ghana, le Président Barack Obama est parti du simple principe suivant : ‘L’avenir de l’Afrique est entre les mains des Africains’. De même, le futur de Madagascar est entre les mains du peuple Malagasy. Il a poursuivi en disant que “Au 21ème siècle, les institutions compétentes, transparentes et dignes de confiance sont les clefs du succès – à savoir des parlements forts, des forces de police honnêtes, des juges indépendants ; une presse indépendante, un secteur privé productif, une société civile. Ce sont les éléments qui donnent vie à la démocratie et qui sont importants dans la vie quotidienne du peuple.”
En haut, à gauche, une partie de la "Mission Artistic Group"
Les Etats-Unis a eu des moments difficiles dans son histoire et est devenu une nation prospère. Madagascar le peut aussi. Le Président Barack Obama, dans son message de la semaine dernière au peuple Malagasy, regarde vers l’avenir en disant que les Etats-Unis “reste engagé dans l’appui d’une résolution consensuelle et inclusive pour sortir le pays de cette impasse politique qui coûte cher à la nation … (dans l’espoir que)…le peuple Malagasy puisse recommencer à jouir des avantages d’un gouvernement stable, élu démocratiquement dans l’avenir et au delà.”
Pour avancer dans cet objectif, je suis fier que les Etats-Unis continuent à être le premier partenaire d’aide bilatérale pour Madagascar.
Cette année, notre programme bilatéral annuel s’élève à 81 millions de dollars, sans compter nos importantes contributions dans les institutions financières internationales telles que la Banque Mondiale, le FMI, la Banque Africaine de Développement, et le Fonds Monétaire International. Notre aide bilatérale consiste en des efforts ciblés pour l’éradication du paludisme; les programmes d’alimentation en eau potable et d’assainissement en faveur de la majorité des Malagasy qui n’y ont pas accès; et des activités de plusieurs millions de dollars pour améliorer la santé et la nutrition des femmes et des enfants Malagasy particulièrement vulnérables.
En effet, lorsque Madagascar aura de nouveau un Gouvernement Démocratique, je prévois une augmentation de notre engagement par le renforcement des programmes déjà existants et par le retour d’autres programmes.
La participation des Etats-Unis à Madagascar se manifeste de différentes manières.A part la représentation officielle, elle est composée du Corps de la Paix, de plusieurs partenaires de l’USAID dans le secteur de la santé et de l’aide alimentaire, ainsi que d’une représentation de notre Chambre de Commerce qui, chacun à sa façon, contribuent à la promotion d’une plus grande transparence et d’une concurrence économique qui mènent à la croissance, sans oublier les personnes privées qui travaillent dans maints différents secteurs.
Pendant cette célébration de l’indépendance des Etats-Unis, permettez-moi de vous faire part de cette pensée. Cette crise Malagasy prendra fin. Nous en sommes sûrs. Madagascar est un pays d’une immense beauté, avec des citoyens responsables et travailleurs, des ressources et des perspectives dont beaucoup de nations peuvent seulement rêver.
Robert Kennedy a inspiré le peuple américain quand il a dit “Certaines personnes voient les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi? Je rêve de choses qui n’avaient jamais existé et je me dis pourquoi pas ?” Dans le même contexte, certaines personnes voient Madagascar tel qu’il est et se demandent pourquoi ? Nous avons besoin de rêver comment Madagascar pourrait être et dire pourquoi pas ?C’est le défi que mes collègues et moi-même au sein de la mission américaine relèveront avec le peuple Malagasy – pour réaliser ce “pourquoi pas”. Cela ne se passera pas en une nuit, ou du jour au lendemain, mais cela aura lieu.Nous en sommes certains ”.
Puis, après avoir grignoté les petits fours et bu de manière polie, tout un chacun s’en est reparti en grappes de raisin. Mais tous ont reçu un joli cadeau : un calendrier « National Parks 2010 ». Comme on dit en pareille circonstance : Happy Birthday America !
Jeannot RAMAMBAZAFY